Pour commencer, je rappelle qu’elles viennent
d’apparaître dans un défilé/marche/manifestation organisé par
l’extrême-gauche brestoise contre l’opération militaire russe
actuellement en cours en Ukraine, sur une pancarte censée représenter
Poutine, avec ces cornes rouges sur la tête.
Voir ici :
http://petitcoucou.unblog.fr/2022/02/27/une-manifestation-pour-les-ukrainiens-hier-a-brest-place-de-la-liberte/
C’est bien la première fois que je vois une telle image dans une
manifestation de l’extrême-gauche brestoise et c’est très étonnant,
surtout depuis que je laisse publiquement entendre que ses militants
sont des adorateurs de Satan, car en effet, habituellement, ils se
présentent plutôt comme athées ou comme païens, exécrant tout
particulièrement la religion chrétienne.
Rappelez-vous, par exemple, la « blague » de Julie Le Goïc à peine le père Hamel avait-il été tué par ses complices islamistes.
Je l’avais commentée à l’époque des faits, ici :
http://petitcoucou.unblog.fr/2016/07/30/fausse-rousse-et-vraie-connasse-julie-le-goic-recolte-ce-quelle-a-seme/
Adoptant eux-mêmes Baphomet pour idole ou emblème de manière
habituelle, il est donc assez surprenant de les voir tout à coup faire
porter à Poutine une paire de cornes rouges, associant l’un et l’autre
dans la même détestation.
La raison de ce brusque renversement de tendance chez les
« idéologues » de l’extrême-gauche brestoise (ils sont tous gravement
fêlés) se trouve dans cet article de blog que j’ai publié le 24 février
2022 :
http://petitcoucou.unblog.fr/2022/02/24/du-sarmatisme-des-rois-de-france-et-de-pologne/
Et voilà, ici, dans les premières armoiries d’Henri III :
Armoiries
-
Armoiries comme fils de France (1551-1559).
Ce sont en fait celles de ses ascendants depuis Jean d’Orléans, cadet
de Louis Ier d’Orléans, où l’on trouve un croissant rouge représentant
des cornes rouges de manière stylisée, en exemplaire unique pour le
premier représentant de cette branche cadette des Valois-Angoulême, et
toujours multiplié par trois chez ses successeurs, dont Henri II qui en
avait fait son emblème.
Ces cornes rouges symbolisent donc la cour de ce roi où l’amour courtois fut à l’honneur.
Aussi, tous ceux qui aujourd’hui dénient aux femmes jusqu’au droit à un quelconque consentement détestent ces cornes rouges.
Mes bons « amis » de l’extrême-gauche brestoise, la mère maquerelle
Josette Brenterch du NPA de Brest en tête, en font bien évidemment
partie.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_d%27Angoul%C3%AAme
Maison d’Angoulême
Arbre généalogique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_d%27Orl%C3%A9ans_(1399-1467)
Jean d’Orléans (1399-1467)
Famille
Jean d’Orléans est le fils de Louis, duc d’Orléans, de Valois, comte de Blois, et de nombreux autres lieux, et de Valentine Visconti, héritière présomptive du duché de Milan. Il est également le frère du célèbre poète Charles Ier d’Orléans, le demi-frère de Jean de Dunois (dit le bâtard d’Orléans avant l’obtention de son titre comtal), l’oncle du roi Louis XII et le grand-père du roi François Ier.
Un otage exilé 33 ans en Angleterre
Jean d’Orléans, âgé de 13 ans, est livré en otage aux Anglais en 14122.
En effet, dans le cadre des affrontements entre Armagnacs et
Bourguignons, l’alliance anglaise est déterminante et les deux camps
n’hésitent pas à la solliciter. C’est ce que font les partisans de
Charles d’Orléans au printemps, avant de signer au mois d’août une trêve
qui stipule que les deux partis renoncent à toute convention avec les
Anglais. Cependant, les troupes anglaises refusent de retourner chez
elles sans une confortable compensation de l’ordre de 150 000 puis
bientôt 210 000 écus, somme que les Armagnacs s’engagent à leur verser
par le traité de Buzançais
le 14 novembre. Mais incapables de rassembler cette somme
immédiatement, ils en garantissent le versement ultérieur en accordant
aux Anglais six otages dans l’entourage de Charles d’Orléans, dont son
jeune frère Jean3.
Ce dernier ne sera finalement libéré qu’en 1444. Après la bataille d’Azincourt
en 1415, son frère aîné capturé le rejoint pour partager non seulement
la détention mais aussi l’intérêt pour la littérature. En effet, Jean
vit ses 33 années en Angleterre au milieu des livres dont il apprécie la
lecture et fait des commentaires. Il n’hésite pas à faire appel à des
copistes pour enrichir sa bibliothèque personnelle. On sait ainsi qu’il
fait faire par un scribe anglais une copie, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque Nationale de France, des Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer,
qu’il emmène avec lui lors de sa libération puisque l’ouvrage fait
partie de l’inventaire de ses biens exécuté après décès. C’est du reste
le premier manuscrit de cet ouvrage à avoir traversé la Manche, ce qui
montre bien à quel point les échanges d’otages ont pu contribuer aux
circulations culturelles en Europe2.
De retour d’Angleterre
Après sa libération, Jean combat sous les ordres de son demi-frère Dunois en Guyenne en 1451 et contribue à en chasser les Anglais.
Entretemps, le 31 août 1449, il épouse Marguerite de Rohan, fille d’Alain IX, vicomte de Rohan, et de Marguerite de Bretagne, dame de Guillac. De cette union naissent trois enfants :
Il a également un fils, Jean de Valois, bâtard d’Angoulême, qu’il légitime en 1458.
Jean d’Orléans, le « bon comte Jean d’Angoulême », repose dans la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême avec son épouse et son fils Charles d’Orléans. Sa dépouille, ainsi que celle de son fils, retrouvées dans la cathédrale d’Angoulême en 20114, sont réinhumées le 15 février 2015 lors d’une cérémonie présidée par Mgr Claude Dagens en cette même cathédrale5.
Son crâne est mutilé par les Huguenots.
Une statue de Jean d’Angoulême a été réalisée en 1876 par Gustave-Louis Gaudran ; elle orne le square Girard II au chevet de la cathédrale.
Ascendance
Notes et références
- Anne Lacaud, « Angoulême : les ancêtres de François 1er réinhumés dans la cathédrale », Sud Ouest, 15 février 2015 (lire en ligne [archive], consulté le 20 février 2015)
Voir aussi
Bibliographie
- Études
- (en) Lucy de Angulo, « Charles and Jean d’Orléans: an attempt to trace the contacts between them during their captivity in England », dans Franco Simone, éd., Miscellanea di studi e ricerche sul Quattrocento francese, Turin, Giappichelli, 1967, p. 59-92.
- Gustave Dupont-Ferrier, « La date de la naissance de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 56, 1895, p. 518-527. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1895.447825, lire en ligne [archive])
- Gustave Dupont-Ferrier, « La captivité de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême (1412-1445) », Revue historique, vol. 63, janvier-avril 1897, p. 42-74. (ISSN 0035-3264, lire en ligne [archive])
- Gilbert Ouy, « Recherches sur la librairie de Charles
d’Orléans et de Jean d’Angoulême pendant leur captivité en Angleterre,
et étude de deux manuscrits autographes de Charles d’Orléans récemment
identifiés », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 99, no 2, 1955, p. 273-288. (ISSN 1969-6663, DOI 10.3406/crai.1955.10447, lire en ligne [archive])
- Gilbert Ouy, « À propos des manuscrits autographes de Charles
d’Orléans identifiés en 1955 à la Bibliothèque nationale : Hypothèse
« ingénieuse » ou certitude scientifique ? », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 118, 1960, p. 179-188. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1960.449602, lire en ligne [archive])
- (en) Gilbert Ouy, « Charles d’Orléans and his brother Jean d’Angoulême in England : what their manuscripts have to tell », dans Mary-Jo Arn, éd., Charles d’Orléans in England : 1415-1440, Cambridge, Boydell & Brewer, 2000 (ISBN 9780859915809), p. 47-60.
- Gilbert Ouy, La librairie des frères captifs : les manuscrits de Charles d’Orléans et Jean d’Angoulême, Turnhout, Brepols, 2007, 185 p. (ISBN 978-2-503-52540-2, présentation en ligne [archive])
- Éditions de sources
- « Passage a subgez pour poursuir la delivrance a prisonniers [archive] », dans Le formulaire d’Odart Morchesne d’après la version du ms BnF fr. 5024 [archive], Édition critique par Olivier Guyotjeannin et Serge Lusignan, Éditions en ligne de l’École nationale des chartes, no 10.
- Eusèbe Castaigne, éditeur, La vie de Jean d’Orléans, dit le Bon, comte d’Angoulême, aïeul de François Ier : par Jean du Port, sieur des Rosiers, Angoulême, 1852, XXXII-112 p. (lire en ligne [archive])
Réédition d’une biographie publiée par Jean du Port, sieur des Rosiers, en 1588, puis de nouveau en 1602.
- Étienne Charavay, Jean d’Orléans, comte d’Angoulême : Notice, publiée avec des notes, Paris, Alphonse Lemerre, 1876, 17 p. (lire en ligne [archive])
- Léopold Delisle, « Deux lettres de Bertrand du Guesclin et de Jean le Bon, comte d’Angoulême, 1368 et 1444 », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 45, 1884, p. 300-304. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1884.447245, lire en ligne [archive])
Liens externes
- Dupont-Ferrier 1895, p. 527.
- Adam J. Kosto, L’otage comme vecteur d’échange culturel du IVe siècle au XVe siècle, in Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen (dir), Les prisonniers de guerre dans l’histoire, Privat, 2003, p. 174
- Isabelle Gonzalez, Un prince en son hôtel : les serviteurs des ducs d’Orléans au XVe siècle, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 33.
- Stéphane Urbajtel, « Les squelettes exhumés à la cathédrale d’Angoulême sont ceux des aïeux de François Ier », Charente libre, 5 décembre 2011 (lire en ligne [archive], consulté le 20 février 2015)
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_d%27Orl%C3%A9ans_(1459-1496)
Charles d’Orléans (1459-1496)
Issu du rameau des comtes d’Angoulême de la deuxième maison d’Orléans, il est le fils de Jean d’Orléans (1399-1467), comte d’Angoulême, et Marguerite de Rohan.
En 1467, à la mort de son père, il lui succède au comté d’Angoulême à
l’âge de 8 ans, l’exercice de son autorité étant confié à sa mère et à Jean Ier de La Rochefoucauld.
Mariage et descendance
Le 16 février 1488, il épouse à Paris Louise de Savoie (1476-1531), fille du duc de Savoie Philippe II dit sans Terre et de Marguerite de Bourbon. Deux enfants naissent de cette union :
Il a également plusieurs liaisons :
Sépulture
Sa dépouille, ainsi que celle de son père, retrouvées dans la cathédrale d’Angoulême en 20113, sont réinhumées le 15 février 2015 lors d’une cérémonie présidée par Mgr Claude Dagens en cette même cathédrale4.
Généalogie simplifiée
Notes et références
- Anne Lacaud, « Angoulême : les ancêtres de François 1er réinhumés dans la cathédrale », Sud Ouest, 15 février 2015 (lire en ligne [archive], consulté le 20 février 2015)
Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
- Dictionnaire de la Noblesse, de La Chenaye-Dubois, Tome XI, Paris, 1776.
- fils de Michel Gaillard
- Stéphane Urbajtel, « Les squelettes exhumés à la cathédrale d’Angoulême sont ceux des aïeux de François Ier », Charente libre, 5 décembre 2011 (lire en ligne [archive], consulté le 20 février 2015)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_II_(roi_de_France)
Henri II (roi de France)
Enfance tumultueuse
En tant que second fils du roi de France, Henri reçoit le titre de
duc d’Orléans dès sa naissance. Il reçoit le prénom de son parrain Henri VIII d’Angleterre2.
En application du traité de Madrid entre François Ier et Charles Quint, Henri reste otage en Espagne du 17 mars 1526 au 1er juillet 1530, en compagnie de son frère aîné François, dauphin et duc de Bretagne.
Cette dure captivité a de lourdes conséquences sur son enfance et il en
garde des séquelles psychologiques, devenant notamment hypocondriaque. Ce caractère rendra difficiles ses relations avec son père François Ier, qui accorde sa préférence à son jeune frère Charles.
Considéré comme le dernier roi chevalier, la légende dit qu’il a été formé à la chevalerie par la lecture d’Amadis de Gaule pendant sa captivité mais ce roman de chevalerie n’a été traduit en français qu’en 15403.
Jean Capello, ambassadeur de Venise
à la cour de France, le décrit ainsi : « …la taille haute et bien
prise, la figure belle et agréable, le teint un peu brun… » De son côté,
Joachim du Bellay affirme, dans son Tumbeau du roy Henry II, que « son visage estoit doulx, meslé de gravité. » À la différence de son père, François Ier, Henri II
est d’une nature plutôt taciturne. Selon le Vénitien Dandolo, il rit
rarement, « au point que nombre de ceux qui sont à la cour assurent ne
l’avoir jamais vu rire une seule fois. »
Mariage avec Catherine de Médicis
Il épouse le 28 octobre 1533 Catherine de Médicis, fille de Laurent II de Médicis, unique héritière de ses biens et nièce de Léon X, mais son cœur reste voué à sa confidente et préceptrice depuis l’âge de 15 ans Diane de Poitiers (avec qui il semble n’entretenir un adultère qu’après 1538 seulement).
Héritier du trône de France
Il succède à son frère François, mort en 1536, comme dauphin et duc de Bretagne, sans en gouverner le duché dont son père garde l’usufruit. Après avoir fait ses armes en Picardie, Henri rejoint les armées françaises au Piémont pour en commander l’avant-garde, participe à la prise de Moncalieri (23 octobre 1537), où il rencontre Filippa Duci pour une brève aventure dont naît son premier enfant, Diane de France.
Cette naissance rassure le dauphin sur sa capacité à assurer sa
descendance malgré l’absence d’héritier 4 ans après son mariage. Son
infertilité temporaire est en fait due à une malformation pénienne
causée par un hypospadias, comme le diagnostique son médecin Jean Fernel qui lui recommande avec succès de pratiquer le coitus more ferarum pour pouvoir procréer4.
Tensions à la cour de François Ier
Le 9 février 1540,
Henri est investi de la jouissance de son duché, « pour son
entretenement », le roi conservant la haute main sur les affaires du
Dauphiné et du duché. Henri n’a en réalité aucune marge de manœuvre
politique, son autorité se limite à la nomination de ses courtisans et
amis à des charges et des terres. Ainsi donne-t-il à sa maîtresse Diane de Poitiers les anciennes terres ducales de Rhuys et de Fougères.
La rupture entre le roi et le dauphin éclate à la disgrâce du connétable de Montmorency en 1541 auquel le dauphin était très attachéa. La cour se trouve alors divisée en deux partis :
Campagnes militaires victorieuses
En août 1542, il commande l’armée du Roussillon dans la quatrième campagne de son père et de ses alliés allemands et turcs contre Charles Quint et participe au siège de Perpignan.
À l’automne 1544, il repousse les Anglais dans Calais, lève le siège de Montreuil, et échoue de peu à reprendre Boulogne-sur-Mer, finalement rachetée en 1550.
Dernières années de son père
Durant les dernières années du règne de François Ier, les deux factions rivalisent à la cour de France : la première menée par les conseillers du roi, l’amiral de France d’Annebault et le cardinal de Tournon, la seconde composée des appuis du dauphin Henri, autour de Diane de Poitiers et du connétable Anne de Montmorency.
Dans ce contexte, il fit pourtant donner un bal à Fontainebleau à l’occasion du baptême de sa fille, Élisabeth de Valois, en juillet 1546. Il s’y montra sous le costume évocateur de Capitaine tenant le bâton de commandement, dessiné par Le Primatice, (Nationalmuseum, Stockholm).
Roi de France
Une administration nouvelle
Une révolution de palais
L’année 1547, avec la disparition de François Ier et l’avènement d’Henri II, voit un renouvellement complet du personnel de la Cour
et des conseillers du souverain. L’ancienne faction au pouvoir est
chassée sans ménagement et certains hauts responsables politiques sont
emprisonnés et poursuivis par la justice royale. Les places au sein du
conseil royal et les charges honorifiques de la cour sont redistribuées
aux proches du nouveau roi : à côté d’Anne de Montmorency, on trouve désormais Jacques d’Albon de Saint-André fait maréchal et premier gentilhomme de la Chambre, et les princes lorrains, les frères François futur duc de Guise, et Charles, cardinal de Guise, futur cardinal de Lorraine.
Double henri d’or a l’effigie d’Henri
II, 1554, Bourges.
Le nouveau roi, à 28 ans, désire marquer une rupture avec le train de
vie de son prédécesseur et un courant d’austérité souffle passagèrement
sur la cour royale. Le nombre de dames d’honneur est réduit et l’accès à
la personne royale, resserré. Henri II s’entoure de nouveaux conseillers.
Politique administrative
Poursuivant la politique administrative de son père, Henri II réforme certaines institutions qui contribuent à faire de la France un État puissant au pouvoir centralisé. Henri II ordonne ainsi en 1557
qu’un type unique de poids et mesures soit désormais appliqué à
l’ensemble de la banlieue de Paris, puis dans un second temps à tout le ressort du Parlement de Paris, avec dépôt d’un étalon à l’hôtel de ville.
Dès le début de son règne, il met en place un véritable système
ministériel, généralisant le gouvernement de son père. En 1547,
l’administration est supervisée par quatre secrétaires d’État, choisis
dans la compagnie des notaires-secrétaires du roi. Ils sont chargés des
commandements du roi et plus particulièrement de l’expédition des
affaires financières. À l’origine chargés d’un secteur topographique du
royaume, ils prennent en 1557 le titre de secrétaire d’État et des finances du roi. Les registres du Trésor royal sont confiés à un contrôleur général. Henri II poursuit également l’unification du système judiciaire avec la création (par l’ordonnance de janvier 1551), des présidiaux,
tribunaux intermédiaires entre les parlements et les juridictions
inférieures. Ces présidiaux sont composés de 9 juges chacun et sont
situés au siège des bailliages et sénéchaussées).
En 1553, une ordonnance royale prévoit que les maîtres des requêtes visitent chaque année les provinces.
Politique financière
L’année 1555 voit l’institution du Grand Parti de Lyon, un emprunt géant levé auprès des marchands-banquiers de la ville de Lyon
(principale place financière du royaume de France) qui refinance à long
terme l’ensemble des dettes royales existantes. Le caractère innovant
de cet emprunt n’empêche pas les circonstances militaires et politiques
de le faire s’achever par une faillite qui entraîne la convocation par
le roi des états généraux de Paris en janvier 1558 pour en obtenir le vote d’une contribution.
À l’instar de son prédécesseur, Henri II doit faire face à d’importants besoins financiers et suit l’exemple de François Ier
en recourant à l’augmentation des impôts existants (tentatives
d’uniformisation de la gabelle, création du taillon et application de
nouvelles crues de taille, développement des taxes sur les importationsb). Les mêmes causes produisant des effets similaires, Henri II doit faire face, comme François Ier à La Rochelle en 1542, à une révolte paysanne, la jacquerie des Pitauds, qui contamine les villes, dont Bordeaux. Henri II confie la répression au connétable Anne de Montmorency. La réaction de Montmorency est brutale : la cité perd ses privilèges, est désarmée, doit verser une amende de 200 000 livres, voit son parlement
suspendu. 140 personnes sont condamnées à mort. La répression s’étend
ensuite dans les campagnes d’alentour où l’on pend les meneurs. En 1549,
Henri II amnistie la cité.
À l’instar de son père, il veille également à améliorer le
recouvrement de l’impôt, et ordonne (édit de janvier 1551) la réunion
des 4 trésoriers de France et des 4 généraux des finances en un même corps de trésoriers généraux, dont l’effectif est porté à 17.
Après les réformes administratives et fiscales engagées successivement par François Ier et Henri II, l’essentiel des ressources de l’État provient désormais des aides.
Les relations étrangères
L’Angleterre
Dès 1548, Henri II connaît son premier conflit en tant que roi de France. Il se heurte au roi d’Angleterre Édouard VI, qui s’offusque de la réception à la cour de France de Marie Stuart, reine d’Écosse, qui doit épouser le dauphin François.
La jeune reine d’Écosse est obligée de se réfugier en France pour
échapper aux troupes anglaises qui entendent marier Marie à Édouard VI. Les Écossais, défaits à Pinkie Cleugh, font jouer la vieille alliance avec la France, la Auld Alliance, et Henri II accepte d’accueillir la jeune reine à la cour de France. De plus, Marie Stuart, fille de Marie de Guise, est la nièce des Lorrains, dont l’influence sur Henri II a permis d’arranger ce mariage. En 1549 et 1550, les armées d’Henri II, sous le commandement de François de Guise et de Leone Strozzi, assiègent Boulogne-sur-Mer que les Anglais occupent depuis 1544. Le 24 mars 1550, le traité d’Outreau restitue la ville à la France, et impose la domination d’Henri II en Écosse. Plus tard, en 1558, les troupes du duc de Guise reprennent la ville de Calais, dernière possession anglaise en territoire français.
Les Habsbourg
Les relations d’Henri II avec les Habsbourg s’inscrivent dans la continuité de celles de son prédécesseur.
Dès 1551, Henri II écoute les princes réformés d’Allemagne, qu’il avait bien connus lorsqu’il était dauphin. En janvier 1552, il reçoit à Chambord le margrave Albert de Brandebourg qui lui suggère d’occuper Cambrai, Verdun, Toul et Metz (ces trois dernières villes constituant les Trois-Évêchés), cités d’Empire de langue française et bénéficiant traditionnellement d’une certaine autonomie. Henri II y prendrait le titre de « vicaire d’Empire ». Le traité de Chambord est signé le 15 janvier 1552, scellant l’alliance d’Henri II avec les princes réformés, contre Charles Quint.
Le « voyage d’Allemagne » débute à Joinville, où l’armée française est rassemblée en mars 1552, sous le commandement du connétable de Montmorency et du duc de Guise. Cambrai, Verdun et Toul ouvrent leurs portes sans opposer de résistance ; le 18 avril 1552, Henri II entre dans Metz. En octobre 1552, sur ordre de Charles Quint, Ferdinand Alvare de Tolède, duc d’Albe, met le siège devant Metz,
où reste une faible garnison sous les ordres de François de Guise. Le
siège dure quatre mois et reste voué à l’échec, ce malgré le déploiement
d’importantes forces impériales : 35 000 fantassins, 8 000 cavaliers et
150 canons.
La poursuite des guerres d’Italie
Pour l’Italie comme en d’autres domaines, Henri II tente d’inscrire ses pas dans ceux de son père. Au-delà des motivations italiennes de ses prédécesseurs, il faut rappeler que Catherine de Médicis entretient une cour très italianisée et que les Guise sont alliés à la famille d’Este : François a épousé Anne d’Este, fille du duc de Ferrare.
En 1545, le pape Paul III donne le duché de Parme et Plaisance à son fils Pierre-Louis Farnèse. Après l’assassinat de ce dernier, le duché passe à Octave Farnèse mais reste convoité par Ferrand Gonzague, vice-roi de Milan. Henri II accepte d’intervenir en appui des Farnèse d’autant plus que Jules III, nouveau pape élu, penche nettement du côté de l’Empire. Les troupes royales, commandées par les maréchaux de Brissac et de Thermes, affrontent l’armée impériale augmentée de contingents pontificaux.
En avril 1552, une première trêve est négociée par le cardinal François de Tournon. Ce dernier, ambassadeur d’Henri II en Italie de 1551 à 1556, est plus enclin à la diplomatie qu’à la guerre et s’emploie à faire échouer un projet d’expédition contre Naples. Il réussit à faire placer la ville de Sienne, qui a évacué sa garnison espagnole, sous la protection du royaume de France.
Les 8 et 9 octobre 1553, une expédition du maréchal de Thermes, qui s’est adjoint l’appui d’une flotte turque, enlève la Corse aux Génois.
En 1554, Sienne cherche à en découdre avec Florence. L’armée royale, commandée par Pierre Strozzi, est défaite le 3 août à Marciano della Chiana par l’armée de Florence ; Sienne est assiégée. Défendue par Monluc, la ville tombe le 17 avril 1555 et passe sous contrôle florentin.
Le 16 janvier 1556, Charles Quint abdique en faveur de son fils Philippe II mais conserve la couronne impériale qu’il transmet à son frère Ferdinand Ier du Saint-Empire puis se retire au monastère de Yuste. De son côté, le roi de France perd progressivement ses appuis: les princes allemands réformés ont signé la Paix d’Augsbourg
leur donnant la liberté de religion et les Turcs se révèlent moins
actifs en Méditerranée occidentale. Le nouveau roi d’Espagne et la
France signent donc une trêve à l’abbaye de Vaucelles. La trêve est destinée à durer 5 ans et reconnaît à la France ses conquêtes territoriales du Piémont et des Trois-Évêchés. Cet accord souffre néanmoins d’un défaut majeur: tout comme la paix d’Augsbourg, il n’a pas reçu l’aval du pape.
Paul IV, élu pape en 1555,
est animé d’une haine farouche envers l’Empereur : « Depuis mille ans,
il n’est pas né un homme aussi méchant que lui ». Il multiplie les
provocations envers Philippe II et envoie son neveu le cardinal Carlo Carafa comme légat à la cour de France en 1556. Ce dernier en revient avec une promesse d’intervention d’Henri II.
En novembre 1556, le duc de Guise, auréolé de sa gloire messine, rejoint le maréchal de Brissac en Piémont, avec l’objectif avoué d’enlever Naples aux Espagnols. Les manœuvres de Philippe II
et de ses alliés anglais et savoyards au nord de la France remettent
rapidement en cause ce plan et François de Guise est contraint de
rentrer précipitamment en France après la défaite française de Saint-Quentin. Cette dernière tentative manquée marque la fin des ambitions françaises en Italie, formalisée par le traité du Cateau-Cambrésis par lequel Henri II restitue l’ensemble des possessions françaises dans le pays, y compris la Corse.
Derniers affrontements entre Philippe II et Henri II
Philippe II se marie en 1554 avec Marie Tudor, alliance qui lui permet de bénéficier de la puissance maritime de l’Angleterre. Il dispose également aux Pays-Bas d’une armée de 60 000 hommes sous les ordres du duc Emmanuel-Philibert de Savoie. Les alliés profitent du départ de l’armée du duc de Guise pour l’Italie pour lancer l’offensive vers Paris, à travers l’Artois. L’armée française, commandée par le connétable Anne de Montmorency essuie une terrible défaite à Saint-Quentin le 10 août 1557, avec plus de 3 000 morts et plusieurs milliers de prisonniers dont le propre connétable, l’amiral de Coligny et le maréchal de Saint-Andréc.
Henri II confie au duc de Nevers François de Clèves
la constitution d’une nouvelle armée et rappelle le duc de Guise
d’Italie pour lui confier les opérations militaires dans le Nord du pays
en tant que lieutenant général du royaume. Guise choisit de marcher sur Calais, qu’il enlève le 6 janvier 1558, puis retourne vers Thionville qu’il atteint le 22 juin et enlève en juillet.
L’armée commandée par le maréchal de Thermes est battue à Gravelines par les Espagnols. La route de Paris est ouverte. Henri II
réunit alors une armée de 50 000 hommes et se porte à la rencontre de
ses adversaires. Mais les Espagnols doivent licencier leur armée, faute
d’argentd.
Les Anglais chassés du sol français et les Impériaux repoussés au-delà de la Moselle,
l’équilibre est à peu près rétabli. Les deux royaumes n’ont pas
vraiment les moyens de continuer la guerre, d’autant que Philippe II,
veuf de Marie Tudor depuis le 17 novembre 1558, ne peut plus compter
sur les ressources de l’Angleterre. Les deux pays conviennent donc d’un traité de paix signé le 3 avril 1559 au Cateau-Cambrésis. Henri II restitue à Philippe II toutes ses possessions dont le Piémont, la Savoie, et la Bresse, pourtant occupée depuis 30 ans, ainsi que la Corse, mais conserve les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun ainsi que cinq places fortes en Piémont pour trois ans. La paix est sanctionnée par deux mariages :
- Henri II donne sa fille Élisabeth en mariage à Philippe II ;
- sa sœur Marguerite épouse le duc Emmanuel-Philibert de Savoie.
De son côté, la nouvelle reine d’Angleterre, Élisabeth Ire,
doit assurer son trône après une succession délicate et n’est pas en
mesure de disputer la ville de Calais au roi de France. Par le premier traité du Cateau-Cambrésis, signé les 12 mars et 2 avril 1559, elle permet aux Français de conserver la ville contre une indemnité de 500 000 écus.
Les affaires religieuses
Répression du protestantisme
Sous le règne d’Henri II, la réforme protestante continue de se développer. Sous l’influence de Diane de Poitiers, le roi, fervent catholique, décide de prendre de sévères mesures à l’égard de la nouvelle religion.
Dès le 8 octobre 1547, une chambre ardente est constituée au Parlement de Paris, chargée de connaître des procès d’hérésie, avec à sa tête l’inquisiteur Matthieu Ory.
En trois ans, elle rend plus de 500 arrêts contre les protestants, et
est à l’origine d’une violente répression à leur encontre entre 1547 et 1549.
Le 19 novembre 1549, l’édit de Paris rend une partie de leur pouvoir aux juges ecclésiastiques.
Le 27 juin 1551, l’édit de Châteaubriant
remet aux juges séculiers les causes des « hérétiques » ayant provoqué
des troubles et coordonne la répression. Seuls les catholiques sont
autorisés à ouvrir des écoles.
Il est complété le 24 juillet 1557 de l’édit de Compiègne, qui accentue la répression, y compris contre les catholiques qui aident ou hébergent des protestants.
Crise gallicane (1551)
En 1551, dans le contexte de la guerre et de la gestion des affaires italiennes, un violent conflit oppose Henri II au pape Jules III. Le 27 juillet 1551, le pape lance l’anathème contre le roi. En réaction, Henri II rompt toutes ses relations avec la papauté et l’idée d’un schisme, quoique vite écartée, est évoquée. Henri II
préfère prendre des mesures de rétorsions. Il interdit le transfert des
bénéfices à Rome, il s’oppose à la participation des prélats français
au concile de Trente
et le 13 août, il déclare la guerre au pape. Inquiet de la rupture
engagée, le pape cherche à se réconcilier dès le mois d’octobre.
Le roi bénéficie de l’appui du Parlement de Paris, toujours hostile à l’ingérence de Rome dans les affaires françaises. Ainsi, en 1557, celui-ci s’oppose au rétablissement de l’Inquisition dans le royaume.
L’attachement du roi à la religion catholique ne l’empêche pas de soutenir les princes réformés d’Allemagne et de maintenir l’alliance avec les Turcs qu’avait initiée François Ier, dans une dynamique propre au XVIe siècle d’affirmation des intérêts de l’État, même contre d’autres monarques catholiques.
Extension du protestantisme
Malgré tous les édits répressifs, le protestantisme connaît à la fin
des années 1550 une croissance exponentielle qu’il n’avait encore jamais
connue. Les adhésions se multiplient dans la noblesse. Deux princes du
sang, Antoine de Navarre et son frère le prince de Condé, contribuent à diffuser les nouvelles idées en se faisant notamment accompagner dans leurs déplacements par des ministres.
Les deux frères participent également aux célébrations du
Pré-aux-Clercs organisées à Paris par les protestants en mai 1558 et
auxquelles participent plusieurs centaines de personnes. Les premières
églises réformées se mettent en place et en mai 1559, a lieu le premier
synode national des églises, au Faubourg Saint-Honoré, qui publie la Confession de foi des églises françaises en 40 articles.
Un mouvement de sympathie naît au sein-même de la cour, dans l’entourage de la reine, de la sœur du roi, Marguerite et du roi lui-même avec les neveux d’Anne de Montmorency — François d’Andelot, le cardinal de Châtillon et l’amiral Gaspard de Coligny. Comme eux, de nombreux gentilshommes hésitent par fidélité au roi à afficher leurs convictions.
Crispations croissantes (1558-1559)
En septembre 1557, une émeute éclate à Paris rue Saint-Jacques, où des réformés s’étaient rassemblés. En septembre 1557, Henri II
est victime d’une tentative d’assassinat par un dénommé Caboche, vite
maîtrisé par la garde du roi, et exécuté dans les heures ayant suivi son
arrestation, sans procès ni interrogatoire. Cette promptitude à
exécuter le régicide entraîne à l’époque la conviction qu’il s’agit d’un
attentat commandité par le parti protestant, sans que la preuve ait pu
en être apportée[réf. nécessaire].
Henri II répond aux tensions religieuses avec l’édit d’Écouen, le 2 juin 1559,
qui stipule que tout protestant révolté ou en fuite sera tué, et nomme
également des commissaires chargés de poursuivre les réformés. De
nombreux parlementaires sont acquis aux idées de la Réforme et, à
l’occasion de la mercuriale du 10 juin, le roi embastille ceux qui
critiquent ouvertement sa politique de répression. La plupart se
rétractent, à l’exception d’Anne du Bourg, qui est brûlé en place de Grève quelques mois après la mort du roi. .
Mort et succession
Le tournoi fatal. Gravure allemande du
XVIe siècle.
L’agonie d’Henri
II à l’hôtel des Tournelles.
À l’occasion du double mariage d’Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et de Marguerite de France, sœur du roi, avec le duc de Savoie, un tournoi est organisé le 30 juin 1559 rue Saint-Antoine, la plus large rue de Paris à l’époquee, car elle a déjà les dimensions qu’on lui connaît de nos jours.
Au cours d’une joute se déroulant devant l’hôtel de Sully (soit au niveau de l’actuel numéro 62), Henri II est grièvement blessé par Gabriel de Lorges, comte de Montgommery, capitaine de sa garde écossaise.
La lance de ce dernier s’étant brisée lors du choc contre l’armure du
roi, celui-ci reçoit une écharde au travers de son heaume qui lui
transperce l’œil. Il est transporté à l’hôtel des Tournelles, résidence royale toute proche située à l’emplacement de l’actuelle place des Vosges. Malgré les soins des médecins (dont François Pidoux) et des chirurgiens royaux (dont Ambroise Paré), ainsi que d’André Vésale, chirurgien particulier de Philippe II d’Espagne appelé d’urgence de Bruxelles au chevet du blessé, le roi meurt dans d’atroces souffrances le 10 juillet.
Les entrailles et le cœur du monarque furent portés à l’église des
Célestins, tandis que le corps était embaumé. Le 29 juillet, on exposa
l’effigie du roi sur une estrade haute de quatre marches, surmontée d’un
dais. Paré des ornements royaux (la couronne fermée, la tunique de
satin violet semée de fleur de lys, le manteau fourré d’hermine),
tandis que le sceptre et la main de justice étaient placés de part et
d’autre, le mannequin témoignait de l’éclat permanent de la dignité
royale. Pendant six jours, on servit les repas comme s’il s’agissait
d’un être vivant. Le 5 août, l’effigie fut enlevée. Le cercueil abritant
le corps périssable du monarque était désormais exposé seul, sur de
simples tréteaux. Le 11 août, l’effigie et le corps furent portés
solennellement à la cathédrale Notre-Dame, où l’on célébra deux jours
des messes de requiem et enfin le 13 août, le cortège funèbre se rendit à
Saint-Denis.
Plusieurs astrologues auraient conseillé au roi d’éviter tout combat singulierf. Le quatrain I-35, par lequel Nostradamus aurait anticipé la mort de Henri II, est l’un de ses plus célèbres, mais ni Nostradamus ni ses contemporains n’ont relié le quatrain à l’événement6,7 :
« Le lion jeune le vieux surmontera
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d’or les yeux lui crèvera,
Deux classes une puis mourir mort cruelle. »
Au cours de la Révolution française, son tombeau en la basilique Saint-Denis fut profané.
Le vendredi 18 octobre 1793, son cercueil fut extrait du caveau des
Valois et son corps jeté dans une fosse commune. Son gisant, le
représentant aux côtés de Catherine de Médicis, réalisé par Germain Pilon en 1565 est encore visible dans la basilique.
Un monument funéraire appelé les Trois Grâcesg, contenant le cœur du roi, et conservé au musée du Louvre, est resté érigé jusqu’à la Révolution dans la chapelle d’Orléans de l’église du couvent des Célestins à Paris. À la Restauration, le vase de cuivre contenant la relique est remplacé par une copie en bois.
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Machine cryptographique sous la forme d’un livre avec les armes d’Henri
II.
Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
François II, fils aîné d’Henri II, lui succède à l’âge de 15 ans.
Ronsard a célébré Henri II dans Les Hymnes de 1555. Le poète avait déjà écrit une Avant-entrée du Roi très chrestien à Paris pour l’entrée solennelle du 16 juin 1549.
Le mécène
Les arts
Spectacle nautique donné lors de l’entrée royale d’Henri
II à Rouen, le
1er octobre 1550.
Henri II s’inscrit également dans la
continuité de son père dans son soutien au développement artistique et
intellectuel, quoique de façon moins flamboyante. La nouveauté du règne
est caractérisée surtout dans la mise en scène du pouvoir royal,
par la multiplication des entrées royales et des festivités. La
monarchie fait travailler ensemble poètes, architectes, sculpteurs et
peintres pour magnifier le pouvoir royal à l’occasion de fêtes
éphémères. Pour les entrées royales, des ouvrages sont publiés pour
rappeler le souvenir des portes splendidement décorées, tels des arcs de triomphes,
parfois accompagnés de poèmes et de musique jouée au passage du roi.
Celui-ci fait également appel à des orfèvres réputés pour le faire
revêtir de luxueuses armures de parade. Cette politique de mise en scène
artistique sera habilement reprise à sa mort par son épouse Catherine de Médicis.
Henri II modifie les plans d’aménagement du palais du Louvre tels que conçus quelques années avant la mort de François Ier et confirme l’architecte Pierre Lescot à la tête des travaux. L’architecte de prédilection d’Henri II reste néanmoins Philibert Delorme, le premier à porter le titre d’architecte du roi, qui dirige nombre de projets de construction ou de réaménagements de châteaux (Saint-Maur, Anet, Meudon…), inventeur de l’ordre français. Toujours sur un plan architectural, le règne d’Henri II voit arriver l’ordre colossal en France, introduit par Jean Bullanth dans la reconstruction du château d’Écouen ou dans la construction du Petit Château à Chantilly et du Château Neuf à Saint-Germain.
Les sculptures de l’aile dite Lescot du Louvre sont l’œuvre de Jean Goujon, sculpteur du roi Henri II. L’autre sculpteur emblématique du XVIe siècle, Germain Pilon se fait une spécialité des sculptures funéraires, avec la réalisation des tombeaux et des gisants des rois de France.
La littérature française s’enrichit également de l’œuvre de grands écrivains, tels Michel de Montaigne et Étienne de La Boétie, et d’un nouveau mouvement poétique, la Pléiade, avec Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay…
Le Nouveau Monde
La baie de Guanabara en 1555.
En 1555, un demi-siècle après la découverte du Brésil par Cabral, Henri II charge le vice-amiral de Bretagne Nicolas Durand de Villegagnon de l’installation d’une colonie française dans la baie de Guanabara (au Brésil), reconnue cinq ans auparavant par le navigateur et cartographe Guillaume Le Testu. Des Havrais ont installé un comptoir quelques années plus tôt, proche de l’actuel Cabo Frio, afin de fournir l’industrie drapière de Rouen en Brésil (pau brasil en portugais), dont est tirée une teinture rouge.
Accompagné de 600 colons, Villegagnon fonde la France antarctique et fait construire une bourgade, Henryville, et le Fort Coligny
pour en défendre l’accès. Villegagnon a lancé son expédition avec
d’importantes difficultés de recrutement et doit faire face à des
défections dues à sa rigueur morale, opposée aux relations charnelles
entre colons et indiennes tupinambas. Il renvoie Le Testu en France pour solliciter des renforts. L’amiral Gaspard de Coligny
accède à cette requête qui rejoint son objectif de créer une colonie
protestante dans cette région du monde. Trois navires quittent Honfleur le 19 novembre 1556 avec à leur bord un groupe de réformés, dont le pasteur Jean de Léry.
Ce dernier évoque, dans son récit, les dissensions continuelles au sein de la colonie, notamment ses affrontements avec André Thevet, moine franciscain et aumônier de l’expédition initiale de Villegagnon. Les divisions religieuses de la communauté profitent aux Portugais qui, en 1560, prennent et détruisent le fort Coligny et signent la fin de la première aventure française en Amérique du Sudi. Les premiers échantillons de pétun (tabac ou herbe angoumoisine) auraient été ramenés en France par Thevet à l’occasion de ces voyages, bien que la diffusion de l’usage de cette plante soit imputée à Jean Nicot, qui en a ramené de Lisbonne et en a vanté les propriétés curatives à Catherine de Médicis.
Fiefs réunis à la Couronne
L’extension territoriale réalisée sous François Ier, la brièveté du règne d’Henri II
et le succès relatif de ses campagnes militaires expliquent la faible
évolution du territoire de la Couronne à la mort du roi. Il convient
néanmoins de mentionner l’union de la Bretagne à la France, effective du fait du sacre d’Henri, déjà duc de Bretagne, bien qu’elle soit logiquement portée au crédit de François Ier.
Les territoires italiens et savoyards, ainsi que la Corse, sont perdus à la suite des défaites de Saint-Quentin et Gravelines. Les seuls succès en la matière sont donc l’annexion des Trois-Évêchés en 1555 et celle des comtés de Calais et d’Oye en 1558.
Ascendance
Descendance
Tableau de famille de Henri
II et de son épouse.
Bien que longtemps considérée comme stérile, Catherine de Médicis donne à Henri II dix enfants, dont trois morts en bas âge :
Il a également des enfants illégitimes :
La devise aux croissants.
Emblématique
Comme de nombreux princes de la Renaissance, Henri II utilise une emblématique riche et variée. Sa principale devise
personnelle lui vient de sa jeunesse. Il s’agit du croissant ou plus
souvent du triple croissant entrelacé, associé à la phrase latine donec totum impleat orbem (jusqu’à ce qu’il emplisse le monde entier). Le croissant provient-il de la brisure
des Valois-Angoulême, qui rompaient les armes de France d’un lambel
d’argent chargé de trois croissants de gueules ? Comme souvent, ce corps
de devise formait un jeu de mot avec la sentence : à l’origine, il
soulignait le fait que le jeune prince n’était que le dauphin et ne
jouissait donc pas de la plénitude de son pouvoir. Le croissant était
certes un cercle évidé, inachevé, mais il fallait également le prendre à
son sens littéral. La gloire des trois croissants avait ainsi vocation à
s’accroître jusqu’à s’étendre au monde entier, orbem signifiant à
la fois cercle et monde. Cette devise s’inscrivait dans la tradition
impériale et providentialiste de la dynastie. Mais le croissant est
aussi l’emblème de Diane chasseresse, bien entendu utilisé par Diane de
Poitiers, y compris dans sa forme entrelacée…
Le monogramme forme un autre élément important de l’emblématique
henricienne. Il est composé d’un H et de deux C. Les deux C sont
entrelacés dos à dos avec le H. Le problème est que les branches des C
ne dépassent pas les jambages du H, de sorte qu’on lit plus facilement D
que C. Belle ambigüité qui semble voulue mais dont Catherine n’a pas
été dupe. Après la mort d’Henri II, elle a fait
redessiner le chiffre avec les extrémités des C qui dépassent nettement
les jambages du H, de sorte que plus aucune confusion n’est possible.
Honoré de Balzac, dans Sur Catherine de Médicis (1841-1843) refuse de croire qu’on ait pu vouloir mettre l’initiale de Diane9 :
« C’est ici le lieu de détruire une de ces opinions
populaires erronées que répètent quelques personnes, d’après Sauval
d’ailleurs. On a prétendu que Henri II poussa
l’oubli des convenances jusqu’à mettre le chiffre de sa maîtresse sur
les monuments que Catherine lui conseilla de continuer ou de commencer
avec tant de magnificence. Mais le double chiffre qui se voit au Louvre
dément tous les jours ceux qui sont assez peu clairvoyants pour donner
de la consistance à ces niaiseries qui déshonorent gratuitement nos rois
et nos reines. L’H de Henri II et les deux C adossés de Catherine, paraissent aussi former deux D pour Diane. Cette coïncidence a dû plaire à Henri II,
mais il n’en est pas moins vrai que le chiffre royal contenait
officiellement la lettre du roi et celle de la reine. Et cela est si
vrai, que ce chiffre existe encore sur la colonne de la Halle au Blé,
bâtie par Catherine seule. On peut d’ailleurs voir ce même chiffre dans
les caveaux de Saint-Denis sur le tombeau que Catherine se fit élever à
elle-même de son vivant à côté de celui de Henri II, et où elle est représentée d’après nature par le sculpteur pour qui elle a posé. »
Croissants et monogrammes sont les éléments les plus souvent employés. On les trouve fréquemment sur les monnaies10. Les commandes royales en regorgent, que ce soient les reliures de la bibliothèque royale, les décors sculptés du Louvre de Pierre Lescot ou les bronzes du château de Fontainebleau.
La relation avec Diane forme un autre pôle important de la mythologie développée par Henri II et l’emblématique qui en découle. Prenant prétexte de sa passion pour la chasse, Henri II fait réaliser de nombreux décors en rapport avec la déesse antique de la chasse, Diane.
Les arcs et les flèches, les cerfs et les chiens, caractéristiques de
la divinité, sont très fréquents dans l’emblématique henricienne. On les
retrouve ainsi dans les vitraux que le roi offrit à la Sainte-Chapelle de Vincennes ou au plafond de l’escalier Henri II du Louvre.
Henri II dans la culture
Édouard Detaille,
La mort du roi Henri II au tournoi de l’hôtel des Tournelles, 1906.
Citation
« Reste à avoir bon cœur et ne s’étonner de rien », écrit après la bataille de Saint-Quentin remportée par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie.
Cinéma et télévision
Littérature
Notes et références
Notes
- L’îlot sur lequel fut construit le fort Coligny porte encore aujourd’hui le nom d’Ilha de Villegagnon.
Références
- Gildas Salaün, « Le Douzain aux croissants d’Henri II, la marque de l’ambition », Monnaie magazine, mai 2017, p. 38-41 (ISSN 1626-6145)
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Source partielle
- Marcel Reinhard (sous la direction), Histoire de France, Larousse, 1954
Bibliographie
- Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek, « Henri II et les expéditions françaises en Écosse », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 145, deuxième livraison, juillet-décembre 1987, p. 339-382 (lire en ligne [archive]).
- Ivan Cloulas, Henri II, Paris, Fayard, 1992 (1re éd. 1985), 691 p. (ISBN 2-213-01332-2, lire en ligne [archive]).
- Didier Le Fur, Henri II, Paris, Tallandier, 2009, 624 p. (ISBN 978-2-84734-297-0, présentation en ligne [archive]).
- Hervé Oursel et Julia Fritsch, Henri II et les arts : actes du colloque international, École du Louvre et musée national de la Renaissance (Écouen), La Documentation Française, coll. « Rencontres de l’École du Louvre », 2003.
- Lucien Romier, « Les guerres d’Henri II et le traité du Cateau-Cambrésis (1554-1559) », Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. 30, 1910, p. 3-50 (lire en ligne [archive]) ;
- Lucien Romier, « La mort de Henri II », Revue du seizième siècle, Paris, Édouard Champion, Publications de la société des études rabelaisiennes, t. Ier, 1913, p. 99-152 (lire en ligne [archive]) ;
- Lucien Romier, Les Origines politiques des guerres de Religion, t. Ier : Henri II et l’Italie (1547-1555), Paris, Perrin, 1913 (réimpr. fac-similé, Genève, Slatkine Reprints, 1974), IX-579 p. (présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]), [présentation en ligne [archive]], [présentation en ligne [archive]] ;
- Lucien Romier, Les Origines politiques des guerres de Religion, t. II : La fin de la magnificence extérieure, le roi contre les protestants (1555-1559), Paris, Perrin, 1914 (réimpr. fac-similé, Genève, Slatkine Reprints, 1974), 464 p. (présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]), [présentation en ligne [archive]], [présentation en ligne [archive]].
- Nathanaël Weiss, La Chambre ardente : étude sur la liberté de conscience en France sous François Ier et Henri II (1540-1550), Paris, Librairie Fischbacher, 1889 (lire en ligne [archive]).
- Michel Huguier, Henri II, Catherine de Medicis, Diane de Poitiers et la Renaissance, Montceaux-les-Meaux, éditions Fiacre, 2019. (978-2-917231-74-6)
Articles connexes
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