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lundi 21 septembre 2020

Alexandre Djouhri vient d'échapper de peu à une nouvelle incarcération

 

Dans ma boîte aux lettres ce matin. Comme ça, je ne risquais pas de passer à côté…

 

https://www.letelegramme.fr/france/la-grande-manip-21-09-2020-12621536.php

Publié le 21 septembre 2020 à 06h00 
 

[Édito] La grande manip’

 

Alexandre Djouhri, alors à Londres en 2018.
Alexandre Djouhri, alors à Londres en 2018. (Photo EPA)
 
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Notre éditorialiste, Hubert Coudurier, donne son point de vue sur l’influent personnage Alexandre Djouhri.

« Qui que ce soit qui veut jouer avec moi a la roulette russe, je réponds présent. » C’est toujours intéressant pour un journaliste de rencontrer un personnage à la réputation sulfureuse au carrefour de nombreuses affaires politico-industrielles d’une décennie (2002-2012) durant laquelle la droite, malgré la guerre entre balladuriens et chiraquiens, détenait tous les leviers de pouvoir. Très proche du Premier ministre Dominique de Villepin, qu’il surnommait par ironie « le poète », puis finalement adoubé par le clan Sarkozy et son « vice-président », le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant, « monsieur Alexandre » est un personnage truculent, volontiers fanfaron. Un personnage de roman qui fera sûrement tôt ou tard l’objet d’un film.


Ne disposant pas de toutes les pièces d’un dossier complexe, il ne s’agit pas de le juger mais de reconnaître qu’il paie aujourd’hui au prix fort ses jeux d’influence après avoir connu une détention inhumaine comme s’il était le dommage collatéral de règlements de comptes entre la droite et la gauche soucieuse d’écarter définitivement du pouvoir Nicolas Sarkozy. « Celui-là, tu ne le verras plus », avait un jour lancé François Hollande à un petit garçon qui évoquait son adversaire. L’ancien chef de l’État, lui-même soupçonné d’avoir lancé une guerre pour destituer Kadhafi afin d’effacer les traces… d’un document pour le moins controversé diffusé par Mediapart entre les deux tours de la présidentielle qui vit l’élection de Hollande ! Qui a manipulé qui dans cette affaire, sachant que l’État profond, selon l’expression à la mode, souhaitait depuis longtemps se débarrasser de Kadhafi ? Et aurait su habilement instrumentaliser l’Élysée à cet effet ?

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https://www.letelegramme.fr/france/djouhri-je-suis-l-instrument-d-un-reglement-de-comptes-21-09-2020-12621553.php

Publié le 21 septembre 2020 à 06h00 Modifié le 21 septembre 2020 à 09h00 
 

Alexandre Djouhri : « Je suis l’instrument d’un règlement de comptes » [Exclusif]

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Alexandre Djouhri, à Londres, en 2018.
Alexandre Djouhri, à Londres, en 2018. (Photo EPA)
 
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[Exclusif] Sous le coup de neuf chefs de mise en examen dans le cadre de l’affaire du présumé financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, Alexandre Djouhri nie en bloc les faits qui lui ont valu d’être interpellé à Londres, en 2018. Dans une interview au Télégramme, il se dit victime d’un « règlement de comptes ».

 

Comment expliquez-vous ce mandat d’arrêt européen ayant abouti à votre arrestation à Londres en janvier 2018 ?

On a prétexté que j’étais en fuite alors que je n’avais aucun antécédent judiciaire. Et la justice anglaise a été manipulée car on lui a dit qu’on m’avait perdu de vue en Suisse. Or mon avocat helvète avait déclaré au procureur du canton de Genève que je répondrai à une convocation légale. Les Anglais m’ont convoqué comme si j’étais résident français, faisant fi de mon permis C de résident suisse. J’avais pensé qu’en me rendant au pays de l’habeas corpus pour voir ma fille, je ne risquais rien. Pourtant ils m’ont incarcéré au département des drogués. J’ai été enchaîné pendant 18 jours, avec des gardes jour et nuit. J’ai fait deux arrêts cardiaques. Ils m’ont sauvé de la mort sans qu’aucun représentant de l’ambassade de France à Londres ne vienne me voir.

Un deuxième mandat, plus argumenté, a été émis avant votre extradition deux ans plus tard vers la France ?

Je ne correspondais à aucun cas justifiant un mandat d’arrêt européen (MAE). Après que son vice-président ait été présent en Suisse, lors de la perquisition du juge Tournaire à mon domicile, le Parquet national financier (PNF) est venu valider à Londres ce MAE. Le deuxième mandat était donc moins approximatif, évoquant un transfert de 500 000 euros à Claude Guéant (ancien secrétaire général de la Présidence de la République française et ancien ministre, NDLR) et une plus value de 8 millions d’euros sur la vente d’une villa à Mougins (Alpes-Maritimes, NDLR). Or, à mon domicile à Genève, ils ont mis un RIB de la femme de Claude Guéant que je n’ai jamais rencontrée. Quant à la villa, elle appartenait à une société dont je n’ai jamais été l’ayant droit. Qu’est-ce que je viens faire dans cette affaire où je n’ai pas de compte en banque ni de procuration ?

Marwan Lahoud, ancien directeur d’EADS, vous a accusé d’avoir voulu lui extorquer une commission sur une vente d’Airbus à la Libye ?

J’ai convaincu « Sergio » (Serge Dassault, NDLR) de faire un chèque contre l’avis du numéro deux du groupe Dassault, Charles Eldestenne, pour racheter les 26 % que Thales possédait dans EADS. Grâce aussi à Nicolas Sarkozy, j’ai réussi à lui expliquer que pour que le Rafale coûte moins cher, il fallait que 33 % de la charge industrielle de sa fabrication revienne au groupe Dassault. Lequel fit du coup une très belle opération. Quant à Marwan Lahoud, il voulait quitter EADS pour devenir président de Thales. Et Charles Eldestenne m’avait confié qu’il lui avait demandé de devenir président de Dassault Aviations. J’ai raconté tout cela dans ma déposition à la juge Aude Buresi.

Y a-t-il un agenda politique dans cette affaire ?

L’agenda politique, ce fut la primaire à droite. Je suis l’instrument d’un règlement de comptes visant à éliminer Nicolas Sarkozy. Le mandat d’arrêt s’appuie au départ sur cette somme de 50 millions d’euros selon un faux attribué à Bechir Saleh, le directeur de cabinet de Muammar Kadhafi qui prétend avoir financé la campagne électorale de Sarkozy. 50 millions d’euros dont on n’a jamais retrouvé la trace ! Et qui ont été ramenés par une contre-enquête menée par Hervé Gattegno dans le JDD, à 5 millions versés par Ziad Takieddine. Takieddine qui ce faisant s’incrimine lui-même d’avoir fait du lobbying en faveur d’Abdallah Senoussi, l’ex-chef des services secrets libyens, beau-frère de Kadhafi et organisateur des attentats de Lockerbie et du DC10 d’UTA.

Vous seriez un dommage collatéral de la gauche dans sa volonté d’empêcher Nicolas Sarkozy de se représenter ?

Manuel Valls avait dit à Hollande que j’étais le von Karajan (NDLR : célèbre chef d’orchestre) du financement politique et donc le meilleur moyen pour atteindre Nicolas Sarkozy. Valls a « rusé » Hollande en lui disant qu’en le nommant Premier ministre, il lui permettrait d’être réélu. Avant de lui expliquer qu’il ne pouvait plus se représenter. Avec Alain Bauer, Valls fit la tournée des capitales africaines pour dire aux chefs d’États que Hollande ne se représenterait pas. Mais au départ, ils n’y croyaient pas ! En ce qui me concerne, au départ j’ai été victime d’une lettre de cachet car les réquisitions du PNF ne peuvent être prises sans l’accord de l’Élysée. Je crains que ça ne recommence. Mais je dois rendre hommage à Alix Le Masson, vice-présidente, juge des libertés et de la détention près le tribunal de grande instance de Paris, d’avoir résisté aux pressions du Parquet national financier pour me faire réincarcérer. Ça, c’est la vraie justice

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https://www.letelegramme.fr/france/milieu-show-biz-affaires-l-incroyable-parcours-de-monsieur-alexandre-21-09-2020-12621444.php

Publié le 21 septembre 2020 à 06h00 
 

Milieu, show-biz, affaires : l’incroyable parcours de « monsieur Alexandre »

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Alexandre Djouhri (au centre), au côté de Dominique de Villepin, lors d’un match du PSG, le 23 avril 2014.
Alexandre Djouhri (au centre), au côté de Dominique de Villepin, lors d’un match du PSG, le 23 avril 2014. (Photo Arnaud Journois, Le Parisien, PQR)
 
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De Sarcelles à l’Élysée, des fréquentations du milieu des années 1980 aux grands patrons du CAC 40, Alexandre Djouhri a connu une trajectoire aussi mystérieuse que vertigineuse.

Il est une ombre qui a flotté dans les arcanes du pouvoir pendant plus de vingt ans. Essentiellement sous Chirac, puis Sarkozy. D’Alexandre Djouhri, à l’époque, aucune photo. Il est alors un très discret « intermédiaire », un « apporteur d’affaires », qui tutoie d’abord Dominique de Villepin (qu’il appelle « le poète »), puis Nicolas Sarkozy et les présidents d’Afrique centrale, les milliardaires saoudiens et les patrons du CAC 40 : Serge Dassault, Henri Proglio (Veolia puis EDF), Patrick Kron (Alstom)…

«Valeur montante du milieu »

Aujourd’hui âgé de 61 ans, « monsieur Alexandre » est soupçonné par la Justice française d’être au cœur de l’affaire de financement libyen (Kadhafi) de la campagne de Sarkozy de 2007 (Mediapart révèle entre les deux tours de la présidentielle de 2012 un document, contesté par la défense mais validé par la Justice, évoquant le versement de 50 M€ pour la campagne de Nicolas Sarkozy). Il est notamment mis en examen, depuis fin janvier dernier, pour corruption active, complicité (et recel et blanchiment) de détournement de fonds publics.

La vie de cet habitué des palaces de luxe, amateur de grands crus (et de boîtes de sardines millésimées, selon L’Obs), débute en 1961. Ahmed (son vrai prénom) Djouhri naît en Seine-Saint-Denis, d’un père kabyle, soudeur, et d’une mère kabyle au foyer, et grandit à Sarcelles aux côtés de neuf frères et sœurs. Il quitte l’école à l’âge de 16 ans et se met alors à fréquenter le milieu du banditisme. Il échappe à une première tentative d’assassinat, et est ensuite sérieusement blessé par balles (qui ne lui étaient pas destinées, selon lui) au cours d’une fusillade. Contre lui, la police ne retient alors rien, mais il est alors décrit comme « une valeur montante du milieu » et « un individu de moralité douteuse et dont les activités paraissent aussi lucratives qu’obscures ».

Anthony Delon, puis la voie de la Françafrique

Il multiplie les virées nocturnes parisiennes où il rencontre malfrats et jeunesse dorée. Se lie d’amitié avec le bouillonnant Anthony Delon, qui se brouille avec son père. Échappe encore à la mort, au guidon de la moto d’Anthony, dont les câbles de freins ont été coupés. Il rencontre aussi le fils d’un ancien directeur général de l’Unesco, qui lui ouvre les portes des réseaux de la Françafrique (Alfred Sirven, André Tarallo, pour Elf et le pétrole…) et Michel Roussin (cabinet Chirac), qui le connecte aux politiques (Marsaud, Villepin, Guéant)… Une étourdissante trajectoire racontée dans le détail, dans un livre coécrit par deux journalistes du Monde (Simon Piel et Joan Tilouine), publié fin 2019 : « L’Affairiste » (Stock, 19,50 €).

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https://www.letelegramme.fr/france/quand-le-medecin-de-djouhri-alertait-l-elysee-21-09-2020-12621439.php

Publié le 21 septembre 2020 à 06h00 
 

Quand le médecin de Djouhri alertait l’Élysée

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Les honneurs de la Garde républicaine lors de la réception de Kadhafi à l’Élysée, le 10 décembre 2007.
Les honneurs de la Garde républicaine lors de la réception de Kadhafi à l’Élysée, le 10 décembre 2007. (Photo EPA)
 
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La Justice française cherchait à l’entendre depuis 2015. Alexandre Djouhri, qui évitait la France, est finalement arrêté en janvier 2018 à Londres, en vertu d’un mandat d’arrêt européen. L’extradition demandée par la France ne sera autorisée que deux ans plus tard.

Durant sa détention au Royaume-Uni, il fait deux arrêts cardiaques, « dus à ses conditions d’incarcération avec stress intense », assure son médecin traitant. « Il a failli par deux fois perdre la vie et les séquelles sont irréversibles », poursuit le Dr Alexandre Nairi, qui s’inquiète dans un courrier adressé à l’Élysée le 24 février 2020, que « les autorités françaises ne tiennent pas compte de ces éléments ».

« C’est politique »

Déjà, le 10 mai 2019, dans un premier courrier, dont Le Télégramme a obtenu la copie, le même médecin alertait déjà l’Élysée. « À mon grand étonnement, monsieur l’ambassadeur (de France à Londres ; NDLR) m’a répondu « C’est politique », suivi d’un « Je vais me renseigner », sans suite ».

Placé en détention provisoire à l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes début février 2020, Alexandre Djouhri avait été libéré pour raison médicale (risque Covid) le 16 mars, et placé sous surveillance électronique. Selon nos informations, il aurait failli être de nouveau placé en hôpital pénitentiaire, vendredi dernier. Mais Alix Le Masson, vice-présidente, juge des libertés et de la détention près le tribunal de grande instance de Paris, aurait décidé sa remise en liberté.

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