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jeudi 15 juin 2023

Procès de Gabriel Fortin : une enquête de personnalité exclusivement à charge ?

 

 

 

C'est sa plainte du jour. Mais l'enquête de personnalité ne semble avoir été menée qu'auprès de ses employeurs successifs qui tous l'auraient licencié pour à peu près les mêmes motifs. 

Pour ceux qui pourraient l'ignorer, je précise que d'un emploi d'ingénieur à l'autre, le "dossier" du salarié reste toujours exactement le même et ne fait que s'enrichir d'éventuels faits nouveaux, car il se transmet de DRH en DRH. Avant même que vous ne soyez embauché dans une nouvelle société, son DRH, dont le job est notamment de prévoir avant même que vous n'ayez signé votre nouveau contrat de travail quels seront les motifs de votre prochain licenciement (s'il n'a pas ces motifs, de toute façon, vous ne serez pas embauché, car vous devez être éjectable à tout moment), a bien évidemment déjà récupéré auprès de son confrère de la dernière entreprise pour laquelle vous avez travaillé tout votre "dossier" dans cette entreprise, qui automatiquement comprend également les dossiers de tous vos précédents employeurs sur votre compte. Aussi, quand vous avez été licencié une première fois pour des motifs personnels qui éventuellement peuvent être entièrement mensongers, le travail est grandement facilité pour les employeurs suivants, il leur suffit de reprendre à peu près le même baratin en l'adaptant à leurs besoins. Il n'est donc pas surprenant que certains salariés soient licenciés plusieurs fois avec toujours les mêmes motifs mensongers.

Comment faire cesser ce genre de damnation ?

Pour ma part, je n'ai aucune solution autre que celle qui consisterait à changer très sensiblement les conditions légales du licenciement.

En l'état actuel de la législation, si vous n'êtes pas d'accord avec les motifs de votre licenciement, vous devez les contester devant le Conseil des Prud'hommes. Seulement voilà, intenter une action contre un ancien employeur, avec ou sans succès à la clé, peu importe, c'est toujours très mal vu pour tout salarié, et encore plus pour les ingénieurs et cadres que pour les autres. Ce seul fait peut suffire à expliquer qu'ensuite vous ne trouviez plus aucun emploi nulle part, ce que les conseillers de Pôle emploi savent très bien.

Cette question avait été abordée à l'automne 2004 à l'occasion d'une rencontre que j'avais sollicitée entre responsables de l'association AC ! Brest dont je faisais partie et une responsable de l'ANPE (qui ne s'appelait pas encore Pôle emploi). Cette personne nous avait bien répondu avec un petit sourire narquois qu'effectivement, après un procès prud'homal, et même en ayant obtenu gain de cause, on ne trouve plus aucun emploi, et qu'entre le procès et l'emploi, selon elle, il fallait donc choisir. Sauf que lorsqu'on a été licencié pour un motif personnel qui peut être mensonger et consister en accusations mensongères assez graves, c'est aussi foutu, on ne trouve plus aucun emploi nulle part.

Tout cela se conçoit aisément : aucun chef d'entreprise n'a envie de recruter comme salarié, ingénieur ou autre, un individu dont on sait déjà que le cas échéant il n'hésitera pas à saisir les tribunaux pour se défendre, puisqu'il l'a déjà fait. Comme en général les entreprises ont le choix, ce n'est pas celui-là qui est embauché. Et celui dont le dernier employeur affirme qu'il serait incompétent ou aurait commis telle ou telle faute non plus, bien entendu. 

Cela dit, le bon salarié n'est pas forcément très compétent, c'est celui qui obéit à tout, même à n'importe quoi, et ne se plaint jamais.

Or, Gabriel Fortin a bien intenté une action prud'homale au moins une fois, après son emploi à Compiègne, et l'a gagnée.

Hier, de ses anciens amis témoignaient et l'avaient décrit comme un camarade tout à fait normal, mais qui avait bien changé à partir de 2017.

Son conseiller Pôle emploi de Nancy a aussi été interrogé. Il a évoqué un parcours de demandeur d'emploi "classique", mais était excessivement gêné d'être là pour répondre aux questions posées.

Gabriel Fortin aurait très peu apprécié de se voir proposer des emplois chez McDo ou comme manutentionnaire.

Par ailleurs, il se plaint bien de violation de son domicile et d'écoutes téléphoniques illégales mais ne semble pas en mesure de désigner l'auteur des faits ou son commanditaire, et n'aurait donc pas subi de harcèlement moral en entreprise à base de viols de l'intimité de la vie privée réalisés au moyen d'écoutes illégales (celles-ci n'auraient de toute façon débuté qu'après son dernier emploi) :


https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2023/06/15/affaire-du-tueur-de-drh-suivez-la-troisieme-journee-du-proces


Extraits :

 

  • 15:01

    Gabriel Fortin à son avocat: «Là, je sature avec les questions»

    Interrogé par Me Romaric Chateau, l'un de ses deux avocats, sur les différentes plaintes, Gabriel Fortin répond : «Je veux des actions pour faire cesser le préjudice».

    Pourquoi les notes ? « Je préfère l'écrit à l'oral. Quand je l'écris, je le pense. C'est une habitude. Je note ce qui m'intéresse».

    Entre émotion et agacement, obligé à se lever pour répondre, il lâche au cours de la série de questions de son conseil : «Là, je sature avec les questions».

    Revenant sur les preuves « à l'origine douteuse», Gabriel Fortin assure encore  :« quelqu'un a écouté et a retranscrit dans mes notes».
    Sur la violation de son domicile ? «Je ne sais pas pourquoi la personne est entrée chez moi».
    Qui a pu mettre son téléphone sur écoute ? « C'est à la justice de trouver».
    Sur son quotidien en détention : «Sport, télé».

 

14:36

L'avocat général tente de mettre en confiance l'accusé

Comme si une brèche s'était entrouverte dans la communication avec Gabriel Fortin, plusieurs membres de la cour s'attellent à faire parler l'accusé. Puis, l'avocat général tente de mettre en confiance l'accusé, en lui disant qu'il veut «mieux comprendre» les choses, «ça m'aide».

Il l'invite à apporter des précisions sur ses écrits notamment. Gabriel Fortin déclare qu'il a «découvert dans la  procédure» que son téléphone était « sur écoute dès 2010 ou 2012».

L'avocat général réussit à faire accoucher une parole, après plus de deux ans de mutisme. Il demande à Fortin s'il connaît quelqu'un qui aurait perçu la qualité de son travail d'ingénieur.

- Je ne sais pas», répond Fortin. Puis, relancé, il dit: «oui».

- Pas de noms?

- Chez ACC, j'ai travaillé deux ans, ils m'auraient viré avant si ça n'allait pas.

Cet emploi a été exercé vers 2006 et c'est Fortin qui l'a quitté. Il confirme: «J'ai eu des déconvenues. Vous irez les voir».

 

  • L'avocat général a tenté d'établir le dialogue avec Gabriel Fortin. Photo Le DL/ Fabrice Hébrard
  • 14:24

    L'audience a repris : « Ils ont tous dit que j'étais nul, paranoïaque».

    Debout dans le box des accusés, manipulant un stylo, Gabriel Fortin livre : «Toute l'enquête de personnalité a été à charge. Ils ont tous dit que j'étais nul, paranoïaque».

    Invité par le président de la cour d'assises à en dire davantage sur lui, l'accusé répond : « Non merci». Il ne répond pas non plus aux avocats successifs des parties civiles qui s'adressent à lui. «Non merci» répète l'accusé.
    Gabriel Fortin ne les regarde pas. Il reste figé, tête tournée, le regard dans le vide.

    Troisième jour de procès de Gabriel Fortin. Dessin Emmanuelle Paolillo


 

11:54

La défense de Fortin interroge le commandant chargé de l'enquête

L'un des avocats de Gabriel Fortin, Me Romaric Chateau, s'attache à mettre en avant la chronologie des plaintes à la suite des licenciements, plaintes adressées aux parquetiers, au doyen des juges d'instruction, aux ministres puis députés depuis 2008, et l'absence de réponse qui a pu faire naître « un sentiment d'injustice».

 Il estime avoir été laissé seul. Qu'en pensez-vous ?

« Oui nous avons constaté ce sentiment d'injustice», répond le commandant, qui se garde de dire si ce sentiment est justifié ou pas.
 « Quand il y a un vol ou un cambriolage, le réflexe classique est d'aller voir la police, pas d'écrire au juge. Cette manière de traiter (de l'accusé) donne ce sentiment de paranoïa », ajoute l'enquêteur retraité. Qui précise que tous les écrits, qui évoquent aussi notamment un espionnage d'un géant suédois de l'ameublement, n'ont pas pu faire l'objet d'une enquête.
« Il estime avoir été laissé seul. Qu'en pensez-vous ?»  demande l'avocat.

« On n'écrit pas au président de la République parce qu'on pense avoir été volé».

 

  • Suspension d'audience de quelques minutes.

  • 11:34

    Premier et véritable échange depuis l'ouverture du procès entre Gabriel Fortin et la cour

    Interrogé par l'avocat général Laurent de Caigny sur les nombreuses plaintes déposées par Gabriel Fortin, ce dernier répond : « Les plaintes envoyées à la justice sont des faits réels, avérés. J'ai reçu en retour des courriers de la justice».

    Je n'ai pas internet chez moi, leur origine est douteuse

    L'accusé insiste : « La justice a des traces. Pour les documents informatiques sur mes ordinateurs, leur origine est douteuse. Comme les recherches retrouvées sur internet, je n'ai pas internet chez moi, leur origine est douteuse».

    Il est aussi pointilleux quand il corrige l'avocat général sur un vol de vélo « attesté par un témoin». Un fait qui paraît superflu face aux crimes jugés mais qui semble crucial pour lui.

  • 11:22

    Qu'a dit Fortin à son avocat pendant 35 minutes, pendant sa garde à vue en 2021?

    Interrogé par Me Hervé Gerbi, avocat des sœurs de Patricia Pasquion, responsable d'équipe assassinée à Pôle emploi le 28 janvier 2021, le commandant Giraud confirme l'intérêt particulier de Fortin sur le management dans ses écrits. Il cite un  livre, "DRH la machine à broyer" et un reportage télévisé sur les DRH.

    Me Typhaine de Renty, avocate d'une salariée de Faun Environnement en Ardèche, où la DRH Géraldine Caclin a été assassinée, interroge à son tour Marc Giraud. L'enquêteur confirme que pendant les 48 heures de garde à vue, Gabriel Fortin s'est entretenu deux fois avec son avocat, soit environ 35 minutes au total.

 

 

  • 16:06

    Les DRH étaient critiqués par de faux profils sur les réseaux sociaux

    Estelle Luce et Bertrand Meichel ainsi que d'autres cadres de l'époque de la société Knauf ont donc vu leurs noms mentionnés sur des faux profils sur les réseaux sociaux. L'auteur dénonçait leur management "inhumain".

    L'adresse IP utilisée était celle de la bibliothèque Stanislas de Nancy, a révélé l'enquête. De plus, les jours et heures de gestion des faux profils, ont permis d'isoler le compte de connexion de Gabriel Fortin. « Un jour, la seule connexion sur le réseau, c'était Gabriel Fortin. Il n'y avait que lui», témoigne le lieutenant qui souligne par ailleurs sa bonne entente avec le commandant Giraud dans la Drôme.

    Vous m'expliquerez

    Quelques heures plus tôt, Fortin avait mis en doute des preuves sur des recherches numériques trouvées à son domicile car il disait ne pas avoir internet à son domicile. «Vous m'expliquerez» avait-il osé. Peut-être que le lieutenant vient de lui apporter une réponse...

    À ce moment, Gabriel Fortin a la tête baissée dans le box. On ne distingue plus ses yeux. Ce n'est pas sa position habituelle, puisque depuis l'ouverture du procès, il se tenait droit et regardait devant lui.

    Bertrand Meichel et Maître Sophie Pujol Bainier au procès de Gabriel Fortin. Photo Le DL/Fabrice HEBRARD

 

 

https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2023/06/13/affaire-du-tueur-de-drh-suivez-le-deuxieme-jour-du-proces-de-gabriel-fortin

 Extraits :

 

  • 11:40

    Des "résultats irréguliers"

    Photo Le DL/.T.Z.
    Photo Le DL/.T.Z.

    Me Alain Jakubowicz, avocat de Pole emploi, interroge Jacques F., ingénieur comme Gabriel Fortin, sur les éventuelles difficultés à trouver un emploi dans ce secteur d'activité. Avant son arrestation, Gabriel Fortin était au chômage depuis plusieurs années après plusieurs licenciements.

    L'avocat demande : « Vous avez d'autres exemples d'ingénieurs qui ont eu ce parcours compliqué ?»
    Réponse du témoin : « Non mais c'est par Pôle emploi que je me suis réorienté», dit le témoin à son propos. «Une réussite donc», conclut l'avocat.

     «Résultats irréguliers, note D soit insuffisant». Me Hervé Gerbi, avocat des sœurs de Patricia Pasquion, cite des résultats scolaires à l'école d'ingénieur de Gabriel Fortin. Puis, il mentionne des relevés de stages. En 1996, un rapport résume en évoquant notamment des "difficultés d'expression", et ajoute: "doit communiquer davantage ".

  • 11:25

    Fortin après un licenciement : "C'est des cons"

    Jacques F. décrit Gabriel Fortin comme un homme "naturel" et "spontané " avec lequel les choses se passaient "bien". Il ne savait pas grand-chose de sa famille, si ce n'est que son père est Gabonais. Selon lui, il n'avait pas de problème dans ses relations avec les gens.

    Il en voulait certainement un peu à ceux qui l'avaient licencié

    Après leurs études d'ingénieur, pendant lesquelles ils étaient "copains" , leurs échanges ont été occasionnels, dit-il bras croisés sur une veste bleue. Ils se sont vus à l'époque où l'accusé vivait vers Compiègne. Il avait dormi chez lui, ils avaient mangé ensemble et s'étaient promenés. Puis, ils s'étaient revus à la Défense à Paris, mais dit ne plus se souvenir si c'était programmé ou un concours de circonstances.

    Jacques F. a indiqué qu'il avait connaissance d'un licenciement de l'accusé. « Il en voulait certainement un peu à ceux qui l'avaient licencié. Il a dû dire quelque chose comme: "c'est des cons".»

    « Il m'avait parlé d'un défaut de conception, pour moi c'était un licenciement pour faute, poursuit le témoin. Il me l'a peut être dit, je ne me rappelle plus précisément».

    Sur d'éventuelles relations amoureuses? «Il ne m'a jamais présenté quelqu'un», répond Jacques F.

    Son positionnement par rapport aux femmes ? « Je pense qu'il est hétérosexuel».

    Avait-il envie d'avoir une famille? « On n'en parlait pas».

    La cour d'assises de la Drôme. Photo Le DL/T.Z.
  • 11:08

    L'audience reprend

    Jacques F. prend la parole en qualité de témoin. Il a été le binôme de l'accusé à l'école nationale d'ingénieur de Metz entre 1994 et 99. Puis, ils se sont revus occasionnellement. Son visage est fermé.

  • 10:53

    «Je n'avais jamais perçu de paranoïa chez lui»

    François H. répond aux médias. Photo T.Z.
    François H. répond aux médias. Photo T.Z.

    À l'issue de sa déposition, François H. confie : « Je l'ai reconnu physiquement. Après avoir appris ce qu'il avait fait en 2021, les premières semaines ont été difficiles. C'est incompréhensible ce qu'il s'est passé. Je n'avais jamais perçu de paranoïa chez lui».

 

  • 09:48

    « On ne devient pas psychotique à 45 ans »

    « On ne devient pas psychotique à 45 ans. Mais rien ne laissait penser qu'il avait des idées délirantes», affirme l'infirmier psychiatre à la retraite.
    Son changement de comportement peut s'expliquer par « une dégringolade, une déchéance sociale», estime le témoin.

    À l'issue de sa déposition le témoin lance un regard et salue de la tête l'accusé. Gabriel Fortin est resté immobile.

  • 09:13

    L'audience reprend : à la barre Michel T.

    Gabriel Fortin est présent dans le box des accusés pour le deuxième jour de son procès. Il porte la même chemise bleue que ce mardi 13 juin.
    L'audience reprend.

    Il venait avec sa mère mais ne parlait jamais de son frère, ni de son père

    À la barre, Michel T. qui a été son instructeur de vol à voile des années 1990 à 2008  : «À l'époque Gabriel Fortin était quelqu'un agréable, sympathique. Bien intégré dans le club. C'était monsieur tout-le-monde. Puis, on l'a senti changé, paranoïaque».
    Le témoin poursuit : « Il venait avec sa mère mais ne parlait jamais de son frère, ni de son père».

    Août 2019, « la dernière fois que je l'ai vu, il était très fuyant. Les deux dernières années, il était plus renfermé, replié sur lui. Avant, il était jovial», confie le témoin.

    Alors que l'accusé était au chômage, le témoin, infirmier psychiatre à la retraite, indique que Gabriel Fortin avait peu apprécié les propositions de Pôle emploi pour travailler au McDonald's ou comme manutentionnaire. Le témoin poursuit : « Il était dépressif avec des tendances paranoïaques. Je ne l'ai jamais vu ni violent, ni agressif».

 

 
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/15/proces-fortin-de-l-ingenieur-fou-de-planeur-au-chomeur-en-fin-de-droits-quinze-ans-de-chute-racontes-par-les-temoins_6177691_3224.html

Procès Fortin : de l’ingénieur, fou de planeur, au chômeur en fin de droits, quinze ans de chute racontés par les témoins

Au deuxième jour du procès de Gabriel Fortin, jugé pour le triple assassinat et la tentative d’assassinat de responsables des ressources humaines et d’une salariée de Pôle emploi, en 2021, ses anciens amis ont évoqué sa personnalité.

Par (Valence, envoyée spéciale)

Publié aujourd’hui à 04h30, modifié à 09h03
 
Le palais de justice de Valence, le 13 juin 2023, avant le début du procès de Gabriel Fortin.

 

Il faut donc imaginer Gabriel Fortin heureux. Ou presque. Le mot n’a pas été prononcé par les témoins entendus, mercredi 14 juin, à la barre de la cour d’assises de la Drôme, où il est jugé pour le triple assassinat et la tentative d’assassinat de responsables des ressources humaines et d’une salariée de Pôle emploi, en 2021.

Mais l’un d’eux a quand même dit qu’il l’avait connu « convivial », « sympa », « jovial ». C’était il y a plus de quinze ans. Michel T. était alors instructeur dans un club aéronautique de Nancy. Parmi ses élèves, un ingénieur trentenaire, qu’il appelait « Gaby », passionné de planeurs. Il venait presque tous les week-ends, les jours fériés, s’inscrivait aux stages, ne manquait jamais les soirées crêpes.

En cette aube des années 2000, « Gaby » a signé son premier contrat d’embauche en Allemagne, au bureau d’études d’un équipementier automobile. Son salaire confortable lui permet de réaliser son rêve, voler. Des années plus tôt, il avait espéré en faire son métier, en passant les concours de l’aviation civile, mais il avait été recalé. Sous le hangar, en bichonnant les carlingues, il se lie d’amitié avec un autre ingénieur, François H. « On parlait informatique, voitures, filles, et surtout vol à voile », se souvient le témoin.

L’insouciance ne dure pas. En 2003, deux ans après son embauche, le bureau d’études est délocalisé. Gabriel Fortin quitte l’Allemagne, retrouve assez vite du travail dans le Loiret, en CDD, mais l’entreprise ne le garde pas. Il déménage un an plus tard, en Eure-et-Loir, pour un poste en CDI cette fois, dont il est licencié en 2006.

Nouveau départ, direction Compiègne (Oise), où il est recruté comme directeur de bureau d’études. Là encore, ça se passe mal, le contrat est rompu, Gabriel Fortin intente une action aux prud’hommes, il la gagne. A cette époque, il voit toujours son binôme de l’école d’ingénieurs de Metz, Jacques F., qui garde le souvenir d’un homme « naturel et spontané ». Et puis Jacques se marie, leurs relations se raréfient. A l’aéroclub de Nancy, « Gaby » voit moins souvent François, qui s’est marié lui aussi.

 

 

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