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lundi 31 janvier 2022

Assassinat de Shaïna : comme d'habitude, la justice a laissé faire

 

Exit la question de la religion dans ce nouvel article sur cette affaire que j’ai commencé à commenter il y a deux jours, ici :

http://petitcoucou.unblog.fr/2022/01/29/assassinat-de-shaina-a-creil-en-2019-ce-nest-pas-une-question-de-religion/

Cette fois-ci, l’accent est mis sur l’absence de réponse adéquate de la justice à la suite des premières violences subies par la victime, pour lesquelles elle avait bien porté plainte.

Son frère dit : « Elle n’a pas bénéficié d’une grande considération de la part de la police et de la justice. [...] C’est comme s’il avait fallu qu’elle soit pleine de sang en train de hurler » pour être prise au sérieux.

Ah non, même pas. Plein d’autres se sont bien retrouvées dans cet état-là et n’en ont pas pour autant été davantage « prises au sérieux ».

Quand des animaux sont maltraités à ce point, la justice peut réagir, elle le fait de plus en plus. Mais pour les femmes et les enfants, il va encore falloir attendre…

 

https://www.bienpublic.com/faits-divers-justice/2022/01/31/le-calvaire-de-shaina-violee-a-13-ans-puis-tabassee-et-brulee-vive-enceinte

Le calvaire de Shaïna, violée à 13 ans, puis tabassée et brûlée vive, enceinte

 

Shaïna avait été violée par trois garçons de sa cité, avant d’être brûlée vive, deux ans plus tard par un autre. Elle avait porté plainte deux fois, sans que la justice n’empêche le drame.

Par La rédaction avec AFP – Aujourd’hui à 06:54 -

 

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Shaïna a vécu un parcours chaotique, dans sa cité de Creil, avant de mourir poignardée et brûlée vive. Photo DR

 

Une histoire française. Celle d’un martyre, Shaïna.

Une adolescente morte à 15 ans, brûlée vive dans un petit cabanon de Creil, au nord de Paris. Une martyre, violée à l’âge de 13 ans, frappée, harcelée, et finalement brûlée vive. Shaïna n’a rencontré dans sa courte vie que des garçons violents, et le poison des rumeurs. La conjuration de sa cité tout entière.

Elle avait pourtant prévenu la justice. Elle avait porté plainte, deux fois. En vain. Son frère dit : « Elle n’a pas bénéficié d’une grande considération de la part de la police et de la justice. [...] C’est comme s’il avait fallu qu’elle soit pleine de sang en train de hurler » pour être prise au sérieux. Mais Shaïna n’a pas été prise au sérieux, et elle est morte.

L’ex-petit ami risque trois ans et demi de prison

Ce lundi, un procès posthume s’ouvre. Il s’agit de juger le premier acte de cette tragédie : le tribunal correctionnel de Senlis jugera jusqu’à demain mardi quatre jeunes pour avoir agressé sexuellement Shaïna, quand elle avait 13 ans, en août 2017 à Creil, deux ans avant son assassinat.

Le procès se tiendra à huis clos, les prévenus, sous contrôle judiciaire, étant mineurs au moment des faits. Deux d’entre eux, dont le principal mis en cause, alors petit ami de Shaïna, étaient âgés de 14 ans, les deux autres de 16 et 17 ans.

Initialement mis en examen pour viol, les trois plus jeunes doivent finalement répondre d’agressions sexuelles et violences en réunion et d’enregistrement d’images pornographiques d’une mineure. L’ex-petit ami – qui encourt la peine la plus lourde, de trois ans et demi de prison – est aussi poursuivi pour « pressions graves » en vue d’obtenir des faveurs sexuelles.

Une photo dénudée pour la faire chanter

L’engrenage, selon la plainte déposée par Shaïna au soir des faits, le 31 août, s’enclenche quand son petit ami, au départ « gentil », prend une photo d’elle dénudée, dont il se sert pour la faire chanter. A sa demande, elle le rejoindra dans une clinique désaffectée, où le trio va la violenter, lui infligeant notamment une pénétration avec un stick à lèvres, et la filmer.

Une vidéo la montant partiellement dénudée, tentant de cacher son sexe sous les injures, sera retrouvée par les enquêteurs.

Le plus âgé des garçons comparaît, lui, pour une agression sexuelle commise une semaine plus tôt, le 24 août. Dénoncés par Shaïna en même temps que ceux du 31, ces faits ont été joints au dossier.

Réputation de « fille facile » dans la cité

Des images de la scène du 31 août sont diffusées sur Snapchat, valant à Shaïna, selon son frère Yasin Hansye, une réputation de « fille facile » et l’exposant, malgré le soutien sans failles de sa famille, à un « acharnement » dans sa cité.

D’autant que ses agresseurs présumés se retranchent derrière une version faisant d’elle la coupable: elle aurait harcelé son petit ami, qui n’aurait agi que pour repousser ses avances. Les parents de ce dernier font bloc, disent comme leur fils que « Shaïna leur a pourri la vie », déplore Me Zoé Royaux, conseil du Collectif féministe contre le viol, qui s’est porté partie civile.

« Lorsqu’on se retrouve à 13 ans, nue, cachant pudiquement son sexe, face à des garçons qui vous traitent de pute, on ne peut pas vraiment parler de consentement », relève l’avocate de la famille, Me Negar Haeri.

Une victime pour qui la justice a manqué de « considération »

Me Zoé Royaux espère que le procès aura « une valeur pédagogique surtout pour les différents professionnels impliqués dans le parcours judiciaire ». En effet, elle pointe des « commentaires surréalistes » sur le comportement de Shaïna dans le fil d’une justice « qui attend des victimes de violences sexuelles qu’elles soient parfaites ».

« Elle n’a pas bénéficié d’une grande considération de la part de la police et de la justice », déplore aussi son frère, Yasin Hansye. « C’est comme s’il avait fallu qu’elle soit pleine de sang en train de hurler » pour être prise au sérieux.

Passage à tabac, et deuxième plainte

Le 1er mai 2019, Shaïna, « une battante qui ne voulait pas baisser les bras » selon son frère, portera plainte à nouveau, cette fois pour avoir été passée à tabac par cet ex-petit ami, des faits encore en cours d’instruction.

Ce dernier avait fait l’objet d’une mesure d’éloignement, finalement levée par la juge d’instruction.

Brûlée vive par un garçon de 17 ans

Le dénouement de cette tragédie arrivera le 25 octobre 2019.

Enceinte de quelques jours, Shaïna sera poignardée puis brûlée vive dans un cabanon de sa cité, des faits pour lesquels un autre jeune de 17 ans, avec qui elle avait une liaison, a été mis en examen.

Renvoyé devant la cour d’assises des mineurs, ce jeune homme a fait appel de cette décision, clamant son innocence. « On peut peut-être se dire que cette rumeur qui lui a collé à la peau a contribué à sa fin terrible », spécule Me Royaux.

 

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