LE SCAN POLITIQUE – Selon des informations de RTL, confirmées par Le Figaro,
de faux e-mails ont été envoyés à plusieurs établissement prestigieux
un peu partout dans le monde afin de réclamer des privilèges pour
Brigitte Macron et ses proches. Une enquête pour escroquerie a été
ouverte par le parquet de Paris.
L’affaire est prise au sérieux jusqu’au sommet de l’État. Selon des informations de RTL, confirmées vendredi par Le Figaro,
le cabinet de la première dame Brigitte Macron a porté plainte pour
«usurpation d’identité». Une enquête a été ouverte par le parquet de
Paris pour escroquerie et confiée à la Brigade de répression de la
délinquance astucieuse (BRDA), selon une source judiciaire à l’AFP.
De faux e-mails ont été envoyés à plusieurs établissements
prestigieux comme des restaurants ou des hôtels partout dans le monde
afin de réclamer des privilèges pour Brigitte Macron et ses proches. Le
destinataire utiliserait l’adresse mail: cabinet@presidence.fr, soit une
adresse quasiment identique à celle utilisée par l’Élysée.
Tentative pour nuire à la première dame?
«À chaque fois, c’est le même genre de demandes. Des petits services,
des demandes d’invitation ou d’accueil privilégié pour des proches de
la première dame», précise RTL. C’est ainsi qu’un hôtel marocain s’est
vu prier d’aller chercher à l’aéroport le neveu de Brigitte Macron. Que
la Fédération australienne d’automobile a reçu une demande de deux
places pour le grand prix de Formule 1 d’Australie. Ou encore que des
restaurants 5 étoiles de Paris ont eu des réservations pour leurs
meilleures tables.
Des canulars qui ne font pas rire le cabinet de Brigitte Macron qui y
voit surtout une nouvelle tentative pour nuire à la réputation de la
première dame. L’épouse du chef de l’État est régulièrement sous le feu
des critiques de l’opposition. En novembre dernier, les Insoumis
s’étaient agacés du montant alloué à son cabinet s’élevant à 440.000 euros par an. «Un conjoint, une conjointe, n’a aucune légitimité démocratique», s’étaient-ils indignés à l’Assemblée nationale.
Le candidat de la France Insoumise dans la 4ème
circonscription du Calvados aux dernières élections législatives, en
juin 2017 (il avait recueilli 5,54 % des suffrages exprimés au 1er
tour), a donc été condamné pour apologie du terrorisme hier, en
comparution immédiate. S’estimant heureux de ressortir libre du
tribunal, il a annoncé accepter la sanction et n’en fera pas appel. Il
exprime des regrets, présente ses excuses aux victimes et explique être
atteint d’une sorte de schizophrénie depuis une intervention
chirurgicale qu’il a subie en 2017. « C’est pas du bluff »,
précise-t-il…
Un mea culpa tout à fait semblable à celui du corbeau de l’Hérault de
2009, qui lors de son unique allocution publique après sa sortie de
prison au mois d’octobre 2009 avait eu un mot d’excuses pour les
victimes de harcèlement moral, dont il disait avoir enfin compris
l’importance du combat.
Rappelons que son maître le malade mental au clavier – son « arme » –
qui me harcelait et me calomniait sur plusieurs sites et blogs,
notamment sur le site d’information Rue89 depuis qu’au mois de septembre
2008 je m’y étais révélée anonymement comme victime de harcèlement
moral dans le travail, m’assimilait de manière totalement délirante au
Président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy, auquel Thierry
Jérôme avait expédié plusieurs de ses lettres anonymes de menaces de
mort.
Les habitués de Rue89 jusqu’en 2017 remarqueront de même une grosse
similitude entre les propos de Stéphane Poussier qui se trouvent
rapportés dans la photographie illustrant l’article du Huffington Post
copié ci-dessous et quelques commentaires récurrents du maître par
lesquels il s’est particulièrement singularisé ces dernières années sur
le site d’information qu’il a définitivement quitté en début d’année
2017.
Tant pis pour ces schizophrènes lorsqu’ils se font prendre à suivre
le maître en ses délires, donc, ils n’ont alors plus qu’à plaider
l’irresponsabilité pénale…
Par ailleurs, l’un des deux anciens imams radicaux de Torcy, expulsable depuis trois mois, a été expulsé ce jour vers le Maroc.
L’autre avait été suspendu de son poste de professeur de
mathématiques dans l’Education nationale au mois d’avril de l’année
dernière pour des propos ou des comportements que ne peuvent renier bien
d’autres enseignants prêchant pour leur part dans diverses cellules du
NPA.
Pourquoi diable ceux-là ne sont-ils toujours pas inquiétés par la « justice » pour tous leurs méfaits ?
27/03/2018 15:19 CEST | Actualisé il y a 20 heures
Stéphane Poussier, ex-candidat Insoumis, condamné à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme »
Il avait publié deux tweets le jour de la mort du gendarme héroïque.
Le HuffPost avec AFP
DR
L’ex-candidat Insoumis qui s’était félicité de la mort d’Arnaud Beltrame condamné à un an de prison avec sursis
JUSTICE – L’ancien candidat de la France insoumise (LFI) aux
législatives du Calvados, Stéphane Poussier, a été reconnu coupable
d’apologie du terrorisme et condamné ce mardi 27 mars à un an de prison
avec sursis par le tribunal correctionnel de Lisieux, rapporte l’AFP,
confirmant l’information de plusieurs médias dont BFMTV et France 3. Il a fait l’objet d’une comparution immédiate.
Candidat malheureux de La France insoumise dans la 4e circonscription
du Calvados, Stéphane Poussier, 60 ans, avait écrit sur Twitter: « À
chaque fois qu’un gendarme se fait buter (…) je pense à mon ami Rémi
Fraisse », un jeune militant écologiste tué en 2014 par une grenade tirée par un gendarme.
« Là, c’est un colonel, quel pied! Accessoirement, encore un électeur
de Macron en moins », avait-il ajouté. Ses remarques ont provoqué de
vives réactions sur Twitter, et son compte a été désactivé.
Liberté d’expression
D’après son avocate Floriane Gabriel, citée par France Bleu
Calvados-Orne, « Monsieur Poussier se prévaut de la liberté d’expression
et d’opinion et il conteste la qualification d’apologie du
terrorisme. »
Invité à expliquer son geste, Stéphane Poussier, qui a une
condamnation à son casier judiciaire pour non paiement d’une pension
alimentaire en 2000, a déclaré à la barre: « J’étais en colère qu’il y
ait une telle unanimité. Je voulais me différencier de cette
unanimité ». Le prévenu a aussi évoqué des moments d’ »irrationalité »
depuis une opération chirurgicale qu’il a subie en 2017.
Cet ancien commercial dans la téléphonie, aujourd’hui au RSA, a
indiqué à la presse après sa condamnation qu’il ne ferait « pas appel »
de ce jugement qu’il dit « accepte(r) pleinement ». À la barre, comme
devant la presse, il s’est excusé à plusieurs reprises auprès des
proches et des collègues du gendarme pour ses propos « cruels ».
Le tribunal a considéré que ces tweets contenaient une « présentation
favorable voire très favorable » des « conséquences d’un acte
terroriste », a indiqué son président Lionel Da Costa Roma. « C’est une
expression publique qui tombe sous le coup de la loi » y compris au
regard de la convention européenne de droits de l’homme, a ajouté le
magistrat. Le tribunal a toutefois tenu compte du « caractère très
limité dans le temps, ponctuel » de ces propos.
Les tweets ont été condamnés par son ancien mouvement, La France insoumise, et par son leader Jean-Luc Mélenchon.
Selon LFI, Stéphane Poussier a été exclu du parti dès samedi. « Lundi
La France insoumise veut porter plainte pour apologie du terrorisme
contre Stéphane Poussier », a indiqué dimanche Jean-Luc Mélenchon sur
son compte Twitter.
Durant l’audience mardi le procureur de la République David Pamart
avait requis une peine plus importante que celle décidée par le
tribunal: six mois de prison dont quatre avec sursis. La peine maximale
encourue pour ce type de délit est de 7 ans de prison et de 100.000
euros d’amende.
Justice. L’ex-candidat France insoumise qui s’est réjoui de la mort
d’Arnaud Beltrame a été condamné ce mardi 27 mars à un an de prison avec
sursis.
Le verdict est tombé ce mardi 27 mars. Auteur de plusieurs tweets
dans lesquels il se réjouissait de la mort du lieutenant-colonel Arnaud
Beltrame, tué dans les attaques terroristes de l’Aude vendredi 23 mars
après s’être substitué à une otage, Stéphane Poussier a été condamné par
le tribunal de Lisieux à un an de prison avec sursis, ainsi qu’à 7 ans
de privation de ses droits civiques et civils, pour « apologie du terrorisme ».
« Par moments, je suis complètement irrationnel et déraisonnable »
L’ancien candidat France insoumise aux législatives a tenu à exprimer, au micro de RTL, ses « sincères regrets auprès de la famille d’Arnaud Beltrame » et à présenter ses « excuses aux forces de gendarmerie. J’ai pris conscience de la brutalité de mes propos. » Un mea culpa accompagné d’explications assez sidérantes. « Je suis diminué (depuis une intervention chirurgicale, ndlr). Par moments, je suis complètement irrationnel et déraisonnable », a-t-il ainsi confié. Pour rappel, Stéphane Poussier avait posté sur Twitter : « À chaque fois qu’un gendarme se fait buter, je pense à mon ami Rémi Fraisse (un militant écologiste tué en 2014 par une grenade tirée par un gendarme, ndlr). Là, c’est un colonel, quel pied ! Accessoirement, encore un électeur de Macron en moins. »
Calvados : condamné pour apologie du terrorisme, Stéphane Poussier confesse « une fragilité par rapport à l’uniforme »
L’ex-candidat La France insoumise, Stéphane Poussier, condamné mardi à
un an de prison avec sursis pour s’être réjoui de la mort du
lieutenant-colonel Beltrame. Au micro de France Bleu Normandie, il
assure avoir réagi de manière irrationnelle.
Stéphane Poussier a
été condamné, mardi 27 mars, à un an de prison avec sursis pour
apologie du terrorisme et à sept ans de privation de ses droits
civiques, rapporte France Bleu Normandie.
L’ancien candidat de La France insoumise
aux législatives dans le Calvados était jugé en comparution immédiate à
Lisieux, dans le Calvados. Après l’attaque terroriste du Super U de
Trèbes (Aude) vendredi, Stéphane Poussier s’était réjoui sur Twitter de
la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
« Pris entre deux sentiments opposés »
Pendant l’audience, il a présenté ses excuses à la famille, aux
proches et aux collègues d’Arnaud Beltrame. Il a expliqué être diminué
depuis une intervention chirurgicale, et réagir de manière irrationnelle
depuis. « C’est pas du bluff, a-t-il assuré à France Bleu Normandie. C’est la réalité, je suis diminué, et par moment je suis complètement irrationnel et déraisonnable. »
« J’ai toujours une fragilité par rapport à l’uniforme, s’est-il justifié. « Comme
je l’ai dit à monsieur le juge, j’aime les gardiens de la paix quand
ils protègent la veuve et l’orphelin, je les déteste quand ils tabassent
les grévistes et les manifestants. Je suis pris entre ces deux
sentiments opposés ».
« L’actualité a pesé dans la balance », a déclaré son avocate Floriane Gabriel, qui a plaidé la liberté d’expression. « Si
monsieur Poussier avait commis le même genre de propos en dehors des
attentats, je ne suis pas certaine qu’il aurait été condamné ».
Une trentaine de lettres de menaces ont été envoyées depuis fin 2008
à des personnalités politiques, avant qu’un homme de 51 ans, interpellé
dans l’Hérault, avoue en être l’auteur.
La garde a vue de Thierry Jérôme, 51 ans, a été prolongée hier soir.
Cet homme sans emploi, grand, malingre, en maladie depuis presque quinze
ans et sous traitement, est soupçonné d’être le corbeau qui a envoyé
plusieurs lettres de menaces à diverses personnalités politiques, dont
le président de la République, Nicolas Sarkozy. La dernière aurait été
envoyée en fin de semaine dernière au maire de Palavas-les-Flots
(Hérault), Christian Jeanjean. Des missives rédigées sur un ton vengeur
et souvent accompagnées de balles. Interrogé par les policiers de la
sous-direction antiterroriste (SDAT), l’homme a passé des aveux complets
et a admis avoir agi seul. Ses traces génétiques apparaissent dans au
moins quatre lettres. A trois reprises, les timbres l’ont trahi. Une
quatrième fois, son empreinte biologique était dans la lettre.
« Un grand malade »
Depuis le 9 février, une centaine de policiers étaient mobilisés pour
l’identifier. Thierry Jérôme a été arrêté dimanche dans la maison qu’il
occupe à Hérépian (Hérault), avec son épouse Ariane, employée de
commerce, qui a été remise en liberté hier soir. Un homme à la
personnalité troublée. « Un grand malade qui ressassait les échecs de sa
vie », commente un policier.
« Il revendiquait être anarchiste », confie son voisin, Rainhard
Schmitz. Il a vite compris que Thierry Jérôme, l’ancien mécanicien
automobile d’un garage Peugeot, devenu invalide, n’avait sans doute plus
toute sa raison. « Un jour, il est venu à la maison me demander si
j’entendais des voix la nuit car, disait-il, notre lotissement avait été
construit sur un ancien cimetière », se souvient M. Schmitz. Un autre
détail a étonné sa compagne, Bernadette Touchard : « Il passait son
temps à faire le ménage en grand ! Il récurait au nettoyeur à haute
pression la terrasse, les murs, sa voiture. Un vrai maniaque. » Le tout
sur fond de musique techno. Un incident a fini par agacer les voisins. «
En février 2008, je l’ai vu arriver à la maison tenant une lettre au
bout d’une pince et portant des gants chirurgicaux. Il venait de voler
un courrier dans une boîte aux lettres.
Je l’ai interrogé sur la provenance de cette lettre adressée à une
ancienne voisine et il est reparti », raconte Bernadette Touchard. Le
reste de sa journée, Thierry, l’homme « discret », « gentil » et «
serviable » devenu « désagréable », la passait sur Internet. Sur le site
MySpace, il se faisait appeler « Lilith666 », un pseudonyme qui fait
référence au diable.
« Il me disait:“je n’aime que les rats ”»
Au fil des ans, les voisins l’ont vu « se recroqueviller sur lui-même
» et « vivre reclus » derrière son ordinateur. « Quand je le croisais,
il me disait, ces derniers temps, j’aime pas les chiens, j’aime pas les
hommes, je n’aime que les rats », lâche Rainhard, un temps intrigué par
d’autres formules qui ont désormais du sens : « Il n’arrêtait pas de
dire qu’il était un tireur d’élite. »
Licencié au club de tir de la ville thermale voisine de
Lamalou-les-Bains, Thierry Jérôme a d’abord été un adepte de la carabine
à plomb. « Un sportif solitaire mais bon tireur, concentré et précis »,
détaille Martin Béjar, le président du club. En 2008, Thierry opte pour
le tir au pistolet 22 long rifle. « Il est rarement venu. Dans le
passé, il avait eu une altercation avec un autre membre du club »,
précise le responsable du centre, un temps visé par l’enquête.
Hier soir, la fille de Thierry, Angélique, 27 ans, mannequin
spécialisé dans la photo de charme posant aussi pour des catalogues de
mode , rentrée de Singapour récemment, était entendue comme témoin pour
aider à comprendre la personnalité de son père. Le parquet
antiterroriste a, lui, été dessaisi de l’enquête.
Thierry Jérôme, le corbeau de Nicolas Sarkozy, a été libéré !
Par Le 14 octobre 2009 à 19h07 mis à jour 09 mars 2013 à 20h09
Thierry Jérôme, le « corbeau » qui avait envoyé des lettres
de menaces à des élus, dont le président Nicolas Sarkozy, a été décrit
comme un homme souffrant de troubles mentaux, par un expert psychiatre.
Après son arrestation du 22 septembre, l’expert en question a
diagnostiqué chez cet homme une « psychose hallucinatoire ». Il a
d’ailleurs précisé qu’il était dangereux au sens « psychiatrique » mais
curable et réadaptable, sous réserve d’une prise en charge médicale.
C’est cette expertise qui a motivé la remise en liberté de Thierry
Jérôme, hier.
La chambre de l’instruction de Paris a considéré que l’emprisonnement
ne s’imposait plus, d’autant que l’homme avait reconnu les faits de
« menaces de mort et infraction à la législation sur les munitions ».
Liberté ? Oui. Mais sous contrôle judiciaire. En effet, Thierry
Jérôme a l’obligation de suivre un traitement mais aussi l’interdiction
de détenir une arme ou encore de se rendre à un stand de tir. Au micro
d’Europe1, le « corbeau » a tenté de s’expliquer : « Les médicaments
m’ont fait faire un doublement de personnalité, qui m’a fait disjoncter.
J’avais l’impression d’être deux en un. Cet autre moi faisait les
opérations pour moi, c’était organisé comme ça dans ma tête (…) Je ne
suis pas un tueur, pas un sniper », a-t-il affirmé. « Je ne suis absolument pas dangereux pour la société, loin de là« .
Torcy : un imam radical sur le point d’être expulsé vers le Maroc
08h56, le 28 mars 2018, modifié à 09h33, le 28 mars 2018
L’imam suppléant de la mosquée de Torcy, démantelée en 2012 et
rouverte en janvier 2018, a été interpellé mercredi matin en vue d’une
expulsion vers le Maroc, selon les informations d’Europe 1.
INFO EUROPE 1Mohammed Tlaghi, l’imam suppléant de la mosquée Rahma
de Torcy (Seine-et-Marne) a été interpellé par la police mercredi matin
vers 6h30 devant son domicile, selon les informations recueillies par
Europe 1.Expulsé vers le Maroc. Cet imam marocain est sous le
coup d’une procédure d’expulsion. Il devrait être renvoyé vers le Maroc
dans le courant de la journée. Selon les services de renseignement, il
est soupçonné de tenir des prêches « à teneur radicale », rapporte Le Parisien.
À partir de 2011, l’imam aurait « opposé les musulmans aux
non-musulmans et incité les fidèles à la défiance envers ces derniers,
encourageant un repli communautariste », selon la représentante de
l’État qui avait présenté le dossier lors de l’audience d’expulsion en
décembre dernier.Le quinquagénaire, père d’un adolescent de 14 ans, est
arrivé en France en 1992 alors qu’il était étudiant. Il vit en
concubinage avec une ressortissante algérienne bénéficiaire d’un titre
de séjour, tout comme lui depuis 2009. Il a cessé de travailler comme
agent d’entretien en 2012, détaillait le quotidien.
L’ex-imam suppléant de la mosquée de Torcy, en Seine-et-Marne a été
expulsé ce mercredi vers le Maroc. Il est accusé d’avoir «légitimé le
djihad» dans ses prêches.
Mohammed Tlaghi, l’ancien imam de la mosquée de Rahma de Torcy, en
Seine-et-Marne, a été interpellé par la police mercredi matin vers 6h30
devant son domicile. Un arrêté d’expulsion avait été prononcé le 28
décembre à son encontre. Il serait en train de rejoindre la ville de
Rabat au Maroc, son pays d’origine.
Cette décision intervient à la suite de prêches tenus en 2016 et 2017
par ce ressortissant marocain de 50 ans, au cours desquels lui et
l’imam Abdelali Bouhnik
avaient «explicitement légitimé le djihad armé en appelant les fidèles à
prier pour les djihadistes du monde entier afin de détruire les ennemis
de l’islam en France et dans le monde». En décembre dernier, ce père
d’un enfant français de 14 ans, titulaire d’un titre de séjour depuis
2009, avait été présenté à la commission d’expulsion des étrangers, au
tribunal de Grande Instance de Melun. «Son expulsion constitue une
nécessité impérieuse pour la sûreté de l’État ou la sûreté publique»,
avait alors indiqué la représentante de l’État à l’audience, comme le
rapporte Le Parisien.
Toujours selon le quotidien, dans une note blanche rédigé par les
services de renseignement, Mohammed Tlaghi était accusé d’avoir, à
partir de 2011, «opposé les musulmans aux non-musulmans et incité les
fidèles à la défiance envers ces derniers, encourageant un repli
communautariste». Aussi, après l’incendie de Charlie Hebdo en 2011,
il aurait suggéré que les «juifs étaient derrière tout ça». Ou encore
que la police avait provoqué les émeutes de Trappes de 2013, en
contrôlant une femme portant le niqab.
Des propos tenus au sein d’une mosquée fréquentée par des membres
d’une cellule djihadiste démantelée en 2012. Un lieu de culte décrit par
Mathias Fekl, l’ex ministre de l’Intérieur, en 2017, comme un endroit
«où étaient prônées une idéologie radicale ainsi que des incitations au
djihad». Elle avait fait l’objet d’un arrêté de fermeture administrative le 10 avril 2017.
Le 19 janvier, elle a été reprise par la Grande Mosquée de Paris et un
autre imam. Une nouvelle association a été aussi installée par le
recteur Dalil Boubakeur.
Un imam de la mosquée de Torcy, prof de maths, suspendu par l’Education nationale
11h36, le 13 avril 2017, modifié à 12h20, le 13 avril 2017
Lundi, le préfet de Seine-et-Marne signait un arrêté pour fermer une
mosquée à Torcy. Jeudi, son imam, prof de maths, a été suspendu par
l’Education nationale.
Un imam de la mosquée de Torcy, en Seine-et-Marne, fermée mardi par
le gouvernement pour des prêches « légitimant le djihad armé », a été
suspendu de son poste de professeur de mathématiques, a annoncé le
ministère de l’Education nationale jeudi, confirmant une information de
RTL.
« Prosélytisme dans les établissements scolaires ». Selon
l’arrêté de fermeture de la préfecture, ce professeur du lycée
Jean-Moulin de Torcy « était soupçonné de faire du prosélytisme dans les
établissements scolaires », d’où sa suspension par le rectorat de
Créteil « en attendant une commission disciplinaire », a précisé le
ministère.
La mosquée de Torcy,
fréquentée par des membres d’une cellule djihadiste démantelée en 2012
et bientôt jugés, « était devenue un lieu où étaient prônées une
idéologie radicale ainsi que des incitations au djihad », avait indiqué
le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, dans un communiqué.
Incitation à la haine. « Certains prêches, ouvertement
hostiles aux lois républicaines, incitaient à la haine envers les autres
communautés religieuses, au premier rang desquelles les musulmans
chiites et les juifs », avait-il ajouté. Les « messages » qui y étaient
diffusés étaient « susceptibles de constituer le terreau d’atteintes à
la sécurité et à l’ordre public », avait-il poursuivi.
Abdelali Bouhnik, professeur de maths, a été suspendu mercredi,
après la fermeture de la mosquée de Torcy, dans laquelle il officiait
comme imam.
Professeur de mathématiques la semaine, imam le soir et le week-end.
Pendant plusieurs années, Abdelali Bouhnik a alterné entre son métier et
sa fonction religieuse. Mais en deux jours, ce père de famille a dû
faire face coup sur coup à la fermeture de sa mosquée et à sa suspension
de l’Education Nationale. Confirmant une information de RTL,
l’Académie de Créteil a indiqué à L’Express avoir pris mercredi la
décision d’une suspension de l’enseignant « à titre conservatoire »,
après la fermeture préfectorale la veille de la mosquée Rahma, où il
officiait à Torcy.
Les griefs énoncés dans l’arrêt pris par le préfet de Seine-et-Marne
sont préoccupants: le lieu de culte « constitue un lieu de référence
influent de la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste ». A
l’origine de cette décision, les prêches d’Abdelali Bouhnik, que le
préfet juge « ouvertement hostiles » aux « lois républicaines, à la laïcité ainsi qu’aux Occidentaux ».
Son nom apparaît dans le dossier « Cannes-Torcy »
Il fustige aussi l’attitude de l’imam, qui aurait appelé « les fidèles à prier pour les djihadistes du monde entier ». Le nom d’Abdelali Bouhnik apparaît également dans le dossier de la cellule islamiste dite de « Cannes-Torcy »,
démantelée en octobre 2012. L’homme aurait apporté son soutien à
plusieurs fidèles fréquentant sa mosquée et impliqués dans un attentat à
la grenade contre une épicerie Casher de Sarcelles en 2012. Hasard du
calendrier, leur procès débute la semaine prochaine.
Le comportement d’Abdelali Bouhnik dans sa sphère professionnelle est
également mis en cause. Membre de l’Education nationale depuis plus de
25 ans, l’homme enseigne les mathématiques dans le lycée Jean Moulin, à
Torcy. C’est là qu’il aurait, selon le préfet de Seine-et-Marne, cherché
à avoir « une influence » sur ses élèves, « en tentant de s’imposer
comme leur interlocuteur exclusif et de s’immiscer dans leur vie
privée ».
« Ma matière n’a pas de religion »
« Bien qu’exerçant en qualité de professeur de mathématiques dans l’enseignement public, [il]
critiquait régulièrement l’école de la République accusée d’être à
l’origine de la ‘déchéance des musulmans’ et reprochait également à
l’Etat français de promulguer des ‘lois contre l’islam’ en interdisant
notamment le port du niqab », notent les juges d’instruction chargés de
l’enquête sur « Canne-Torcy », dans leur ordonnance que L’Express a pu
consulter. Une attitude que réfute l’intéressé. « J’étais toujours le
prof de maths et ma matière n’a pas de religion. Je ne soutiens aucun
terrorisme et je n’ai jamais mélangé religion et mathématiques », a-t-il
clamé ce jeudi sur RTL.
La seule trace administrative de ce comportement provocateur consiste
en un signalement effectué par des collègues professeurs, après les attentats du 13 novembre 2015.
« Après une minute de silence effectuée dans le lycée Jean Moulin, en
hommage aux attentats, des élèves de seconde ont souhaité ouvrir un
débat en classe pour discuter des attentats. Il a refusé, ce qui a
choqué d’autres enseignants », relate à L’Express le ministère de
l’Education nationale. « Cela ne suffisait pas pour prendre une mesure
de suspension, ajoute le ministère. Nous nous sommes décidés mercredi au
moment de l’arrêt pris par la préfecture ».
« Je ne l’ai jamais vu donner son opinion personnelle en classe »
Contactée par L’Express, une élève d’Abdelali Bouhnik, qui était dans
sa classe au moment des attentats du 13 novembre, se souvient.
« C’était un moment où lycéens avaient envie de s’exprimer, certains ont
demandé au professeur d’arrêter son cours pour organiser un débat. Il a
refusé, ça s’est arrêté là », relate-t-elle. La jeune femme, scolarisée
en première au lycée Jean Moulin, affirme que « d’autres enseignants du
lycée ont eux aussi refusé d’ouvrir une discussion pendant leur
cours ».
Ce jeudi, elle se dit « choquée » par la suspension de son professeur
de mathématiques. « M. Bouhnik c’est quelqu’un qui est très généreux,
il a un côté paternel, fait souvent des blagues et soutiendra toujours
ses élèves. Je n’ai jamais remarqué de comportement extrémiste de sa
part en classe. » Une autre élève, également en première à Jean Moulin,
abonde: « Je ne l’ai jamais vu lancer un quelconque débat ou donner son
opinion personnelle en classe. Même quand un débat éclate en cours, il
n’est jamais intervenu pour donner son opinion ou pour orienter les
discussions », assure-t-elle.
Des propos « toujours à la limite du politiquement correct »
La Fédération des parents d’élèves (FCPE) de la Seine-et-Marne a
pourtant un tout autre discours. « La suspension de ce professeur
couvait depuis longtemps », confie à L’Express un délégué départemental.
« Des élèves nous ont rapporté qu’il était arrivé à cet enseignant de
faire des remarques acerbes pendant les cours, portant notamment sur la
décadence du monde occidental. » « Il n’a pas fait la promotion du
djihad en cours, mais il a lancé des débats qui sont rapidement devenus
houleux entre les élèves, dont certains ont des familles proches d’un
islam traditionaliste », précise le délégué FCPE.
Il poursuit: « Rappelons que M. Bouhnik est professeur de
mathématiques et qu’il ne devrait pas avoir à aborder ces sujets en
cours et surtout pas soulever des questions, notamment sur la laïcité,
qui devraient être closes depuis longtemps ». Selon lui, si en dépit
des remarques des enseignants et des élèves, le professeur n’a jamais
été suspendu jusqu’ici, c’est que les propos d’Abdelali Bouhnik se
situaient « toujours à la limite du politiquement correct ». « Il
utilisait suffisamment de réserve pour rester dans les clous devant les
élèves. »
Il n’est franchement pas trop tôt pour commencer à poursuivre de ces terroristes de l’extrême-gauche !
Comment se fait-il que sa collègue de Brest Julie Le Goïc n’ait pas
eu le droit au même traitement à la suite de ses ricanements publics
sitôt le père Hamel assassiné le 26 juillet 2016 ?
Et le malade mental au clavier – son « arme » – qui en début d’année
2015 revendiquait sur le site Rue89 le droit de rire des victimes de
Charlie Hebdo ?
Ses immondes propos et articles apologistes du terrorisme islamiste – et des autres – sont innombrables depuis 2008 au moins !
Il se félicitait dans un tweet de la mort du lieutenant-colonel Beltrame : un ex-candidat France insoumise placé en garde à vue
Stéphane Poussier, ancien candidat aux législatives de la France
insoumise, a été placé en garde à vue pour « apologie du terrorisme », a
appris dimanche franceinfo.
Stéphane Poussier,
qui se félicitait dans un tweet de la mort du gendarme Arnaud Beltrame,
a été interpellé dimanche 25 mars à 11h30 à son domicile de
Dives-sur-Mer dans le Calvados, a appris franceinfo de source proche du
dossier. Il a été placé en garde à vue pour « apologie du terrorisme ».
L’ancien candidat aux législatives pour la France insoumise avait écrit sur Twitter : « À
chaque fois qu’un gendarme se fait buter, et c’est pas tous les jours,
je pense à mon ami Rémi Fraisse [jeune militant écologiste mort sur le
site du barrage de Sivens en octobre 2014], là c’est un colonel, quel
pied ! Accessoirement, un électeur de Macron en moins. »
Condamnation unanime
Ces propos de Stéphane Poussier ont suscité l’indignation et fait
l’objet d’une condamnation unanime, notamment dans les rangs de la
France insoumise. Le syndicat Unité SGP Police-FO a condamné fermement
samedi soir ces propos. Le syndicat dénonce « une salve de tweets ignobles se félicitant de sa mort ».
Le parti de la France insoumise s’est également désolidarisé de Stéphane Poussier. « Les
propos honteux et abjects de Stéphane Poussier n’ont rien à voir avec
la France insoumise. Nous les condamnons fermement. Nous avons
immédiatement retiré cette personne de la plate-forme de la France
insoumise », peut-on lire dans un tweet du parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon.
Dimanche en fin de matinée, les comptes Twitter et Facebook de
Stéphane Poussier sur lesquels les propos polémiques avaient été publiés
n’apparaissaient plus.
Il s’agit toujours de mettre à jour toutes les
complicités dans la fourniture des armes utilisées par Amedy Coulibaly
les 8 et 9 janvier 2015 à Montrouge et Porte de Vincennes… et par un de ses complices après le premier attentat de cette série, le 7
janvier 2015 au soir à proximité du site du CEA sis au 18, Route du
Panorama, 92260 Fontenay-aux-Roses.
Quatre personnes interpellées dans le Nord, soupçonnées d’avoir aidé Amedy Coulibaly en janvier 2015
Deux autres ont été arrêtés dans le Val-de-Marne.
Par Q.V avec AFP Publié le 20/03/2018 à 17:27 Mis à jour le 20/03/2018 à 18:28
Six personnes dont quatre dans le nord de la France ont
été placées en garde à vue,dans l’enquête sur la fourniture des armes
utilisées par le tueur de l’Hyper Cacher Amédy Coulibaly à Paris en
janvier 2015, a appris mardi l’AFP de sources concordantes.
Une ou plusieurs des interpellations a notamment eu lieu à Amiens.
Les deux autres personnes ont été interpellées dans le Val-de-Marne,
toujours dans le cadre d’une commission rogatoire du juge qui enquête
sur les attentats parisiens de janvier 2015, selon ces sources
judiciaire et proche du dossier.
Gardes à vue de 96 heures maximum
« Ces gardes à vue visent à préciser le rôle qu’ils auraient pu jouer dans la fourniture des armes à Amédy Coulibaly« ,
qui avait tué une policière municipale à Montrouge, le 8 janvier, au
lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo perpétré par les frères
Kouachi, puis abattu 4 personnes à l’épicerie juive Hyper cacher, porte
de Vincennes, le 9 janvier.
Les gardes à vue des six personnes peuvent durer jusqu’à 96 heures.
Parmi ces personnes interpellées, certaines ont été en lien avec des
suspects déjà mis en cause dans l’enquête, selon une source proche du
dossier. Pourrait-il s’agir de Claude Hermant, figure de l’extrême-droite lilloise et « indic » de la police et de la gendarmerie dont les armes avaient servi à Amédy Coulibaly ?
14 hommes poursuivis
Quatorze hommes sont poursuivis dans cette enquête,
soupçonnés à des degrés divers d’avoir apporté une aide logistique à
Amédy Coulibaly, mais tous nient avoir eu connaissance du projet
terroriste.
Début janvier, treize d’entre eux étaient en détention provisoire, selon une source proche du dossier.
La dernière mise en examen, pour « association de malfaiteurs terroriste » et « détention d’arme en relation avec une entreprise terroriste« , remonte au 24 octobre, selon une source judiciaire.
Fin janvier, quatre hommes avaient été placés en garde à vue dans le
cadre de cette enquête avant d’être relâchés, aucun d’entre eux n’avait
de lien avec Claude Hermant, selon l’avocat de ce dernier.
Trois ans après ces attaques, les premières d’une vague d’attentats
jihadistes sans précédent en France qui a fait 241 morts en trois ans,
les investigations n’ont pas établi où et comment les Kouachi se sont
procurés leur arsenal.
«Je savais que si je m’arrêtais il me finirait»: Romain, la victime oubliée du 7 janvier 2015
Lucile Berland — 7 janvier 2016 à 3h03 — mis à jour le 7 janvier 2016 à 9h44
Il faisait son jogging quand trois balles tirées par l’arme d’Amedy
Coulibaly l’ont atteint, le jour de l’attaque de Charlie Hebdo. Un an
après, il tente de se reconstruire mais ne connaît toujours pas avec
précision l’identité de son agresseur.
C’est le seul survivant des attentats de janvier 2015 dont
l’agresseur n’a pas été identifié avec certitude et est probablement
toujours en vie. Ni journaliste à Charlie Hebdo, ni policier, ni juif,
Romain, 33 ans, est aussi le seul à ne toujours pas savoir pourquoi on
lui a tiré dessus à trois reprises pendant son jogging, à
Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). C’était quelques heures après
l’attaque contre Charlie Hebdo, à quinze kilomètres de là. Deux jours
plus tard, l’arme utilisée par l’agresseur sera retrouvée dans le sac de
sport d’Amedy Coulibaly, abandonné dans l’Hyper Cacher de la porte de
Vincennes.
Des dizaines d’opérations et deux mètres de cicatrices plus tard,
Romain est toujours là, bien vivant. Il ne cache pas ses inquiétudes
mais a retrouvé son sens de l’humour. Sa passion pour la course a
successivement précipité ce rescapé vers la mort… puis vers la survie.
La force physique qu’il a dû déployer, blessé, pour échapper à son
agresseur lui a permis de se sauver et de nous raconter aujourd’hui son
histoire.
1.Le 7 janvier 2015«Je n’avais jamais couru aussi vite de ma vie»
Ce 7 janvier 2015, Romain est chez lui, à trente kilomètres
au sud de Paris: entre deux missions d’intérim, il ne travaille pas
depuis quelques semaines. Comme pour chaque Français, sa journée est
particulière. À l’heure du déjeuner, il découvre, en allumant la télé,
les premières images de l’immeuble où la rédaction de Charlie Hebdo a été décimée dans le XIe arrondissement de Paris.
Un gardien d’immeuble, des journalistes et leur garde du corps, un
policier de quartier y ont perdu la vie. Douze personnes abattues par
deux hommes lourdement armés en fuite vers le Nord. Une longue
après-midi d’angoisse. Parisiens et banlieusards retiennent leur
souffle: où sont-ils? Quelles sont leurs prochaines cibles?
Depuis la fin de son adolescence, Romain est une de ces
personnes pour qui le sport est devenu une nécessité. À la vingtaine, il
a fait trois ans de boxe anglaise mais s’est blessé à l’épaule de
manière irrémédiable. Il s’est alors reporté sur un sport de jambes: le
vélo. Mais, depuis un an, une nouvelle passion le dévore: la course de
fond. Son objectif à terme: courir le marathon. Pour l’instant, il
s’entraîne au 10 kilomètres. Le même parcours, trois à six fois par
semaine pendant trois quarts d’heure, avec un départ pour la Coulée
verte aux alentours de 18 heures:
«Ce soir-là, je me suis décidé beaucoup plus tard que
d’habitude, vers 19h20. Je suis allé me garer à Verrières-le-Buisson et
j’ai couru les cinq premiers kilomètres. Bizarrement, je n’ai pas croisé
grand monde…»
Quelques centaines de mètres après avoir entamé le trajet
du retour, Romain traverse la passerelle qui surplombe les rails du RER
B, station Fontenay-aux-Roses. À la sortie, une petite place ronde avec
quelques bancs. Assise sur l’un d’entre eux, à sa droite, une ombre se
tient immobile, emmitouflée dans une doudoune noire avec capuche en
fourrure. Il ne se souvient plus si elle était déjà présente à l’aller,
quelques minutes plus tôt. Romain tient sa foulée et la dépasse. La
scène qui suit ne dure que quelques secondes mais il en garde un
souvenir extrêmement précis:
«J’ai entendu un bruit énorme, assourdissant, et senti
une douleur à l’arrière du bras droit qui m’a projeté au sol, vers
l’avant. Je me souviens d’une forte odeur de poudre. J’étais à terre et
j’entendais des pas courir vers moi. Quand je me suis retourné, le mec
était là, à un mètre, son arme braquée sur moi. Il faisait nuit noire
mais il y avait un petit lampadaire pas loin. Je l’ai regardé dans les
yeux, ça a duré, je ne sais pas… peut-être une seconde? Comme j’ai vu
qu’il ne tirait pas, j’en ai profité pour me relever d’un bond, je ne
sais même pas comment. Il a dû être surpris que j’aille aussi vite… Je
n’ai jamais couru aussi vite de ma vie.»
Romain ne comprend toujours pas pourquoi il a été pris pour cible:
«Quand nos regards se sont croisés, je ne l’ai pas
reconnu, on ne se connaissait pas. C’était un type d’une trentaine
d’années, européen ou méditerranéen. Dans son regard, j’ai vu de la
détermination, j’ai senti qu’il allait tirer.»
Dos à son agresseur, Romain est une cible vivante:
«Je l’entendais courir après moi. Il m’a de nouveau
tiré dessus à deux reprises. J’ai senti une douleur au niveau des fesses
mais surtout dans la jambe droite et au genou. Je savais que si je
m’arrêtais il me finirait. J’ai commencé à zigzaguer pour éviter qu’il
ne me touche à nouveau, mais j’avais trop mal et ça me ralentissait.
Heureusement, mes muscles étaient chauds et je courais pratiquement tous
les jours à ce moment-là. Les médecins m’ont dit que ça m’avait
probablement sauvé…»
Romain interviewé sur BFM TV, le 3 janvier 2016.
Au bout de quelques secondes, Romain n’entend plus les pas
derrière lui. Il dévale une petite butte de terre surplombant un fossé
et manque de tomber. Il débouche finalement sur une route goudronnée
bordée de pavillons. «Je touche ma cuisse: elle est dure comme du
béton… Je me dis que je ne vais plus pouvoir courir longtemps et qu’il
faut que je m’abrite quelque part. J’arrive à un petit portail, je
l’enjambe, je monte trois ou quatre quelques marches et je frappe à la
porte, en appelant à l’aide.»
Marie-Pierre*,
la soixantaine bien avancée, dîne avec sa fille. Qui peut bien
tambouriner à la porte un mercredi soir alors qu’il fait nuit noire? Une
voix d’homme retentit au fond du couloir, pressante, répétitive: il ne
s’agit pas de cris mais d’un appel à l’aide un peu étouffé, implorant: «Ouvrez-moi, on m’a tiré dessus!»
Marie-Pierre se penche à la fenêtre, qui donne sur le perron pour voir à
qui elle a affaire. Sa fille se recroqueville dans un coin de la
cuisine. Voyant l’homme encore debout, la retraitée hésite. Un canular
d’ado? Une tactique de cambrioleur pour s’introduire chez elle? Un
règlement de compte qui a mal tourné? Dans le doute, elle empoigne son
téléphone et joint un voisin, un ancien militaire. Il a entendu les
coups de feu et se chargera d’appeler la police, lui.
«Je voyais qu’elle avait très peur et qu’elle attendait
l’arrivée des secours pour ouvrir… Le pire c’est que je ne perdais pas
beaucoup de sang, elle a dû trouver ça bizarre.» En réalité, il saigne énormément mais d’une hémorragie interne.
Pendant une dizaine de minutes, Romain reste allongé sur
les carreaux glacés du pavillon, une balle toujours logée dans le genou.
Les deux autres sont ressorties par l’avant du bras et du ventre.
L’adrénaline le maintient conscient et les endorphines produites pendant
sa course atténuent un peu la douleur. Un peu.
«Les minutes ont été longues, très longues», se souvient-il, le regard baissé. Avec beaucoup de recul et sans volonté d’attendrir, il détaille: «J’avais
mal mais j’étais surtout terrifié à l’idée que mon agresseur me
retrouve. Je comprends Marie-Pierre, c’est normal, une femme de cet
âge-là, avec tout ce qui s’était passé dans la journée, je me mets à sa
place… En même temps, si j’étais décédé devant sa porte, elle aurait pu
avoir des soucis pour non-assistance à personne en danger. Et elle s’en
serait sûrement voulu toute sa vie…»
Quand la police arrive une dizaine de minutes plus tard, la
retraitée sort et se confond en excuses lorsqu’elle comprend que le
visiteur nocturne ne mentait pas:
«Je lui ai dit que ce n’était pas grave. Le principal
était d’appeler la police… Elle s’en est énormément voulu mais
aujourd’hui tout est pardonné. C’est devenu une amie, elle prend de mes
nouvelles régulièrement. Elle est même venue me voir à l’hôpital et je
suis allé goûter chez elle à ma sortie.»
Transporté d’urgence dans un hôpital spécialisé, Romain y
est plongé dans un coma artificiel car la douleur le rend violent et des
opérations très lourdes l’attendent. Il n’en sortira que le lundi 12
janvier. Au cours de ces cinq jours,trois hommes auront assassiné
dix-sept personnes pour leurs dessins, leur uniforme ou leur religion.
Ces cinq jours ont marqué la mémoire de la France mais sont totalement
absents de la sienne.
2.L’après«J’ai fait une vingtaine de passages au bloc entre janvier et mai»
Il est venu nous chercher à la gare en voiture, premier
étonnement. Oui, Romain a recommencé à conduire il y a un mois. Avec une
partie de ses indemnités, il s’est offert une voiture sportive
d’occasion. «Je ne roule pas bien vite car ça me tire un peu partout, mais c’est mon petit plaisir.»
Et ils comptent, ces petits plaisirs, dans un quotidien encore
douloureux. Ce 25 décembre, lorsque l’on s’assoit pour boire un café à
la table d’un fast-food –seul endroit ouvert cet après-midi–, il évoque
d’emblée ses deux mètres de cicatrices dans le corps. Les questions sont
innombrables. Il répondra à toutes.
Il a du mal à marcher mais n’utilise pas de béquilles. «Et
ça servirait à quoi? De toute façon, il faudra bien que je remarche un
jour! Je porte juste des semelles orthopédiques pour éviter que ma
rotule ne se déboîte. Et c’est plus confortable parce que je n’ai plus
de muscle sous le pied droit. Sans elles, j’ai l’impression de marcher
sur du béton car c’est directement l’os qui tape.» Cette réduction extrême de muscle s’appelle l’amyotrophie.
Le nombre d’opérations subies? Il a arrêté de compter. «J’ai
fait une vingtaine de passages au bloc entre janvier et mai. Après, ça
s’est calmé. La dernière date du 16 octobre, au niveau du pied. Mes
opérations de la jambe ont été faites un peu dans l’urgence et cela a
créé une déformation de l’orteil [“en griffe”]. Le pied droit a beaucoup
souffert et ma cheville ne se plie pas bien non plus.»
J’ai la main d’E.T. l’extraterrestre!
L’ampleur des blessures provoquées par des tirs à l’arme
lourde à quelques mètres de distance ont obligé les médecins à rivaliser
de patience, d’inventivité et de précision. «Pendant des semaines,
j’étais opéré pratiquement tous les deux jours, rien qu’à la jambe. Ils
ont ouvert la gauche pour greffer une partie de l’artère fémorale sur la
droite. J’étais anesthésié tout le temps. La plaie est restée ouverte
pendant un mois et demi. Ils la refermaient progressivement après chaque
passage au bloc.»
L’inventaire à la Prévert –ou plutôt à la Dr House– ne fait que commencer. Après son «pied de Terminator», comme il l’appelle, il file la métaphore en riant: «J’ai aussi la main d’E.T. l’extraterrestre!» Sous son attelle, la main droite apparaît amaigrie, presque atrophiée. «C’est
le nerf ulnaire [qui va de l’aisselle au poignet] qui a été touché, ce
qui fait que mes doigts ne se plient et ne se tendent plus complètement…
Les médecins disent que ça peut s’améliorer, que le muscle va se
retendre…»
Et puis il y a ces douleurs «neuropathiques», des zones où il ne sent plus grand-chose la plupart du temps –ni le chaud ni le froid– mais où un mal le touche régulièrement:
«Les médecins m’ont placé un neurotube dans le bras
pour aider le nerf à bien repousser. Quand je tapote, ça me fait une
douleur entre le fourmillement et le coup d’électricité. Ils me disent
que c’est le nerf qui est repoussé. D’ici un an ou deux, cela ira mieux,
normalement. En attendant j’ai des médicaments pour atténuer un peu la
douleur, 3.600 mg par jour… La dose maximale.»
La balle qui lui a traversé le ventre a également provoqué
des dommages irrémédiables. Il a fallu lui enlever les deux tiers de ses
intestins. Après ces ablations, les médecins ont dévié une partie des
conduits intestinaux vers deux poches qu’il porte désormais au niveau
des côtes pour l’aider à digérer:
«Je n’ai pas tellement perdu l’appétit mais je n’arrive
pas à prendre de poids… Avant, je faisais 64 kg pour 1,75 mètre. Je
suis descendu à 49 kg, au point qu’on ne pouvait plus m’opérer des
intestins, ça devenait trop risqué. Au mois de mars, on m’a
envoyé quelques semaines dans une clinique spécialisée dans la
nutrition, où j’étais nourri par intraveineuse et j’ai pu me faire
opérer ensuite. Aujourd’hui, je suis remonté à 58/59 kg mais je stagne
car je vais beaucoup plus souvent à la selle qu’avant.»
Il y a enfin ces cicatrices impressionnantes au mollet, qui «adhèrent» et lui tirent la peau par moment, provoquant des douleurs aiguës…
Photo: Lucile Berland.
Romain est fier d’avoir refusé la plupart des médicaments qu’on lui a proposé jusqu’ici, en particulier les antidépresseurs:
«Je ne prends qu’un médicament pour l’anxiété, et pas à haute dose.
Pour le reste, je vois le psychologue une fois par semaine et la
psychiatre une fois toutes les deux ou trois semaines. J’en ai besoin,
ça fait du bien…»
Mais sa vie ne sera plus la même, il le sait. Lui qui a
commencé à travailler à 20 ans après un BEP en électrotechnique a
enchaîné des petits boulots: chauffeur-livreur, nettoyage automobile.
C’est désormais du passé.
Il est actuellement en arrêt maladie et la Sécurité sociale
lui verse 960 euros nets chaque mois, bien loin des 1.800 qu’il gagnait
en moyenne avec ses missions d’intérim. Il sait qu’il va bénéficier du
fonds d’aide aux victimes du terrorisme, à l’instar de toutes les autres
victimes d’attentats, mais ne sait pas vraiment à hauteur de combien,
ni quand l’argent sera versé. Et s’il ne compte pas se la couler douce,
il sait qu’il ne pourra plus travailler comme avant:
«Le boulot que je faisais à UPS était physique: je
portais des colis lourds et volumineux à longueur de temps, les genoux
et le dos prenaient tout. Aujourd’hui, ne serait-ce qu’à cause de ma
main droite, je ne pourrais plus faire ce travail! Il va falloir que je
me trouve un truc pas physique, derrière un bureau…»
3.Aujourd’hui«Je pense que les médias ont moins parlé de mon histoire car j’étais seul»
Après quinze jours de «vacances» où il s’est ressourcé avec
famille et amis, Romain a réintégré l’hôpital le 4 janvier. Il y passera
un mois en pension complète, cinq jours par semaine, et une batterie
d’examens déterminera si son séjour doit être prolongé ou non. S’il est
renvoyé chez lui, les séances de kiné resteront obligatoires pendant
plusieurs mois, tout comme les bilans réguliers à l’hôpital. Malgré
tout, il reste positif, car le plus dur est derrière lui:
«J’ai énormément de chance d’être en vie, je me le dis
souvent. Aujourd’hui, je pense autrement, je vis plus simplement, je ne
me prends plus la tête pour des conneries… Moi qui passe ma vie à
l’hosto, je vois des gens qui n’ont plus de jambes ou qui sont
tétraplégiques, et je me dis que je m’en sors pas mal finalement.»
Avant l’attaque, Romain vivait encore chez ses parents. Cette année, il a alterné les périodes chez eux, où il se faisait «bichonner», avec les séjours à l’hôpital. Mais dans quelques semaines il emménagera seul, dans un nouvel appartement. Il est inquiet:
«Ça va être dur parce que j’ai besoin d’aide tout le
temps au quotidien, je ne peux pas encore me débrouiller seul pour le
ménage, la cuisine, les courses… Les premiers mois, une femme de ménage
va venir régulièrement, mais jusqu’à quand? Je réalise que je suis
vraiment handicapé et que je vais devenir un assisté malgré moi…»
Plus que sa santé, c’est l’enquête qui le hante jour et
nuit. Elle est toujours en cours. Et une foule de questions restent sans
réponse: qui est son agresseur? Pourquoi l’a-t-il visé, lui?
Cherchera-t-il à le retrouver?
Depuis la nuit du 10 au 11 janvier, où la police judiciaire
a déterminé que l’arme retrouvée dans le sac de sport d’Amedy Coulibaly
à l’Hyper Cacher était celle utilisée contre Romain, aucune preuve ou
témoignage majeurs n’ont émergé. Pendant des semaines, les enquêteurs
ont d’abord privilégié la piste d’un «tir d’entraînement» de
Coulibaly à la veille de l’attaque de Montrouge, d’autant que le
terroriste habitait à quelques centaines de mètres de là. Mais Romain
dément:
«Je suis sûr de ne pas avoir vu un “Black”. Pour moi,
c’était un homme de type européen ou méditerranén, comme on dit dans le
jargon des enquêteurs…»
Il l’a dit aux policiers et aux pompiers devant la maison
de Marie-Pierre, le soir même. Il l’a répété le jour de son audition par
un officier du Quai des orfèvres à l’hôpital, deux jours après son
réveil du coma, le 14 janvier 2015. Un épisode dont il garde un souvenir
amer:
«C’était un homme qui conduisait l’entretien, il était
accompagné par deux femmes très aimables qui prenaient des notes. À
plusieurs reprises, il s’est montré très insistant sur l’identification
de mon agresseur et m’a redemandé plusieurs fois si j’étais sûr que ce
n’était pas une personne noire ou Amedy Coulibaly. À la fin, épuisé,
j’ai fini par douter. J’ai dit: “Je ne crois vraiment pas, mais
peut-être que je me trompe après tout… Peut-être qu’il était noir…”»
Amedy Coulibaly. FRENCH POLICE SOURCE.
Lorsque Romain découvre les conclusions du rapport dans un
article sur internet quelques jours plus tard, il est surpris de
constater que seul ce doute, émis en toute fin d’entretien, est mis en
avant. «L’officier a comparé cette phrase avec mes propos recueillis
par la police le soir de mon agression, et il a dit que mon témoignage
avait varié au cours du temps, bref qu’il n’était pas fiable… J’étais
fou de rage.»
Début mai, l’affaire ressurgit lorsque Romain croit reconnaître pour la première fois le visage de son agresseur
dans un reportage télévisé sur les attentats. Ce visage, c’est celui
d’Amar Ramdani, un trentenaire de type maghrébin, mis en examen et
derrière les barreaux depuis le mois de mars. Il aurait connu Coulibaly à
la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) et les deux hommes
se seraient vus au moins à dix reprises le mois précédant les attentats,
en particulier les 5 et 6 janvier. Aujourd’hui, Romain est seul avec
ses certitudes: «Ramdani a toujours nié en bloc et son téléphone a
été repéré chez lui au moment des faits, ce qui lui fait un alibi. Mais
j’ai de sérieux doutes… Le problème, c’est qu’il n’y a pas de preuves et
pas de témoins. C’est ma parole contre la sienne…»
C’est encore une spécificité qui le différencie des autres victimes des attentats de janvier:
«J’étais seul face à mon agresseur, ce qui m’a posé et me pose encore
pas mal de problèmes: d’abord parce que personne n’a pu m’aider sur le
moment et aussi parce que personne ne peut témoigner aujourd’hui pour
confirmer mes dires. Je pense que les médias ont beaucoup moins parlé de
mon histoire justement parce que j’étais seul, là où les journalistes
de Charlie étaient une dizaine et les otages de l’Hyper Cacher une
trentaine…»
Romain est effectivement le grand «oublié médiatique» des
attentats de janvier. Sa solitude pendant les faits n’explique pas
tout: c’est aussi et surtout que, pendant les trois jours qui ont secoué
la France, le lien entre son attaque et les attentats n’avait pas été
fait, la police ayant privilégié la thèse du réglement de comptes ou de
l’acte isolé, par prudence.
Aujourd’hui, ses parents et son frère, dont il est très
proche, sont à ses côtés pour l’aider dans sa reconstruction physique et
psychologique. Personne ne sait quand ni comment la lumière sera faite
sur son affaire, dont beaucoup d’aspects restent obscurs. Le quotidien
n’est pas évident et il est difficile de se projeter dans l’avenir, mais
Romain garde un sens de l’humour et de l’autodérision très précieux. «Quand
on passe du temps ensemble, mes potes finissent souvent par me dire:
“C’est pas possible, tu n’as pas vécu tout ça?” Il y en même certains
qui m’appellent 50 Cent parce qu’il s’est pris neuf balles et il est
toujours en vie…»
Romain marque une pause et se ressaisit, un soupçon de fierté dans l’oeil et un sourire en coin: «C’est
vrai que je n’en ai pas pris autant… Mais lui était au volant de sa
voiture. Moi, je n’avais que mes jambes pour sauver ma peau.»
Romain F., jeune Lillois employé consulaire au consulat général de
France à Jérusalem, a convoyé des armes entre Gaza et la Cisjordanie,
pour des motifs qui semblent uniquement financiers. Pris sur le fait, il
risque plusieurs années de prison.
Trafic d’armes vers Gaza: un Français se tire une balle dans le pied
Les objectifs de caméras à quelques centimètres de son visage, il
s’assoit dans le box, le col de sa parka kaki pénitentiaire zippé
au-dessus du crâne, lui donnant des airs de prisonnier sans tête. Il y a
un peu plus d’un an, en janvier 2017, Romain F. se lançait dans «une nouvelle aventure»,
comme il l’écrivait alors sur Facebook : un job de volontaire
international à l’étranger au consulat général de France à Jérusalem.
Aujourd’hui, le Lillois de 24 ans est inculpé pour trafic d’armes entre
la bande de Gaza et la Cisjordanie. Il risque plusieurs années de
prison. Selon le Shabak (le service de sécurité intérieure israélien),
employé comme chauffeur au consulat, il aurait ces trois derniers mois
convoyé pas moins de 70 armes de poing et deux fusils d’assaut entre
l’enclave côtière et les Territoires occupés, profitant de la relative
exemption de fouilles conférée par son véhicule diplomatique. Déjà
embarrassante en temps normal pour la diplomatie française, l’affaire
injecte un avant-goût acide au déplacement en Israël du ministre des
Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, prévu lundi prochain.
L’arrestation du jeune employé consulaire, sur laquelle les autorités israéliennes avaient imposé aux médias locaux un «gag order» (interdiction
de publier) jusqu’à lundi, remonte au 19 février, au terminal
frontalier d’Erez, entre Israël et la bande de Gaza, ce qui explique
qu’il soit jugé à Beersheva, et détenu dans la prison de Shikma
(Ashkelon), dans le sud du pays. Selon le Figaro, qui a révélé avec l’Obs
l’affaire dimanche soir, Romain F. aurait reconnu le transport des
armes, mais nie toute motivation politique ou collusion avec le Hamas,
qui contrôle la bande de Gaza et est considéré comme un groupe
terroriste par l’Union européenne. Selon le dossier d’accusation, le
Français aurait perçu la somme de 700 dollars (570 euros) à chacun des
cinq convois qu’il aurait effectués. Pour le Shabak, le contractuel a «agi pour l’argent, de son propre chef et à l’insu de ses supérieurs».
Copieux communiqués
De fait, lors de la très brève audience de lundi, dédiée à la lecture
de l’acte d’inculpation et la décision de son maintien en détention,
aucune menace sécuritaire n’a été évoquée, les faits reprochés restant
dans le domaine d’une «simple affaire criminelle», comme l’ont
souligné les avocats des cinq autres suspects, tous Palestiniens. Parmi
eux se trouve Mohamad S., 30 ans, lui aussi employé au consulat en tant
qu’agent de sécurité et lié d’amitié avec le Français. Les autres mis en
cause auraient écoulé les armes en Cisjordanie, ce qu’ils réfutent. En
tout, neuf personnes ont été arrêtées en connexion avec l’enquête.
Mais, malgré les copieux communiqués des autorités israéliennes, ravies de pointer «l’exploitation cynique de l’immunité et des privilèges accordés aux représentants étrangers» par
des groupes armés palestiniens, les détails de l’affaire restent
nébuleux. Ainsi, les avocats des Palestiniens pointent l’absence de
saisie d’armes, et un dossier bâti sur les déclarations du Français. Si
son statut d’agent technique ne lui conférait pas l’immunité
diplomatique, Romain F. aurait usé de la protection afférente aux
fameuses «plaques blanches» des voitures consulaires, échappant aux
fouilles méticuleuses auxquelles sont soumis tous les véhicules entrant
et sortant de Gaza. Le général israélien Yoav Mordechai, à la tête du
Cogat (en charge des questions civiles dans les Territoires), s’est déjà
saisi du scandale pour réclamer le renforcement des procédures et de la
délivrance des permis pour entrer dans l’enclave, affirmant que «les
organisations terroristes de Gaza ne reculent devant aucun moyen, qu’il
s’agisse d’aide médicale ou internationale, pour servir leurs intérêts».
Lingots d’or
Dans la petite salle d’audience du tribunal de Beersheva, les deux
officiels français présents affichent la mine des mauvais jours. Déjà
confronté en 2013 à deux scandales (une diplomate ayant frappé un soldat
israélien et un chauffeur arrêté à la frontière jordanienne avec
150 kilos de lingots d’or), le consulat de Jérusalem, qui hérite déjà
d’une mission diplomatique délicate en tant qu’ambassade officieuse
auprès de l’Autorité palestinienne, apparaît à nouveau sous un jour peu
flatteur. D’autant plus que selon le Shabak, Romain F. recevait les
armes d’un Palestinien employé par l’Institut français à Gaza…
Lundi soir, l’ambassade de France à Tel-Aviv a assuré prendre l’affaire «très au sérieux», tout en promettant que «notre compatriote bénéficie pleinement de la protection consulaire».
Cependant, le Quai d’Orsay ne semble disposer qu’au strict minimum pour
Romain F., seul suspect lundi à se présenter avec un avocat commis
d’office. Informé des faits par l’ambassadrice d’Israël à Paris il y a
quelques semaines, Le Drian n’aurait pas perdu une seconde pour lever
son immunité, au vu de la «gravité des faits». «Les autorités françaises semblent avoir décidé de le planter en rase campagne»,
commente lundi une source proche du dossier. Une enquête administrative
sur place a par ailleurs été diligentée par le Quai d’Orsay. Le
ministère des Affaires étrangères israélien jure que les «excellentes relations avec la France n’en seront pas affectées».
Lundi, Romain F., mutique et hagard, ne donnait pas l’air d’avoir pris
la mesure du maelström l’entourant désormais. L’audience fixant les
modalités de son procès a été fixée au 28 mars. Il demeurera en prison
d’ici là.
Les proches de Romain, Laventinois arrêté en Israël, sous le choc : “Il a été manipulé”
Les proches de Romain Franck, le Laventinois arrêté en Israël et
accusé d’avoir fait passer des armes en Palestine, sont sous le choc.
Ils dressent le portrait d’un jeune homme travailleur et altruiste.
Par Jeanne Blanquart Publié le 19/03/2018 à 14:18 Mis à jour le 19/03/2018 à 14:23
Comment Romain Franck, jeune homme de 23 ans originaire de Laventie, s’est-il retrouvé emprisonné en Israël, soupçonné d’avoir fait passer des armes en Palestine ? Ce lundi matin, alors que l’affaire éclate et que le jeune homme doit être présenté à un juge de Beer-Sheva, dans le sud du pays, c’est l’incompréhension pour ses proches.
« C’est un ami d’enfance, je le connais depuis que je suis tout petit. Je n’arrive pas à y croire« , témoigne l’un de ses amis, la voix tremblante. Lui a appris la nouvelle en regardant la télévision, dimanche soir. Depuis, il a essayé d’appeler son ami plusieurs fois, sans succès.
« Cette arrestation est improbable« , confirme Mike, un autre ami de Romain. « Je l’ai connu car il a travaillé dans mon cabaret, en tant que serveur. C’est quelqu’un de très travailleur, plein de bonne volonté. Quand il terminait son service ici, il enchaînait avec un autre travail, dans une boulangerie. »
« Un bon gamin »
Originaire de Laventie, le jeune homme de 23 ans enchaîne les boulots dans la restauration et en tant que serveur dans des pubs de Lille. « A côté de tout ça il arrivait à être pompier volontaire« , précise Mike. « C’est un bon gamin.
Il voulait devenir pompier pro. Il est parti en Israël dans l’idée de
voyager un peu, de découvrir le pays et surtout de mettre un peu
d’argent de côté pour revenir, s’acheter une maison et devenir pompier professionnel« , ajoute son autre ami.
Il y a un an, un ami de Romain Franck qui étudie les sciences politiques lui parle de ce poste de chauffeur pour le consulat français à Jérusalem. Il accepte. Aujourd’hui, il est accusé de s’être servi de ce statut pour faire sortir des dizaines d’armes de la Bande de Gaza vers la Cisjordanie. « Ça n’a aucun sens, il a été manipulé, c’est sûr« , suggère son ami. « Lui, sa famille, ce sont des gens honnêtes. Il n’a pas de casier judiciaire, c’est quelqu’un de bien. »
D’après nos confrères du Monde, la France ne va pas faire obstacle aux poursuite israëlienne mais, s’il était condamné, le jeune homme pourrait purger sa peine en France.
Un employé du consulat général de France à Jérusalem, Romain
Franck, qui cache son visage lors d’une audience lundi 19 mars devant
un tribunal israélien, est accusé d’avoir livré des armes de la bande de
Gaza à la Cisjordanie à bord d’un véhicule de service consulaire. –
Sebastian Scheiner/AP/SIPA
Un employé du Consulat général à Jérusalem a été arrêté pour trafic d’armes depuis Gaza vers la Cisjordanie.
L’affaire n’est pas, en principe, de nature à altérer la relation
diplomatique entre la France et Israël. En principe! Car l’incident fait
désordre à une semaine de la venue en Israël du ministre des Affaires
étrangères Jean-Yves le Drian et à quelques mois de celle du président Emmanuel Macron , vraisemblablement à l’automne.
Ce lundi 19 mars, les services des renseignements intérieurs israéliens ont annoncé l’arrestation d’au moins deux employés du Consulat général de France à Jérusalem
, qui tient lieu de représentation diplomatique auprès des autorités
palestiniennes. Ils sont accusés de trafic d’armes depuis Gaza vers la
Cisjordanie.
Le principal suspect, Romain Franck, 24 ans, employé comme chauffeur et qui a avoué les faits, a effectué « cinq transferts d’armes comprenant 70 pistolets et 2 fusils d’assaut par le passage d’Erez », situé à la lisière de la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas, considéré comme une organisation terroriste.
Profitant de l’exemption sécuritaire accordée au véhicule du personnel consulaire, il « a agi en contrepartie d’un gain financier, de sa propre initiative et à l’insu de ses supérieurs ». Romain Franck aurait en outre reçu les armes d’un Palestinien de Gaza, employé au centre culturel français de l’enclave.
Un précédent de 2013
Un haut responsable du Shin Bet , a estimé qu’il s’agissait de « la plus grave exploitation des immunités et privilèges accordés aux missions étrangères en Israël » et a déploré que ces armes « soient
susceptibles d’être utilisées pour commettre des attaques terroristes
contre civils et forces de sécurités israéliens ».
L’incident est d’autant plus gênant qu’il n’est pas sans précédent.
En 2013, déjà, le chef du garage du même consulat avait été arrêté au
poste frontière d’Allenby, séparant Israël et la Jordanie, avec dans le
coffre d’un véhicule muni de plaques diplomatiques un chargement de
152 kg d’or, des chèques pour une valeur de près de 2 millions de
dollars, des centaines de téléphones cellulaires, ainsi que 500 kg de
tabac. Mais à l’époque, les autorités israéliennes avaient préféré ne
pas ébruiter l’affaire et l’avaient discrètement exfiltré vers la
France.
L’ambassade de France à Tel-Aviv, qui n’a aucune autorité sur le
Consulat qui ne rend des comptes qu’au Quai d’Orsay, s’est empressée de
calmer le jeu. « Nous prenons cette affaire très au sérieux et sommes en lien étroit avec les autorités israéliennes », a indiqué un porte-parole.
Cette affaire intervient alors qu’Israël vient d’être frappé par deux
attaques terroristes. L’une a été perpétuée, vendredi 16 mars, à la
voiture bélier contre quatre jeunes soldats, dont deux ont trouvé la
mort. Tandis qu’à Jérusalem, un trentenaire, père de quatre enfants, a
été poignardé à mort, dimanche 18 mars.