Pages

lundi 26 août 2019

Affaire Joël Le Scouarnec : nouvelles révélations sur le chirurgien pédophile


Les différents médias cités ci-dessous ne sont pas 20minutes.fr.

Pour preuve : ils font de nouvelles révélations sur cette affaire… autant sur les faits de pédophilie et la personnalité de leur auteur que sur l’étonnante mansuétude des autorités dont il aura bénéficié après une première condamnation pour détention d’images pédopornographiques en 2005.

Notons que le chirurgien pédophile a exercé à l’hôpital de Quimperlé sous la direction d’Etienne Morel durant un an, de juin 2007 à juin 2008, et donc après cette condamnation, dont les autorités compétentes étaient bien informées.


A lire ou à relire :

http://petitcoucou.unblog.fr/2017/12/21/lhopital-de-quimperle-epingle-par-la-chambre-regionale-des-comptes-de-bretagne/

http://petitcoucou.unblog.fr/2017/12/25/etienne-morel-ancien-directeur-hospitalier-de-brest-les-iles-kerguelen-apres-wallis-et-futuna/

http://petitcoucou.unblog.fr/2019/08/21/joel-le-scouarnec-chirurgien-accuse-de-pedophilie-peut-etre-250-victimes/



https://www.charentelibre.fr/2019/08/25/nouvelles-revelations-sur-le-chirurgien-pedophile,3475831.php

Nouvelles révélations sur le chirurgien pédophile


Nouvelles révélations sur le chirurgien pédophile
Le Journal du Dimanche rapporte le témoignage de la femme d’un médecin, collègue de Joël Le Scouarnec à Jonzac. Elle évoque un «comportement déplacé envers leur petite fille de huit ans» à qui il aurait «caressé les jambes».
repor CL
 
Par charentelibre.fr, publié le 25 août 2019 à 17h09.


Depuis les premières révélations mardi de Charente Libre sur Joël Le Scouarnec, le médecin retraité de 68 ans, soupçonné d’avoir agressé sexuellement 200 enfants depuis la découverte de ses carnets en 2017, les précisions sur le profil de l’accusé et de nouveaux témoignages de victimes présumées se multiplient.

Ce week-end, « Le Journal du Dimanche » et « Libération » ont consacré deux longs papiers sur cette affaire hors-norme.

« Le JDD » explique que, selon le médecin lui-même, sa première victime remonte à « 1985–1986 » et qu’il s’agit de sa nièce par alliance. A l’époque, il exerçait en Touraine, à Loches.

 
Des victimes d’abord dans le cercle familial
 
Les faits sont prescrits mais sa nièce aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années a été entendue par les enquêteurs. Les assauts de son oncle auraient duré entre ses 5 et 13 ans.

« Il trouvait n’importe quel prétexte pour se retrouver seul avec moi. Il en profitait pour me toucher le sexe et a fini par y introduire son doigt. Tous ces abus avaient lieu systématiquement, à chaque fois que nous nous voyons ».

L’accusé a reconnu de lui-même cinq agressions. Trois sont prescrites mais deux autres, concernant également deux nièces, seront jugées aux assises à la fin d’année ou début 2020.

Une autre victime de cette époque a expliqué avoir subi une agression sexuelle lors de son hospitalisation.

Les deux journaux cherchent également à cerner un peu plus le profil du « pédophile », comme il se qualifie lui-même. Un homme capable de cacher sous le plancher de son domicile jonzacais « des petits baigneurs (qui) portaient des chaînes et étaient mis en scène dans des positions sado-masochistes », explique l’avocate saintaise Me Francesca Satta, à Libération.

« L’enfant-objet lui permet d’exercer sa mégalomanie »
 
L’expertise psychologique du 1er juillet 2017, deux mois après le témoignage de sa voisine de six ans qui a permis de déclencher l’affaire, décrit un homme qui n’évoque « aucun remord, aucune culpabilité (avec) un fort sentiment d’impunité ».

L’enfant n’est ainsi qu’un moyen d’assouvir ce qu’il appelle « sa sexualité préférentielle ». « L’enfant-objet lui permet d’exercer sa mégalomanie, sa toute-puissance », précise l’expertise.

Nouveaux témoignages à Jonzac
 
La recherche d’images pédopornographiques sur internet au début des années 2000 est rapidement devenue « une vraie addiction, une boulimie », raconte également le médecin aux enquêteurs. Ce qui lui vaudra sa première condamnation à Vannes en 2005. Quatre mois avec sursis pour la détention de ces images.

« Le JDD » rapporte le témoignage de la femme d’un médecin, collègue de Joël Le Scouarnec à Jonzac. Elle évoque un « comportement déplacé envers leur petite fille de huit ans » à qui il aurait « caressé les jambes ».

Des victimes du médecin pédophile pendant qu’il exerçait à Jonzac de 2008 à 2017, seraient en passe de se manifester et de porter plainte.



https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/chirurgien-soupconne-de-pedophilie-comment-t-il-pu-continuer-d-exercer-6492110

Chirurgien soupçonné de pédophilie : « Il y a eu un manquement quelque part »


L’ancien hôpital de Bodélio juste avant les débuts du chantier de démolition. Aujourd’hui, l’hôpital public de Lorient se trouve près du Scorff.
L’ancien hôpital de Bodélio juste avant les débuts du chantier de démolition. Aujourd’hui, l’hôpital public de Lorient se trouve près du Scorff. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
 
Ouest-France Nadine BOURSIER. Publié le 26/08/2019 à 15h07


Comment un chirurgien, condamné pour avoir détenu des images pédopornographiques, a-t-il pu continuer ? L’Ordre des médecins répond.

Un chirurgien de 68 ans est soupçonné d’actes pédophiles qui pourraient concerner près de 200 victimes, parmi lesquelles des jeunes patients. Les gendarmes s’attellent toujours à recueillir les témoignages des personnes mentionnées dans ses carnets, notamment en Bretagne où il a exercé. Ce praticien spécialisé en chirurgie viscérale est intervenu à la clinique du Sacré-Cœur à Vannes de 1994 à début 2003, à l’hôpital de Lorient de 2002 à 2004, à l’hôpital de Quimperlé d’octobre 2004 à juin 2008, avant de partir en Charente-Maritime.

En novembre 2005, il a été condamné par le tribunal de Vannes à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques. Comment a-t-il pu continuer d’exercer jusqu’en 2017 ?

Sa condamnation n’était assortie d’aucune obligation (soin, interdiction d’exercer ou d’entrer en contact avec des mineurs, inscription au fichier des délinquants sexuels…). Pour Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil national de l’Ordre des médecins, « la condamnation n’a pas été portée à la connaissance de l’Ordre, par l’autorité judiciaire (N.D.L.R., ce qui est une obligation depuis une loi de 2002). Le conseil départemental du Finistère a eu écho par un médecin que ce chirurgien avait eu des démêlés judiciaires ». L’Ordre a donc demandé au tribunal de Vannes de lui communiquer cette décision. « Il a fallu quatre sollicitations. Dès réception, le 9 novembre 2006, le président du conseil départemental a saisi la DDASS, autorité compétente à l’époque pour prendre des sanctions. Jusqu’à une loi de 2009, l’Ordre n’était pas compétent pour sanctionner des médecins exerçant en établissement hospitalier. »

Pour Yves Crespin, avocat de l’association Enfant Bleu, « il y a eu un manquement quelque part. Ce chirurgien a, semble-t-il, bénéficié d’un laxisme, d’une défaillance des autorités. »



https://brest.maville.com/actu/actudet_-Quimperle.-etienne-Morel-le-directeur-de-l-hopital-part-a-Mayotte_-2265202_actu.Htm

logo Ouest-France Mercredi 19 décembre 2012 21:55 

Quimperlé. Étienne Morel, le directeur de l’hôpital part à Mayotte


photo étienne morel, le directeur de l'hôpital de quimperlé, partira mi-janvier à mayotte. © ouest-france
Étienne Morel, le directeur de l’hôpital de Quimperlé, partira mi-janvier à Mayotte.© Ouest-France

Étienne Morel est arrivé à Quimperlé en juin 2007 après avoir passé treize ans à Brest. Il quittera le centre hospitalier mi-février.

«Un nouveau défi»

A 56 ans marié, père de trois enfants, cet ancien inspecteur des impôts est né à Paris puis a grandi entre Rennes et Vitré. Il a ensuite effectué l’essentiel de son parcours comme directeur adjoint des hôpitaux de Brest.

Ouest-France  



https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/le-chirurgien-soupconne-de-pedophilie-avait-ete-signale-a-la-ddass-apres-une-premiere-condamnation_3587897.html

Le chirurgien soupçonné de pédophilie avait été signalé à la Ddass après une première condamnation


Condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques dans le Finistère, ce médecin qui s’est ensuite installé en Charente-Maritime est aujourd’hui soupçonné de viols et d’agressions sexuelles.

Le palais de justice de Saintes (Charente-Maritime), où le chirurgien de Jonzac devrait être jugé début 2020 pour viols et agressions sexuelles sur mineur. (image d\'illustration)
Le palais de justice de Saintes (Charente-Maritime), où le chirurgien de Jonzac devrait être jugé début 2020 pour viols et agressions sexuelles sur mineur. (image d’illustration) (DOMINIQUE PARIES / MAXPPP)
Le chirurgien, de nouveau soupçonné de pédophilie sur de jeunes patients, avait été signalé à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) du Finistère, après une première condamnation pour détention d’images pédopornographiques en 2005. C’est le Conseil de l’ordre des médecins du Finistère, où a travaillé le docteur, qui a « fait connaître cette situation à la Ddass qui n’a apparemment pas réagi », assure vendredi 23 août sur franceinfo Pascal Revolat, président du Conseil de l’Ordre des médecins de Charente-Maritime où le chirurgien exerçait avant sa mise en examen pour viols et agressions sexuelles en mai 2017.

Ce médecin, qui a exercé en Bretagne et en Touraine avant de s’installer à Jonzac (Charente-Maritime) en 2008, est soupçonné de plusieurs viols et d’agressions sexuelles sur mineurs par au moins quatre victimes présumées. Mais la liste pourrait s’allonger.

franceinfo : Étiez-vous au courant de cette condamnation pour détention d’images pédopornographiques ?

Pascal Revolat : Le casier judiciaire, oui, puisqu’il était écrit, sauf qu’il n’était pas sous l’autorité de l’Ordre des médecins parce qu’il était médecin hospitalier. Jusqu’à la loi de Roselyne Bachelot en 2009, les médecins hospitaliers étaient sous l’autorité de la Ddass de l’époque, puis des Agences régionales de santé (ARS).

Aucune décision n’a été prise à son sujet ?

En 2006, le Conseil de l’Ordre des médecins du Finistère, qui avait péniblement réussi à obtenir le jugement, a signalé le cas à la Ddass qui n’a apparemment pas réagi.

Comment expliquez-vous ce manque de réactivité ?

À la Ddass, je ne sais pas. Je peux parler de ce qui s’est passé au Conseil de l’Ordre de Charente-Maritime. Pour toute inscription ou transfert [d'un médecin dans notre département], nous consultons le casier judiciaire. Cette condamnation [pour détention d'images pédopornographiques en 2005] était connue, sauf que la justice avait pris une décision qui n’ordonnait aucune suspension.

Il y a eu un entretien entre le président du Conseil de l’Ordre de Charente-Maritime et ce médecin. Ensuite, en séance plénière, le Conseil a décidé qu’il n’était pas justifié d’aller au-delà, sachant que la justice ne l’avait pas suspendu. À l’époque, ce n’était pas du tout les faits actuels [des soupçons de viols et d'agressions sexuelles] qui étaient en cause, il s’agissait de détention d’une image pédopornographique.

Il n’y a donc pas eu de vigilance particulière, alors que ce médecin était amené à travailler avec des enfants ?

Le problème, c’est que la vigilance ne peut absolument pas relever de l’Ordre des médecins. Elle peut relever de la justice, peut-être de la Ddass, mais pas de l’Ordre des médecins. L’Ordre peut simplement autoriser ou non l’exercice.

Y a-t-il eu des signalements lorsqu’il exerçait au centre hospitalier de Jonzac ?

Depuis son installation, quel que soit le Conseil de l’Ordre départemental [dont il dépendait, en fonction de son lieu d'exercice], il n’y a jamais eu la moindre plainte, la moindre doléance de qui que ce soit.

La seule chose qui nous a fait réfléchir [en Charente-Maritime], c’est ce qui s’est passé en mai 2017 lorsque la gendarmerie s’est présentée au Conseil de l’ordre sur réquisition du juge d’instruction pour saisir le dossier ordinal. Nous avons appris qu’il s’était passé des choses beaucoup plus graves que ce qui s’était passé en 2004. Aussitôt, le médecin a demandé à être radié pour convenance personnelle et le Conseil départemental de l’Ordre n’avait plus autorité sur ce médecin.



https://www.liberation.fr/france/2019/08/23/pedophilie-a-jonzac-un-chirurgien-pervers-et-tout-puissant_1746944

Le chirurgien Joël L. a exercé à l’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) de 2008 à 2017, année de son incarcération. Photo Thibaud Moritz
 

Accusé de viols et d’agressions sexuelles sur quatre mineures, Joël. L doit comparaître aux assises en 2020. «Libération» révèle de nouveaux éléments sur la personnalité du sexagénaire qui aurait pu faire plusieurs dizaines d’autres victimes.

 

  • Pédophilie : à Jonzac, un chirurgien «pervers» et «tout-puissant»

En passant au crible la vie de Joël L., un chirurgien retraité de Charente-Maritime accusé de faits de viols et d’agressions sur quatre mineures, les enquêteurs ne s’attendaient sûrement pas à devoir remonter jusqu’à des dizaines d’autres victimes potentielles. Une sordide découverte leur a permis de tirer le fil d’Ariane : des carnets intimes manuscrits ont été saisis à son domicile. Ils relatent en détail, depuis la fin des années 80, des abus sexuels commis sur des mineurs dans plusieurs départements du centre et de l’ouest de la France. Le praticien, qui a exercé à Jonzac, mais aussi en Touraine et en Bretagne, y désigne plus de 200 noms d’enfants.

Révélés en début de semaine par la Charente libre, ces nouveaux éléments donnent une tout autre ampleur à l’affaire. Le quotidien indique par ailleurs que le médecin pourrait avoir «agressé sexuellement des mineurs, parfois en phase de réveil lors de séjours à l’hôpital». Les investigations se poursuivent pour établir si les faits décrits ont réellement existé, auquel cas il pourrait s’agir de l’un des plus importants scandales pédophiles jamais révélés en France. Toujours présumé innocent, le sexagénaire est incarcéré depuis 2017 dans l’attente d’être jugé d’ici début 2020 devant la cour d’assises de Saintes. De nouveaux éléments révélés par Libération permettent cependant de cerner un peu mieux la personnalité du suspect.

Une expertise psychologique datée du 1er juillet 2017 et versée au dossier semble ainsi décrire un profil pour le moins trouble et inquiétant. Dans un résumé, le psychologue décrit un homme doté d’une intelligence «au-dessus de la moyenne», dont «les émotions ne colorent pas ses propos» et qui «n’a pas de signe évocateur d’une quelconque maladie mentale». En revanche, selon l’expertise, le chirurgien «ne reconnaît pas l’autre comme un sujet mais comme un objet sur lequel il cherche à avoir une emprise. Il semble s’envisager comme un objet d’études, il prend un plaisir évident à détailler le parcours qu’il devait suivre pour visionner des images pédopornographiques. La transgression est elle-même érotisée, et il jubile à l’idée d’échapper à la psychologie et à la psychiatrie […] L’enfant-objet lui permet d’exercer sa mégalomanie, sa toute-puissance». Présenté comme «pervers» et «narcissique», l’homme semble aussi, selon l’expert, être «habité par un sentiment d’impunité et de toute-puissance […] Il n’évoque aucun remord, aucune culpabilité». Il ne réfute d’ailleurs pas son attirance sexuelle pour les enfants : «Au contraire, il la présente comme une sexualité préférentielle […] Selon ses propres termes, il se dit et se sait lui-même pédophile.»

«Poupées, perruques et godemichés»


Avant la découverte de ce qui s’apparente à un journal intime tenu sur plusieurs décennies, c’est le précieux témoignage d’une enfant de 6 ans qui a permis de briser le silence. L’histoire remonte au mois d’avril 2017. Après avoir recueilli ses confidences, sa mère se rend à la brigade de gendarmerie de Jonzac pour porter plainte. Sa fille lui a révélé un peu plus tôt qu’un voisin, avec qui la famille n’entretient aucun lien, a exhibé son sexe devant elle et s’est masturbé à travers la clôture grillagée qui sépare leurs deux jardins. La scène s’est déroulée sous les yeux de son petit frère de 2 ans. Avec ses mots d’enfant, la fillette confirme aux enquêteurs avoir vu «le zizi du voisin» et reproduit ses gestes. Les gendarmes placent rapidement Joël L. en garde à vue. Né en 1950, le chirurgien viscéral est alors en poste à l’hôpital de Jonzac depuis 2008. Lorsqu’il officiait en Bretagne, le tribunal correctionnel de Vannes l’avait déjà condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images à caractère pédopornographique.

Lors de la perquisition de son domicile en mai 2017, les enquêteurs accumulent les trouvailles effrayantes. Sous le plancher, ils exhument «de nombreux supports numériques renfermant des contenus pédopornographiques, des poupées, des perruques et des godemichés», rapporte l’ordonnance de mise en accusation dont Libération a pu consulter des extraits. Selon l’avocate de la famille, Me Francesca Satta, «des petits baigneurs portaient même des chaînes et étaient mis en scène dans des positions sado-masochistes». C’est lors de ces fouilles que sont retrouvés les carnets intimes du docteur. Remplis de textes et de dessins, ces journaux ultra détaillés – où figurent aussi des numéros de téléphone – évoquent sans ambiguïté des récits pédophiles : «Avec mes petites danseuses, mes lettres pédophiles, petite fille précoce, petites filles de l’île de Ré.»

Tandis que l’enquête se poursuit, différentes auditions avec l’enfant et un examen gynécologique permettent de conclure que la petite fille de 6 ans a été violée. A nouveau entendue, elle révèle que son voisin lui a aussi introduit un doigt dans le sexe. Interrogé, le chirurgien nie farouchement les accusations de pénétration digitale mais admet lui avoir montré son pénis et ses fesses et lui avoir demandé de baisser sa culotte. «Depuis ce jour, la petite et les parents sont suivis psychologiquement, précise Me Satta. C’est très difficile pour eux, ils attendent le procès avec impatience. Personne dans la famille ne connaissait ce chirurgien. C’était seulement bonjour, bonsoir. La mère et le père de la petite m’ont d’ailleurs indiqué que ce dernier semblait ne pas avoir de vie sociale. Il rentrait chez lui le soir et paraissait très isolé. Quand il sortait dans son jardin, il avait aussi tendance à se dénuder, m’ont rapporté mes clients. Grâce à son témoignage, cette petite fille a ouvert le volet d’un dossier qui serait peut-être resté dans le silence total si elle n’avait pas parlé.»

Cran supplémentaire dans l’horreur, lors d’un nouvel interrogatoire, Joël L. avoue de lui-même être déjà passé à l’acte sur d’autres enfants lorsqu’il exerçait à Loches, en Touraine. Toujours «sans aucune pénétration», martèle-t-il. En 2017, six autres victimes sont ainsi identifiées et localisées par les enquêteurs. Pour trois d’entre elles, les faits dénoncés sont prescrits. Les témoignages des trois autres victimes – ainsi que celui de l’enfant de 6 ans – seront au cœur du procès qui se tiendra en 2020 aux assises de Saintes.

Plusieurs chefs d’accusation ont été retenus : «Viol sur mineur par personne ayant autorité», «viol sur mineur de moins de 15 ans», «agression sexuelle par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions», «agression sexuelle incestueuse sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité», «exhibition sexuelle» et «consultation et diffusion d’images d’un mineur à caractère pornographique». Domiciliées en Touraine à l’époque des faits, deux victimes – nées en 1985 et 1990 – se trouvent être les propres nièces du chirurgien. La quatrième enfant, née en 1989, a subi une agression sexuelle lors de son hospitalisation à Loches. «Les histoires de ces trois autres enfants ont été consignées dans les carnets, assure Me Satta. Cela tend à montrer que ces récits ne sont pas uniquement de l’ordre du fantasme.» D’autant que, selon l’avocate, de nouvelles plaintes seraient venues nourrir le dossier depuis le début de la semaine.

«Journaux nauséabonds»


De son côté, l’avocat du chirurgien, Thibaut Kurzawa, contacté par Libération, appelle à la plus grande prudence : «Des centaines, voire des milliers de pages, ont effectivement été retrouvées. Mon client ne conteste pas les avoir rédigées, mais selon lui, ces descriptions seraient uniquement de l’ordre du fantasme. Certaines remontent à très loin et sont écrites au futur, au conditionnel, au passé ou au présent. Aucun élément objectif ne vient affirmer que ce qu’il a écrit s’est réellement produit. Ces journaux sont nauséabonds mais pour autant est-ce qu’ils relèvent de faits réels ? Personne ne peut le savoir à ce jour», pointe l’avocat, qui met en avant la présomption d’innocence du chirurgien et souligne que «200 noms ne font pas 200 faits». D’après lui, son client vivrait même depuis son arrestation «un extrême soulagement» : «Il s’était enfermé dans une spirale depuis une dizaine d’années. Car s’il nie avoir commis les agressions détaillées dans les carnets ainsi que des viols dont il est accusé, il ne conteste pas avoir commis les atteintes sexuelles – sans pénétration – pour lesquelles il a été renvoyé devant la cour d’assises de Saintes. Il regrette aujourd’hui profondément son comportement», précise-t-il.

Dans l’attente du procès, le parquet de La Rochelle atteste que «les investigations se poursuivent pour identifier et entendre d’autres éventuelles victimes, dans l’entourage proche ou professionnel de l’accusé». A ce stade, les magistrats n’ont souhaité donner aucun autre détail sur le nombre ou la nature des faits. «L’enquête est en cours, elle a été confiée à la section de recherches de Poitiers.» En attendant, plus de 80 personnes s’organisent sur les réseaux sociaux pour se défendre. Les membres d’un groupe privé Facebook, qui se désignent eux-mêmes comme les «victimes» du docteur, recueillent les témoignages et appellent «à se battre ensemble pour que cela cesse et ne plus avoir peur».

Eva Fonteneau Correspondante à Bordeaux

2 commentaires:

  1. Est-ce que l'on sait où il a fait ses études de médecine ses années en tant qu'interne avant d'exercer en chirurgie ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas encore trouvé cette information qui m'intéresse moi aussi.

      Supprimer