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samedi 5 octobre 2024

Thomas Jolly se prend pour un cygne noir...

Et pour ça, quelle est son inspiration ?

Voilà l'un des derniers spécimens de Landerneau, dans son environnement naturel :

 

 


https://www.vogue.fr/article/interview-thomas-jolly-avant-ceremonieouverture-jeux-olympiques-paris-2024

“Je me suis permis de bouleverser l'ordre établi” - Thomas Jolly se livre sur la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024

 
Le 26 juillet 2024, les Jeux olympiques de Paris ont été lancés avec une cérémonie d'ouverture hors norme sur la Seine. Rencontre avec Thomas Jolly en charge de la direction artistique de ce grand moment.
 

Thomas Jolly orchestre la crmonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024.
Photographe Annie Leibovitz - Réalisation Max Ortega

 

Sur les bords de Seine, ils seront environs 300 000 spectateurs à admirer la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Devant les écrans, ce sera plus d’1,5 milliard de spectateurs qui découvriront la direction artistique que lui a conférée Thomas Jolly. Il y a quelques mois, Vogue avait rencontré le metteur en scène français master ès Shakespeare, qu’il a souvent porté aux planches avec une flamboyante modernité, et récemment couronné du succès d’une nouvelle version de la comédie musicale Starmania. Celui qui a consacré deux ans de sa vie aux J.O. parisiens de 2024 avait partagé ses ambitions comme ses angoisses. À dix jours de cet événement mémorable, il en livre certaines de ses clés tout en se confiant sur ses émotions de metteur en scène XXL. A commencer par l’annonce de ses collaborateurs la romancière Leïla Slimani, détentrice d’un prix Goncourt, la scénariste Fanny Herrero, qui a écrit les séries Dix pour cent et Drôle, l’historien Patrick Boucheron et un auteur de théâtre, ami et collaborateur de longue date de Jolly, Damien Gabriac. “Ensemble, nous avons construit le récit des quatre cérémonies”, précise Thomas Jolly, qui cite également Victor Le Masne à la direction musicale, Maud le Pladec à la danse, Daphné Burki au stylisme, Emmanuelle Fabre et Bruno sur la scénographie.

 

Rencontre avec Thomas Jolly avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024

 

Thomas Jolly orchestre la crmonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024.
Photographe Annie Leibovitz - Réalisation Max Ortega

Vogue France. Pour la première fois dans l'histoire de la cérémonie olympique, l’événement sort du stade. Un premier grand challenge, n’est-ce pas ?

Thomas Jolly. D’autant plus que je me suis permis de bouleverser l'ordre établi de cérémonie habituelle, à savoir une partie artistique, une partie de délégation et une partie de protocole. J’ai décidé de les entremêler pour une soirée de 3 heures 45 qui fait s’alterner les pays du monde entier, défilant au sein d’une douzaine de tableaux. Comme les athlètes vont passer entre le pont d'Austerlitz et le pont d’Iéna, cette grande fresque puise sa matière dans tous les sites historiques qu’ils traversent. Et quelle matière fabuleuse !

Dont on pourra pleinement profiter vu que vous avez choisi de faire débuter la cérémonie à 19h30…

En effet, je suis attentif à l’enjeu écologique. Démarrer la cérémonie à cet horaire permet de bénéficier au maximum de la lumière naturelle afin de ne pas déployer de l’énergie électrique pour l’éclairage. Par ailleurs, le fleuve n’est pas impacté par les travaux artistiques. Nous avons étudié les lieux où les poissons frayaient afin de ne pas déranger les habitats naturels. Rien ne tombe dans la Seine. Tout est respectueux de l’environnement dans lequel on s’inscrit. Il a été décidé d’investir plutôt les monuments, les ponts, l'histoire, les façades, les quais… Et ces endroits sont investis par environ 3 000 artistes venus de toutes les disciplines : danse, cirque, musique, acrobatie, comédie... Cette cérémonie, je l’appelle la grande célébration de notre humanité partagée !

Une humanité sans cesse mise à mal, et qui a donc besoin de réconfort ?

Absolument. Tous les quatre ans, les Jeux Olympiques proposent un arrêt sur image, une photographie du monde, puisque le monde entier nous regarde. C’est d’ailleurs, sur la planète, le seul événement à ce point suivi. C’est aussi le moment de célébrer cette humanité partagée avec ce qu’elle a à la fois de joyeux, de ludique et de fédérateur, mais aussi de se confronter à nos inquiétudes liées aux conflits et aux différents fléaux, de l’ordre du climat écologique ou de la guerre. Car l’olympisme se base également sur des valeurs de paix – notamment la trêve olympique, très importante dans l’histoire des Jeux Olympiques.

Ce soir-là, le public des J.O. brillera par sa diversité d’âge, d’origine, de classe sociale…

Avec les auteurs, nous avons souhaité travailler sur un grand nous. Nous sommes une multitude, nous venons d’endroits divers, nous avons grandi de manière différente, avec des apports culturels distincts, mais nous formons un grand tout. Et c’est ce soir-là qu'on doit le célébrer. Tout comme la France doit défendre ses trois valeurs cardinales : liberté, égalité, fraternité.

Pour vous, quel est le défi le plus crucial de cette cérémonie ?

Quel enchantement de voir sortir des ateliers les décors et les costumes, de voir ces artistes qui se rencontrent, qui créent, qui collaborent. Notre enjeu, dans les dix prochains jours, c’est de réussir à rassembler, en très peu de temps, ces 100 000 pièces d’un puzzle géant. Car si on se prépare énormément, il faut bien garder en tête que cette cérémonie ne sera jamais répétée
dans son intégralité afin de garder sa confidentialité. L’objectif est que tout le monde découvre simultanément le spectacle ! Pour moi qui aie l’habitude des filages, ce type de logiciel est nouveau…

C’est ce qu’on pourrait qualifier de numéro d’équilibriste ?

Complètement. C’est cela qui est grisant, dans la création des concepts comme des process… Cette cérémonie étant pionnière, il n'y a pas de modèle à suivre, et nous nous situons dans une création absolue. Impossible de s’ennuyer ! D’autant que les spectateurs présents ce soir-là au bord du fleuve seront étalés sur six kilomètres. Personne ne verra la même chose en même temps, chacun va donc vivre une expérience de cérémonie différente. Pour cela, je travaille depuis plus d’un an sur le storyboard de la retransmission. Il fallait non seulement concevoir le spectacle mais aussi la manière de le recevoir, qu’on soit au Venezuela ou assis sur les quais de Seine.

 

La Tour Eiffel lors des Jeux Olympiques de Paris 2024
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris

Durant cette cérémonie, quel moment avez-vous le plus hâte de vivre ?

Ce sera très émouvant de voir le premier bateau passer le pont d’Austerlitz, c’est-à-dire quand quand les athlètes entreront dans Paris. C’est eux, le fil principal de la cérémonie. Et j’ai très hâte de ce que la vasque s’allume. Car les Jeux Olympiques auront commencé ! Après dix-huit mois à concevoir et défendre cette mise en scène, face à des contraintes budgétaires, météorologiques ou patrimoniales, je serais heureux qu’on la partage enfin.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs ressentent devant cette cérémonie ?

D’une part, de la surprise. Pendant des mois, beaucoup de rumeurs ont circulé sur cette cérémonie. Mais je voulais absolument préserver l’émotion de la découverte et pour l’instant, nous y sommes parvenus. D’autre part, de l’amour. Celui qu’on se porte à soi-même, comme aux autres. Notre diversité et notre vivre ensemble est à célébrer… surtout suite aux récentes élections françaises. Un moment difficile durant lequel ont été proférés des discours contraires à l’idée d’accueil et de bienveillance qui sont des valeurs olympiques. Se dire qu’on s’aime fera du bien. Et en France, on sait très bien le faire dans les chansons, les poèmes, les livres, les pièces de théâtre, les films… N’oublions pas que Paris est la capitale de l’amour !

 

La Seine lors des Jeux Olympiques de Paris 2024
Guillaume Bontemps / Ville de Paris

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