Par ailleurs, au moins deux Noël auront marqué Samuel Gonin, celui de 2016, comme il l'avait fait savoir par voie de presse, et celui de 2022, comme affiché sur son mur Facebook.
Viols,
chantage et cruauté : plus d’une centaine de témoignages dévoilent le
système criminel mis en place par le producteur de rap.
«Tu
vas disparaître. » Trois mots, une menace. Et l’achat du silence. Cette
phrase a assuré pendant plus de trente ans l’impunité à Sean Combs,
alias P. Diddy.
Elle apparaît dans la plupart des procès-verbaux d’audition des
victimes présumées de la star du rap, que nous avons pu consulter. Mais,
après des années de terreur,
quelque chose a cédé. Le déclic a eu lieu en novembre 2023, avec une
première plainte pour violences sexuelles et psychologiques, déposée par
son ex-compagne Cassie Ventura. Depuis, vingt-six plaintes ont été
enregistrées et plus de cent trente personnes demandent à être
entendues. Un procès pour viol, trafic sexuel, association de
malfaiteurs et transport de personnes à des fins de prostitution se
tiendra le 5 mai 2025.
Dans les rangs des plaignants, il y aura Adria, Dawn, April, Liza,
Ashley, Crystal… Mais aussi des hommes, dont Rodney Jones, dit Lil Rod,
ancien collaborateur de Diddy et témoin clé dans cette affaire. Et des
mineurs. L’une d’entre eux, 13 ans au moment des faits, résume de façon
glaçante ce qu’elle a vécu : « Des États-Unis à Dubaï, P. Diddy me
faisait voyager avec lui dans son avion privé et m’obligeait à me
prostituer. Je n’étais qu’une enfant. »
D’un côté, des victimes déterminées à dire
leur vérité et des pièces à conviction accablantes. De l’autre, une
défense qui multiplie les pressions et tente de passer des accords
financiers. Autrefois employée par le chanteur pour animer ses soirées,
victime elle aussi de ses abus, la danseuse Adria English n’en démord
pas : « Mon silence n’est pas à vendre. Ce type a détruit ma vie. Je ne
pourrai jamais oublier ce qu’il m’a fait subir. J’ai beau être dans la
merde financièrement, je ne me tairai pas. J’ai résisté à ses menaces,
je résisterai à ses dollars. »
Selon « Forbes », sa fortune était estimée à 820 millions de dollars
25 mars
2024. Le FBI perquisitionne simultanément les propriétés du chanteur, à
Los Angeles et à Miami. Dans leur saisie, de la drogue, des armes, des
vidéos, des photos… et mille bouteilles d’huile pour bébé. « Quand les
agents fédéraux ont mis la main sur ces flacons, ils ont d’abord pensé
que leur contenu était utilisé comme lubrifiant, explique Ariel
Mitchell-Kidd, l’avocate de plusieurs victimes. ça pourrait être bien
plus sordide que cela. En visionnant les orgies filmées aux domiciles de
l’accusé, la police a découvert des femmes et des hommes inanimés
subissant d’évidentes agressions sexuelles. »
La fameuse huile
aurait en réalité servi de support au GHB, la drogue du violeur, qui
fait perdre connaissance. Elle permettrait de le faire pénétrer dans le
corps des victimes pour les soumettre chimiquement. « Ashlay P., l’une
de mes clientes, confirme que M. Combs l’en a aspergée avant de la
violer », révèle l’avocate. Marc Agnifilo, avocat de P. Diddy, a quant à
lui une autre explication : son client, qui « a une grande maison,
achète ces produits en gros ». Il affirme que « les performances
sexuelles compulsives alimentées par la drogue étaient le fait d’adultes
consentants » et conteste l’utilisation de l’huile pour des abus
sexuels, ainsi que la plupart des accusations visant son client. Cette
manière d’opérer à des fins criminelles est pourtant connue et étudiée,
depuis 2019, en Angleterre, par une cellule spécialisée de la
Metropolitan Police Service and National Crime Agency dirigée par
Stephen Morris.
Ce dernier explique : « Nous savons
aujourd’hui que le GHB peut être administré via du lubrifiant. De
nombreux viols sont commis par ce procédé. » Dans le cadre de l’enquête,
de multiples expertises médicales auront pour charge de déterminer si
le passage par l’épiderme de l’huile mélangée à une drogue comme le GHB
produit le même effet que par ingestion ou par injection. À défaut, les
experts devront prouver que le simple fait d’asperger la victime a
permis l’atteinte des muqueuses : nez, yeux, bouche ou parties
génitales. Ces preuves matérielles pourraient peser lourd dans le
dossier d’accusation. « Le fait que le FBI perquisitionne indique qu’ils
ont des victimes coopératives et qu’ils agissent rapidement pour monter
un dossier », analyse Rebekah Donaleski, ancienne procureure fédérale
qui a supervisé les poursuites engagées contre Ghislaine Maxwell, la
compagne et rabatteuse d’un autre prédateur sexuel, Jeffrey Epstein.
« J'ai résisté à ses menaces, je résisterai à ses dollars », assure Adria, une de ses victimes
Qu’il
semble loin le temps de la gloire et de la toute-puissance de
P. Diddy ! Celui où son premier single « Can’t Nobody Hold Me Down »
restait vingt-huit semaines d’affilée au sommet des charts, où toute
l’industrie de la musique se prosternait devant le faiseur de roi… Sean
Combs, alias Puff Daddy, Puffy, P. Diddy ou Diddy, a grandi dans le
quartier chaud de Harlem où son père, Melvin, a été assassiné lors d’un
règlement de comptes entre dealers. Après avoir travaillé pour la
célèbre maison de disques Uptown Records, il lance, en 1993, le label
Bad Boys Records.
Symbole de réussite et d’espoir pour la jeunesse
noire américaine, il est non seulement un talentueux rappeur, mais
aussi un producteur de musique au flair infaillible, à l’origine des
carrières de Mary J. Blige, Jennifer Lopez, qui sera sa petite amie, ou
encore Usher. Producteur d’émissions de télévision, il fait les beaux
jours de la chaîne musicale MTV. Designer, passionné de mode, Diddy
possède sa ligne de vêtements et de parfums. Selon le magazine
« Forbes », sa fortune était estimée à 820 millions de dollars. Mais
c’est une cinquième casquette, celle d’organisateur de soirées, qui va
le mener à sa perte.
Les maisons de Diddy comportent toutes des backrooms
En
1998, P. Diddy passe ses vacances à Saint-Tropez. Il s’approprie le
concept des soirées blanches imaginées par le producteur français Eddie
Barclay pour réunir les stars du show-business et les puissants du
monde entier. Au programme : fiestas, relations publiques et gros
contrats. Dans ses somptueuses villas, l’empereur du hip-hop reçoit des
personnalités, de tout horizon, comme le couple Beyoncé et Jay-Z ou
Donald Trump. Ces fêtes sont avant tout une vitrine pour attirer les
grands de ce monde et permettre à P. Diddy d’asseoir son pouvoir. En
promoteur avisé, il recrute de jolies filles aux postes d’hôtesse, de
serveuse ou de danseuse. Adria est l’une d’entre elles. Elle raconte :
« En 2004, mon petit ami avait été recruté par P. Diddy en tant que
mannequin. Moi, je démarrais ma carrière de danseuse. Pour gagner ma
vie, je faisais un peu de go-go dancing au club Hustler de New York.
Quand Diddy l’a appris, il m’a dit que je valais mieux que ça et m’a
proposé de m’engager pour une soirée blanche dans les Hamptons.
À
la villa, il y avait un vestiaire pour le personnel avec des uniformes
pour chacun. En tant que danseuse, une tenue sexy blanche m’attendait.
Mon rôle était de mettre de l’ambiance en dansant au milieu des
convives. Ce soir-là, il y avait du beau monde : la créatrice Donna
Karan, la chanteuse Mariah Carey. Certains invités, comme les Osbourne
ou Diana Ross, étaient venus avec leurs enfants. Je dansais à côté du
bar et une table était entièrement remplie de marijuana, ecstasy,
cocaïne rose… J’avais peur que les petits y touchent ! » Justin, le fils
du photographe officiel de l’événement, David Allen, a assisté à l’une
de ces soirées en 1999. Il avait alors 6 ans. Il se souvient : « J’ai vu
des choses que je n’étais pas en âge de voir. Il y avait des femmes
seins nus, des gens qui buvaient de l’alcool, se roulaient des joints,
sniffaient de la cocaïne… Diddy me touchait de façon inappropriée, il me
mettait mal à l’aise. »
Tamiko Thomas serait la « Ghislaine Maxwell » de l’affaire Diddy
La
femme qui manage les danseuses s’appelle Tamiko Thomas. Elle est
aujourd’hui soupçonnée d’être la « Ghislaine Maxwell » de l’affaire
Diddy. Très vite, Thomas aurait demandé des faveurs à sa nouvelle
recrue : « Il fallait que les invités se lâchent, explique Adria. Je
devais faire des “lap dances” sur les genoux des messieurs pour les
chauffer. Son but, je l’ai compris plus tard, était de pousser les
invités à prolonger la nuit chez Diddy. » Les fêtes blanches sont en
réalité le prélude à un autre type de soirée, plus noire, perverse et
dépravée. Chaque maison de Diddy comporte des « backrooms » dans
lesquelles des invités initiés basculent pour y vivre des orgies
inimaginables… « La majorité des invités ne participent qu’aux soirées
blanches, explique Adria, mais quelques-uns restaient pour les afters
appelés “freak offs”, des soirées panique. »
Selon elle, les
stars présentes aux premières agapes ne savent pas forcément toutes ce
qui se trame en coulisses. Elle-même n’en avait pas conscience lors de
sa première prestation. Il faut dire que le plan communication de Diddy
pour attirer les stars et ses futures victimes est particulièrement bien
ficelé. Pour promouvoir ses soirées, P. Diddy a ses entrées, notamment
au magazine « Vibe », créé par le producteur de Michael Jackson, Quincy
Jones. Le numéro de novembre 2006 est ainsi tout à la gloire du
multimillionnaire, par ailleurs gros donateur du Parti démocrate :
portrait dithyrambique, promotion de ses White Parties, publicité pour
ses marques… Tout est fait pour rendre hautement désirables les soirées
du chanteur-producteur. Les vedettes du showbiz s’y montrent pour gagner
en popularité, les politiques pour rajeunir leur image. Tous craignent
aujourd’hui d’être associés au scandale.
« Dans les Hamptons,
relate Adria, il y avait une jeune fille allongée sur une table avec des
fruits sur le corps. Je me souviens que Diddy m’a demandé d’en attraper
un, posé sur son téton, avec ma bouche. J’ai appris plus tard que la
petite n’avait pas 15 ans. » Cette jeune femme, qui souhaite rester
anonyme et que nous appellerons Jennifer, se souvient : « Diddy et ses
amis me touchaient les parties génitales et aucun des adultes présents
ne semblait s’en soucier. »
Après la soirée dans les Hamptons et
une deuxième à New York, P. Diddy et sa complice Tamiko Thomas
proposent à Adria un nouveau contrat, cette fois-ci dans la maison du
rappeur à Miami. Si la danseuse fait, ce jour-là, le voyage sur un vol
commercial, Jennifer aurait, elle, été transportée en jet privé avec
P. Diddy et des mannequins. « Nous étions toutes super jeunes. On aurait
dit un charter d’esclaves sexuelles. Il y avait des stocks de drogue,
de l’ecstasy, de la cocaïne, de la kétamine. Le grand jeu de Diddy était
de sniffer de la cocaïne sur mon corps… » Lorsqu’Adria arrive dans le
vestiaire de la propriété de Miami, ce n’est plus la tenue blanche
réservée aux « virgin dancers » qui l’attend, mais une robe de cocktail
noire. « Le code couleur de l’uniforme réservé aux filles qui
couchaient, afin que les invités initiés puissent nous identifier. Nous
avions aussi des bouteilles attitrées, elles contenaient
vraisemblablement de la drogue car on se transformait en zombies.
Jacob le Joaillier serait le premier à avoir abusé d'elle
Diddy
et Tamiko m’ont poussée dans les bras d’un homme surnommé Jacob le
Joaillier, car il fabriquait des bijoux pour toutes les stars du rap.
On l’aperçoit d’ailleurs, en tant que guest, dans des clips. C’est le
premier à avoir abusé de moi. [L’homme, au casier judiciaire chargé, est
également désigné comme accusé dans les documents d’enquête, NDLR.] Je
voulais partir, que tout s’arrête, mais Diddy m’a dit : “Tu sais, tu
pourrais disparaître et ton petit ami ne saurait jamais ce qui t’est
arrivé…” » Prise dans un engrenage infernal, prisonnière de ces menaces,
Adria a des moments de black-out total. « Je ne me souviens de rien
tellement j’étais stone. Un jour, j’ai repris connaissance au milieu
d’une “backroom” sans souvenir d’y être entrée, en plein acte sexuel
avec trois hommes : Diddy, son garde du corps et un très célèbre
acteur. »
Jennifer aussi se remémore avoir été abusée par
plusieurs personnalités : « Un chanteur, des influenceuses célèbres… Un
soir, un homme jouait avec un poisson qu’il voulait introduire dans mon
vagin. » Sous l’emprise de Diddy, une autre jeune femme est forcée
d’assister à ces spectacles de dépravation. Elle a alors 21 ans et
s’appelle Dawn Richards. Contrairement à Adria et à Jennifer, issues de
milieux défavorisés, Dawn vient d’une famille de classe moyenne de la
région de Baltimore. En 2005, elle gagne un télécrochet produit par
P. Diddy pour la chaîne MTV : « Making the Band ». La jeune chanteuse
devient alors le jouet de P. Diddy. « Il me recevait en caleçon dans son
bureau, me touchait les seins, les fesses. Puis il m’a poussée à entrer
dans ces soirées “freak offs”, juste pour regarder. » Dawn décrit des
corps imbriqués les uns dans les autres, des femmes et des hommes
transformés en poupées de chiffon, totalement défoncés, sous des corps
de personnalités qu’elle connaît et qui jouent avec ces personnes
inanimées sans se soucier de leur état. Témoin forcé de ces actes
criminels, Dawn est, à son tour, menacée par Diddy : « Il m’a dit : “Je
peux te faire disparaître et ton papa ne te retrouvera jamais.” »
Diddy filmait les soirées de débauche
On
sait aujourd’hui que Diddy filmait ces soirées de débauche : « J’ai été
contactée par une personne qui disposait d’une copie d’une vidéo que
j’ai pu visionner, confirme l’avocate Ariel Mitchell-Kidd. On y voit
clairement l’une des plus grandes stars de Hollywood, qui semble très
jeune au moment des faits. Il est visiblement drogué, au milieu d’hommes
qui pratiquent des actes sexuels sur sa personne. Un gang bang ! Nous
pensons aujourd’hui que Diddy gardait ces images pour faire chanter les
personnalités devenues ses complices. »
Certaines de ces orgies
criminelles pourraient s’être aussi tenues en Europe. En 2011, alors
qu’elle vient d’enregistrer un nouvel album avec P. Diddy, intitulé
« Last Train to Paris », Dawn est embarquée par le rappeur à Paris, puis
à Glasgow, où elle aurait été contrainte, à chaque fois, d’assister à
des after-parties au rituel immuable : « Les gardes du corps
confisquaient les téléphones à l’entrée de la chambre d’hôtel. Ensuite,
ils poussaient les meubles pour bloquer les portes, forçaient tout le
monde à se droguer et l’orgie commençait. »
Lors des deux soirées
qu’ils passent ensemble à Paris, les 22 et 23 janvier 2011, Diddy et
Dawn dînent avec des personnalités françaises. Mais, comme pour la
plupart des prestigieux invités des soirées blanches, rien n’établit
qu’elles aient participé aux bacchanales. Les vidéos détenues par le FBI
pourraient contenir les images de ces nuits parisiennes. D’après nos
informations, à Paris, Diddy aurait invité à son hôtel des mannequins de
la fashion week. « J’ai été contactée par un mannequin allemand qui
voulait déposer plainte contre Diddy, confie l’avocate Ariel
Mitchell-Kidd. Je lui ai conseillé de se rapprocher des autorités de son
pays et j’invite toutes les personnes qui ont pu subir des agressions
sexuelles de la part de M. Combs et de ses complices à Paris, Cannes ou
Saint-Tropez, partout où il avait ses habitudes, à se rapprocher des
autorités françaises. Ce dossier va malheureusement prendre une
dimension internationale. »
Des menaces de mort
Une
question subsiste, même s’il reste présumé innocent : comment P. Diddy
a-t-il pu agir en toute impunité pendant toutes ces années ? « Depuis
mon dépôt de plainte, j’ai reçu des menaces de mort, j’ai dû me réfugier
chez des amis, confie Adria. Diddy a des relations avec les gangs, j’ai
peur pour ma vie. » Des menaces prises au sérieux par les procureurs
qui ont adressé une lettre au juge, qualifiant Sean Combs de
« dangereux ». Ils écrivent encore : « L’accusé présente également un
risque important d’entrave à la justice. En effet, au cours de
l’instrucion, il a tenté de corrompre le personnel de sécurité et menacé
les témoins de son comportement criminel. Il a aussi contacté à
plusieurs reprises les victimes pour leur donner de fausses descriptions
des événements. »
La perquisition du FBI aux deux domiciles de
Sean Combs a permis la saisie de plusieurs armes et munitions, dont
trois AR-15. Son nom a déjà été associé aux morts suspectes de
personnalités sans qu’il soit jamais inquiété, et à au moins une
fusillade, en décembre 1999. L’enquête du FBI pourrait-elle réveiller
des « cold cases » ? Rien ne permet de l’affirmer à ce stade, mais c’est
l’espoir de la famille du rappeur Tupac, assassiné en plein Las Vegas
le 7 septembre 1996. Sa nièce Talia Shakur confirme par mail que sa
famille doit rencontrer ses avocats pour évaluer l’intérêt d’un
rapprochement avec l’affaire Diddy. Idem du côté des proches du chanteur
Aaron Carter, mort d’une overdose médicamenteuse suivie de noyade en
2022, peu de temps après avoir évoqué ses souvenirs de soirées chez
P. Diddy alors qu’il était mineur. D’autres décès posent encore
question : celui de l’actrice Brittany Murphy ainsi que celui de Kim
Porter, ex-femme de P. Diddy et mère de trois de ses enfants, toutes
deux mortes d’une étrange pneumonie. Le premier époux de Kim, le
rappeur Al B. Sure !, se dit prêt à se porter partie civile.
Le
8 octobre, lors d’une conférence de presse à Houston, Tony Buzbee, l’un
des avocats des victimes, déclarait : « Nous allons bientôt dévoiler
d’autres noms que celui de Combs, et il y en a beaucoup. […] Des
personnes influentes seront exposées, d’horribles secrets seront
révélés. » Pour l’instant, aucune personnalité n’a encore témoigné
contre l’ex-roi du hip-hop. Fausses listes de complices, photos générées
par l’IA, théorie du complot : les réseaux sociaux se chargent de
nourrir la machine à rumeurs.
Incarcéré
depuis le 16 septembre, P. Diddy s’est vu refuser à deux reprises sa
demande de libération sous caution de 50 millions de dollars. Dans
l’attente de son procès, celui qui avait l’habitude de séquestrer ses
proies est désormais à l’isolement au centre de détention de Brooklyn.
De la fenêtre de sa cellule, il peut apercevoir la ville de son enfance.
Mesurer le chemin parcouru. Et l’amplitude de sa chute.
L’ANTISÈCHE.
La cocaïne rose est une poudre constituée de plusieurs substances.
Qu’en est-il vraiment et pourquoi en parle-t-on actuellement ? Chaque
jour, le JDD éclaire une question en apparence simple pour mieux saisir
les enjeux de l’actualité.
Florian Lefebvre
, Mis à jour le
La cocaïne rose est une drogue à la mode
depuis peu. Appelée également « Panthère rose », « Pink C » ou encore
« coke chinoise », elle est reconnaissable par sa couleur rose très
prononcée.
Contrairement à ce que son nom laisse penser, la cocaïne rose n’est
pas un dérivé de la cocaïne classique. Elle est composée de plusieurs
drogues de synthèse. Le plus souvent, il s’agit de kétamine, un
anesthésique rapide d’action, de MDMA (ecstasy) et de 2C-B, une drogue
rosée. De nombreux utilisateurs auraient évoqué un goût de fraise
tagada.
En l’inhalant par voie nasale, elle produit un effet euphorisant et
stimulant couplé à des hallucinations. Sa dangerosité réside dans ses
effets secondaires. Bad trip, hallucinations, problèmes
cardiaco-pulmonaires… cette drogue peut entraîner directement ou
indirectement la mort du consommateur.
Où est-elle utilisée ?
La cocaïne rose a fait son apparition en France en 2021. À l’origine, elle était utilisée durant les soirées chemsex
et les rave parties. Elle s’est peu à peu démocratisée grâce à son
« marketing » : une drogue pseudo-glamour, rose, avec un bon goût. Son
prix varierait entre 60 et 100 euros le gramme, ce qui en fait une
drogue haut de gamme.
Pourquoi en parle-t-on en ce moment ?
Le mercredi 16 octobre dernier, le chanteur Liam Payne est décédé à
l’âge de 31 ans. Le musicien du très célèbre boys band des années 2010
One Direction a chuté du balcon de sa chambre d’hôtel à Buenos Aires, en
Argentine. Une mort choc que les nombreux fans pleurent. Ce
lundi 22 octobre, l’autopsie partielle du corps du chanteur a révélé la
présence de crack, de benzodiazépines, d’anxiolytiques mais aussi et
surtout de cocaïne rose.
Surnommée «Panthère rose», «Pink C» ou encore
«coke chinoise», cette poudre n’est pas un dérivé de la cocaïne,
contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom.
Sur les réseaux sociaux et dans les soirées,
son arôme fraise, banane ou encore fruits de la passion attire de plus
en plus d’adeptes. Depuis plusieurs années, la «pink cocaïne», dite
«cocaïne rose», a fait irruption dans les rave parties, y compris en
France. Le 17 octobre dernier, le chanteur Liam Payne du boys band britannique One Direction a été retrouvé mort. Son autopsie partielle a révélé la présence de cette drogue parmi
d’autres stupéfiants. Par ailleurs, en septembre dernier, les autorités
espagnoles ont saisi plus 357 kg d'ecstasy, 212 kg de kétamine, 73 kg
de MDMA, 20 kg de cocaïne, 21 kg de cocaïne rose à Ibiza. Mais de quoi s’agit-il ?
D’abord en vogue en Colombie, la cocaïne rose
s’est rapidement propagée dans les soirées du monde entier. Jusqu’à
arriver chez nous en France progressivement entre 2021 et 2022, d'abord
en Île-de-France, Occitanie et Auvergne Rhône-Alpes, selon un rapport
de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives datant
de juin 2023. Aujourd’hui, elle serait revendue entre 60 et 70 euros le
gramme. Mais contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom,
elle n’est pas constituée de cocaïne. De plus, le nom «cocaïne rose»
désigne deux drogues différentes aux effets et à la dangerosité
similaires : «L’une est un mélange de plusieurs substances
stimulantes et hallucinogènes telles que la kétamine, la MDMA ou la
caféine. L’autre est le surnom donné à la 2 C-B [prononcer à l'anglaise
“tucibi”], une autre drogue également rosée et vendue au même prix», indique au Figaro le professeur Laurent Karila, addictologue et psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP).
Hallucinations, fièvre intense voire «k-hole»
Comme la cocaïne, la «Panthère rose», «Pink C»
ou encore «coke chinoise» se présente sous forme de poudre et se
consomme par inhalation intranasale. Les effets secondaires peuvent être
très graves. «Le mélange de kétamine, MDMA (ecstasy) et de caféine
augmente le risque d’hallucinations, de “bad trip” ou attaques de
panique, mais aussi de problèmes cardiaques et pulmonaires, ainsi que de
poussée de fièvre pouvant être mortelle ou d’hépatite fulminante, voire
de “k-hole” conduisant à une sensation de mort imminente», prévient le Pr. Laurent Karila.
Selon l’addictologue, si la cocaïne rose a d’abord été utilisée lors des rave parties ou de soirées «chemsex», elle risque de se répandre, surtout chez les jeunes. «C’est
rose, il y a un côté “Barbie” marketing, qui explique que cela se
propage sur les réseaux sociaux, car les jeunes trouvent ça “cool”.Mais c’est bel et bien dangereux», conclut le Pr. Laurent Karila.
Cocaïne rose : c'est quoi cette nouvelle drogue populaire et dangereuse,
responsable de plusieurs morts ?
Couleur rose, goût fraise... la "cocaïne rose"
est un mélange de drogue en vogue chez certains « clubbers » en Europe.
Un cocktail dangereux du fait de sa composition.
Au début du mois de septembre 2024, les
autorités espagnoles ont mené une opération ciblant des réseaux de
narcotrafiquants à Ibiza et à Malaga. Celle-ci a mené à la plus importante saisie
de drogues de synthèse jamais effectuée dans ce pays : plus d’un
million de pilules d’ecstasy ont été confisquées, ainsi qu’une grande
quantité de « pink cocaine » (cocaïne rose, en français).
Responsable d’un nombre croissant de décès,
ce cocktail de drogues de synthèse, dont la composition varie, est
depuis quelque temps devenu une préoccupation majeure en Espagne et dans
d’autres pays, notamment au Royaume-Uni (en France, la cocaïne rose a été signalée à partir de 2022, ndlr).
Au point que les organismes européens de lutte contre les drogues ont
alerté sur la nécessité de s’attaquer aux risques liés à cette
substance.
Que contient la cocaïne rose ?
Malgré son nom, la cocaïne rose ne contient pas nécessairement
de cocaïne. Généralement, il s’agit plutôt d’un mélange de diverses
autres substances, notamment de la MDMA, de la kétamine et du 2C-B. La MDMA, communément appelée ecstasy, est un stimulant aux propriétés psychédéliques, tandis que la kétamine est un puissant anesthésique aux effets sédatifs et hallucinogènes. Les drogues 2C
sont quant à elles classées comme psychédéliques, mais peuvent
également produire des effets stimulants. C’est le biochimiste américain
Alexander Shulgin, qui synthétisa pour la première fois le 2C-B en 1974. La variante moderne, apparue vers 2010 en Colombie, en est une version contrefaite.
La cocaïne rose se présente habituellement sous forme de poudre ou de pilule. Elle est notoirement connue pour sa couleur vive,
obtenue grâce à des colorants alimentaires et destinée à améliorer son
attrait visuel (en outre, la poudre est parfois aromatisée à la fraise
ou à d’autres saveurs). Après avoir progressivement gagné en popularité
sur les scènes festives d’Amérique latine,
la cocaïne rose – aussi connue sous les noms de « cocaina rosada » et
« tusi » ou « tusibi » (transcriptions phonétiques respectives de 2C et
de 2C-B, prononcé à l’anglaise) – s’est propagée en Europe.
La composition de la cocaïne rose
est imprévisible, c’est en grande partie la raison de sa dangerosité.
Lorsqu’ils la consomment, les utilisateurs s’attendent souvent à prendre
un stimulant similaire à la cocaïne, mais la présence de kétamine peut plutôt entraîner la survenue d’effets dissociatifs. En outre, la kétamine est largement diffusée dans les clubs, or en absorber de trop grandes quantités peut faire perdre conscience et entraîner des difficultés respiratoires.
On retrouve le même genre d’attrait pour la cocaïne rose que pour des drogues comme la cocaïne et la MDMA, des substances considérées comme « glamour » malgré les risques liés à leur consommation. L’apparence et le statut de « drogue de synthèse »
contribuent en particulier à l’attrait qu’elle exerce sur les jeunes et
les consommateurs novices. Elle est par ailleurs commercialisée comme
un produit « haut de gamme », le gramme se monnayant aux alentours de 100 dollars en Espagne (près de 90 euros).
Mais
ce positionnement ne doit pas faire oublier le danger bien réel associé
à la prise de cocaïne rose, que les experts comparent au célèbre et
mortifère jeu de la roulette russe, en raison de la composition hasardeuse du mélange.
En
Europe, cette drogue est partie des clubs d’Ibiza pour atteindre les
côtes du Royaume-Uni, où elle gagne désormais du terrain en Écosse, ainsi que dans certaines parties du Pays de Galles et en Angleterre. Sur le continent, les autorités de santé tirent également la sonnette d’alarme (la cocaïne rose a également été détectée en France, en Allemagne ou au Benelux, notamment), tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, une augmentation de sa disponibilité a également été constatée à New York.
L’un
des problèmes rencontrés au cours de la lutte contre la cocaïne rose
est que cette drogue est difficilement détectable par les tests de
dépistage standards. Par ailleurs, en Espagne, les tests actuellement utilisés ne sont pas encore capables d’en identifier tous les composants potentiels.
La réponse juridique apportée varie selon les pays. Les autorités espagnoles tentent de freiner sa distribution. Au Royaume-Uni, la cocaïne rose n’est pas explicitement mentionnée dans le Misuse of Drugs Act 1971, qui répertorie les drogues en trois classes, A, B et C,
en fonction de leur nocivité. En revanche, les substances qui la
composent y figurent : la MDMA et le 2C-B sont des drogues de classe A,
tandis que la kétamine appartient à la classe B.
Réduire les méfaits de la cocaïne rose
L’augmentation de consommation de la cocaïne rose met en évidence la nécessité d’améliorer l’accès à des kits permettant de vérifier la composition des drogues. Ce type d’outil est essentiel pour réduire les méfaits des mélanges :
ils permettent en effet aux utilisateurs de tester les substances
qu’ils ont l’intention de consommer, leur permettant d’identifier les
composants inconnus, et offrant de ce fait une forme de protection.
Fournir
ce type de service, en vue de diminuer les conséquences délétères liées
aux usages de drogue, est un enjeu vital, comme le montrent notamment mes propres travaux.
Une approche complémentaire consiste à mettre en place des campagnes de
sensibilisation du public. Enfin, mettre en place des services
d’assistance joue également un rôle important dans la lutte contre les
méfaits des drogues.
La popularité croissante de la cocaïne rose
nous rappelle que le paysage des drogues est en constante évolution,
sous l’effet notamment des modes et tendances qui se diffusent via les
médias sociaux, qui peuvent contribuer à l’émergence de nouvelles
menaces.
Narcotrafic : "On n'est pas encore un narco-État, mais si on laisse
faire on le deviendra", prévient le sénateur LR Étienne Blanc
Alors que le ministère de l'Intérieur craint une "mexicanisation" de
la France, le rapporteur de la commission d'enquête sur le narcotrafic
confirme une corruption grandissante et appelle à agir avant que les
choses deviennent "irréversibles".
"On n'est pas encore un narco-État, mais si on laisse faire on le deviendra",
prévient Étienne Blanc, sénateur LR du Rhône et rapporteur de la
commission d'enquête sur le narcotrafic, samedi 2 novembre, sur
franceinfo. Une rixe sur fond de trafic de drogue a fait cinq blessés
jeudi soir à Poitiers (Vienne) et un enfant a été grièvement blessé par balles la semaine dernière en Ille-et-Vilaine(Nouvelle fenêtre).
À la suite de ces récentes fusillades, le ministre de l'Intérieur a dénoncé une "mexicanisation" du pays. Étienne Blanc ne paraît pas choqué par ces propos et assure qu'il "est de temps de réagir". S'il soutient que "le combat n'est pas perdu", le sénateur de droite constate tout de même que "toute une série de signes laisse entendre que les choses pourraient devenir irréversibles".
"La corruption s'étend"
Étienne Blanc assure ainsi qu'on "commence à voir toute une série de signes laissant entendre que la corruption s'étend" et que "les centres névralgiques de l'État, la puissance publique commencent à être attaqués." Cela se voit, selon lui,
"dans la police, quand un fichier est consulté et que des infos sont
données à des narcotrafiquants ; dans les prisons, quand des agents
pénitentiaires laissent entrer dans la drogue ou des téléphones ; dans
les douanes, quand des renseignements sont donnés ; et dans les ports,
des dockers déplacent des conteneurs moyennant finances".
Le sénateur Les Républicains regrette que depuis quelques années "on ait laissé prospérer des entreprises de narcotrafic", à tel point qu'elles "sont devenues d'une puissance absolument incroyable". Il estime "à 6 milliards d'euros le chiffre d'affaires du narcotrafic en France". "Avec
cette puissance colossale, les narcotrafiquants peuvent corrompre,
utiliser des prestataires pour tuer, pour menacer et tout cela est en
train de déraper", déplore-t-il.
Confisquer le "produit de ce narcotrafic"
Étienne Blanc affirme que ces sommes "considérables" ont eu le temps d'être "blanchies" et injectées dans "des entreprises de l'économie réelle", "des appartements et des voitures". Pour contrer ce phénomène, il met en avant l'une des propositions émises dans son rapport sur le narcotrafic, à savoir "l'injonction pour ressource inexpliquée".
"Si une personne qui a un appartement, une grosse voiture ou des titres
en bourse ne peut pas démontrer qu'il les a acquis légalement, alors
son patrimoine est confisqué", explique-t-il. Le sénateur considère en effet que la "vraie sanction en matière de narcotrafic est la confiscation du produit de ce narcotrafic". "Il faut aller chercher ces milliards d'euros de chiffres d'affaires", lance le parlementaire.
Le sénateur du Rhône est aussi favorable à la création d'un parquet
national antistupéfiants. Cela permettrait, d'après lui, d'avoir "un interlocuteur qui puisse diligenter l'ensemble des services et des opérations" et qui puisse avoir "autorité à la fois sur le fisc, l'institution judiciaire et la police pour mener des opérations puissantes".