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mardi 14 avril 2020

Le phénomène OVNIs est trop sérieux pour être laissé aux sceptiques dogmatiques...





… surtout quand ces gens-là, dont l’instruction est des plus limitées, manifestent une vraie haine à l’égard des scientifiques, dont ils ne sont pas…



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Alain Juillet : « Le phénomène ovni échappe à la dimension terrestre »


Paris Match | Publié le 11/04/2020 à 11h14 |Mis à jour le 11/04/2020 à 18h57
Un objet volant non identifiée filmé par un pilote de l'US Navy en janvier 2015.
Un objet volant non identifiée filmé par un pilote de l’US Navy en janvier 2015. DR
  
Dans « Ovnis: une affaire d’Etats », Dominique Filhol aborde les objets volants non identifiés non comme un folklore mais comme un sujet aussi sérieux que les scientifiques, politiques et experts qui se succèdent dans ce documentaire. Parmi eux, l’ancien directeur des renseignements à la DGSE, Alain Juillet, qui a répondu à nos questions.

C’est une première : l’ancien directeur des renseignements à la DGSE, Alain Juillet, s’exprime sans tabous sur un sujet qui, pour beaucoup, sent encore le souffre: les objets volants non identifiés. Fort de son immense expérience dans le renseignement, il prône une approche pragmatique et un esprit ouvert pour élucider un mystère trop important pour être laissé aux rêveurs et aux sceptiques dogmatiques.

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Alain Juillet est l’un des intervenants de haut niveau, politiques, scientifiques et militaires, qui apportent leur expertise au documentaire de Dominique Filhol, «Ovnis : une affaire d’Etats». «Il y a un terme qui revient de plus en plus souvent parmi les spécialistes du sujet c’est l’idée ‘d’intelligence non humaine’ ce terme est intéressant car il ne rejette pas l’hypothèse extraterrestre mais il englobe bien d’autres théories quant à la nature du phénomène» résume le réalisateur, marqué dès l’enfance par des témoignages spectaculaires de proches qui ont observé des phénomènes inexplicables.

Le tournage a encore renforcé ses convictions : «Le phénomène est devenu palpable. J’ai eu la chance de pouvoir filmer une réunion des membres de la commission SIGMA 2 qui étudie les Ovnis de manière rigoureuse et scientifique ou encore de rencontrer le Sénateur Harry Reid à l’origine du programme AATIP de recherche sur les OVNIs du département de la Défense américaine. Toutes ces interviews ont conforté mes intuitions.»

La succession des témoignages et des analyses dans «Ovnis : une affaire d’Etats» le rappelle : les ovnis existent, au moins comme sujet d’études mais leur nature reste insaisissable : «les hypothèses concernant la nature de ces « objets » ne se limitent pas à une origine extraterrestre.» Mondes parallèles, voyageurs temporels: rien ne peut être écarté d’un revers de manche. «Il y a aussi un courant de l’ufologie qui étudie les liens entre la conscience et le phénomène OVNI et c’est un point qu’on aborde dans le film» poursuit Dominique Filhol.

«Pour de plus en plus de chercheurs, dans les cas de rencontres rapprochées, le phénomène semble interagir avec la conscience des témoins. C’est d’ailleurs ce que certains pilotes de chasse de l’US NAVY ayant observé ces phénomènes ont relaté : ces objets semblaient anticiper les réactions des pilotes, comme s’ils étaient capables de lire dans leur esprit.»

Comme d’habitude, le sujet ovni nous emmène très loin. Un voyage moins périlleux si l’on est bien accompagné. C’est en tout cas la conviction d’Alain Juillet pour qui politiques et scientifiques doivent maintenant prendre le sujet à bras le corps.

Alain Juillet, interviewé dans "Ovnis: une affaire d'Etats"
Alain Juillet, interviewé dans « Ovnis: une affaire d’Etats » © DR

Vous avez accepté de participer au documentaire de Dominique Filhol, «Ovnis: une affaire d’Etats». Est-ce la première fois que vous intervenez publiquement sur le sujet des ovnis ?

Alain Juillet: Oui. J’avais participé à une réunion de passionnés d’aéronautique où avait été évoqué le problème des objets non-identifiés. J’étais dans la salle et j’avais répondu à quelques questions. Mais je n’étais jamais intervenu sur ce sujet publiquement. C’est à la suite d’un entretien avec le réalisateur, Dominique Filhol, que nous avons abordé ce thème. Il m’a posé deux, trois questions et m’a dit : «ça, ça m’intéresse, je suis en train de préparer quelque chose.» C’est comme cela que ça s’est passé.

Aviez-vous un intérêt particulier pour les ovnis ?

Oui, même si je ne suis pas un passionné. En revanche, je suis, à l’origine, un homme du renseignement et lorsque l’on voit des choses inexplicables aujourd’hui, on sait qu’on pourra les expliquer demain. C’est simplement que nous n’avons pas les éléments pour imaginer ou comprendre ce qui se passe. Dans le domaine particulier des ovnis, sans parler des gens qui voient une soucoupe volante se poser dans un champ, il y des pilotes de chasse, des astronautes, des gens qui sont tout sauf des rigolos et rapportent des observations très précises. Il ne faut pas dire que ce sont des bêtises mais juste reconnaître qu’il y a des choses qui nous échappent. C’est dans cadre là que je me suis intéressé à ce problème car la première chose que l’on voit quand on étudie ce phénomène, c’est qu’à l’évidence ces engins ou ces apparitions ne fonctionnent pas selon les lois terrestres et en particulier qu’ils ne sont pas soumis à la gravitation. La question qui se pose est donc: un pays a-t-il mis au point un système qui permet d’échapper à la gravitation ? Il y a 20 ans, j’aurais répondu: «Pourquoi-pas?». Mais, aujourd’hui, si un pays dans le monde avait réalisé une telle découverte, on le saurait. Aucun progrès de cet ampleur ne peut rester secret. C’est impossible.

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Si un pays disposait d’une telle technologie, elle aurait donc déjà été utilisée ouvertement…

D’une façon ou d’une autre, il y aurait eu des fuites, une indiscrétion des scientifiques qui travaillent dessus… Puisqu’il n’y a absolument rien eu, c’est que c’est autre chose et que ça échappe à la dimension terrestre.

Les services de renseignement disposent-ils des outils adéquats pour traiter des sujets aussi élusifs que celui des ovnis, dont on ne connaît pas la nature et dont l’existence même reste sujette à caution ?

Pour que le sujet les intéresse, il faut qu’ils aient reçu un ordre. Afin de de collecter des informations, il faut développer des moyens techniques et humains. Un service de renseignement ne peut travailler sur les ovnis que s’il y a un besoin qui est exprimé par ceux qui dirigent, c’est à dire par les plus hautes autorités de l’Etat. Si ces dernières considèrent qu’il ne s’agit pas d’un problème prioritaire, ce qui est en général le cas, rien ne se passe. On sait que les Américains ont lancé une étude très sérieuse avec un gros budget pour essayer de comprendre. Et il semble bien que d’autres grandes puissances, en particulier la Russie et la Chine, ont fait la même chose, sans doute pour les mêmes raisons : découvrir s’il n’y pas derrière le phénomène ovni quelque chose qui, techniquement parlant, peut être intéressant. Là, je débouche sur un autre aspect que j’évoque dans le film et qui a été expliqué par d’autres beaucoup plus forts que moi en la matière : nous passons d’une vision du monde modelée par la physique traditionnelle à une autre vision fondée sur la physique quantique. Et l’on comprend beaucoup mieux ces phénomènes à travers le prisme de la physique quantique qu’avec celui de la physique actuelle.

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Dans le monde, quelques rares personnalités politiques de premier plan, comme l’ancien directeur de cabinet de Clinton et d’Obama, John Podesta, ont pris publiquement position en faveur d’une plus grande transparence des gouvernements sur les ovnis. Est-ce utile selon vous ?

Dans la compétition mondiale qui fait rage aujourd’hui, notamment entre la Chine et les Etats-Unis, il est évident qu’une arme nouvelle qui s’impose parce que personne ne sait l’arrêter donne un avantage concurrentiel au pays qui la possède. Les Russes, par exemple, ont mis au point un système de missiles sol-air, les S-400, qui font peur à toute le monde, car personne ne sait les arrêter, les Américains pas plus que les autres. Les avions de chasse préfèrent les contourner plutôt que de prendre le risque d’être abattus. Les Russes ont aussi sorti le missile hypersonique, Avangard, qu’aucune défense ne sait arrêter. Intéressante aussi cette torpille, mise au point par les Russes, dont un exemplaire aurait explosé dans le Koursk, en 2000, après être resté bloquée dans le tube lance-torpilles. Cette torpille se déplace à une vitesse incroyable, plusieurs centaines de kilomètres heure, beaucoup plus vite que tout ce que l’on a sur le marché. Pourquoi ? Parce que cette torpille se crée dans l’eau un environnement qui n’est plus de l’eau mais de l’air, ce qui réduit au maximum le frottement.

Je ne pense pas que le secret soit vraiment utile

Ce qui rejoint les recherches sur la MHD la Magnétohydrodynamique

Exactement… C’est un engin qui est redoutable car ses performances dépassent de loin celles de tous les autres. Je ne suis pas un rêveur mais quand on voit comme dans le documentaire un engin qui accélère, ralentit, passe dans l’eau, en ressort, tout cela filmé par des avions de chasse américains, on se pose des questions. Et on se dit : «N’est on pas en train d’y arriver nous aussi?». Pour en revenir à la physique quantique, elle postule que deux points séparés peuvent être les mêmes. Cela nous paraît inconcevable mais à partir de là, on peut aller très loin, jusqu’à l’existence possible de mondes parallèles. A titre de comparaison, une mouche avec ses yeux à facettes peut voir d’autres dimensions que les nôtres bien qu’elle vive dans notre monde. Peut-être existe-t-il donc des choses qui sont dans notre univers mais qu’on ne peut pas voir en temps normal car elles ne sont pas dans notre champ de vision. Mais peut-être que, de temps en temps, il se passe quelque chose, qu’un phénomène passe dans notre champ de perception avant d’en disparaître. Je ne parle pas là des «petits hommes verts». J’ai plutôt l’impression d’être dans la même démarche que certains savants et astronomes qui se disent simplement «quelque chose nous échappe».

D’un point de vue militaire, ce sont donc des recherches qui touchent à la Défense, aux intérêts nationaux… N’y a-t-il pas une contradiction entre réclamer publiquement des recherches sur le phénomène ovni et la nécessité de maintenir une forme de secret ?

Je ne pense pas que le secret soit vraiment utile, sauf si on découvre des choses inquiétantes. Mais on constate que le phénomène n’a pas manifesté, jusqu’à présent, d’intention agressive. Donc, il n’y pas de raison de s’inquiéter, on n’est pas dans un film d’horreur… En revanche, je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en parler trop car beaucoup de gens vont se mettre à fantasmer à tout va ! Si l’on dit «les ovnis sont peut-être une réalité» ou qu’on évoque les avancées de la physique quantique, on s’entendra répondre «oh le pauvre, il est devenu fou». Comme on sort du rapport classique que les gens entretiennent avec la science, ça risque de ne pas passer. Et il y a évidemment la possibilité que des gourous s’emparent de la question et racontent n’importe quoi. Il ne faut pas faire une promotion excessive de tout ça mais essayer de rester scientifique et de se dire : il y a quelque chose, c’est indiscutable. Un certain nombre de facteurs laissent penser que c’est à côté de nous sans provenir de nous et que, ça peut venir d’autres mondes, pourquoi pas après tout… Il ne sert à rien de rêver. J’en reviens à mon métier d’origine, il faut essayer de se demander : quelles conclusions puis-je tirer des éléments dont je dispose ? Or, je n’ai pas de conclusion, tout ce que j’ai, c’est un certain nombre d’indices qui me permettent de réfléchir sans pour autant avoir de certitudes.

Il faut penser en dehors de la boîte

On peut risquer une comparaison peut-être hasardeuse avec l’irruption du Covid-19 comme un élément radicalement nouveau dans la vie de milliards de gens. On constate que les sociétés s’adaptent et intègrent cet évènement avec calme malgré la menace. N’en serait-il pas de même avec la prise de conscience que le phénomène ovni ne provient pas de notre monde ?

Tout à fait. Je pense que les gens s’adaptent très bien. Si demain matin, on a la confirmation que les ovnis viennent d’un monde parallèle au nôtre, et bien tout le monde dira «bon, voilà, il existe un monde parallèle ». Le jour où on le dira, dans les cinq ans, tout le monde l’aura accepté comme un phénomène banal. Dans «Le crabe tambour», film que j’ai adoré, un curé breton interprète des trainées blanches dans le ciel comme des signes. Et il entraîne ses paroissiens à les suivre dans un sens, puis dans un autre. A la fin, épuisés, les fidèles rentrent chez eux et on découvre que ces signes étaient en réalité les trainées laissées par les premiers avions à réacteur qui faisaient Paris New York…

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Que pensez vous du travail du Geipan qui au sein du CNES accomplit un gros travail de collecte d’informations sur les Phénomènes aériens non identifiés ?

Les gens dans le renseignement vous diront tous que le premier travail c’est la collecte d’informations. Dans un premier temps, il faut recueillir tout ce que l’on peut recueillir et ils font ça très, très bien. Ensuite, il faut sélectionner dans cette collecte ce qui apparaît véritablement sérieux, et ils le font aussi. Après cela, en ce qui concerne l’analyse elle-même de ces éléments sérieux, ce sont des spécialistes et des chercheurs de haut niveau qui doivent réfléchir là-dessus.

Le GEIPAN, malgré son travail, semble assez peu sollicité par la recherche publique ou privée…

Nous sommes le pays de Descartes, cartésien par essence, le pays des normes, des principes, des règles… Les Américains, eux, apprennent dans leurs écoles à penser «out of the box», en dehors de la boîte. Nous, nous apprenons encore à penser «dans la boîte».

Je crois que ça se fera en France le jour où les gens n’auront plus peur d’être ridicules. Si l’on apprend que les Etats-Unis ou la Chine consacrent non seulement des études importantes à ce sujet, mais qu’en plus des scientifiques de haut niveau en ont tiré des réflexions dignes d’intérêt, alors nos chercheurs ne craindront plus d’être pris pour des farfelus.

« Ovnis : une affaire d’Etat », le 14 avril sur Planète+A&E

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