Affaire Patrick Poivre d’Arvor : 23 témoignages, 8 plaintes et un classement sans suite
La seule plainte pour viol non prescrite sur les quatre déposées
contre l’ancienne star de TF1 a été classée sans suite pour «
insuffisance de preuves ». « Douloureux » pour certaines femmes ayant
témoigné, ce classement n’est pas une surprise.
Publié aujourd’hui à 10h12, mis à jour à 11h16Temps de Lecture 6 min.
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Depuis le début, l’enquête pour violences sexuelles visant Patrick
Poivre d’Arvor souffre d’une architecture fragile : la seule plainte
pour viol non prescrite sur les quatre déposées contre lui, la seule à
même de déclencher l’ouverture d’une information judiciaire et un renvoi
éventuel devant une cour d’assises, est la plus complexe à
caractériser.
Cette plainte, c’est celle de Florence Porcel, une journaliste de
37 ans, pour des faits qui remontent à 2009. En l’état, le parquet de
Nanterre a décidé, vendredi 25 juin, de prononcer un classement sans suite du dossier pour « insuffisance de preuves ». « Aucun élément ne permet de confirmer les propos de l’un ou de l’autre concernant l’existence de cette scène »,
écrit Catherine Denis, la procureure de la République. Les sept autres
plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et
harcèlement sexuel, ont également été classées. Toutes se sont heurtées
au dépassement des délais.
Rarement autant de femmes, 23 au total, auront témoigné contre le
même homme dans une affaire depuis l’émergence du mouvement #metoo en
France. Mais la prescription et la difficulté à démontrer les faits ne
permettent pas pour l’instant d’ouvrir des poursuites.
L’ex-star du 20 heures de TF1, aujourd’hui âgé de 73 ans, n’a pas
directement réagi. Sa fidèle assistante, Marie-Hélène Mille, a publié
sur son compte Instagram un cliché d’elle adossée à un PPDA esquissant
un sourire, le tout accompagné d’un hashtag « quelle bonne journée ». L’avocate de Patrick Poivre d’Arvor, Jacqueline Laffont, a pris acte, dans un communiqué, d’une décision « qui s’imposait au regard du caractère mensonger de ces dénonciations ». Elle estime que l’enquête a démontré « l’impossibilité matérielle des faits » ainsi qu’un « stratagème ourdi de longue date » par Florence Porcel afin d’assurer la publicité de son roman, Pandorini (JC Lattès, 220 pages, 18 euros), sorti en janvier.
Prise de conscience d’anciens collègues
Décrit comme « douloureux » par un certain nombre de femmes qui ont témoigné, ce classement sans suite n’est pour autant pas une surprise. « Cette
décision montre une nouvelle fois les difficultés du système judiciaire
à comprendre et à traiter les dossiers de violences sexuelles »,
ont rappelé Emmanuel Moyne et Joséphine Doncieux, les avocats de
Florence Porcel, dans un texte transmis à la presse vendredi 25 juin
dans l’après-midi. « Sur dix plaintes déposées pour viol en France, sept sont classées sans suite », ont-ils rappelé. Par leur intermédiaire, la journaliste et écrivaine s’est dite déterminée à « aller jusqu’au bout », et a déposé une plainte avec constitution de partie civile afin d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire, car « certains actes d’enquête n’ont pas été réalisés », insistent
ses avocats. Si un juge accepte de se saisir, la justice sera une
nouvelle fois confrontée à sa difficulté à judiciariser ces accusations
de violences sexuelles.
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INFO BFMTV – D’après nos éléments ce lundi, une septième femme a
porté plainte contre Patrick Poivre d’Arvor, via un courrier envoyé ce
week-end au procureur de la République de Nanterre. Son récit rapporte
un viol de Patrick Poivre d’Arvor, dans son bureau alors qu’elle était
une jeune journaliste de 24 ans.
Une nouvelle plainte pour viol a été déposée contre Patrick Poivre
d’Arvor selon nos informations ce lundi après-midi. Il s’agit de la
septième plaignante contre l’ancien présentateur des journaux télévisés
de TF1, dont quatre pour des viols. Celle-ci rapporte des faits alors
qu’elle était une jeune journaliste de 24 ans et qui correspondent à un
viol. Les faits se seraient déroulés dans le bureau du présentateur.
Cette femme a déjà été auditionnée dans l’enquête. Jusqu’alors, elle
n’avait pas souhaité déposer plainte car les faits sont prescrits.
Elle s’est finalement ravisée et a écrit au procureur de Nanterre
dans le courant de ce week-end. C’est la septième plainte dans ce dossier: quatre ont été déposées pour viol, et trois pour agression sexuelle ou harcèlement.
Le procès de Valérie Bacot, accusée d’avoir tué son mari après 24 ans de calvaire, s’ouvre ce lundi
Valérie Bacot, 40 ans, passera devant la cour d’assises de
Saône-et-Loire à partir de ce lundi 21 juin, pour avoir tué son mari qui
l’a violée enfant et martyrisée par la suite.
Ouest-France Lou PHILY. Modifié le 21/06/2021 à 07h15 Publié le 21/06/2021 à 06h31
Que ça s’arrête, que ça s’arrête… ce sont les mots que s’est
répété Valérie Bacot, en mars 2016, avant de tuer son mari d’une balle
dans la nuque. Elle venait de mettre fin à vingt-quatre ans de calvaire,
de violences, d’abus et de terreur. Ce lundi 21 juin, elle sera jugée
devant la cour d’assises de Saône-et-Loire pour son geste, désespéré,
qui lui est apparu comme la seule solution pour se libérer.
Un calvaire qui dure depuis l’enfance
Son mari, qui a d’abord été son beau-père, commence à la violer à
l’âge de 12 ans. Dénoncé par sa sœur, Daniel Polette est condamné pour
viol sur mineure de 15 ans et passe deux ans et demi en prison, avant de
retourner au domicile familial et de recommencer à abuser de la jeune
fille. À 17 ans, elle tombe enceinte et sa mère la met à la porte. Se
retrouvant seule, mineure et enceinte, elle suit malgré elle son
beau-père, qui va devenir son conjoint.
Pendant les dix-huit années suivantes, ils auront quatre enfants.
Valérie Bacot vivra cloîtrée à la maison, empêchée de travailler,
d’avoir des amis, de sortir, de s’échapper. Elle sera battue, violée et
forcée à se prostituer par son mari. En 2016, lorsqu’elle comprend qu’il
envisage de prostituer leur fille de 14 ans et après de énièmes
violences, Valérie Bacot tue Daniel Polette.
Pour son avocate, Me Nathalie Tomasini, ce procès sera aussi celui du
système police-justice qui a échoué à protéger Valérie Bacot depuis son
enfance. Les viols ont été ramenés en correctionnel alors qu’il y a
eu une expertise gynécologique, il y a eu un juge pour enfant et un
éducateur mobilisés, mais elle n’a pas été placée alors que sa mère ne
la protégeait pas, cite l’avocate. Des dysfonctionnements qui ont mené à une vie digne d’un scénario de film d’horreur
pour la jeune femme. Par la suite, ses enfants tentent d’alerte la
police à deux reprises, mais ils ne sont pas écoutés car c’est à la
victime de porter plainte. Après une vie passée sous l’emprise de son
mari, Valérie Bacot se sait surveillée, elle est terrorisée et ne peut
pas prendre le risque de se rendre à la police, de peur qu’il la tue
elle et ses enfants, comme il avait menacé de le faire.
« Tout le monde savait »
C’est la responsabilité de la société qui est engagée, explique Me
Tomasini. Beaucoup de gens savaient, ont eu des doutes, et n’ont pas
parlé, n’ont pas offert leur aide ni leur soutien à Valérie. La mère de famille était complètement seule. L’an dernier, elle a écrit un livre pour raconter son histoire : « Tout le monde savait », sorti en mai 2021. Clémence de Blasi, qui a coécrit l’ouvrage, parle d’un livre témoignage. « C’est d’abord pour ses enfants, pour qu’ils connaissent l’histoire depuis le début et comprennent ce qu’il s’est passé, explique la journaliste. C’est aussi pour toutes les femmes dans sa situation, qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules. »
Si les consciences se sont éveillées sur les violences conjugales ces
dernières années, Me Tomasini n’est pas soulagée pour autant. Aujourd’hui les femmes portent plainte, mais il n’y a toujours pas de filet de sécurité suffisant pour elles,
regrette l’avocate. Un filet de sécurité, c’est une solution
d’hébergement d’urgence, avec les enfants, une protection contre le
conjoint violent et des mesures d’éloignement immédiates. Tout ce que
Valérie Bacot savait qu’elle n’aurait pas, en allant porter plainte, ce
qui l’aurait mise encore plus en danger.
Un procès très attendu
Ces cinq jours devant la cour d’assises de Saône-et-Loire sont autant
redoutés qu’attendus. Valérie Bacot sera défendue par les deux avocates
qui avaient représenté Jacqueline Sauvage
en 2014. Si les deux affaires sont similaires (meurtre du conjoint
après des années de violences intrafamiliales), Me Tomasini estime que
l’affaire Bacot est un cran au dessus en termes d’horreur,
avec des violences qui durent depuis l’enfance et la menace directe que
représentait son mari sur ses enfants, encore mineurs à l’époque.
Depuis la médiatisation de l’affaire, Valérie Bacot reçoit enfin du
soutien, après des années de solitude. La sœur de son mari a pris
contact, évoquant un frère très violent depuis l’enfance, et qui avait
abusé d’une de leurs sœurs pendant des années. Les anciennes compagnes
de Daniel Polette relatent les mêmes comportements violents, les menaces
de mort contre elles et leurs enfants.
Un comité de soutien a été lancé par une ancienne voisine, et une pétition en ligne a atteint 500 000 signatures jeudi matin. Des arguments qui peuvent faire poids pendant le procès selon Me Tomasini, qui espère que sa cliente ne retournera pas en prison, elle ne représente aucune menace pour la société. Clémence de Blasi, qui est devenue une amie de Valérie Bacot, espère un jugement raisonnable, pour qu’elle puisse être présente pour ses enfants, dont le cadet a tout juste 14 ans.
Justice : faut-il filmer les procès ?
Valérie Bacot risque la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat de conjoint.
L’on notera que le pédophile Pascal Edouard Cyprien
Luraghi, lui, sait bien déjà qui est la méchante coupable de toute cette
histoire : comme d’habitude, c’est bien la femme…
Quant à sa copine journaliste Florence Saint-Arroman, comme au
premier jour, je reste totalement médusée par sa sympathie pour ce
criminel notoire…
Valérie Bacot jugée pour avoir assassiné son mari bourreau : histoire d’un soutien populaire inédit
Valérie Bacot avait 35 ans quand elle a tué son mari qui la
maltraitait et la prostituait depuis des années. Elle est jugée à partir
du 21 juin, devant la cour d’assises de Chalon-sur-Saône. Près de
540 000 personnes ont déjà signé une pétition en sa faveur, et son livre
« Tout le monde savait » (Fayard) est un succès en librairie.
Ça a tout l’air d’une campagne de com. Un livre, « Tout le monde savait », publié chez Fayard le
12 mai et déjà vendu à près de 20 000 exemplaires ; un passage dans
l’émission de TF1 « Sept à huit » le 9 mai ; huit pages d’interview dans
« le Parisien magazine », le 14 mai, avec photo pleine page de la jeune
femme… L’histoire de Valérie Bacot qui, en mars 2016, a assassiné son
mari qui la maltraitait et la prostituait, s’étale partout. La
quadragénaire dispose même d’un comité de soutien et d’un site internet…Une pétition lancée début janvier
pulvérise aussi tous les records, franchissant la barre symbolique des
500 000 signatures. Et ce, alors que son procès est sur le point de
s’ouvrir pour cinq jours, du 21 au 25 juin, devant les assises de
Chalon-sur-Saône (Bourgogne-Franche-Comté). Même l’ancienne ministre aux
Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a apporté son soutien en
signant la pétition, sans craindre d’influencer une décision de justice à
venir : « La victime, c’est elle ! » a-t-elle déclaré dans « le Pays roannais », journal régional, ajoutant :
« Nous sommes nombreux à considérer que sa place n’est pas en prison. »« Mon
dieu, mais je n’en peux plus de ces horreurs, et personne ne doit plus
en pouvoir ! De grâce Emmanuel Macron, liberté pour Valérie Bacot », a-t-elle tweeté.
Du jamais-vu.
Une mobilisation inédite
Même pour l’affaire Jacqueline Sauvage, la mobilisation populaire n’était arrivée qu’après la condamnation en 2014 à dix ans de prison, en première inst
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Un procès surmédiatisé s’ouvre lundi devant la
Cour d’assises de Saône-et-Loire – L’accusée, rendue nationalement
célèbre par des versions publiques de son histoire – Á se demander qui
manipule qui – La presse se précipite – Á suivre
Un procès surmédiatisé s’ouvre lundi devant la Cour d’assises de Saône…
Le 13 mars 2016, une femme alors âgée de 35 ans a tué
son mari d’une balle tirée dans la nuque, puis elle a fait enfouir le
corps dans un bois vers la Clayette, par deux de leurs fils et le petit…
C’est quasi impossible à faire comprendre que
l’égalité implique d’abandonner le réflexe paternaliste consistant à
‘angéliser’ le genre féminin. Je suivrais cette affaire assidûment… et
comme en plus demain s’entame le procès d’Hubert Caouissin dans
l’affaire Troadec…
Dès décembre dernier, un des journalistes de Médiapart
informe François de Labarre de l’ouverture de l’information judiciaire
pour subordination de témoins ayant débouché sur sa garde à vue.
Aux enquêteurs il déclare :
«… Madame la juge, comprenez mes réticences à parler si tout ce que je dis finit chez Mediapart…»
Ouarf ! Pareil pour moi… Tout ce que je peux dire aux juges bretons
finit immanquablement chez leur Dieu vivant le malade mental et
pédophile notoire Pascal Edouard Cyprien Luraghi, et ils en réclament
toujours plus, n’ayant semble-t-il toujours pas identifié l’intégralité
des témoins de ma vraie vie… Vous savez, tous ces hommes très
intelligents que tout au long de mon existence j’aurais soi-disant
manipulés contre cette bonne et brave Josette Brenterch du NPA de Brest
qui n’a toujours pas fini de s’en venger et cherche encore à en faire
assassiner…
Du coup, je manifeste quelques réticences qui déplaisent très fortement…
Soupçons de financement libyen : « Mimi » Marchand et un journaliste
de « Paris Match » en garde à vue pour « subornation de témoin »
A l’origine de ces gardes à vue, un entretien accordé en novembre
dernier par Ziad Takieddine au journaliste de « Paris Match » dans
lequel il dédouanait Nicolas Sarkozy des soupçons de financement
libyen pesant sur sa campagne de 2007.
Publié le 03/06/2021 18:05 Mis à jour le 03/06/2021 18:24
Temps de lecture : 1 min.
Michèle « Mimi » Marchand, la patronne de l’agence photo Bestimage, a
été placée jeudi 3 juin en garde à vue pour « subornation de témoin »
dans l’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a appris France Télévisions de source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart.
Un journaliste de Paris Match a
également été placé en garde à vue pour « subornation de
témoin » et »association de malfaiteurs », et son appartement a été
perquisitionné dans le cadre de la même affaire, a annoncé
l’hebdomadaire qui l’emploie. Ces gardes à vue sont menées à Nanterre, à
l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions
financières et fiscales (OCLCIFF).
« Ils ont déformé mes propos »
A l’origine de ces gardes à vue, un entretien accordé en novembre
dernier par l’homme d’affaires Ziad Takieddine au journaliste de Paris Match, qui s’était rendu au Liban avec un photographe de Bestimage, selon les sources de France Télévisions.
Dans cet entretien, qui avait également fait l’objet d’une diffusion vidéo sur BFMTV, Ziad Takieddine avait retiré ses accusations contre Nicolas Sarkozy,
ce dont l’ancien chef de l’Etat et ses soutiens s’étaient immédiatement
félicités. Mais, deux mois plus tard, interrogé le 14 avril à Beyrouth
par les juges d’instruction Aude Buresi et Marc Sommerer chargés du
tentaculaire dossier libyen, Ziad Takieddine avait déclaré qu’il ne « confirm[ait] pas les propos » de l’entretien à Paris Match,« qui ont été mal tournés par le journaliste ». »‘Paris Match’ appartient à un ami de Sarkozy, ils ont déformé mes propos », avait-il soutenu, dans cet interrogatoire dévoilé par l’AFP.
Sollicité, le parquet national financier a répondu ne pouvoir « communiquer aucune information à ce stade ». L’avocate de Mimi Marchand, Caroline Toby, n’a pas non plus souhaité commenter l’information.
Mimi Marchand, célèbre figure de la presse people, a été mise en
examen samedi pour « subornation de témoin » sur l’intermédiaire
sulfureux Ziad Takieddine, dans un nouveau volet de l’affaire du
financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas
Sarkozy en 2007.
Au terme de deux jours de garde à vue, la patronne de l’agence de paparazzi BestImage, Michèle Marchand,
a été présentée samedi à un juge d’instruction parisien, qui l’a
également mise en examen pour « association de malfaiteurs en vue de
commettre une escroquerie en bande organisée » et placée sous contrôle
judiciaire, a indiqué à l’AFP son avocate, Me Caroline Toby.
« Elle conteste fermement les faits reprochés », a souligné cette dernière.
Surnommée « Mimi », cette figure haute en couleurs de la presse
people, devenue proche du couple Macron, avait été placée en garde à vue
jeudi à l’Office central de lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales (Oclciff), dans une enquête ouverte à
la suite d’un entretien accordé en novembre dernier par Ziad Takieddine
à un journaliste de l’hebdomadaire Paris Match, qui s’était rendu au
Liban avec un photographe de BestImage.
Dans cette interview, Ziad Takieddine avait retiré ses déclarations
contre Nicolas Sarkozy, alors qu’il l’accusait depuis des années d’avoir
touché de l’argent pour sa campagne présidentielle de 2007 de la part
du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
L’intermédiaire franco-libanais, en fuite au Liban depuis sa
condamnation en juin 2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet
financier de l’affaire Karachi, avait aussi parlé brièvement à BFMTV
depuis Beyrouth.
« La vérité éclate », avait immédiatement triomphé l’ancien chef de l’Etat.
Ces déclarations avaient amené le procureur national financier
Jean-François Bohnert à souligner que les mises en examen de Nicolas
Sarkozy dans cette enquête ne s’appuyaient pas seulement sur les
déclarations de M. Takieddine.
- Mouvements de fonds suspects -
Deux mois plus tard, interrogé le 14 janvier à Beyrouth par les juges
d’instruction Aude Buresi et Marc Sommerer, chargés du dossier libyen,
l’intermédiaire, connu pour sa versatilité, avait déclaré qu’il ne
confirmait « pas les propos » de l’entretien, prétendant qu’ils avaient
été « déformés » par Paris Match, qui « appartient à un ami de
Sarkozy ».
L’hebdomadaire est la propriété du groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance.
M. Takieddine était donc revenu à sa première version, selon laquelle
la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy avait reçu l’apport de
fonds libyens. Tout en insistant sur le fait que lui n’y était pour
rien.
L’entretien à Paris Match avait été publié peu après son
incarcération au Liban dans le cadre d’une procédure judiciaire engagée
contre lui. Le quotidien Libération avait évoqué en mars des mouvements
de fonds suspects, évoquant de possibles tractations en marge de
l’interview.
Mimi Marchand « a agi en qualité de journaliste qui a eu
l’exclusivité de cette interview de M. Takieddine », a déclaré samedi Me
Caroline Toby. « Elle n’a fait qu’organiser les photos et l’interview,
dans le périmètre de son métier », a-t-elle expliqué.
Cinq autres personnes avaient également été placées en garde à vue
jeudi dans cette information judiciaire ouverte le 7 mai, après près
d’un mois d’enquête préliminaire, a indiqué samedi le parquet national
financier dans un communiqué.
Le journaliste de Paris Match, François de Labarre, avait été libéré dans la soirée, sans poursuite à ce stade.
Les quatre autres ont aussi été mises en examen samedi, selon le PNF.
Parmi elles, le publicitaire Arnaud de la Villesbrunne, ancien
directeur de l’agence Publicis. « Mon client a à peine compris les
termes de sa mise en examen tant il se sent étranger à tout cela, et il
s’en expliquera plus tard devant les juges », a déclaré à l’AFP son
avocat, Me Eric Morain.
L’homme d’affaires Pierre Reynaud et Noël Dubus, un homme déjà
condamné pour escroquerie, figurent aussi parmi les personnes
poursuivies.
Selon Le Parisien, Noël Dubus, qui s’est rendu à deux reprises à
Beyrouth pour y rencontrer M. Takieddine avant sa rétractation, aurait
bénéficié de versements suspects, via M. Villesbrunne, qui était un des
prestataires de la campagne présidentielle de M. Sarkozy.
Selon le quotidien Libération, l’homme d’affaire Pierre Reynaud
aurait, quant à lui, avancé à M. Dubus des fonds à remettre à M.
Takieddine.
Mettre un journaliste en garde à vue pour avoir accès à son
ordinateur, à son mobile et à ses notes, est-ce la nouvelle procédure du
Parquet national financier ?
Soupçonné de « subornation de témoin » dans l’affaire du possible
financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, François de
Labarre a été interpellé à son domicile dans le but, à demi avoué par
les enquêteurs et les juges, de récolter des informations protégées sur
ses sources et son activité. Relâché sans condition après quelques
heures d’un interrogatoire décousu, François est sorti libre à 22
heures. Il raconte…
Extraits :
«… J’ai deux options : soit mon appartement est retourné, soit je leur remets Smartphone et ordinateur avec les codes …»
«… Tous les messages contenant les mots « Beyrouth », « Liban »,
« Nicolas Sarkozy », « notaire », « sommation » sont passés au crible …»
Dès décembre dernier, un des journalistes de Médiapart informe François
de Labarre de l’ouverture de l’information judiciaire pour subordination
de témoins ayant débouché sur sa garde à vue.
Aux enquêteurs il déclare :
«… Madame la juge, comprenez mes réticences à parler si tout ce que je dis finit chez Mediapart…» Lire aussi :Exclusif : l’insaisissable Ziad Takieddine
Retrouvez l’intégralité du récit de notre journaliste dans le numéro 3762 de Paris Match, en vente jeudi.
Paris Match | Publié le 09/06/2021 à 12h40 |Mis à jour le 09/06/2021 à 14h08
Hervé Gattegno
L’éditorial d’Hervé Gattegno, directeur général de la rédaction de Paris Match.
Quel crime avons-nous bien pu commettre pour être traités de la sorte ? La semaine dernière, un journaliste de notre rédaction, François de Labarre, a vu surgir chez lui à l’aube une escouade de policiers
sous la conduite de deux juges – on voudrait en rire : l’un d’eux
portait un gilet pare-balles. Ils ont fouillé son appartement devant son
fi ls de 8 ans, l’ont emmené, placé en garde à vue jusqu’au soir,
assailli de questions. Il est ressorti libre, c’était bien le moins ;
mais voilà notre journal flétri par le soupçon. L’enquête est ouverte
pour « subornation de témoin » et « association de malfaiteurs en vue de
commettre une escroquerie en bande organisée », excusez du peu. Et les
investigations, nous prévient-on, ne font que commencer. Paris Match
n’est l’objet d’aucune poursuite « à ce stade », indiquent certains
confrères empressés. Diable. Le motif, le voici : une interview publiée en novembre 2020
qui a fait bondir le très susceptible Parquet national financier.
L’homme d’affaires Ziad Takieddine, que notre reportage débusquait à
Beyrouth (où il a fui sans encombre pour échapper à la prison), y
rétractait l’accusation la plus lourde portée contre Nicolas Sarkozy
dans l’abracadabrantesque affaire dite du « financement libyen » : après
s’être longtemps présenté comme le porteur de valises, Takieddine
affirmait n’avoir rien porté du tout – il l’a d’ailleurs répété le même
jour dans une vidéo diffusée par BFMTV, puis confi rmé et même plus dans
un document tamponné devant notaire un mois plus tard.
On comprend que les juges aient vu rouge : contrairement à nous,
voilà des années qu’ils se fondent sur les propos dudit intermédiaire,
expert en virements et en revirements, s’égarant derrière lui dans un
dédale d’assertions contradictoires, mais sélectionnant entre ses
ellipses, ses fluctuations et ses invraisemblances celles qui leur
conviennent le mieux. Autrement circonspect, notre article du 12
novembre prenait ce énième virage avec des pincettes ignifugées (le
texte est accessible sur notre site, vérifiez par vous-mêmes). « Fuyant
comme un agent double, changeant comme un caméléon, Takieddine a
retrouvé sa liberté mais pas son crédit », écrivions-nous. Drôle de
subornation de (faux) témoin : l’aurions-nous circonvenu pour mieux
mettre sa parole en doute ? Dans les pages qui suivent, François de
Labarre raconte cette étrange journée où il a passé des heures dans une
cage pour avoir fait son métier. Il le fait sans pathos et même avec
humour – à Match, nous avons l’expérience des reportages périlleux. De
fait, tout cela serait risible si, dans leur zèle, nos fi ns limiers ne
foulaient d’un même pied le bon sens et les principes. Le bon sens :
parler de « subornation », c’est décréter que Takieddine dit vrai quand
il accuse Sarkozy et ment quand il l’innocente ; c’est donc postuler que
ce dernier a reçu de l’argent – mais voilà neuf ans que les juges
eux-mêmes échouent à le prouver ! Les principes : si la loi protège nos
enquêtes et nos sources, ce n’est pas pour couvrir les turpitudes des
journalistes mais pour garantir le droit des citoyens à être informés.
En démocratie, on n’enquête pas avec les moyens de l’État sur les
journaux qui déplaisent, on n’arrête pas les journalistes dont les
écrits dérangent ; la police ne fouille pas leurs ordinateurs ni ne
surveille leurs téléphones. Disons-le ici avec force : Paris Match n’a
commis aucun délit, soudoyé ni manipulé personne, participé à aucune
manœuvre contraire à l’éthique.
Si d’autres que nous ont fauté, que la justice l’établisse – nous ne
confondons pas, nous, les soupçons avec des preuves. En attendant, le
scénario de cette enquête aux frontières de la déraison se dessine :
notre scoop libanais aurait été de nature à « tromper les magistrats » –
on le lit en toutes lettres dans la procédure. Ainsi, ces juges nous
prêtent un grand pouvoir pour mieux abuser du leur. Il y a près d’un
siècle, Albert Londres, qui donna au reportage ses lettres de noblesse,
écrivait ceci : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un
enfant de chœur et que son rôle n’est pas de précéder les processions,
la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier
n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter
la plume dans la plaie. » On le mesure aujourd’hui : les plaies de
l’époque, ce sont les jugements expéditifs bafouant la présomption
d’innocence, les piloris numériques dont tout le monde s’accommode, une
certaine presse d’investigation transformée en presse d’inquisition, des
mensonges répétés mille fois pour supplanter les vérités, les errements
d’une justice déboussolée, tantôt désinvolte et tantôt tyrannique ;
toutes calamités qu’une information honnête et sans entrave contribue à
réduire. À sa juste place et de toutes ses forces – celles que nous
donne chaque semaine votre confiance –, Paris Match mène le combat pour
un journalisme indépendant et de qualité, quitte à se faire des ennemis.
Nous ne nous laisserons pas intimider ni salir sans réagir. À la
volonté de déformer, nous opposerons encore, toujours, la liberté
d’informer
Affaire Karachi: rejet du pourvoi de François Léotard
Par Le Figaro avec AFP
Publié il y a 4 heures
La Cour de cassation a rejeté vendredi 4 juin le pourvoi de l’ancien
ministre de la Défense François Léotard contre l’arrêt de la Cour de
justice de la République (CJR) qui l’a condamné, début mars, pour
complicité d’abus de biens sociaux.
Jugé au côté de l’ancien premier ministre Édouard Balladur pour des
soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle
malheureuse de 1995, l’un des volets de la tentaculaire affaire Karachi,
François Léotard, 78 ans, avait été condamné à deux ans
d’emprisonnement avec sursis et 100.000 euros d’amende. Il avait été
reconnu coupable de «complicité» d’abus de biens sociaux, tandis qu’Édouard Balladur qui était poursuivi pour les mêmes faits et pour recel avait été relaxé.
Selon l’accusation, François Léotard a participé à la mise en place
d’un réseau d’intermédiaires chargés de favoriser la signature de
contrats d’armement conclus avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, avec
des conditions de rémunération anormales. Ces rémunérations litigieuses
ont permis de générer des rétrocommissions destinées au financement de
la campagne électorale présidentielle d’Édouard Balladur en 1995. Les
intermédiaires concernés et d’autres personnes ayant pris part à
l’organisation de la fraude font l’objet de poursuites devant les
juridictions de droit commun.
L’arrêt de la Cour de justice de la République confirmé
La Cour de justice de la République est la seule habilitée à juger
des membres du gouvernement pour des infractions commises lors de leur
mandat. Dans son arrêt, la Cour de cassation a souligné que l’ancien
ministre n’a pas rapporté la preuve d’un grief résultant de la
notification tardive de son droit de se taire. «Les autres moyens
étant également rejetés, l’arrêt de la Cour de justice de la République
condamnant l’ancien ministre est confirmé», a indiqué la Cour de cassation dans un communiqué.
Les soupçons de financement occulte de la campagne Balladur avaient
émergé en 2010, au fil de l’enquête sur l’attentat de Karachi commis le 8
mai 2002, qui avait coûté la vie à onze Français de la Direction des
constructions navales (DCN) travaillant à la construction de
sous-marins. Toujours en cours, l’enquête sur cet attentat a au départ
privilégié la piste d’Al-Qaïda, puis exploré celle – non confirmée à ce
jour – de représailles pakistanaises après l’arrêt du versement des
commissions, une fois Jacques Chirac élu président.