C’est une déclaration de son ex-épouse et complice Monique Olivier à une codétenue de la prison de Rennes qui selon les journalistes du Parisien fait « froid dans le dos », mais pas moins que le travail des juges d’instruction dans cette affaire et bien d’autres… à l’exception des récentes investigations entreprises dans le cadre de l’affaire Estelle Mouzin.
https://www.leparisien.fr/faits-divers/michel-fourniret-apres-l-affaire-estelle-mouzin-une-trentaine-de-cold-cases-reexamines-22-09-2020-8389515.php
Michel Fourniret : une dizaine d’ADN relevés sur le matelas au cœur de l’affaire Estelle Mouzin
Selon nos informations, les expertises réalisées sur un matelas de Michel Fourniret ont permis de découvrir une dizaine d’ADN inconnus. Une trentaine de cold cases devraient ainsi être réexaminés.
Par Vincent Gautronneau et Jérémie Pham-Lê
La question a obsédé des générations d’enquêteurs qui ont eu à croiser l’Ogre des Ardennes. À combien de reprises Michel Fourniret a-t-il réellement semé la mort au cours de sa longue itinérance criminelle? La décennie entre 1990 et 2000, cette fameuse « période blanche » durant laquelle aucun meurtre ne lui est imputé, a toujours nourri bien des soupçons.
« Comment avez-vous fait pour ne commettre aucun crime durant une période aussi longue ? » lui avait ainsi demandé un policier en 2017. « Parce que je travaillais. Je faisais partie de l’association des Castors », avait alors balayé Fourniret avec malice. Moqueur, voire provocateur, le septuagénaire se plaît à tourmenter les enquêteurs. « À votre place, je me poserais aussi la question », avait-il aussi glissé lors d’une autre audition.
Alors que Michel Fourniret vient d’être formellement relié à la disparition d’Estelle Mouzin en 2003, sa onzième victime potentielle, de nouvelles expertises génétiques accréditent la thèse d’un « chiffre noir ». Selon nos informations, pas moins d’une dizaine d’ADN inconnus ont été relevés sur un matelas du tueur en série retrouvé dans la maison de sa défunte sœur à Ville-sur-Lumes (Ardennes).
Il avait été saisi dès 2003, mais a fait récemment l’objet d’un nouvel examen avec les dernières technologies scientifiques par deux laboratoires dont un réputé de Bordeaux, ce qui a permis la découverte inattendue de traces partielles de l’ADN d’Estelle Mouzin. Ainsi que celui de Céline Saison, une autre victime de Fourniret. C’est semble-t-il dans cette demeure qu’il emmenait certaines de ses proies… La technique du « quadrillage » a été utilisée par les experts afin d’analyser chaque centimètre carré du matelas.
La santé de Fourniret décline, le temps presse
Ces nouvelles traces génétiques inconnues sont centralisées par les policiers de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) aux fins de comparaison avec les ADN de victimes ou disparues de dossiers non élucidés. Une trentaine de « cold cases » susceptibles d’impliquer Fourniret ont ainsi été sélectionnés, d’après nos informations. Le temps presse : la santé et la mémoire du septuagénaire, incarcéré à Fleury-Mérogis (Essonne) déclinent et la perspective de le voir jugé pour l’ensemble de son œuvre criminelle s’amenuise.
Parmi les comparaisons ADN prévues, au moins deux relèvent de dossiers très médiatiques : les affaires Marion Wagon, 10 ans, disparue en 1996 à Agen et Cécile Vallin, disparue en 1997 en Savoie alors qu’elle avait 17 ans. Spécialistes des cold cases et conseils du père d’Estelle Mouzin, Mes Corinne Herrmann et Didier Seban ont, de leur côté, proposé d’initiative « sept requêtes auprès de juges d’instruction ». « Nous voulons que soient comparés les ADN de victimes ou de disparues que nous représentons et ceux découverts sur le matelas, et tous les autres scellés, saisis chez Michel Fourniret », insiste la première. Car pour elle comme pour de nombreux enquêteurs, « il est inconcevable que Fourniret n’ait pas fait plus de victimes ».
70 «victimes potentielles» de Michel Fourniret
Depuis son arrestation en 2003, l’ombre de Michel Fourniret a plané derrière de nombreuses affaires sans qu’aucun élément matériel ou corps ne permettent de le confondre. Dans un document édité en 2005 que nous avons pu consulter, la Direction centrale de la police judiciaire listait déjà 70 « victimes potentielles » de Michel Fourniret ! Des affaires qui s’étendent depuis 1987 sur des dizaines de départements et pour la majorité encore irrésolues 15 ans après. Selon plusieurs sources, les ADN de certaines des victimes ou disparues n’ont jamais été comparées avec les empreintes génétiques du dossier Fourniret…
C’est que, pendant longtemps, certains magistrats ou enquêteurs se sont forgé une image type de la cible du tueur : une jeune fille, vierge de préférence. « Il y a encore quelques semaines, un juge a rechigné à une comparaison ADN car la victime avait 30 ans, déplore Me Corinne Herrmann. Pour ce magistrat, Michel Fourniret ne pouvait s’attaquer qu’à des adolescentes. » Or, les deux dossiers les plus avancés sur la piste Fourniret viennent battre en brèche cette théorie. Il y a l’affaire Lydie Logé, disparue dans l’Orne en 1993. Des traces ADN partiels de cette jeune femme de 29 ans ont récemment été décelées dans la camionnette du tueur. Sa mise en examen est sérieusement envisagée. Et il y a bien sûr l’affaire Mouzin, qui semble prouver que l’Ogre des Ardennes peut aussi s’attaquer à des enfants de moins de 10 ans.
« Ces dernières affaires démontrent qu’il peut frapper partout, même loin de chez lui et cibler des victimes très différentes », estime un enquêteur. « Bien sûr, son intérêt pour la virginité a guidé la majorité de ses actes, note Jean-Luc Ployé, psychologue qui a expertisé Michel Fourniret et son ex-épouse Monique Olivier. Il a évidemment tendance à cibler un type précis de victimes, mais son parcours criminel prouve que s’il ne trouve pas ce qu’il veut, il peut élargir son spectre. »
Une pause de 10 ans difficile à imaginer
La « période blanche » est bien évidemment creusée en priorité par les enquêteurs de la police judiciaire comme de la gendarmerie. À l’époque, le tueur en série vit à Sart-Custinne, dans les Ardennes belges avec son épouse et son fils. C’est pourquoi les autorités belges ont été sensibilisées à la possibilité qu’il ait pu faire des victimes sur leur territoire, ou dans des pays limitrophes comme l’Allemagne.
Mais l’Ogre des Ardennes, qui travaillait dans une cantine scolaire ou enchaînait les boulots manuels, pouvait parcourir de vastes distances avec « Jojo », son Citroën C25. « Le pacte criminel passé par Monique Olivier et Michel Fourniret était le ciment de leur relation, souligne Jean-Luc Ployé. Il est donc difficile de les imaginer appuyer sur un bouton pause pendant 10 ans. »
À ce titre, les confidences de Françoise B., une codétenue de Monique Olivier à la prison de Rennes, font froid dans le dos. Interrogée en décembre 2018 par la PJ, elle avait déclaré que l’ex-épouse de l’Ogre des Ardennes lui a un jour dit que le nombre d’enfants enlevés par son mari « dépassait largement la trentaine ».
En janvier, Monique Olivier elle-même a laissé entendre que le tueur en série n’avait pas encore livré tous ses secrets. Interrogée sur la fameuse « période blanche », elle a expliqué que son ancien mari était, à cette époque, rentré au domicile en affirmant à plusieurs reprises : « Au moins celle-là, on ne la retrouvera jamais »… À ce jour, le septuagénaire a été condamné pour huit meurtres et est mis en examen pour trois autres.
https://www.programme-tv.com/television/699983828/le-scandale-de-lecole-mcmartin.html
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