A noter : le 24 juillet est une date qu’affectionne particulièrement le malade mental de Puy-l’Evêque pour ses attentats.
Ainsi, par exemple, en 2011, avait-il attaqué ce jour-là plusieurs
sites de préfectures françaises sous le pseudonyme de « SaMo_Dz » après
avoir fermé son vieux « Sitacyp » qu’il disait avoir créé très
exactement dix ans plus tôt, le 24 juillet 2001.
On rappelle au passage que ce cybercriminel et mythomane avéré, qui
se présente abusivement comme « écrivain en ligne et à l’oeil depuis
2001″ sous le prétexte qu’il est depuis cette année-là l’auteur de
différents sites et blogs publics personnels, revendique le droit
d’écrire et de publier absolument tout ce qui lui chante sur n’importe
qui, au mépris du plus élémentaire respect de la vie privée des
différentes personnes bien réelles dont il a décidé de faire ses
« personnages » comme de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la
presse. Aussi, il se plaint que ses victimes portent plainte contre lui
et publient des démentis et droits de réponse lorsqu’elles découvrent
ses écrits les concernant, ainsi que tous ses travaux de
« documentation » préalable : piratages informatiques, écoutes
téléphoniques illégales, etc…
Je souligne ici les extraits suivants de ma très longue publication du 11 juillet dernier.
Avec l’aide de ses partenaires du quotidien local qui tous les jours
martelaient à l’attention de leurs lecteurs que leur candidat était
blanc comme l’agneau nouveau né et n’ont pas hésité à les tromper en
faisant témoigner en sa faveur plusieurs de ses complices, Richard
Ferrand a convaincu les gogos qui l’ont élu qu’ils seraient mieux servis
par un député ministre, tout en sachant dès le départ qu’il allait
quitter le gouvernement sitôt après l’élection.
Visé par une enquête préliminaire de la justice, le ministre sortant
de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, quitte le gouvernement
d’Édouard Philippe. Le Premier ministre, pour sa part, a été
immédiatement reconduit à Matignon, ce lundi, après avoir présenté la
démission de son équipe à Emmanuel Macron qui l’a chargé de former une
nouvelle équipe d’ici à demain, à 18h.
Richard Ferrand ne sera resté qu’un mois à la tête de son ministère. À
la demande du chef de l’État, qui l’a reçu dans la plus grande
discrétion et pendant près d’une heure, hier après-midi, à l’Élysée, le
Finistérien a accepté de quitter le gouvernement pour briguer la
présidence du groupe La République en Marche, à l’Assemblée, un poste
clé pour la majorité présidentielle. Son départ intervient donc à la
faveur de la traditionnelle démission du gouvernement sortant, au
lendemain d’élections législatives. « Le Président m’a effectivement
demandé de devenir le chef de la majorité », a confirmé, hier soir,
l’intéressé, au Télégramme. Et d’ajouter : « Je suis très sensible à
cette marque de confiance du président de la République, d’autant que La
République en Marche est le groupe parlementaire le plus important en
nombre de la Ve République. Je vais donc rester député de la 6e
circonscription du Finistère ». En d’autres termes, Richard Ferrand ne
fera pas partie du gouvernement Philippe 2 et ne briguera pas non plus
le « perchoir » de l’Assemblée nationale. Il devrait donc prendre la
tête d’un groupe de 308 élus, allié à celui que le MoDem de François
Bayrou compte former, avec ses 42 députés.
« Pas du tout lié aux affaires »
L’entourage du chef de l’État a juré ses grands dieux que Richard
Ferrand ne faisait pas les frais de ses démêlés avec la justice, qui a
diligenté une enquête après la publication, fin mai, d’un article du
Canard enchaîné. L’hebdomadaire satirique révélait alors que les
Mutuelles de Bretagne avaient décidé, en 2011, alors que Richard Ferrand
en était le directeur général, de louer des locaux commerciaux
appartenant à sa compagne. Son départ du gouvernement n’est « pas du
tout lié aux affaires, c’est vraiment l’inverse », a insisté l’entourage
du chef de l’État.
Le président Macron avait fait un portrait très précis de celui qui
devait prendre les rênes du groupe la REM au Palais Bourbon : « Un homme
en qui il a une confiance absolue », qui « connaît déjà les rouages de
l’Assemblée mais aussi les candidats et le mouvement, de l’intérieur », «
capable d’encadrer les nouveaux députés et de faire face aux ténors des
autres partis ». Visiblement, le secrétaire général d’En Marche ! avait
toutes les qualités requises. Lors de leur entretien, Emmanuel Macron
aurait affirmé que « Richard Ferrand était, pour lui, ce que Pierre Joxe
(président du groupe PS à l’Assemblée, de 1981 à 1984, NDLR) était à
François Mitterrand ».
Son adversaire LR scandalisée
Gaëlle Nicolas, maire LR de Châteaulin et candidate battue, dimanche,
au second tour des législatives, par Richard Ferrand, a réagi vertement
à la décision de ce dernier de briguer la présidence du groupe la REM à
l’Assemblée, et donc de ne pas conserver son poste de ministre : « Je
dois dire que ça ne me surprend pas, même si je ne pensais pas que ça
arriverait avant la composition du nouveau gouvernement. En revanche,
pour les habitants, ça doit être une surprise. Je l’ai toujours dit,
Richard Ferrand était un caillou dans la chaussure de Macron. Il était
tout simplement devenu infréquentable dans le gouvernement. S’agissant
de la 6e circonscription du Finistère, il s’est moqué du monde. Il a
fait toute sa campagne avec le statut de ministre et les moyens de
l’État. C’est-à-dire gardes du corps et forces de l’ordre à chaque
déplacement ; il a imposé son emploi du temps et bénéficié d’une
exposition médiatique supplémentaire. L’argument selon lequel il valait
mieux un député ministre pour la circonscription a été matraqué par lui
et son équipe de campagne. Tout ça pour être démissionné le lendemain de
son élection… C’est un scandale, une tromperie délibérée. La semaine
dernière, j’avais prévenu les électeurs : attention de ne pas donner à
Richard Ferrand un parachute à l’Assemblée, avec l’immunité
parlementaire qui va avec. C’est ce qui est arrivé. Il s’est garanti une
porte de sortie du gouvernement. Et qu’il ne vienne pas nous dire que
c’est son choix ; c’est un pis aller ! »
Démission de Richard Ferrand. « Une première désillusion ? », questionne Christian Troadec
Publié le 20 juin 2017 à 08h59
Le maire de Carhaix Christian Troadec, l’un des rivaux déçus de
Richard Ferrand aux élections législatives, a réagi à la démission de ce
dernier du gouvernement pour rejoindre l’Assemblée nationale et devenir
chef de la majorité. « Pour ceux qui avaient voté pour lui pour avoir
un ministre en Centre-Bretagne vont être contents ! [...] Il n’aura
fallu attendre que le lendemain de l’élection pour qu’on retrouve
désormais Richard Ferrand comme chef de clan à l’Assemblée nationale. ..
Une première désillusion ? », écrit-il dans un communiqué.
Gaëlle Nicolas, maire de Châteaulin et autre rivale déçue de Richard Ferrand aux législatives, a réagi peu ou prou de la même manière, ce lundi, considérant que l’ancien ministre de la Cohésion des territoires « s’est moqué du monde ».
Il aurait dû être le 4e personnage de l’État. Voici le récit et les
coulisses du dossier Ferrand. Cinq semaines d’emballement
politico-médiatique, de chausse-trappes, d’intrigues, suivies de très
près par un Président qui, jusqu’au bout, n’a pas voulu céder face au
tribunal médiatique.
« Quand on se fait un patrimoine à plus de 600.000 euros, on n’a pas
sa place dans une élection législative (…) Il y a des faits qui relèvent
à la limite de l’escroquerie. » Au micro de France Bleu Breizh Izel, la
charge est signée Patricia Adam, le soir du premier tour des
législatives. La députée PS de Brest vient d’être balayée par la
déferlante La République en Marche. L’accusation n’engage qu’elle, mais
le raccourci résume ce qu’une partie de l’opinion publique tient comme
acquis : Richard Ferrand a favorisé ses proches et aurait même lésé les
Mutuelles de Bretagne qu’il a dirigées jusqu’en 2012, avant d’être élu
député.
Macron – la presse : le bras de fer
Mercredi 24 mai : Richard Ferrand est ministre depuis une semaine
quand Le Canard Enchaîné publie les premières révélations. L’opération
immobilière des Mutuelles de Bretagne n’a rien d’illégal a priori, mais
le conflit d’intérêts passe mal, alors que le nouveau Président a
décrété « la moralisation de la vie politique ».
Le soir même, ce 24 mai, Macron appelle Ferrand. Le ministre est dans
sa voiture, filant vers la Bretagne pour lancer la campagne des
législatives dans sa circonscription. Richard Ferrand propose au
Président de démissionner. Emmanuel Macron refuse. Pour le président de
la République, son ministre et ami est une victime collatérale d’une
bataille qui se livre avec… la presse. Emmanuel Macron vient de rompre
avec la pratique de ses deux prédécesseurs à l’Élysée. Fini la
connivence et les confidences. Fini l’accès aux conseillers. Piquée au
vif, la presse réagirait « comme un toxicomane qu’on vient brutalement
de priver de drogue », commente-t-on dans l’entourage du chef de l’État.
Politiquement, Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à abandonner son
ministre. Après Ferrand, qui sera le prochain ? La situation pourrait
devenir ingérable. L’Elysée et Matignon décident de « ne rien lâcher ».
Le Canard, l’AFP, Le Parisien…
Mais un avocat brestois, ancien bâtonnier, va relancer la machine
médiatique. Alain Castel représentait un des créanciers du propriétaire
du bien vendu à la compagne de Richard Ferrand. Il est persuadé que
l’opération immobilière est « fumeuse », et promet un document accablant
à ses yeux : un compromis de vente signé de la main de Richard Ferrand.
Pour l’avocat, les Mutuelles ont été lésées et auraient mieux fait
d’acheter. Le Canard Enchaîné est prévenu le jeudi 25 mai. Le
Télégramme, le lendemain après-midi.
En ce long pont de l’Ascension, recouper les informations, trouver
les acteurs clés du dossier et un spécialiste du code de la mutualité
relève de l’impossible. D’autres rédactions ont également été mises dans
la boucle, dont Le Parisien et l’AFP. Le lundi 29 mai, Le Parisien
publie les accusations du juriste, et la réponse du ministre. Le
Télégramme boucle et publie son enquête en fin de matinée. Les acteurs
clés du dossier avec lesquels il a pu entrer en contact viennent
contredire la version livrée par Alain Castel.
La marche ratée vers le perchoir
Une frénétique quête d’information s’empare alors de la presse (lire
ci-contre). La succession de « révélations » qui suit conduit le parquet
de Brest à ouvrir une enquête préliminaire, le 1er juin. Le soir même,
très éprouvé, Richard Ferrand propose une nouvelle fois, mais de manière
formelle cette fois-ci, sa démission au Président. L’Élysée, Matignon,
ses avocats et ses proches le font finalement renoncer. Pas question de
céder. Ferrand repart en campagne et est réélu député de la 6e
circonscription du Finistère, avec 56,41 % des votes.
Le lendemain, nouveau coup de tonnerre. De l’Élysée cette fois :
Richard Ferrand doit quitter le gouvernement. Officiellement, pas en
raison de la polémique qui le poursuit, mais pour lui proposer un poste
de confiance : présider les 310 députés de la République en Marche à
l’Assemblée. En coulisses, le scénario du départ de Richard Ferrand
était programmé depuis longtemps. Le dossier des Mutuelles de Bretagne
n’a pas eu la peau du ministre. Ni celle du député. Elle a en revanche
barré la route que lui avait tracée le président Macron. Celle qui
devait le mener non pas à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée,
mais à son perchoir.
« C’est à la présidence de l’Assemblée qu’il estimait que Richard
Ferrand serait le plus utile », assure une source proche de l’Élysée.
Jusqu’au dernier moment, le Président insiste pour que Ferrand accepte.
En pleine enquête préliminaire, ce dernier se méfie de François
Bayrou, au ministère de la Justice. Ferrand-Bayrou : les deux hommes se
détestent. Au point qu’ils ont failli en venir aux mains lors de la
cérémonie d’investiture du nouveau président de la République, à
l’Élysée, nous confirme un témoin direct de la scène. Le député
finistérien décline l’offre de Macron. Le 4e personnage de l’État ne
sera pas Richard Ferrand, mais François de Rugy.
Après avoir encore évoqué les DINGUES du Tribunal de Grande Instance de Brest, je tiens à rappeler ce qui suit :
1°/ la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest, qu’ils avaient
entièrement et très solidairement satisfaite tout au long de sa
procédure à mon encontre en première instance, a vu toutes ses fautes et
les leurs sanctionnées par les magistrats de la cour d’appel de Rennes
dans la décision qu’ils ont rendue le 2 décembre 2015, en conséquence de
quoi, par cet arrêt devenu définitif le 8 mars 2016, elle a été
déboutée de l’intégralité de ses demandes à mon encontre et contre ma
soi-disant « complice » la société OVERBLOG;
2°/ son complice le cybercriminel et escroc patenté Pascal Edouard
Cyprien Luraghi n’a pas davantage gagné à Paris le 5 janvier dernier, le
magistrat appelé à statuer sur ses demandes à mon encontre les ayant de
même entièrement rejetées avec d’excellents motifs;
3°/ j’obtiens par ailleurs de magistrats non brestois bien des
annulations d’autres décisions illégales de leurs collègues de Brest.
Ces différents magistrats ne sont bien évidemment pas corrompus, ils le
prouvent en désapprouvant régulièrement leurs collègues de Brest.
Je disais encore hier à quel point l’esprit du juge brestois est éloigné de l’idée de justice.
En voici une nouvelle illustration.
On remarquera au passage que ses collègues de la Chambre de
l’Instruction de Rennes ne valent guère mieux : sauf exception, au lieu
de remplir leur mission de contrôle du juge, ils en sont « solidaires »,
de cette « solidarité » spécifique à la région qu’évoque l’actuel
procureur de la République de Brest avant de quitter son poste. Arrivé
au Tribunal de Grande Instance de Brest pour la rentrée de septembre
2014, il y avait été accueilli par la CRIMINELLE Isabelle Johanny, qui venait de signer très solidairement toute une série de FAUX CRIMINELS me concernant.
Les uns et les autres comptent tous que le justiciable n’exercera pas
le droit de recours que lui offre la loi, car il s’agit toujours d’une
nouvelle procédure très coûteuse, sauf pour ceux qui comme moi peuvent
se défendre sans systématiquement recourir aux services d’un avocat.
Allez, je peux bien le dire : j’ai déjà fait infirmer, annuler ou casser un bon paquet de décisions de ces DINGUES du Tribunal de Grande Instance de Brest, et cela va continuer.
Il va falloir qu’ils s’y fassent, tous autant qu’ils sont : la nulle en droit, ce n’est pas moi.
Plounévez-Lochrist. Erreur de procédure : le meurtrier présumé remis en liberté
Publié le 14 juillet 2017
La chambre de l’instruction de Rennes a prononcé, hier, la remise en
liberté sous contrôle judiciaire d’un homme de 63 ans, meurtrier présumé
du musicien britannique Glen Miller. La chambre a annulé une ordonnance
du juge des libertés et de la détention de Brest, qui n’avait pas
respecté la procédure de transfert du prisonnier pour son audition. Le
14 septembre 2014, Glen Miller était retrouvé à son domicile de
Plounévez-Lochrist, tué d’une balle dans le cou. Détenu dans le cadre de
l’enquête sur cette affaire depuis le mois de février 2015, un ami de
Glen Miller aujourd’hui âgé de 63 ans, conteste les faits qui lui sont
reprochés. Il a déjà fait plusieurs demandes de remise en liberté.
Visioconférence non justifiée
En janvier 2017, il devait être entendu par le juge des libertés et
de la détention (JLD) de Brest. Comme c’est son droit, il refuse d’être
auditionné par l’intermédiaire d’une visioconférence. Mais, faute de
moyens, aucune équipe du centre pénitentiaire ne peut l’amener devant le
juge. Il est donc jugé par visioconférence, en son absence, par le JLD
de Brest qui décidera de son maintien en détention. Cette décision sera
confirmée par la chambre de l’instruction au mois de février.
« Or, cette procédure est illégale, explique Me Ronan Appéré. On ne
peut imposer la visioconférence que dans deux cas très précis : si le
détenu risque de s’évader ou en cas de trouble majeur à l’ordre public
». Comme l’avocat l’a précisé devant la chambre de l’instruction, hier
matin, son client n’a rien « d’un mafieux ou d’un gros dealer » que des
équipes viendraient délivrer en attaquant le fourgon. « Il n’y a aucune
preuve qu’il ait même eu l’idée de s’échapper », poursuit-il.
« Une grosse bévue »
La Cour de cassation lui avait donné raison au mois de juin,
précisant bien que la visioconférence devait rester une exception et
qu’elle ne devait être utilisée que dans des circonstances bien
précises. En conséquence, la chambre de l’instruction n’a eu d’autre
choix que d’annuler l’ordonnance du JLD de Brest, impliquant ainsi la
remise en liberté immédiate du détenu. L’homme va s’installer dans un
petit meublé à Brest avant de « chercher un appartement dans la région
de Quimper ». Pensionné des chantiers navals de Brest, il bénéficie «
d’une petite rente ». Son contrôle judiciaire l’obligera à suivre des
soins pour une problématique alcoolique ancienne. Me Appéré s’estime «
très satisfait de cette décision », qui sanctionne « une grosse bévue du
JLD de Brest ».
Ancien de l’administration centrale du ministère de la Justice, le nouveau procureur a pris ses fonctions hier.
Profil
1964. Naissance et premières années à Saint-Foy-lès-Lyon.
1987. Entrée à l’École de la magistrature de Bordeaux.
2014. Procureur de la République à Brest.
Éric Mathais, est devenu hier le nouveau représentant du Ministère
public auprès du tribunal d’instance de Brest. Lors de l’audience
solennelle, lui et quatre magistrats (lire ci-dessous) ont été
accueillis par les mots d’Isabelle Johanny, pour le parquet, et du
président du tribunal, Philippe Delarbre, pour le siège.
« Depuis presque 25 ans que j’exerce avec passion le métier de
magistrat du parquet, j’ai toujours considéré que l’une des premières
qualités requises pour un parquetier était la loyauté », a lancé en
préambule la nouvelle voix du Ministère public. Éric Mathais entend
poursuivre l’oeuvre de son prédécesseur avec loyauté et transparence,
tout en y ajoutant une inclination personnelle.
D’abord, Éric Mathais entend insister sur la notion d’« équipe » au sein des magistrats et fonctionnaires du parquet.
Ensuite, sa seconde ambition est de « pleinement utiliser les
différents modes de réponse à la délinquance, au traitement des
procédures et d’assurer une cohérence de la politique pénale », a-t-il insisté. Éric Mathais souhaite, à cette fin, entretenir les meilleures relations avec « les fonctionnaires du greffe, les enquêteurs et ses collègues magistrats du siège ».
Enfin, le nouveau procureur entend inscrire « toujours plus
résolument le parquet et le tribunal dans la vie publique locale et
expliquer sans relâche le sens de l’action de la Justice ». Des mots
ambitieux tournés avec modestie vers les acteurs du quotidien du
tribunal, qui assistaient d’ailleurs à la cérémonie : préfecture, élus
et avocats.
Procureur de Brest. «Ici, on n’a pas le temps d’attendre la cavalerie»
Publié le 12 juillet 2017 à 00h00
Modifié le 12 juillet 2017 à 08h48
Le procureur Éric Mathais aura occupé ses fonctions pendant trois
ans. À l’heure de son départ pour Dijon, il livre ses sentiments sur
Brest et les Brestois, à vue d’homme et de magistrat.
Comment avez-vous vécu votre passage à Brest ?
Quand je suis arrivé, ce qui m’a d’abord marqué, c’est que j’arrivais
au bout du bout. Il ne faut jamais oublier ça. Je me suis toujours
demandé comment faire pour ne pas être oublié. C’était une de mes
obsessions et je pense avoir été entendu. Pour ce faire, je pense qu’il
est nécessaire de faire connaître l’action judiciaire au-delà du prisme
du fait-divers. Quand on monte le service d’accueil unique du
justiciable, que l’on gagne une victoire des acteurs publics pour ça, et
que Christiane Taubira mentionne le tribunal de Brest trois fois, moi,
je suis content.
Vous souvenez-vous de votre premier jour ?
Oui. Lorsque j’avais appris ma nomination, on m’a chambré, à Paris,
en raison du climat et de la laideur supposée de la ville. Ce qui m’a
donc le plus surpris, c’est que les moqueurs avaient tort. C’est ici que
j’ai vu les plus beaux levers et couchers de soleil, et moi, je trouve
la ville agréable. J’ai rapidement fait le tour des quartiers dits
sensibles. J’étais sidéré de leur qualité par rapport à d’autres villes
où j’avais travaillé. Les Brestois ne se rendent pas toujours compte, je
crois, de cette qualité. C’est comme pour le sentiment d’insécurité que
j’entends souvent en centre-ville : à Clermont-Ferrand, pour comparer
le comparable, c’est bien plus dégradé. Je crois que ce sentiment est dû
au fait que le phénomène de bandes ou de petites mafias est arrivé bien
plus tard. Il est ici assez maigre, mais le fait que les gens en aient
été préservés si longtemps, fait qu’ils le tolèrent moins.
Quelles sont les caractéristiques brestoises qui vous auront le plus marqué ?
La solidarité. Ici, on n’a pas le temps d’attendre la cavalerie,
alors on s’épargne de vaines disputes pour relever les manches ensemble.
C’est une force extraordinaire. J’ai aimé l’environnement, la richesse
culturelle. Dans l’autre sens, il ne faut pas se cacher qu’ici plus
qu’ailleurs, l’alcool pose de véritables problèmes, c’est un peu plus
particulier. C’est pour cela qu’il faut que le plan Alcool donne ses
fruits à moyenne échéance.
Éric Mathais a occupé, pendant trois ans, le poste de procureur de la
République, à Brest. L’affaire Ferrand est venue animer sa fin de
parcours brestois.
Vous avez passé trois ans à Brest (1). N’est-ce pas un peu court ?
C’est la durée minimum. J’étais resté deux ans à mon poste précédent,
à Bourges. Là, oui, c’était court car il faut un an pour découvrir la
juridiction, impulser des choses, découvrir les partenaires… En trois
ans, on a le temps de mettre certaines choses en place.
Vous vous êtes notamment attaqué au problème des conditions de travail au parquet…
C’est une problématique qui était particulièrement prégnante à Brest.
Ces dernières années, les missions du parquet n’ont cessé d’augmenter,
mais les moyens n’ont pas augmenté proportionnellement. À Brest,
plusieurs fois, il a été question de souffrance au travail. Avant, ça ne s’exprimait pas du tout. Néanmoins, on est parvenus à s’organiser.
On vous sent aussi très attaché au rayonnement de la justice…
Il est utile de faire connaître le sens de l’action judiciaire, car
la justice française, avec ses faibles moyens, fait un boulot qui est
énorme. C’est pour cela que j’ai essayé d’organiser la communication,
avec les journalistes notamment. Je me suis aussi intéressé aux réseaux
sociaux, en ouvrant un compte Twitter.
Qu’est ce qui a changé au tribunal, depuis votre arrivée ?
On a notamment mis en place le tribunal maritime et le Sauj (Service d’accueil unique du justiciable),
qui nous a valu d’être primés par les victoires des acteurs publics. En
2016, on a aussi monté une cellule de crise judiciaire, en cas de
catastrophe ou d’attaque terroriste.
Quels sont les dossiers qui vont ont le plus marqué ?
Je préfère l’appeler le dossier des Mutuelles de Bretagne… Pour
l’instant, l’enquête est en cours, donc je ne peux pas trop m’exprimer.
Mais personnellement, vous l’avez vécu comment ?
Il y a une forte pression médiatique, mais j’essaye toujours de faire
mon travail le plus sereinement possible. Il faut toujours essayer de
ne pas en rajouter et garder la tête froide.
Quels souvenirs garderez-vous de Brest et de la Bretagne ?
C’est une région formidable. Les Finistériens sont fiers de leur
culture et ils aiment qu’on s’intéresse à eux… Ici, le respect des
institutions a encore beaucoup de sens.
(1) À partir de septembre, Éric Mathais sera en poste à Dijon.
Je lis et j’écoute attentivement ce qui se dit depuis un
mois sur cette affaire Grégory, si semblable à la mienne sur certains
points (des corbeaux qui menacent puis revendiquent le crime, la
jalousie à l’égard du père de l’enfant assassiné comme mobile, toute une
équipe de dingues ayant agi de manière concertée comme auteurs, le
principal suspect militant à la CGT et clamant haut et fort sa haine du
chef ou de celui qui « réussit », des journalistes qui à l’époque des
faits vont déployer une énergie incroyable pour en détourner l’enquête
en désignant la mère de la victime, elle-même victime, comme coupable,
etc…), et maintenant la mort du juge Lambert, et suis vraiment
consternée d’entendre désormais des journalistes exprimer précisément et
avec beaucoup de circonspection leur consternation à l’égard de propos
de ce magistrat.
Il disait ne pas comprendre pourquoi cette affaire « repartait ».
Par le passé, il avait déjà évoqué pour cette affaire une « justice »
tout autre que celle qui se rend en application des lois de la
République.
Il refusait en fait très clairement tout droit à la justice aux
différentes victimes de cette affaire criminelle qu’il avait décidé de
s’approprier à leurs dépens.
Ne tournons pas autour du pot, appelons un chat un chat : ce type est DINGUE, totalement DINGUE, aussi DINGUE
que le juge Raymond André et tous ses collègues du Tribunal de Grande
Instance de Brest qui s’acharnent sur ma famille depuis le début des
années 2000 au moins.
Comment ces DINGUES sont-ils devenus magistrats ?
Pourquoi continuent-ils à exercer ou à sévir hors de tout contrôle dès lors que leur état de délabrement moraln’échappe plus à personne ?
Il serait peut-être temps d’exiger des magistrats qu’ils nous rendent
des comptes à hauteur de leurs responsabilités et de veiller
scrupuleusement à empêcher ceux d’entre eux qui apparaissent coupables
de crimes ou délits de se soustraire à la justice des hommes comme vient
de le faire le juge Lambert, c’est-à-dire exactement comme David
Hamilton au mois de novembre dernier, et tout comme lui avec l’aide
éventuelle d’un complice quelconque.
Il faut aussi refuser vigoureusement de céder au chantage au suicide qui se profile derrière ce nouveau drame.
Affaire Grégory: des extraits des carnets secrets du juge Simon dévoilés
11/07/2017 à 10h55
C’est un document exclusif que s’est procuré BFMTV. Les carnets
personnels du juge Maurice Simon. Le magistrat avait repris de zéro
l’affaire sur la mort du garçonnet en 1987, après l’éloignement du juge
Lambert.
« Grégory est de plus en plus dans mon cœur et je veux savoir qui a
eu la sauvagerie de le tuer ». Cette phrase a été écrite par le juge
Simon, dans ses carnets secrets. L’homme démontre, dès 1987, son
attachement viscéral à la résolution de l’enquête sur le meurtre de cet enfant de quatre ans retrouvé dans la Vologne le 16 octobre 1984.
« Ces carnets, on a été les chercher et je peux vous assurer que
c’est un bombe atomique », a déclaré ce mardi Dominique Rizet,
consultant police-justice à BFMTV.
« Le juge Simon est le premier à évoquer la piste d’une
équipe. C’est-à-dire un ravisseur, un kidnappeur. Pour lui, ce
ravisseur, c’est Bernard Laroche qui va remettre Grégory le 16 octobre
1984 à une ou plusieurs autres personnes qui pourraient être Marcel
Jacob, le grand-oncle mis en examen et son épouse Jacqueline Jacob, qui
serait elle l’auteure de lettres anonymes », a-t-il expliqué.
Des carnets évoqués dans la lettre adressée lundi par Marie-Ange Laroche à Emmanuel Macron.
Pour le juge Simon, deux questions ont rapidement émergé à l’époque.
Celle du rôle de Christine Villemin, la mère de Grégory et celle du
témoignage de Murielle Bolle qui accuse son beau-frère Bernard Laroche,
avant de se rétracter. Questionnement que le juge traduit dans ses
carnets.
« Nous allons tourner autour de deux problèmes :
Christine Villemin a-t-elle oui ou non posté (…) la fameuse lettre de
revendication du crime ? La petite Murielle Bolle a-t-elle oui ou non
négligé le car de ramassage (…) pour partir avec Laroche ? »
Le magistrat reprend l’affaire après l’instruction menée par celui
qui était alors surnommé « le petit juge » Lambert, très critiqué par la
presse pour sa mauvaise maîtrise de la procédure, provoquant
l’annulation de nombreuses pièces du dossier.
Des notes rajoutées au dossier il y a un an
Maurice Simon, bien plus expérimenté, n’en sera pas moins « surpris
par cette affaire hors norme », s’inscrivant dans un contexte « rarement
vu de pression médiatique extrême. »
« Le poids de l’opinion est écrasant. Moi, je poursuis ma
route, c’est tout », écrira-t-il le 19 avril 1988. Il ne manquera
toutefois pas de s’indigner du travail de son prédécesseur, Jean-Michel
Lambert, quelques mois plus tard. « On reste confondu devant les
carences, les irrégularités, les fautes (…) ou le désordre intellectuel
du juge Lambert. Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute
son horreur », écrira-t-il même après les accusations et les pressions
contre Christine Villemin.
Affaire Grégory: le juge Lambert, un jeune magistrat confronté à une enquête hors normes
12/07/2017 à 00h18
Jean-Michel Lambert, premier juge d’instruction de l’affaire
Grégory, a été retrouvé mort à son domicile sarthois ce mardi soir.
Retraité depuis trois ans, il était entré dans la carrière judiciaire
par une enquête qui n’a toujours pas livré ses secrets 33 ans après.
Le magistrat Jean-Michel Lambert a été retrouvé mort
ce mardi soir dans son appartement près du Mans (Sarthe). A présent âgé
de 65 ans, il était connu de l’opinion depuis ses premiers pas dans le
monde judiciaire, il y a de cela 33 ans. Il était en effet le premier
juge d’instruction nommé pour se saisir du dossier mis sur pied à la
mort du petit Grégory Villemin, dont le corps avait été retrouvé dans la
Vologne le 16 octobre 1984.
L’Etat condamné en 2004
« Il est tout jeune à ce moment-là et on connaît
l’emballement médiatique autour de cette affaire. Cet homme se retrouve
avec l’obligation non seulement de gérer une affaire très délicate mais
aussi des médias très pressants qui demandent énormément d’informations.
A l’époque, les magistrats ne sont pas aussi rodés qu’aujourd’hui à
tenir des conférences de presse », a retracé ce mardi soir la
journaliste de BFMTV, Cécile Danré.
Sa conduite de l’instruction avait été vivement critiquée. Le 5 juillet 1985,
il avait décidé d’inculper pour assassinat Christine Villemin, mère de
Grégory, après que des études graphologiques avaient affirmé qu’elle
pouvait être l’un des corbeaux. En 1993, elle est totalement innocentés
pour « absence totale de charges ». Presque un aveu d’erreur judiciaire
quand, en plus, en 2004, l’État est condamné pour « dysfonctionnement du
service public de la justice ».
La gestion de Murielle Bolle
Mais c’est surtout sa gestion du témoignage initial de Murielle
Bolle, où elle dénonçait son beau-frère Bernard Laroche comme le
kidnappeur de l’enfant, qui plane sur son enquête.
« Il se retrouve dans une situation où après la première
inculpation qu’il décide de faire, celle de Bernard Laroche, il est
presque contraint par la pression médiatique de donner une conférence de presse.
Et il en dit un peu trop ce jour-là parce qu’il va révéler la raison
pour laquelle il a choisi d’inculper Bernard Laroche, explique Cécile
Danré. Cette raison, c’est le témoignage de Murielle Bolle dont il va
révéler la teneur alors qu’il est tenu au secret de l’instruction.
S’ensuit la rétractation de Murielle Bolle. »
Bernard Laroche avait ensuite été abattu par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, en mars 1985.
« Une affaire qui m’a accompagné tout au long de ma vie »
Il avait été dessaisi de cette instruction en 1987, au profit d’un
magistrat chevronné, le juge Simon, dont des extraits du carnet, parfois
très durs au sujet de son prédécesseur, ont été dévoilés sur BFMTV ce mardi. En 1987, toujours il participe à l’émission Apostrophes de Bernard Pivot et subit les attaques de certains des invités qui remettent en cause ses compétences.
Jean-Michel Lambert avait bien entendu poursuivi ensuite une carrière
qui avait laissé place à la retraite il y a trois ans. Jean-Michel
Lambert a été juge d’instance à Bourg-en-Bresse (Ain) de 1988 à 2003
avant de devenir vice-président du Tribunal de grande instance du Mans
(Sarthe) jusqu’en 2014.
Mais jamais le souvenir de cette première et si terrible affaire ne l’avait quitté, comme il l’avait confié à BFMTV, dans un entretien accordé le 13 septembre 2014:
« C’est une affaire qui m’a accompagné tout au long de ma carrière et
de ma vie. » Pour preuve, il lui a consacré deux livres intitulés Le petit juge (1987), son surnom au milieu des années 80, et De combien d’injustices suis-je coupable ? (2014).
« Des atteintes personnelles dont je me souviens trente ans après »
Il avait également expliqué ses difficultés dans l’instruction de
l’affaire par les conditions particulières avec lesquelles il avait
composé: « J’étais seul juge d’instruction à Epinal, du 1er septembre au
31 décembre 1984. Comme par hasard, je n’ai jamais eu autant de
dossiers à traiter que cette année-là. J’avais deux cabinets à gérer
pendant quatre mois et une autre dimension a été très importante: la
pression médiatique. » Il avait aussi glissé: « Je vivais au quotidien
des atteintes personnelles dont je me souviens trente ans après ».
Un surnom peu amène, échafaudé à la fois sur la base de sa jeunesse
au moment de sa prise en charge du dossier et de sa manière parfois
controversée de le traiter, lui a longtemps collé à la peau: le « petit
juge ». Très marqué par celui-ci, il en avait fait le titre du livre qu’il avait publié, au moment où l’enquête lui avait été retirée, en 1987.
Le juge Lambert et le juge Simon, deux magistrats que tout opposait
12/07/2017 à 10h36
Décédé mardi soir, Jean-Michel Lambert avait été le premier juge
d’instruction chargé de l’enquête sur le meurtre de Grégory Villemin.
Dessaisi de l’affaire en 1987, il avait passé le relais à Maurice Simon,
un juge bien plus expérimenté qui avait vivement critiqué le travail de
son prédécesseur.
Quand ils sont saisis de l’enquête sur l’assassinat de Grégory Villemin en
1984 puis en 1987, l’un – le juge Lambert – est inexpérimenté et vient
de connaître sa première affectation, l’autre – le juge Simon - a déjà
connu une carrière fournie. Jean-Michel Lambert, retrouvé mort mardi soir avait 32 ans en 1984.
À l’époque, il est juge d’instruction à Épinal, son premier poste.
Dessaisi de l’affaire en 1986, le dossier est alors confié à un juge
expérimenté, Maurice Simon. Président de la chambre d’accusation de la
cour d’appel de Dijon et ancien juge d’instruction spécialiste des gros
dossiers, il est discret et apparaît comme l’antithèse du juge Lambert,
surnommé « le petit juge » par la presse et critiqué pour sa gestion de
l’enquête.
Pression médiatique
Poussé par la pression médiatique, l’inexpérimenté Jean-Michel Lambert révèle lors d’une conférence de presse, le rôle de Murielle Bolle dans
l’inculpation de son beau-frère Bernard Laroche, alors qu’il est tenu
au secret de l’instruction. Trois mois plus tard, allant à l’encontre du
ministère public d’Épinal, Jean-Michel Lambert libère Bernard Laroche,
après que Murielle Bolle se soit rétractée. En mars 1985, Bernard
Laroche est assassiné par Jean-Marie Villemin.
« C’est une affaire qui m’a accompagné tout au long de ma
carrière (…) Que s’est-il passé pour que la décision de sa remise en
liberté (celle de Bernard Laroche ndlr) ne soit pas acceptée », s’interrogeait en 2014 « le petit juge ».
En juillet 1985 revirement de situation, Jean-Michel Lambert inculpe
Christine Villemin, la mère de Grégory, pour « assassinat ». Elle est
finalement innocentée en 1993 pour « absence totale de charges ».
Vives critiques
Même s’il avouera lui-même avoir été surpris par un contexte « rarement vu de pression médiatique extrême », Maurice Simon saisi de l’instruction après l’éviction de Jean-Michel Lambert en 1986, critiquera vivement son prédécesseur.
« On reste confondu devant les carences, les
irrégularités, les fautes (…) ou le désordre intellectuel du juge
Lambert. Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute son
horreur », écrit le juge Simon dans ses carnets, révélés par BFMTV mardi.
Lorsqu’il reprend l’affaire de zéro en 1987, Maurice Simon est le
premier à évoquer l’hypothèse d’une « équipe » qui aurait organisé le
rapt et le meurtre de Grégory, ainsi que l’écriture des lettres du
« corbeau ». Il devient l’un des défenseurs de Christine Villemin.
« Grégory est de plus en plus dans mon cœur et je veux savoir qui a eu la sauvagerie de le tuer »
« On a cherché à faire de moi le bouc émissaire »
L’instruction s’interrompt brutalement en janvier 1990 quand le juge
Simon est victime d’un infarctus, auquel il succombera quelques mois
plus tard.
Jean-Michel Lambert, vivement critiqué même après avoir dessaisi de l’affaire, est
ensuite juge d’instance à Bourg-en-Bresse de 1988 à 2003 avant de
devenir vice-président du tribunal de grande instance du Mans, jusqu’à
son départ à la retraite en 2014. Dans un livre publié en 1987,
Jean-Michel Lambert était revenu sur l’affaire Grégory, puis avait par
la suite publié des romans policiers.
« On a cherché à faire de moi le bouc émissaire. J’assume
effectivement certaines erreurs de procédure, mais j’aurais aimé que
tous en fassent autant, et ce n’est pas le cas », avait-il affirmé au
micro de France 2, le 17 juin dernier.
G.D.
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Premier juge d’instruction de l’affaire Grégory, Jean-Michel Lambert
a été retrouvé mort mardi. Il était resté marqué par l’énigme
criminelle et les critiques qui le visaient.
L’affaire Grégory
s’enfonce dans le drame. Plus de 30 ans après le meurtre non élucidé du
garçonnet de quatre ans dans les Vosges et celui du suspect Bernard
Laroche, elle semble avoir fait un nouveau mort. Le corps sans vie de
Jean-Michel Lambert, le premier magistrat qui a instruit l’enquête entre
1984 et 1986, a été retrouvé mardi à son domicile près du Mans. Les premières investigations font état d’un suicide par asphyxie.
Aucune lettre expliquant ce passage à l’acte désespéré n’a été
découverte. Mais l’ancien juge d’instruction, à la retraite depuis trois
ans, est resté tourmenté par ce dossier. Il suivait avec attention les derniers développements -et les mises en examen surprise du couple Jacob et de Murielle Bolle- refusant systématiquement toute sollicitation des médias. C’est que les nouvelles investigations, menées tambour battant, étaient de nature à fragiliser un peu plus son travail de l’époque, déjà très critiqué.
« J’assume effectivement certaines erreurs de procédure, mais
j’aurais aimé que tous en fassent autant et ce n’est pas le cas »,
admettait-il en 2014 à France 2, Tout en se qualifiant de « bouc-émissaire ».
Une inexpérience et une attitude « légère »
« L’affaire Grégory, c’est surtout l’affaire du juge Lambert. » Voilà
comment l’ancien colonel de gendarmerie Etienne Sesmat, l’un des
premiers enquêteurs qui a travaillé sous les ordres du magistrat, résume
l’énigme criminelle. Interrogé en juin dernier par L’Express, le
gendarme livrait un diagnostic sévère du juge Lambert, évoquant un
personnage « à côté de ses pompes », « léger » dans sa conduite des
investigations et « manipulé par les médias ».
Il faut dire qu’à l’époque des faits, Jean-Michel Lambert n’a que 32
ans. Lorsqu’il est nommé juge d’instruction à Épinal, le seul poste de
ce type existant dans cette juridiction, il ne travaille que depuis cinq
ans. Sur les 220 dossiers qui s’empilent sur son bureau, l’affaire
Grégory porte le numéro 180. Il admettra plus tard qu’il n’a pas accordé
au dossier, dans un premier temps, toute l’attention qu’il méritait.
Par ailleurs, Jean-Michel Lambert n’hésitait pas à se confier aux
journalistes avec qui il déjeunait parfois, au mépris du secret de
l’instruction. Pour beaucoup d’observateurs de l’époque, il n’a pas su
résister à la pression médiatique et a pêché par inexpérience et
tentation carriériste.
Une absence lors des aveux de Murielle Bolle
Lorsqu’en novembre 1984, les enquêteurs recueillent les aveux explosifs de Murielle Bolle,
qui accuse son beau-frère Bernard Laroche du rapt de Grégory, ils
tentent de joindre le juge Lambert. Le délai de garde à vue de
l’adolescente va expirer. Les gendarmes demandent au magistrat, par
téléphone, de venir recueillir à son tour sa déposition et de prendre
les suites judiciaires appropriées.
« [Jean-Michel Lambert] confirme qu’il ne se déplacera pas
et qu’il faut libérer Murielle. Les membres de l’équipe échangent une
fois encore des regards incrédules. Il nous semble faire preuve d’une
légèreté qui pourrait avoir des répercussions catastrophiques », déplore
le colonel Sesmat dans son livre Les Deux affaires Grégory.
Murielle Bolle n’est entendue par le magistrat que le lundi suivant.
Est-il parti en voyage, à un moment crucial des investigations? Dans son
ouvrage De combien d’injustices suis-je le coupable?,
l’intéressé dément: « Pur mensonge! [...] Je devais rester joignable à
tout moment. » Autre attitude critiquée: le juge annonce en personne aux
médias la mise en examen de Bernard Laroche, sur la foi du témoignage
de Murielle Bolle. Cette dernière se rétracte le lendemain et blanchit
son beau-frère. Une ligne qu’elle tient encore aujourd’hui et à laquelle la justice ne croit pas, estimant qu’elle a subi des violences.
Des annulations de procédure
Son attitude dilettante aurait aussi conduit à la désintégration de
plusieurs pièces maîtresses du dossier. Le 1er décembre 1984, cela fait
six semaines que les gendarmes travaillent à la découverte de la vérité,
lorsque le couperet tombe: une partie des expertises ajoutées au
dossier est annulée. « Tout le travail effectué pendant des semaines,
par les meilleurs spécialistes, sur des points fondamentaux de l’enquête
devient nul et non avenu », déplore dans son livre Etienne Sesmat.
Cette erreur est directement imputable à Jean-Michel Lambert. En
dépit des demandes des enquêteurs, il n’a -probablement par
méconnaissance- pas respecté la procédure de saisine des experts. Une
faille qui n’échappe pas aux avocats de Bernard Laroche, à l’origine de
cette demande d’annulation.
Parmi les pièces concernées figuraient les conclusions d’un expert en
écriture à propos des courriers du corbeau. Elles auraient pu, à en
croire les enquêteurs de l’époque, permettre de confondre Bernard
Laroche comme étant l’expéditeur des lettres. Le colonel Sesmat reproche
aussi au magistrat instructeur de n’avoir ordonné aucune expertise
psychiatrique de ce dernier.
Obsédé par la culpabilité de Christine Villemin
Le 6 novembre 1984, Murielle Bolle revient sur ses aveux. Le
magistrat instructeur estime que la piste de la culpabilité de Bernard
Laroche s’effondre. Son enquête fait du sur-place alors il développe une
idée fixe, celle de la mère infanticide. Les gendarmes n’allant pas
dans son sens, Jean-Michel Lambert les écarte progressivement.
Entre le jour du meurtre et les aveux de Murielle Bolle, ils
procèdent à 173 auditions. Mais seulement à sept, entre décembre et
février, relate la presse de l’époque. « Lorsqu’il s’est mis sur la
piste de Christine Villemin, le juge Lambert nous a mis au chômage
technique. Il refusait qu’on auditionne de nouvelles personnes, ne nous
délivrait plus aucune commission rogatoire », se souvient le gendarme
Etienne Sesmat.
Il est amer: « Le magistrat a saboté son travail et celui des
enquêteurs ». Les gendarmes sont totalement écartés des investigations
le 20 février 1985, au profit de la police judiciaire de Nancy. Puis, en
juillet, à la demande du juge, Christine Villemin est inculpée et
placée 11 jours en détention.
Mais Jean-Michel Lambert s’est fourvoyé: en 1993, la mère de Grégory
est blanchie par un arrêt de la Cour d’appel de Dijon. Lui n’en démord
pas, elle est coupable. « J’ai été frappé de plein fouet par la mauvaise
foi, voire les mensonges, entrecoupés de vérités, des uns et des
autres », écrit-il à propos de cette audience dans son livre. En 1986,
Jean-Michel Lambert est dessaisi du dossier et quitte définitivement
l’instruction.
Des rebondissements que nous avons suivis depuis plus d’un mois. Les articles, comptes rendus d’audience et live-tweet régulier de l’affaire ont suscité beaucoup de questions, notamment sur la page Facebook de 20 Minutes. Face à vos nombreuses interrogations, notre journaliste Vincent Vantighem vous répond.
Depuis quand se suicide-t-on avec un sac en plastique ? A-t-il ajouté un cocktail médicamenteux ?
Depuis l’invention du plastique, serais-je tenté de répondre… J’ai vu
que cette question revenait beaucoup dans les commentaires mais la
thèse du suicide fait peu de doute et ce mode opératoire existe bien. Alors
qu’elle était en voyage pour suivre une cure, l’épouse du juge Lambert
s’est inquiétée de ne pas avoir de ses nouvelles. Elle a donc appelé
leur voisine au Mans (Sarthe) qui s’est donc rendue chez eux et a découvert le corps, peu après 19h, mardi, dans son bureau.
« Il ne présentait aucune trace de violence, la tête étant recouverte
d’un sac en plastique, a confirmé mercredi Fabrice Bélargent, le
procureur de la République du Mans. Aucune trace d’effraction ni de
désordre n’a été constatée sur place. Aucun écrit de nature à expliquer
ce décès n’a été découvert. » Une autopsie doit être pratiquée, ce
jeudi, afin de déterminer précisément la cause du décès. Des analyses
seront également effectuées afin de savoir s’il avait pris des
médicaments ou bu de l’alcool avant sa mort.
Le juge Lambert savait-il la vérité ? Allait-il parler ?
J’ai consacré, mercredi, un article à son état d’esprit depuis un mois que vous pouvez retrouver par ici.
Le juge Lambert avait « sa » vérité. Dessaisi du dossier en 1986, il
est resté « hanté » par la mort du petit Grégory jusqu’à la fin de sa
carrière en 2014. Il avait ce que l’on pourrait appeler son intime
conviction, ce qui est différent d’une preuve ou d’un dénouement de
l’enquête.
Après l’avoir interrogé à de multiples reprises depuis le 14 juin, je
peux vous assurer qu’il estimait toujours aujourd’hui que Bernard
Laroche était innocent et que Christine Villemin a des choses à se
reprocher, en dépit de l’arrêt de non-lieu en la faveur de la mère de Grégory, rendu en 1993 par la cour d’appel de Dijon (Côte d’Or).
« Tout cela m’affecte évidemment et me trouble encore maintenant, me
confiait-il. Mais c’est trop sensible. Je ne compte pas m’exprimer
officiellement avant la rentrée de septembre. » Il m’a aussi expliqué
qu’il n’avait conservé aucune copie du dossier judiciaire sur lequel il
aurait pu continuer à travailler.
Pour autant, le dossier est resté ouvert. Et un service de gendarmerie spécialisé dans la gestion des Cold Case
a décidé de tout reprendre à zéro pour voir si la vérité ne pouvait pas
se manifester. Plusieurs enquêteurs se sont notamment appuyés sur un
logiciel d’analyse criminelle (Anacrim, lire notre article par ici) pour
cela. C’est sur la base de ce travail que les nouvelles arrestations
ont eu lieu en juin. Aujourd’hui, douze enquêteurs travaillent à temps
plein sur cette affaire.
Comment a-t-on pu confier une telle affaire à un juge débutant en 1984 ?
Le juge Jean-Michel Lambert avait 32 ans quand il a été nommé juge
d’instruction à Epinal (Vosges). C’était sa première affectation. Et il
était alors le seul juge chargé de l’instruction dans ce palais de
justice. En 1984, son bureau était encombré de 229 dossiers. Celui
portant sur la mort du petit Grégory portait le numéro 180. Le problème,
à l’époque, n’était pas tant l’âge du juge Lambert que son isolement.
C’est seul qu’il a renvoyé Murielle Bolle chez elle. Seul qu’il a pris
la décision de libérer Bernard Laroche. Seul qu’il a inculpé Christine
Villemin…
Pourquoi le juge Lambert a-t-il relâché Murielle Bolle ?
A l’époque Murielle Bolle est âgée de 15 ans. Les gendarmes
considèrent qu’elle est un témoin clé. Ils l’interrogent donc dans le
cadre d’une garde à vue avant de la transférer, quelques jours plus
tard, dans le bureau du juge Lambert. Comme les enquêteurs, ce dernier
estime qu’elle ne peut pas être considérée comme une complice de
l’enlèvement. Elle n’est donc ni inculpée, ni placée en détention
provisoire. Et en toute logique, elle est remise à ses parents, le 5 novembre 1984.
Trente-deux ans après, les enquêteurs qui ont repris le dossier n’ont
pas la même analyse. Ils estiment aujourd’hui que Murielle Bolle
pourrait avoir une plus grande responsabilité dans la mort de Grégory.
C’est pour cette raison qu’elle a été mise en examen pour « enlèvement
suivi de la mort » et placée en détention provisoire.
Pourquoi le juge Lambert n’a-t-il pas cherché où était Murielle en interrogeant le chauffeur de bus ?
Il l’a fait. A l’époque, Murielle Bolle avait commencé par raconter
qu’elle avait pris le bus pour rentrer du collège. Les gendarmes ont
donc interrogé le chauffeur de bus ainsi que quatre de ses camarades de
classe qui avaient l’habitude de rentrer avec elle. C’est après avoir
noté des divergences dans leurs dépositions que les enquêteurs ont
réinterrogé Murielle Bolle. C’est à ce moment-là qu’elle a « craqué » et
avoué qu’elle était en fait rentrée en voiture avec Bernard Laroche.
Avant de finalement se rétracter le 6 novembre 1984.
Aujourd’hui, Murielle Bolle continue de maintenir qu’elle a pris
l’autocar scolaire en dépit de témoignages contraires. Ses avocats
assurent qu’elle a, en 1984, incriminé son beau-frère à cause de la
pression exercée par les gendarmes qui l’auraient notamment menacé d’un
séjour en « maison de correction ».
Avec qui était Grégory avant de disparaître ?
La 16 octobre 1984, Christine Villemin quitte son travail à
Lépanges-sur-Vologne (Vosges), vers 17h. Elle récupère son fils Grégory,
chez sa nourrice, Christine Jacquot, dont la maison est située dans le
même village. A son retour au domicile, Christine Villemin décide de
faire un peu de repassage et laisse l’enfant jouer sur un tas de sable
situé devant la maison, après lui avoir enfilé un bonnet en raison du
froid. Elle allume la radio pour écouter l’émission « Les grosses
têtes » sur RTL.
Ce n’est que vers 17h30 qu’elle sort récupérer Grégory et qu’elle
s’aperçoit qu’il a disparu. Le corps de l’enfant sera retrouvé, vers
21h15, à six kilomètres de là, coincé sur un petit barrage de la Vologne
dans la commune de Docelles.
Mort du juge Lambert: «Quand tirerons-nous véritablement les leçons?», s’interroge un magistrat
JUSTICE Avec la mort du juge Jean-Michel Lambert, la
question de la « solitude » des magistrats est mise en lumière ainsi
que cette profession difficile, très exposée et à risques…
Gilles Varela
Publié le 13/07/17 à 14h32 — Mis à jour le 13/07/17 à 14h54
La mort du juge Jean-Michel Lambert rappelle à chacun combien la
fonction de juge d’instruction est difficile, complexe ou exposée
Comment protéger les juges ? Des magistrats s’interrogent
Le manque d’effectifs est pointé du doigt
C’est un coup de tonnerre qui a secoué la justice mardi avec la mort du juge Jean-Michel Lambert, chargé de l’enquête de 1984 à 1986 dans l’affaire du « petit Gregory ».
Ce décès met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les
magistrats, et particulièrement les juges d’instruction. Cette mort
(probablement un suicide) souligne également le manque d’effectifs et de
prise en charge psychologiques des magistrats. Mercredi, au lendemain
de la disparition du juge Lambert, 20 Minutes a interrogé des magistrats pour prendre le pouls de la profession.
La solitude du juge.Serge Portelli,
président de chambre à la cour d’appel de Versailles et juge
d’instruction pendant 25 ans, rappelle que « le juge Lambert n’était
plus juge d’instruction depuis fort longtemps », mais qu’en même temps,
« cette affaire-là pose la question de ce qu’est le juge aujourd’hui et
de ce qu’était ce même juge il y a une trentaine d’années.
Quelle peut être sa solitude, ses problèmes, les risques ? « Le juge
Lambert faisait partie d’une catégorie de juges qui était et qui
reste particulièrement exposée à beaucoup de risques. Dans les années
1980, il n’y avait pas de collégialité de l’instruction, il y avait
beaucoup de juges solitaires. » Le magistrat précise qu’un homme n’est
pas forcément formé pour se retrouver seul face à une affaire qui est
parfois extrêmement difficile, douloureuse à supporter
psychologiquement.
Les juges d’instructions
sont les seuls magistrats qui se retrouvent seuls face à des viols, des
affaires de mœurs, d’incestes, d’infanticides très dures à instruire.
« On est confronté, quand on est juge d’instruction, pas uniquement à la
lecture d’un dossier, on a vraiment les gens en face de nous. On a les
parents en face, les victimes, la personne qui est accusée d’avoir
commis parfois des actes sordides. C’est un contact direct. Un risque
auquel nous sommes exposés tout comme les policiers, les gendarmes qui
sont également en première ligne. »
La collégialité pour lutter contre cette solitude. « Les choses ont avancé suite à l’affaire Outreau »,
rappelle Serge Portelli. « Un projet de loi avait été adopté, mais une
des solutions qui était proposée pour remédier à la solitude du juge
d’instruction, la collégialité [trois juges] parce que c’était trop
cher, ce n’était pas possible de la mettre en place. On est donc revenu
au principe du juge unique. Même si l’on peut toujours, dans les
affaires complexes, désigner plusieurs juges. La collégialité est une
des meilleures choses qui soit et on s’aperçoit qu’aujourd’hui avec un
peu de retard, que ce n’est pas vraiment du luxe. Pas seulement de la
garantie d’une meilleure justice mais aussi une garantie pour les
secteurs du monde judiciaire, de pouvoir vivre leur métier de façon
normale. »
Le magistrat avance : « Si les juges Lambert ou Burgaud avaient été
entourés, ne serait-ce que pour eux-mêmes, pour des décisions qui sont
très délicates, très difficiles, si elles avaient été prises au moins à
trois, cela aurait atténué, voire, peut-être, empêcher, en grande partie
les erreurs. »
Un avis partagé par Juliane Pinsard, secrétaire national de la magistrature : « Si
les juges d’instruction pouvaient prendre leurs décisions à trois au
lieu de les prendre seuls, dans bien des dossiers, cela serait un moyen
non pas de se décharger de la décision mais de la faciliter, de
percevoir en plus les enjeux, les suites de la procédure, les réactions
de tel ou tel justiciable. Mais cela a été abandonné avec les années »,
regrette la magistrate.
Le manque d’effectifs, encore. Juliane Pinsard
soulève surtout la question des effectifs, insuffisants. Une question
centrale pour la magistrate. « Pour faire son travail dans des conditions acceptables
et donc avoir aussi un peu plus de temps pour prendre du recul sur
certains dossiers plus complexes, plus difficiles émotionnellement, des
effectifs supplémentaires sont nécessaires. C’est ce qui manque principalement, à tous les postes. »
Un numéro « vert » mais une aide ponctuelle. « La
justice est un métier confronté aux crimes, à toutes les déviances de
l’homme, c’est une profession difficile, exposée et qui réclame un maximum de garantie,
comme une aide psychologique mais aussi des règles institutionnelles
qui font que des décisions lourdes doivent être prises par plusieurs »,
explique Serge Portelli.
Même constat pour Juliane Pinsard : « Les questions de souffrance au travail
et les questions de risques sont des choses qui commencent tout juste à
émerger dans les réflexions. Le numéro “vert” mis en place par la
chancellerie depuis un an et demi environ, avec au bout de la ligne des
psychologues, n’est qu’une aide ponctuelle. Si c’est trop grave, ou trop
long dans la durée, le magistrat est invité à prendre rendez-vous avec
les psychologues indépendants. Cela peut être demandé suite à un choc
psychologique, par exemple comme une agression. Il existe aussi la
protection fonctionnelle, mis en place par le ministère mais c’est plus
pour des conditions de sécurité [protection], de menaces précises ou des
questions de soutien juridique, mais sous de nombreuses conditions. »
Une bonne mesure selon Serge Portelli, mais pas suffisante. « Le
numéro “vert” pour les magistrats, est un des aspects du problème. Mais
quand vous devez prendre une décision très importante, et que les enjeux
sont énormes, que l’implication personnelle est très forte, c’est à ce
moment-là qu’il faut mettre des garanties. Ce n’est pas une fois que le
mal est éventuellement fait, qu’il y a des impacts personnels psychiques
forts qu’il faut agir. »
Une situation qui pourrait se reproduire. La
situation qui s’est produite en 1984 pour l’affaire du petit Grégory
pourrait-elle se reproduire ? « Bien évidemment, assure Serge Portelli.
Les derniers développements de l’affaire de Gregory, montre d’une façon
désespérante qu’on n’a presque rien appris depuis 30 ans. Les mêmes erreurs que l’on commettait dans les années 1980, on les commet aujourd’hui. Je vois ça avec une tristesse infinie [très ému],
je me demande quand finiront toutes ces catastrophes et quand
tirerons-nous véritablement les leçons ? […] J’avais quand même
l’impression qu’après toutes ces catastrophes qui se sont accumulées,
autour du juge d’instruction et plus généralement des enquêtes
criminelles, on avait un peu plus de prudence, de réserves. Et ce n’est
pas ce que je constate. J’en suis profondément triste, je ne sais pas ce
que l’on pourrait faire, on a fait beaucoup de commissions
parlementaires, de colloques, mais il faudrait faire infiniment plus
pour que dans les enquêtes, on respecte un certain nombre de règles,
élémentaires, de bon sens, et de droit. »