L’enquête sur le crash du vol AI171 d’Air India à Ahmedabad se concentre sur les moteurs de l’appareil, dont l’un est récemment installé, ce qui soulève des questions quant à son rôle.

Le président de la compagnie aérienne a fourni des informations sur une chaîne indienne sur l’historique des moteurs de l’appareil. Selon N. Chandrasekaran, président de Tata Sons, le moteur droit avait été installé quelques mois seulement avant l’accident, en mars 2025. Le moteur gauche, dont la dernière révision remontait à 2023, était toujours dans sa fenêtre de maintenance certifiée, la prochaine révision étant prévue pour décembre 2025. S’adressant à Times Now, Chandrasekaran a souligné l’historique impeccable des deux moteurs et a mis en garde contre toute supposition prématurée. « Il y a beaucoup de spéculations et de théories. Mais ce que je sais jusqu’à présent, c’est que cet avion en particulier, cette queue spécifique, l’AI171, a un historique clair », a déclaré M. Chandrasekaran, mettant en garde contre toute conclusion hâtive. Il a souligné que l’avion, et plus particulièrement l’AI171, n’avait présenté aucun problème mécanique antérieur. « Tous les experts m’ont assuré que la boîte noire et les enregistreurs donneront des informations fiables. Il ne nous reste donc plus qu’à attendre », a-t-il ajouté.

Les enquêteurs analysent actuellement les données des boîtes noires, de l’enregistreur de conversations du poste de pilotage (CVR) et de l’enregistreur de données de vol (FDR) afin de déterminer la cause précise de l’accident, survenu une minute après le décollage. Les suspicions se concentrent sur les moteurs.

Kishore Chinta, ancien enquêteur du Bureau indien d’enquête sur les accidents d’aviation, a déclaré à la BBC que l’état d’un moteur d’avion n’est pas nécessairement lié à son âge, notamment dans le cas des moteurs Genx-1B équipant le Boeing 787-8. Autrement dit, le fait qu’un moteur soit neuf ne signifie pas nécessairement qu’il est en bon état, et inversement. Ces moteurs, fabriqués par GE Aerospace, sont surveillés en temps réel par un système appelé FADEC (Full Authority Digital Engine Control), qui permet de déterminer les calendriers d’entretien en fonction des données plutôt que d’intervalles fixes.

Selon le Wall Street Journal, citant des sources proches de l’enquête, le système appelé Ram Air Turbine (RAT), qui génère de l’électricité et de la pression hydraulique pour permettre aux pilotes de contrôler l’avion en cas de panne des deux moteurs, un événement rarissime, se serait déclencher peu avant l’impact.

Suite à l’accident, Air India (AI) a temporairement réduit ses opérations internationales de gros-porteurs de 15 % jusqu’à la mi-juillet alors que la Direction générale de l’aviation civile (DGCA), l’organisme indien de réglementation de l’aviation, a ordonné des inspections de sécurité complètes de la flotte de Boeing 787 d’Air India suite à l’accident. Chandrasekaran a reconnu la récente augmentation des annulations et des retards de vols. « Après le 12 juin, la DGCA a rendu obligatoires des vérifications pour tous les 787. Nous avons effectué des vérifications sur 24 des 33 appareils », a-t-il déclaré. Le conflit iranien a également perturbé les trajectoires aériennes. « Des vols ont dû être déroutés, entraînant des annulations. De plus, les contrôles techniques de routine y contribuent également », a-t-il expliqué, ajoutant qu’Air India doit améliorer sa communication avec les passagers. « Une équipe de communication stratégique est désormais en place. »

Le crash a tué tous les 242 occupants du Boeing 787-8 à l’exception d’un seul, véritable miraculé, et 38 décès au sol ont été confirmés jusqu’à présent. Lors de ses premiers commentaires en public depuis la catastrophe, Chandrasekaran a également évoqué sa compassion pour les familles de victimes. « C’est une situation extrêmement difficile et je n’ai pas de mots pour réconforter les familles des victimes. Je regrette profondément que cet accident se soit produit dans une compagnie aérienne gérée par Tata.» Dans l’interview, Chandrasekaran a déclaré que Tata « serait en deuil avec les familles » et a promis son soutien total. « Nous ferons tout notre possible pour les soutenir à ce moment précis et au-delà », a-t-il ajouté.

Cet accident survient à un moment crucial pour Air India, qui connaît une transformation majeure sous la direction de Tata Sons. Acquise auprès du gouvernement indien en 2022, la compagnie aérienne navigue sur un chemin complexe, passant de son passé d’entité publique à celui de transporteur privé compétitif.

Les observateurs du secteur estiment que l’incident pourrait affecter la réputation et la confiance opérationnelle de la compagnie à court terme, notamment dans le cadre de programmes ambitieux de restructuration, de modernisation et de renouvellement de sa flotte.

Crash Air India : l’un des deux moteurs du vol AI171 était neuf 1 Air Journal
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