Les témoignages se multiplient à l’encontre de ce metteur en scène
qui nie tout comportement coupable. Ce n’est pas l’avis de James Gunn,
le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, qui raconte qu’il mettait en garde depuis des années contre son collègue.
Le grand déballage ne fait que commencer. Quelques jours après les premières révélations sur le comportement d’Harvey Weinstein,
il était devenu évident que le nabab honni n’était pas un «prédateur»
isolé mais qu’il s’agissait presque d’un problème endémique dans la
Silicon Valley.
C’est aujourd’hui le réalisateur et scénariste James Toback qui fait l’objet de graves accusations que nous rapporte le Los Angeles Times. Très peu connu outre-Atlantique, le réalisateur a notamment réalisé un film dont De battre mon cœur s’est arrêté (de
Jacques Audiard) est le remake. En 2008, il réalisait un documentaire
sur Mike Tyson. Cette année, il a mis en scène le film The Private Life of a Modern Woman,
avec Sienna Miller et Alec Baldwin, qui a été présenté en hors
compétition à la Mostra de Venise. Aux États-Unis, il s’est surtout fait
un nom en tant que scénariste: il a écrit le notamment scénario du film
Bugsy qui a obtenu deux oscars en 1992.
Le même mode opératoire
Les témoignages de plus de trente femmes, actrices, journalistes ou
anonymes, recueillis de manière individuelle, font froid dans le dos.
Contrairement à Harvey Weinstein,
le cinéaste ne «s’attaquait» qu’à de jeunes femmes, actrices en herbe, à
qui il faisait miroiter d’importants rôles si elles acceptaient d’être
intimes avec lui. Il les rencontrait dans un parc, une chambre d’hôtel
ou au cinéma… se vantait de ses conquêtes et de ses films puis posait
des questions intimes et humiliantes. «Vous vous masturbez souvent?» ou
«Vous vous rasez les poils pubiens?»
Le réalisateur s’y prenait toujours de la même façon, avec un mode
opératoire des plus malsains. L’actrice Adrienne LaValley a expliqué
que, lors de son rendez-vous avec Toback dans une chambre d’hôtel en
2008, ce dernier s’était frotté vigoureusement contre sa jambe avant
d’éjaculer dans son pantalon alors qu’elle tentait de le détacher
d’elle. «J’avais l’impression d’être une prostituée. J’ai eu tellement
honte. Je méritais de ne rien dire à qui que ce soit», explique-t-elle
aujourd’hui.
Un témoignage glaçant et qui est similaire à celui des 37 autres
jeunes femmes: il frottait son entrejambe contre ces femmes jusqu’à
l’éjaculation, en prenant soin de bien les regarder dans les yeux et
suppliant certaines de lui «pincer les tétons».
Son nom circulait
Ce n’est pas la première fois que l’on entend le nom de James Toback
sur ce genre de cas. Dès le début de l’affaire Weinstein, il circulait
déjà accolé au hastag #metoo.
Sur l’un de ces tweets, le nom de James Cameron est également cité,
sans que l’on sache quoi que ce soit le concernant pour le moment.
Le réalisateur et scénariste James Gunn, à qui l’on doit les deux Gardiens de la Galaxie,
a publié un long message sur sa page facebook, expliquant qu’il était
au courant depuis longtemps et qu’il connaissait personnellement au
moins 15 femmes ayant été victimes de Toback. «Il a fait cela à trois
filles avec qui je suis sorti, deux de mes meilleures amies et un membre
de ma famille… deux fois», explique-t-il. «Et c’est seulement les gens
que je connais.»
Interrogé par le Los Angeles Times, le réalisateur a nié en bloc,
assurant qu’il n’avait jamais rencontré ces femmes ou alors de manière
très brève et sans aucune ambiguïté sexuelle. Il a ensuite donné une
justification plus alambiquée en affirmant qu’il était «biologiquement
impossible» pour lui de faire ce qu’on lui reproche, eu égard aux
problèmes cardiaques et de diabète dont il souffre depuis des décennies.
Le milieu hollywoodien est en pleine ébullition avec ces nouvelles
révélations qui ne seront certainement pas les dernières. Pour autant,
il ne faut pas jeter l’anathème sur toute une profession ou tout un
milieu. Le hashtag #BalancetonPorc
a montré que ces agissements étaient tristement courants. Et bien
au-delà, du monde du cinéma si on en croient les récentes accusations à
l’encore de Tariq Ramadan, Pierre Joxe ou encore de joueurs de foot suédois.
Il faut bien dire que les harceleurs ou agresseurs nous
ont souvent fait vomir, mais que tous ceux, hommes et femmes, qui
avaient autorité pour faire cesser leurs comportements délictueux, voire
criminels, en avaient bien connaissance, ou dont l’intervention avait
été sollicitée, nous ont aussi mises dans de sales états.
Il ne faut donc pas s’étonner de ce « dégueulis », qui quoi qu’on en
dise reste très soft par rapport à tout ce que nous avons pu voir,
entendre ou subir.
Il faudrait aussi comprendre que le fait pour les victimes de se
replonger dans des souvenirs d’actes et propos bestiaux, orduriers,
vulgaires à l’extrême et d’une grande violence, a naturellement tendance
à teinter leur expression à ce sujet des mêmes caractéristiques,
surtout lorsqu’enfin incitées à parler par un « Balance ton porc » assez
inattendu elles le font très brutalement en quelques mots libérateurs
dans un mouvement de colère irréfléchi après avoir dû se taire des
années durant.
Malgré tout, elles restent incapables d’en faire autant que ceux dont les propos ou comportements les ont traumatisées à vie.
Il n’y a donc pas d’exagération dans ces dénonciations publiques,
bien au contraire : il est toujours trop difficile, trop douloureux de
tout exprimer pour qu’elles soient complètes.
Par ailleurs, les faits dénoncés n’ont pas grand-chose à voir avec la mixité, ni avec les relations entre hommes et femmes.
Dans mon expérience personnelle, ils ne sont le fait que de déviants
dont l’éducation se singularise précisément par un gros défaut de
mixité.
Pour Christine Boutin, les accusations de harcèlement sexuel sont un « dégueulis »
La présidente d’honneur du PCD, qui met fin à sa carrière politique,
voit d’un mauvais œil les nombreuses dénonciations de comportements
inappropriés qui inondent les réseaux sociaux. Elle s’est confiée au
micro de RTL.
Le mouvement qui agite les réseaux sociaux depuis quelques jours n’obtient pas l’aval de Christine Boutin.
Alors que de nombreuses femmes dénoncent le harcèlement sexuel dont
elles affirment avoir été victimes par le biais du hashtag #balancetonporc, la présidente d’honneur du Parti chrétien-démocrate (PCD) a dénoncé samedi 21 octobre un « dégueulis » à l’antenne de RTL.
« Je suis accablée par l’exagération de tout ce qui tourne autour de la sexualité
dans le monde d’aujourd’hui », a déclaré cette pasionaria de la droite
conservatrice et catholique, quelques heures après avoir annoncé sa
démission de son mandat de conseillère départementale lors d’une
conférence de presse à Rambouillet (Yvelines), mettant fin à 40 ans de carrière politique.
Dénonçant un « véritable dégueulis », elle s’inquiète « qu’à terme, les relations sexuelles vont devenir de plus en plus compliquées
et les relations entre les hommes et les femmes vont devenir de plus en
plus difficiles ». Si elle admet « naturellement » que « les personnes
soient condamnées » « quand il y a des « atteintes à la dignité de la
personne humaine », elle estime à regret que les récentes prises de
parole « laissent à penser que tout tourne autour de la sexualité dévoyée« .
Au nom de la « grivoiserie »
Lors de sa conférence de presse du 21 octobre, durant laquelle elle a
annoncé la fin de sa carrière politique, Christine Boutin avait déjà
exposé sa pensée : « Les débats actuels me passent par-dessus la
tête ». »Je ne pense pas que cette espèce de torrent de révélations
soit nécessaire », avait-t-elle ajouté, évoquant déjà un « dégueulis d’accusations« .
Elle dénonçait un « climat du moment » « insupportable, qui risque
d’ »abîmer profondément les relations entre les hommes et les femmes ».
Pour Christine Boutin, il est regrettable que les femmes en viennent à avoir des « a priori » dès qu’elles reçoivent un compliment. « La grivoiserie fait partie de l’identité française et j’aime bien la grivoiserie », a-t-elle fait valoir.
Dans la foulée de l’affaire Weinstein, du nom du producteur américain visé par une série d’accusations d’agressions sexuelles, des accusations spécifiques ont émergé dans le monde politique: ont ainsi été visés, notamment, l’ex-ministre socialiste Pierre Joxe, l’ancien candidat à la présidentielle Jean Lassalle ou encore le député (LREM) de Moselle Christophe Arend. Les trois hommes ont rejeté ces accusations.
Tribunal. « Pour moi, c’est une honte d’être à la barre aujourd’hui »
Publié le 21 octobre 2017
Le 1er octobre 2016, à Brest, tout commence à cause d’excréments de
chats qu’un homme trouve dans son jardin. Une affaire de voisinage,
jugée hier, au tribunal. Et les versions de l’affaire divergent.
À Brest, le 1e r octobre 2016, dans un quartier résidentiel, un homme
constate que, depuis plusieurs semaines, des excréments de chats
souillent son jardin. Il décide donc d’aller voir ses voisins pour
trouver le responsable. Lorsqu’il se présente à la maison d’un voisin,
celui-ci reconnaît les faits et s’en excuse. C’est à ce moment que la
présidente souligne « qu’il y a deux versions complètement différentes
». Pour le prévenu : « Quelques heures, après on frappe à la porte,
c’était une voisine que je ne connaissais pas (et qui était la compagne
du voisin). Elle a forcé la porte avec son pied, elle nous a insultés.
Elle était bourrée, dans un sale état. Tout de suite, j’ai appelé le 17,
ils ont dit : « C’est rien » ». Ensuite la voisine est rentrée chez
elle mais elle revient le lendemain à trois reprises pour insulter et
menacer le prévenu et sa famille. À trois reprises, le prévenu signale
le fait aux forces de l’ordre mais il n’y a aucune intervention de leur
part.
« Vous êtes un homme, sortez pour régler le problème »
Le prévenu est formel : « La police m’a dit : « Vous êtes un homme,
sortez pour régler le problème » et j’ai dit » Vous êtes sérieux ? »
Ils ont répondu « Oui oui » ».
L’homme n’est pas sorti mais il a vu par la fenêtre sa voisine tomber
violemment sur le sol. Il a alors appelé de nouveau la police pour le
signaler mais c’est finalement le fils de cette dernière qui est arrivé.
Il a insulté sa mère, en lui reprochant son mauvais comportement, et il
l’a ramenée chez eux. Un passant, le surlendemain, lui demande si c’est
lui qui a frappé la voisine. Le prévenu s’empresse alors de faire une
main courante au commissariat mais les policiers ne la prennent pas en
compte. Pour la victime, la version est différente. Alors qu’elle s’est
présentée, sans aucune raison, chez son voisin, celui-ci l’aurait
accueillie avec une raquette à la main. Il l’aurait frappée avec. Elle a
eu 42 jours d’ITT mais l’origine des blessures n’est pas avérée. Cette
femme est connue par les forces de l’ordre et par ses voisins pour son
alcoolisme et ses fausses accusations. Pour la procureure, l’origine des
blessures ne pouvant être dûe à une chute, elle requiert quatre à cinq
mois de prison avec sursis. L’avocat de la défense est impératif : «
Pour moi, la victime, c’est mon client (…) Il est père de famille, il a
un travail, une vie normale. Il a de bons rapports avec ses voisins ».
La victime est absente à la barre. La décision de la présidente est sans
appel : c’est la relaxe.
Interrogé par L’Express, il dénonce un « mauvais canular » et parle de « plaisanterie ».
Va-t-il porter plainte pour « plaisanterie » ?
Je rappelle que ce n’est pas une infraction pénale et qu’il peut
suffire de qualifier un viol de « plaisanterie » ou de « bonne blague
faite à une sale pute » pour être immédiatement blanchi de tout soupçon
d’avoir commis le moindre crime ou délit.
Je suggère donc à toutes les femmes qui « balancent » depuis quelques
jours de prendre la balle au bond et de se défendre contre
d’éventuelles accusations de diffamation ou de dénonciation calomnieuse
en soutenant avoir « plaisanté ».
Pour voir…
Mais on sait d’avance comment ça se passe quand une femme accuse un
homme ou vice versa, et quels que soient les faits : dans la plupart des
cas, quand la plainte n’est pas d’emblée classée sans suite ou
illégalement rejetée parce qu’elle émane d’une femme, les enquêteurs ont
pour mission de recueillir la parole de l’homme, qui sera déterminante
pour la suite, car il dit toujours la vérité et ne doit pas être
contrarié.
Personnellement, j’ai vu des juges devenir hystériques quand je leur
soumettais des éléments de preuve montrant que leurs protégés mentaient
ou affabulaient, ils ne voulaient pas en entendre parler et n’ont jamais
tenu aucun compte d’aucun de ces éléments.
La fille d’Éric Besson accuse Pierre Joxe d’agressions sexuelles
L’ancien membre du Conseil constitutionnel dénonce un « mauvais
canular », après avoir été accusé par Ariane Fiorna d’agressions
sexuelles alors qu’elle était âgée de 13 et 19 ans.
publié le 20/10/2017 à 08:02
Les langues se délient partout dans le monde depuis que l’affaire Harvey Weinstein a
éclaté aux États-Unis. En France, Ariane Fornia, fille de l’ancien
ministre sarkozyste Éric Besson, accuse l’ex-ministre socialiste et
membre du Conseil constitutionnel Pierre Joxe de l’avoir agressé sexuellement au printemps 2010. Un « mauvais canular », s’est empressé de rétorquer l’intéressé.
Dans un post intitulé « #moiaussi, pour que la honte change de
camp », l’écrivaine Ariane Fornia fait état de plusieurs agressions
sexuelles dont elle dit avoir été la victime, à 13 ans puis à 19 ans. « La troisième agression, ou comment j’ai été agressée par un ancien ministre, n’est pas la ‘pire’, mais celle qui m’a intellectuellement le plus ébranlée », poursuit-elle.
Ariane Fornia affirme que cette agression a eu lieu l’un des soirs où elle avait coutume d’accompagner à l’opéra son père Éric Besson,
alors ministre de l’Immigration, arrivé plus tard. « Un vieux monsieur à
l’air éminemment respectable s’assoit donc à ma droite. Son épouse est à
sa droite à lui. J’insiste. Son épouse est là. La représentation
commence. Et au bout de dix minutes, le vieux monsieur a sa main sur ma cuisse. Je me dis qu’il doit être très âgé, perturbé. Je le repousse gentiment. Il recommence. Rebelote. Une troisième fois », affirme-t-elle.
Il commence à remonter ma jupe
Ariane Fornia
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Et de poursuivre : « Il commence à remonter ma jupe. Il glisse sa main à l’intérieur de ma cuisse, remonte vers mon entrejambe. J’enlève sa main plus fermement et je pousse un cri d’indignation étouffé,
bouche fermée. Tout le monde me regarde. Il arrête. Dix minutes plus
tard, il recommence. Je lui plante mes ongles dans la main. C’est un
combat silencieux, grotesque, en plein Opéra Bastille » poursuit-elle.
Après avoir désigné sur son blog « un ancien ministre de Mitterrand,
membre de plusieurs gouvernements, qui a occupé des fonctions
régaliennes, qui est une grande figure de gauche, décoré de l’Ordre
national du mérite et de plusieurs autres Ordres européens. Une statue
vivante », Ariane Fornia a affirmé à L’Expressque son agresseur était Pierre Joxe. « Je ne voulais pas qu’on commence à soupçonner tous les anciens ministres de François Mitterrand » justifie-t-elle.
Le récit a été confirmé à L’Express par Éric Besson : « J’étais fou de rage, absolument fou de rage. J’ai envisagé d’aller attendre Joxe en bas de chez lui pour lui casser la gueule,
et puis j’ai entendu les inquiétudes de ma fille, dans une situation
qui était compliquée politiquement pour moi et dont elle souffrait. On
s’est tu ». Pierre Joxe a déclaré à L’Express qu’il s’agissait sans doute d’un « mauvais canular » : « J’aurais eu des gestes déplacés, moi ? Vous plaisantez, sans doute ? »
C’est l’occasion de rappeler que pour un certain nombre
de magistrats français, les viols ne sont que des « plaisanteries », une
qualification des faits qui leur permet de classer les plaintes sans
suite ou de refuser d’informer au motif qu’aucune infraction pénale n’a
été commise, puisque tout le monde s’est bien marré à l’exception de la
seule plaignante qui devrait se faire soigner en psychiatrie pour une
absence totale du sens de l’humour.
De tels magistrats sont bien évidemment CORROMPUS,
comme vient de me le suggérer un de mes lecteurs, et devraient être
exclus de toute fonction publique, a fortiori de la magistrature où il
est évident qu’ils n’ont rien à faire, ou du moins, rien de bon.
Du CORROMPU, les lettres nous amènent tout naturellement au PORC
ROUM, comme Nicolae Ceaușescu, ancien secrétaire général du Parti
communiste roumain et président de la République socialiste de Roumanie,
un dictateur de triste mémoire qui se faisait appeler le « Conducător »
et s’honorait d’être le « génie des Carpates » ou le « Danube de la
pensée ».
Ces titres, notamment celui de « Konducator », sont relevés depuis
quelques années par un cybercriminel et pervers notoire qui se dit
« écrivain », « en ligne et à l’oeil depuis 2001″ à défaut de tout autre éditeur que lui-même, se présente donc tout seul comme « génie littéraire » et publiait sur son blog le 11 février 2011 à propos de ses victimes, sous le titre « Pour de rire »
associé à l’image d’un cadavre ensanglanté, celui d’un homme aux yeux
bandés et au corps transpercé par un pieu enfoncé dans le coeur :
« Là, après leur avoir rendu la pareille en affichant
leurs noms sur l’internet, elles peuvent enfin se rendre compte et
goûter à leur tour à ce qu’elles nous ont infligé : nous savons où elles
vivent, ce qu’elles font dans la vie et leurs masques de carnaval sont
définitivement tombés. Plus jamais elles ne pourront continuer à se
comporter de la manière inique comme elles l’ont fait.
Pour l’heure, je n’ai fourni que leurs deux noms, mais rien ne
m’empêchera de nommer leurs rares alliés si l’envie m’en prenait : eux
aussi ont été tracés et nous pouvons dire qui ils sont, où ils vivent et
comment ils vivent. Et c’est édifiant : ils sont tout ce qu’ils nous
reprochent. Des cas sociaux d’abord, et des ratés absolus. Des vies de
merde.
Alors que pour nous autres tous autant qu’on est Ici, c’est pas pour dire, mais ça gaze et ça gazouille dans nos casas »
Ces menaces étaient très vite suivies de plusieurs assassinats,
« pour de rire », n’est-ce pas, c’est-à-dire que les crimes en question
n’ont pas tous été retenus comme tels par les autorités judiciaires ou
qu’ils ont été traités de telle manière qu’à ce jour ils restent non
résolus… comme tous les autres crimes « de Pourrrie », celle qui veut
« juste pourrire » ou « e-pourrir »…
La France a un incroyable talent : Gilbert Rozon accusé d’agression sexuelle
Par Emilie Geffray Mis à jour le 19/10/2017 à 11:32 Publié le 19/10/2017 à 09:09
TÉLÉVISION – Le juré de La France a un incroyable talent sur
M6 fait l’objet d’une enquête du service de police de la ville de
Montréal (SPVM) à la suite d’une plainte d’agression sexuelle déposée
mercredi après-midi. Les faits seraient survenus à Paris en 1994.
Alors que les dénonciations d’agressions ou de harcèlement sexuels
n’en finissent plus de tomber à la suite du scandale lié à Harvey
Weinstein, l’humoriste québécois Guillaume Wagner a publiquement accusé
Gilbert Rozon d’être un «agresseur» suite à des allégations de femmes
qui auraient été victimes du fondateur du festival Juste pour rire.
«J’ai entendu des histoires. Et puis d’autres. Et des récentes. Ça
commence à sortir. Ça va continuer à sortir», a-t-il déclaré précisant
qu’il a beaucoup travaillé pour Gilbert Rozon.
En effet, invitées par le service de police de la ville de Montréal (SPVM) à signaler un quelconque événement lié au juré de La France a un incroyable talent, plusieurs femmes se seraient réunies mardi pour dénoncer des gestes déplacés.
Parmi elle, une ancienne stagiaire de Juste pour rire a raconté à TVA Nouvelles avoir
rencontré Gilbert Rozon en 2010 au moment de son embauche. Elle n’avait
pas de lien direct avec lui dans le cadre de son travail. Elle aurait
été victime de deux incidents. La première fois, il lui aurait claqué
une main aux fesses dans une zone VIP d’un bar pour la féliciter. Elle
avait 20 ans à ce moment-là. Lors de second incident, il l’aurait
regardé de haut en bas et lui aurait dit: «T’as des beaux seins dans
cette robe-là». À l’époque, elle n’avait pas porté plainte.
Dans des entrevues accordées au quotidien Le Devoir,
neuf autres femmes ont affimé avoir été agressées sexuellement ou avoir
été victimes de harcèlement. Ainsi l’animatrice de Pénélope McQuade,
les comédiennes Salomé Corbo et Sophie Moreau, la réalisatrice Lyne
Charlebois, la recherchiste Anne-Marie Charrette, l’entrepreneuse
Geneviève Allard, l’employée de Vélopousse-Maisonneuve Marlène Bolduc et
deux autres femmes qui ont souhaité gardé l’anonymat, ont évoqué des
actes qui se seraient produits sur une période de trois décennies.
Mercredi soir, Gilbert Rozon, visé par une enquête du service de
police de la ville de Montréal, a annoncé qu’il démissionnait de ses
fonctions de président du groupe Juste pour rire, de commissaire aux
célébrations du 375e anniversaire de Montréal et de vice-président de la
Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain. «Ébranlé par les
allégations me concernant, je souhaite consacrer tout mon temps à faire
le point. Je me retire par respect pour les employés et les familles qui
travaillent pour ces organisations ainsi que tous nos partenaires. Je
ne veux surtout par leur porter ombrage. À toutes celles et ceux que
j’ai pu offenser au cours de ma vie, j’en suis sincèrement désolé»,
a-t-il écrit sur dans un message posté sur Facebook.
Peu de temps après, le maire de Montréal, Denis Coderre, a tenu à
réagir. «Face à des accusations comme celles qui sont avancées, c’était
la bonne chose à faire. Laissons maintenant le processus suivre son
cours», a-t-il déclaré.
Ces démissions surviennent alors que onze personnes ont raconté à La Presse avoir
subi des inconduites, ou en avoir été témoins, de la part du producteur
et animateur Éric Salvail, la plupart du temps. Les faits reprochés se
seraient déroulés entre 2000 et 2015 dans un cadre professionnel. À la
suite de ces allégations, ses émissions de télévision et de radio (En mode Salvail sur V télé, Éric et les fantastiques sur Rouge Montréal et Les échangistes
produite par Éric Salvail sur Radio-Canada) ont été supprimées, tandis
que plusieurs entreprises ont annoncé qu’elles suspendaient leur
partenariat avec lui.
Reste désormais à savoir si M6 va maintenir la diffusion de La France a un incroyable talent. En effet, la chaîne doit lancer jeudi 26 octobre à 21 heures la saison 12 de son concours présenté par David Ginola et porté par Hélène Ségara, Kamel Ouali, Éric Antoine et Gilbert Rozon.
Il est absolument nécessaire de ne laisser aux pervers aucun vide juridique où ils puissent s’épanouir.
Or, le harcèlement de rue en est bien un.
Quand les professionnels du harcèlement moral estiment n’être plus en
mesure de sévir au sein de l’entreprise, ou avoir épuisé toutes leurs
ressources de malfaisances sur le lieu de travail de leur cible ou dans
son environnement professionnel, sans pour autant être parvenus à leur
objectif la concernant, ils organisent à son encontre du harcèlement de
rue.
Et là, elle se retrouve presque à tous les coups dans l’impossibilité
de prouver quoi que ce soit ou d’obtenir des poursuites contre ses
harceleurs, car, comme me l’ont plusieurs fois répété les policiers
auxquels je décrivais ce que je subissais dans les années 1990 :
n’importe qui a le droit de suivre n’importe qui dans la rue, ce n’est
pas une infraction.
Il faut que cela cesse.
En ce qui me concerne, c’est à la suite d’une plainte concernant des
faits répréhensibles commis sur le lieu de travail sous les yeux de
témoins dont j’étais capable de donner identité et coordonnées – en
l’occurrence professionnelles – et qui ont effectivement confirmé les
faits à la police, que ce type de harcèlement a été instauré par mes
harceleurs, en plus de tous les autres : seules les agressions physiques
sur le lieu de travail et devant témoin devenaient proscrites, elles
étaient désormais organisées dans la rue, où j’avais constamment sur les
talons toute une équipe de harceleurs à la solde de mon employeur
harceleur.
Les harceleurs de rue avaient pour consigne de m’agresser
physiquement dès que les témoins potentiels disparaissaient de nos
champs de vision.
J’ai dû composer avec cela quotidiennement durant plusieurs années,
même après que de mes harceleurs de rue se soient bien fait prendre, en
1994, ce qui est matériellement possible : il suffit que des gens
motivés pour les prendre sur le fait, par exemple des policiers habitués
à ce genre d’exercice, se mettent eux aussi à suivre la victime
quotidiennement dans tous ses déplacements, à distance suffisante pour
repérer les harceleurs de rue. Ils n’ont alors qu’à verbaliser, pour peu
que l’arsenal juridique existe.
Quand on leur parle de faits de harcèlement commis dans les
entreprises, les policiers se dérobent assez souvent en arguant qu’ils
ne peuvent entrer dans les entreprises.
La rue étant davantage leur territoire, ils devraient être contents
qu’on leur donne enfin les moyens d’intervenir dans certains cas de
harcèlement.
Loi sur le harcèlement de rue : pas d’unanimité à l’Assemblée nationale
Par RFI Publié le 18-10-2017 Modifié le 18-10-2017 à 10:09
Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes. Bertrand Guay/AFP
Ces derniers jours, les femmes ont pris la parole sur les réseaux
sociaux pour raconter les violences sexistes dont elles avaient été
victimes. Dans la foulée, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée
de l’égalité entre les femmes et les hommes a fait savoir qu’elle
allait présenter un projet de loi contre les violences sexuelles d’ici
le début 2018. Parmi les propositions envisagées, la hausse de dix ans
du délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur les mineurs.
Le texte devrait également légiférer sur le harcèlement de rue.
La secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les
hommes envisage une verbalisation du harcèlement de rue et la mesure ne
fait pas l’unanimité dans la classe politique. Marlène Schiappa veut « lancer le débat », inviter les députés à définir les contours du harcèlement.
Où se situe la limite ? « Ça commence où ? », demande Claude
Goasguen, député Les Républicains. La réponse n’est pas évidente.
Sophie Auconie, députée du groupe les Constructifs est moins hésitante:
« C’est lorsque que vous êtes dans un lieu public et qu’une personne
vous aborde, ça, ça s’appelle de la séduction. Sauf que, quand je dis
que je veux pas donner suite à cette attitude, alors ils doivent
s’arrêter, et s’ils ne s’arrêtent pas, c’est là que commence le
harcèlement de rue, qui doit être sanctionné ».
En guise de sanction, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les
femmes et les hommes envisage la verbalisation des harceleurs par la
police. Une proposition qui laisse la députée socialiste Valérie Rabault
dubitative : « Le problème, c’est s’il n’y a pas de témoins, si
c’est pas un flagrant délit, c’est là la difficulté. Et là c’est la
parole de l’un contre la parole de l’autre. C’est rare de se faire
prendre en flagrant délit dans ce type de situation».
Pour être efficace, il faudrait plus de policiers, relève Julien
Aubert. Le député Les Républicains estime que la mesure est donc
inapplicable : « Nous n’avons pas les moyens de mettre derrière chaque harceleur, un policier ».
Le député LR est en revanche favorable à la prévention dès le plus
jeune âge… avec une sensibilisation aux questions d’égalité homme femmes
dès l’école primaire.
Blablabla… Blablabla… Certains continuent à professer hors des réalités…
Les femmes doivent porter plainte, peut-on lire ici ou là, les réseaux sociaux ne sont pas le lieu pour dénoncer, etc, etc…
Bah, si c’était si simple, si les victimes pouvaient être entendues ailleurs, le tag n’aurait pas rencontré un tel succès.
Pour commencer, 95% des femmes qui dénoncent un fait de harcèlement sexuel perdent leur emploi.
Mais ce n’est pas tout. Dans l’immense majorité des cas, elles
perdent aussi toute crédibilité avec la décision de justice qui va
nécessairement en découler.
Et quels sont les critères des magistrats pour refuser de poursuivre ou absoudre le délinquant ou criminel ?
Ils se résument presque toujours au classique « le viol d’une pute n’est pas un viol ».
Leur définition de « la pute » est celle des porcs : c’est celle qui dit non, elle n’avait qu’à dire oui.
#balancetonporc : « Un hashtag ne remplace pas un procès »
La journaliste Clara Schmelck a estimé, lundi sur franceinfo, que
les harcèlements qui ont été dénoncés sur Twitter via #balancetonporc
doivent « passer devant les tribunaux ».
franceinfoRadio France
Mis à jour le 16/10/2017 | 11:58
publié le 16/10/2017 | 11:58
« Un hashtag ne remplace pas un procès », a tempéré la journaliste et philosophe des médias Clara Schmelck, invitée de franceinfo lundi 16 octobre, après le succès du hashtag #balancetonporc sur Twitter. Pour elle, ces harcèlements sexuels qui ont été dénoncés doivent « passer devant les tribunaux », car « ce sont des faits très graves. Ce ne sont pas juste des comportements indélicats ».
franceinfo : Est-ce que le succès du hashtag « balance ton porc » vous étonne ?
Clara Schmelck : Non, car cela fait un moment déjà
que Twitter est utilisé pour libérer la parole. Sandra Muller, celle qui
a lancé le hashtag, l’a fait en temps voulu. Les femmes étaient prêtes à
raconter, et on le voit d’ailleurs. Le sujet du harcèlement, des choses
qui sont passibles de justice, ont été cadrées, énoncées et
factualisées. Ça, c’est une avancée très grande.
Est-ce un cri de colère ou est-ce que cela pourra aller vers un procès ?
Ce sont des faits très clairs et très explicites qui ont été décrits.
Surtout, on se demande comment cela n’a pas pu déjà être mis en procès.
C’est vraiment la question de la rapidité de la justice, et en même
temps sa nécessité qui est posée, car le hashtag ne remplace pas un
procès. Quand vous regardez #balancetonporc, ce sont des faits très
graves, des faits vraiment condamnables, ce ne sont pas juste des
comportements indélicats. Certains récits remontent à plusieurs années.
Ce qui a été dénoncé doit passer devant les tribunaux. C’est aussi pour
donner l’exemple aux générations futures, leur montrer que ces pratiques
sont d’un autre âge et que l’on ne peut plus faire ça maintenant.
Y-a-t-il un risque d’accuser nommément ses agresseurs ?
Accuser sans preuve est très risqué. Il y des risques de calomnie ou
de règlement de comptes. Il y a aussi une autre difficulté, c’est
d’énoncer des faits difficiles à raconter en 160 caractères.
« Un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non. » Avec le hashtag #BalanceTonPorc,
des milliers de femmes livrent sur Twitter leurs témoignages de
harcèlement sexuel au travail. Une action lancée en France après la
prise de parole de nombreuses femmes contre le producteur américain Harvey Weinstein, accusé de harcèlement, d’agression sexuelle et de viol. Serge Hefez
est psychiatre, et travaille entre autres sur les problématiques liées à
la sexualité. Il décrypte pour « l’Obs » les mécanismes psychologiques
à l’œuvre derrière ce hashtag.
Quel regard portez-vous sur cette vague de témoignages de harcèlement sexuel, regroupés sous le hashtag #balancetonporc ?
Ne soyons pas hypocrites : on ne tombe pas tous des nues quand on
apprend qu’un producteur hollywoodien profite de sa position pour
draguer lourdement, voire violer, un certain nombre d’actrices.
Vous dites « draguer lourdement », mais on parle de harcèlement sexuel, là ?
Oui, vous avez raison. Et dans le cas Weinstein, on parle aussi de viols, c’est bien de ça dont il est question.
Ce qui est intéressant avec ce hashtag, c’est que la façon dont se
crée le lien social s’est renversée ces derniers jours. Il y a une
espèce de complaisance sociale autour du sujet des agressions sexuelles.
La complicité fait que tout le monde se voile la face, et le lien
social se crée autour du fait de ne pas vouloir savoir. Jusqu’au moment
où quelque chose brise l’omerta.
Désormais, on fait face à une irruption extrêmement brutale de femmes
qui témoignent. On est passé d’une situation où être liés les uns aux
autres, c’était faire semblant de ne pas savoir, à une situation où tout
le monde témoigne dans la presse et sur Twitter de ces agressions. Et
tant mieux. C’est comme des traînées de poudre, sauf que ce sont des
traînées d’indignation partagée. On se relie tous les uns aux autres
autour de la même émotion. Personne n’ignore que la plupart des femmes
doivent subir un certain nombre d’agressions, des plus « minimes » aux
plus majeures. Mais là, ça devient un fait social.
Pourquoi le mouvement a-t-il aussi bien pris sur les réseaux sociaux ?
Parce que tout sur les réseaux sociaux va très vite, ils permettent
de créer très vite un groupe. Et il y a un pouvoir libérateur à la
parole partagée : témoigner seul auprès d’un journaliste permet de se
représenter soi-même comme victime, mais ça n’a pas force de ralliement.
Est-ce que ça n’est pas aussi parce qu’un tweet engage moins
qu’une plainte ? Et dans les cas où les faits exposés sont prescrits, et
qu’il n’existe donc pas de suite judiciaire possible, cela permet quand
même de verbaliser son expérience ?
Oui, tout à fait. Mais j’ajouterais quand même que si le tweet engage
moins, le lien virtuel reste très fort. Je change totalement de sujet
pour l’illustrer, mais je travaille aussi sur le processus de
radicalisation. Et les personnes que je rencontre se sont quasiment
toutes radicalisées via internet. Il ne faut pas sous-estimer la
puissance de ce lien-là.
Vous parlez de « pouvoir libérateur ». Donc le fait de verbaliser son agression est une première étape importante ?
C’est une première étape fondamentale. Non pas tant dans la
perspective de revendiquer un statut de victime – même si ça n’est pas
anodin de le faire. Mais surtout dans l’idée de faire du lien social, de
sentir la force du groupe et du mouvement social autour de soi. On
n’est pas seulement dans une position de victime qui cherche la
réparation, on est membre d’un groupe de femmes qui, par la force du
groupe, peut provoquer un changement social.
Justement, qu’est-ce qui vient après le témoignage ?
Ce qui vient après, c’est : comment l’individu se détache de ce
groupe pour être dans sa propre mobilisation et sa propre action ? Il y a
sans doute des femmes qui vont oser déposer plainte au pénal, portées
par la force de la mobilisation sur Twitter. C’est à chaque femme de
déterminer si elle se mobilise aussi personnellement.
Mais est-ce qu’il n’y a pas un risque pour ces femmes de se
sentir abandonnées dans leur combat quand Twitter et les médias
passeront à autre chose ?
Effectivement, c’est toujours le risque de ces mobilisations
effervescentes : ça crée un mouvement collectif et ensuite ça retombe.
Sans être cynique, que va-t-il se passer ? Des milliers de femmes vont
témoigner sur les réseaux sociaux et dans la presse. Et puis dans deux
mois, voire quinze jours, plus personne n’y pensera, et les femmes vont
continuer à subir en silence.
Pour que ces femmes ne se sentent pas doublement agressées, il faut
que leur indignation soit reprise sur un plan politique. Il faut qu’il y
ait un changement perceptible dans la vie des femmes au quotidien : que
le chef du rayon qui met la main aux fesses de la caissière ne le fasse
plus. Et que les hommes commencent à avoir peur aussi, qu’ils ne se
sentent plus impunis.
Comment on fait ?
Aux Etats-Unis ou dans les pays nordiques par exemple, l’acception de ce qu’est le harcèlement sexuel
est beaucoup plus large : on ne dit pas à une collègue que sa robe lui
va bien. Chez nous, il existe une sorte de marivaudage à la française
qui brouille les repères entre la drague, la « drague lourde », et la
violence sexuelle. Il faut travailler sur ces frontières-là, pour les
rendre plus claires.
Il faut voir ce que proposera la loi qui est en préparation [le projet de loi « contre les violences sexistes et sexuelles », NDLR].
Mais c’est le rôle de toute la société : il existe une prévention à
faire avec des affiches dans le métro, des spots à la télévision, mais
aussi quelque chose de plus fin dans l’éducation, notamment des garçons.
Mais aujourd’hui, cette idée rencontre beaucoup d’obstacles.
Le déferlement de témoignages
avec le hashtag #balancetonporc charrie toutes sortes de récits, de
propos ou gestes déplacés jusqu’aux agressions sexuelles. La plupart ne
donne pas d’éléments d’identification, mais dans certains cas les hommes
mis en cause sont identifiables. Avec quelles conséquences ?
Depuis la loi du 6 août 2012 (présentation, texte),
le harcèlement sexuel est en France un délit, défini comme « le fait
d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou ou
comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa
dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à
son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ».
Et est assimilé au harcèlement sexuel « le fait, même non répété,
d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent
d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au
profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers ».
Le parquet peut être saisi d’éléments précis
Dès lors, toutes les paroles, pour certaines précises, diffusées
depuis le 13 octobre sur des « porcs » resteront-elles cantonnées au Net
ou peuvent-elles entraîner des conséquences en justice ?
Affaire Weinstein : comment est né « Balance ton porc », le hashtag contre le harcèlement sexuelInterrogée
par « l’Obs », Clarisse Taron, présidente du Syndicat de la
magistrature, souligne que « ce phénomène, c’est la preuve que c’est
difficile de porter plainte. Que la parole de ces femmes soit entendue,
c’est toujours compliqué. Ces messages par internet, ce n’est pas
toujours conforme à ce que la justice peut attendre, mais c’est la
traduction d’un réel besoin. »
Elle souligne qu’un parquet peut être saisi par tout moyen, et que le
parquet peut s’auto-saisir s’il a suffisamment d’éléments précis portés
à sa connaissance :
« Si quelqu’un écrit ‘j’ai été agressée par Untel’, ce n’est pas
suffisant, mais si cette personne écrit ‘je travaille à tel endroit, où
Untel m’a agressée’, c’est précis. Après, la chancellerie peut s’en
saisir ou non, ou encore une association féministe locale peut saisir le
parquet local en lui signalant ce qui a été écrit. »
Prescription, diffamation : des écueils
Porter plainte n’est pas évident pour autant. Clarisse Taron observe que « ces affaires restent toujours compliquées à établir ».
« Il y a des enquêtes, des déclarations, des témoignages recueillis.
Mais toutes les affaires de harcèlement, moral ou sexuel, restent
compliquées, le risque étant qu’elles aboutissent à une situation de
parole contre parole. »
Par ailleurs, les faits peuvent être frappés de prescription s’ils remontent, selon les cas, à plus de 3 ou 6 ans : la loi du 27 février 2017
sur la prescription a en effet fixé comme nouvelle durée de
prescription d’un délit (cas du harcèlement) 6 ans. Mais si les faits
étaient déjà prescrits avant la loi – remontant à 3 ans au moins -, ils
le restent après.
Quid, en sens inverse, de la possibilité pour l’homme, mis au pilori
virtuel par ses accusatrices, de contre-attaquer en justice ? La
présidente du Syndicat de la magistrature précise que « contrairement au
harcèlement où la justice
peut s’auto-saisir, la plainte de la victime est indispensable en cas
de diffamation. Ensuite, tout dépendra pour cette personne si les propos
sont suffisamment précis. Et en face, on peut plaider l’exception de vérité… »
– si on traite quelqu’un de voleur et que l’on prouve que c’est bien un
voleur, le propos n’est plus condamnable comme diffamation. Pareil pour
un harceleur. Eventuellement, « la personne désignée pourrait aussi
attaquer pour injure, étant traitée de ‘porc’… ». A ses risques et
périls…
Jusqu’à présent, les plaintes pour harcèlement sexuel aboutissent rarement à des condamnations. Dans un rapport
de la commission des Lois de l’Assemblée nationale en novembre 2016,
sur l’évaluation de la loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au
harcèlement sexuel, les auteurs notaient que les condamnations pénales sont rares :
« Entre 30 et 40 condamnations pénales pour des faits de harcèlement
sexuel ont été prononcées chaque année entre 1994 à 2003 et entre 70 à
85 condamnations entre 2006 et 2010. La plupart du temps, les coupables
ont été condamnés à des peines de prison avec sursis (seules trois à
quatre condamnations par an en moyenne comportaient une partie
d’emprisonnement ferme). Dans 10 à 12% des cas, une peine d’amende était
prononcée, d’un montant moyen de 1.000 euros. »
Et de souligner :
« Par ailleurs, la durée moyenne des procédures était très longue :
le délai moyen entre les faits les plus récents et la date du jugement
en première instance était de 27 mois. »
La
loi d’août 2012 semble avoir eu peu d’effet : le directeur des affaires
criminelles et des grâces, entendu par la commission des Lois, a
« constaté que le nombre de plaintes et de condamnations n’avait pas
augmenté depuis 2012. Ainsi en 2014, si 1.048 plaintes ont été déposées
pour des faits de harcèlement sexuel,
seules 65 condamnations ont été prononcées, 50% des poursuites ayant
donné lieu, par ailleurs, à des procédures alternatives (rappel à la
loi, composition pénale…). Seules 30 à 40% de ce type d’affaires font
généralement l’objet de poursuites. »
6,2 % des plaintes aboutissent à une condamnation.
« Cet écart est encore plus flagrant avec le nombre potentiel de
victimes de harcèlement, une femme active sur cinq déclarant avoir une
fois été confrontée à de genre de comportement au cours de leur
carrière », notaient les députés en citant une étude de l’Ifop de 2014.
#balancetonporc : « Dénoncer un harcèlement sexuel sur un réseau social avec un hashtag, ce n’est pas du tout l’endroit »
Christophe Noël, avocat spécialiste du droit du travail, alerte
contre les risques auxquels s’exposent les victimes qui dénoncent une
situation de harcèlement sexuel sur Twitter : les personnes qu’elles
visent peuvent porter plainte « diffamation » ou « injure ».
Mis à jour le 16/10/2017 | 20:22
publié le 16/10/2017 | 20:22
« Balance ton porc. » Depuis que cette injonction a été lancée sur Twitter sous la forme d’un hashtag, vendredi 13 octobre, dans la foulée de l’affaire Harvey Weinstein, des centaines de femmes ont relaté dans des tweets
le harcèlement voire les agressions sexuelles dont elles ont été
victimes. Pour la journaliste Sandra Muller à l’origine de cette
initiative, c’est une manière de « crever l’abcès ».
Ces publications contribuent à « la libération de la parole des femmes » et représente une »première étape avant l’intervention de la justice », abonde
Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme.
Mais Christophe Noël, avocat spécialiste du droit du travail, prévient :
« Quand on veut dénoncer une situation de harcèlement sexuel, il ne faut pas s’y prendre de cette façon-là. »
Franceinfo : Ces tweets n’exposent-ils pas à des attaques en diffamation ?
Christophe Noël : On est en plein dedans. Dénoncer
un harcèlement sexuel sur un réseau social avec un hashtag, ce n’est pas
du tout l’endroit. C’est une caisse de résonance phénoménale et c’est
la porte ouverte à toutes sortes d’excès et de diffamations. Le
problème, c’est qu’il y a à la fois du vrai et du faux et que tout se
mélange. Il n’y a aucun moyen de contrôler ce qui est dit sur ce réseau
social. On va sans doute retrouver des gens qui, par vengeance, vont
calomnier des collègues de travail avec lesquels ils ne s’entendent pas.
Ce n’est pas bon : ça peut se retourner contre les victimes qui
dénoncent un harcèlement sexuel. Les personnes qu’elles visent peuvent
porter plainte pour « diffamation » ou « injure ». Les employeurs pris
pour cible peuvent sanctionner leurs salariés. Il ne faut pas accuser à
la légère, surtout en public. Quand on veut dénoncer une situation de
harcèlement sexuel, il ne faut pas s’y prendre de cette façon-là. Il n’y
a pas de publicité à donner à l’affaire. Il y a des moyens d’action
sérieux, concrets, qui ne prêtent pas le flanc à la critique ou à la
plainte.
Comment s’y prendre pour dénoncer un harceleur sexuel ?
En théorie, il y a plein de moyens. On peut porter plainte auprès des
policiers ou des gendarmes, on peut aller voir la médecine ou
l’inspection du travail, on peut dénoncer auprès de la direction de
l’entreprise, voire le comité d’entreprise qui est là pour protéger la
santé des salariés… Mais tout cela s’avère souvent soit théorique parce
que les gens ne sont pas formés à répondre à cela, notamment les
policiers et les gendarmes qui ne maîtrisent absolument pas ce délit la
plupart du temps. La réponse donnée aux femmes qui se plaignent de ça
est à 95% : « Mais madame, allez devant les prud’hommes. »
L’inspection et la médecine du travail doivent constater quelque chose
qui est souvent caché. Souvent, il n’y a pas de suites. Quant à
dénoncer ces situations auprès de la direction de l’entreprise, la
plupart des gens travaillent dans des PME et le harceleur est souvent le
chef d’entreprise lui-même.
La meilleure façon de faire, c’est d’écrire au harceleur lui-même.
Envoyer un petit mail, par exemple. A chaque fois qu’on subit un acte,
un propos, un comportement pas tolérable, on l’écrit. « Ta remarque sur mon décolleté aujourd’hui, ça n’a pas sa place sur le lieu de travail »,
par exemple. Ça a un effet. D’abord, ça peut parfois résoudre le
problème, même si c’est rare. Mais surtout, ça permet à la victime
d’établir la situation. C’est un indice pour le procès futur qui va
permettre de présumer la situation de harcèlement, parce que l’auteur du
harcèlement va parfois répondre : « Tu le prends mal… C’est une plaisanterie grivoise… »
Il faut prendre les devants, sortir de son rôle de victime et
dénoncer la situation le plus vite possible directement auprès du
harceleur. C’est fondamental pour la suite, parce que souvent on se
heurte à un problème de preuve. Le harcèlement, c’est souvent quelque
chose de caché, de ténu, d’insidieux, qui ne se fait pas en public
devant témoins et qui vise des personnes fragiles.
Cette initiative ne permet-elle pas surtout d’inciter les victimes à agir ?
Libérer la parole, c’est très bien. Le grand mérite des affaires
comme celle d’Harvey Weinstein, c’est qu’elles sont des caricatures. Ces
cas-là n’existent pas dans la vraie vie. On n’a pas de monstres pareils
dans le monde du travail. Ce sont des cas moins extrêmes. Mais au moins
elles ont un mérite : elles informent les victimes et leur permettent
de prendre conscience qu’elles ont des droits, qu’elles peuvent agir.
Car il y a un gros défaut d’information des victimes, mais aussi de
prise en charge par la justice. Les services de police et de gendarmerie
ne sont pas formés à cela ou ils comprennent et maîtrisent assez mal ce
délit. Sur le plan pénal, il faudrait faciliter l’action. La plupart du
temps, ça ne débouche pas : les plaintes déposées en gendarmerie ou au
commissariat sont classées sans suite. Sur le plan civil, la définition
du harcèlement est claire et il y a un aménagement de la preuve qui aide
la victime. Sur l’action aux prud’hommes, le Défenseur des droits n’est
pas assez mis en avant. Il peut s’associer à l’action des victimes.
Ce n’est pas si compliqué d’agir, de dénoncer une situation de
harcèlement sexuel. Il y a des moyens d’action. Les victimes peuvent
saisir le Défenseur des droits. Il a un rôle fondamental dans la lutte
contre le harcèlement au travail. Il a un pouvoir d’enquête,
d’investigation, il pourra aussi vous conseiller utilement. En plus,
c’est gratuit. Ce serait dommage de s’en priver. C’est un interlocuteur
fiable et sérieux.
Vous pouvez saisir un avocat pour agir en justice. Et il n’y a pas
que l’action au pénal, qui est compliquée, parce qu’il faut apporter la
culpabilité de la personne devant le tribunal, il faut une preuve
directe de la culpabilité de la personne. Devant un conseil de
prud’hommes, la preuve est facilitée. On ne vous demande pas d’apporter
la preuve, mais des éléments permettant de présumer un harcèlement
sexuel. C’est beaucoup plus facile d’engager des poursuites. Et lorsque
vous agissez pour dénoncer un harcèlement sexuel, vous ne pouvez pas
être sanctionné pour ça. La victime n’a rien à perdre à agir. Et c’est
libérateur.
#BalanceTonPorc : que risque-t-on en dénonçant sur internet ?
La parole se libère concernant le harcèlement sexuel via les réseaux
sociaux. Mais peut-on dénoncer quelqu’un sur internet sans de possibles
conséquences juridiques ?
Diffamations, injures, dénonciations calomnieuses… S’exprimer sur les
réseaux sociaux ne met pas à l’abris de poursuites judiciaires. La loi
stipule que la personne dénoncée peut se défendre juridiquement si elle est nommément citée ou reconnaissable. Si c’est le cas, elle peut alors attaquer l’auteur du message, elle a trois mois pour le faire.
Twitter ne risque rien, mais les services juridiques du réseau social ont l’obligation de transmettre l’identité et les coordonnées de l’auteur,
même si ce dernier utilise un pseudonyme. Personne n’est anonyme sur
Twitter. Et si une personne retwitte, republie, le message incriminé,
elle peut aussi être poursuivie. Tout comme l’accusateur principal elle risque jusqu’à 12.000 euros d’amende. Le lundi 16 octobre dans la soirée, le parquet de Paris n’avait pas encore été informé de plaintes à ce sujet.
L’affaire Weinstein a libéré la parole de nombreuses femmes qui racontent via le hashtag #BalanceTonPorc des cas de harcèlement de la vie quotidienne. Lancé par la journaliste Sandra Muller, le mouvement prend de plus en plus d’ampleur.
Elle avait écrit sur Twitter, le vendredi 13 octobre :
« #BalanceTonPorc : toi aussi raconte, en donnant le nom et les détails
d’un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous
attends ».
Depuis trois jours, des personnalités de plus en plus nombreuses
n’hésitent plus à qualifier publiquement de « porc » le harceleur et
violeur présumé Harvey Weinstein, dont de nouvelles victimes se
manifestent tous les jours depuis les premiers témoignages publics, il y
a tout juste dix jours.
Je vais donc rappeler avoir pour ma part été condamnée par le
Tribunal de Grande Instance de Brest le 11 juin 2013 (condamnation
heureusement annulée en appel de manière définitive le 2 décembre 2015)
pour avoir notamment traité de « porcs » tous les messieurs que la
criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest envoie régulièrement me
harceler ou m’agresser sexuellement depuis maintenant plusieurs
décennies, toujours avec la bénédiction d’un certain nombre de
magistrats, lesquels encouragent eux-mêmes toutes ces exactions et bien
d’autres à mon encontre.
Je n’avais même pas nommé les « porcs » en question !
Seuls étaient connus du public ceux qui ne se gênaient pas pour me
harceler sexuellement sur la toile avec leur complice Josette Brenterch
du NPA de Brest depuis le mois de juin 2010, sans même cacher leur
identité.
Leurs harcèlements publics à mon encontre avaient provoqué de ma part
quelques réponses qui m’auront donc valu, à compter de l’année 2011,
poursuites puis condamnation, tandis que dans le même temps mes plaintes
pour harcèlements, atteintes à l’intimité de la vie privée et menaces
en tous genres étaient toutes classées sans suite ou illégalement
rejetées par les mêmes magistrats me témoignant une telle haine que l’un
de mes avocats, particulièrement choqué par la teneur et la violence de
leurs propos inacceptables à mon égard, me dira toujours par la suite
n’avoir jamais vu de comportements aussi odieux en 25 ans de carrière,
même avec le pire des criminels, alors que pour ma part j’étais victime
!!!
Ces magistrats manifestement CORROMPUS
me reprochaient, tout comme leurs protégés mes harceleurs primitifs des
années 1990, puis tous les suivants jusqu’aux cybercriminels auxquels
j’avais et ai encore affaire sur la toile depuis 2008, d’avoir toujours
refusé de me prostituer, alors que j’avais aussi refusé de commettre des
crimes et délits contre la Nation au profit de ceux, patrons voyous
harceleurs également proxénètes et trafiquants d’armes notoires qui, en
guise de punition, avaient dès lors décidé de me prostituer de gré ou de
force.
Et voilà qu’aujourd’hui, dans la foulée de l’affaire Weinstein, il
n’est plus question de crier haro sur les victimes quand elles ne se
suicident pas, mais au contraire de les inciter à balancer !
Je balance donc mes porcs et leurs cochonnes, parmi lesquels ces magistrats et magistrates !
Point n’est besoin de décrire les porcs, tout le monde sait ce qu’ils sont.
Pour ce qui est de leurs cochonnes, l’expérience me permet de
préciser qu’elles appartiennent toujours à l’une ou l’autre des deux
catégories de femmes suivantes :
1°/ des femmes qui sont elles-mêmes « passées à la casserole » sans
protester ou qui n’envisagent pas d’autre mode d’évolution
professionnelle que la promotion canapé, qu’elles sollicitent d’emblée,
et qui n’admettent pas que d’autres puissent s’en passer ou envisager de
faire sans, ce qui les renvoie automatiquement à une image
d’elles-mêmes très négative et que bien évidemment elles ne peuvent
accepter : ce sont des « putes » et contrairement à celles qui ne
couchent pas ou estiment pouvoir s’en dispenser, elles n’ont pas d’autre
compétence à faire valoir pour trouver du boulot ou obtenir des
promotions ; ces femmes font preuve d’un acharnement particulier à
détruire tous ceux et celles qui menacent leur système, celui des porcs ;
2°/ des femmes qui comme la criminelle Josette Brenterch du NPA de
Brest ne risquent absolument rien à fréquenter des porcs et trouvent un
avantage certain à les utiliser pour détruire leurs cibles.
Voilà pour l’essentiel.
« Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce
n’est pas pour se faire violer ! » dit justement Isabelle Adjani.
Même chose pour de nombreux autres métiers et tous les postes
incluant une fonction de représentation : on ne soigne pas sa tenue pour
se faire violer quand c’est une obligation professionnelle.
Des spécialistes s’expriment aussi sur la question du harcèlement en entreprise.
Marie Pezé, qui a créé la première consultation « Souffrance & Travail »
en 1997, précise que « les salariés sont responsables de la santé de
leurs collègues. S’ils constatent qu’une femme ne s’habille plus comme
avant, qu’elle commence à perdre du poids ou à en prendre, qu’elle a des
crises de larmes, qu’elle va mal, il relève de la posture citoyenne
d’aller la voir et de lui dire ‘que puis-je faire pour t’aider?’ afin
qu’elle puisse se confier ».
Vivons-nous sur la même planète ?
Pour ma part, j’ai dû me résoudre il y a maintenant une douzaine
d’années à ne quasiment plus sortir de chez moi pour éviter toutes les
agressions que la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest
continuait à organiser à mon encontre avec l’approbation ou la
complicité de ses amis du Tribunal de Grande Instance de Brest.
Et quand le harcèlement reprend sur la toile dès mes premiers
commentaires anonymes sur un site d’information, en l’occurrence Rue89
en 2008, il peut se poursuivre indéfiniment au vu et au su de tous sans
aucun problème pour les harceleurs. Près de dix ans plus tard, ceux-ci
ne sont toujours pas inquiétés, ni par la « justice » pourtant
régulièrement saisie, ni par aucune enquête journalistique.
Autrefois déjà, tous mes collègues de travail étaient bien au courant
de ce qui se passait, les harceleurs en chef les incitaient tous, voire
les forçaient à participer à tous leurs harcèlements à mon encontre,
tout comme plus tard leur complice Josette Brenterch du NPA de Brest à
compter de mon arrivée dans l’association AC ! Brest dont elle était
trésorière, en 2004.
Dans ces conditions, il n’y a rien à confier à qui que ce soit, et
quand on va vraiment mal, on disparaît, on ne va quand même pas offrir à
tous ces pervers le spectacle d’une crise de larmes, ils n’attendent
que ça.
Une fois, en 1994, il m’est arrivé de craquer dans mon bureau.
Un de mes harceleurs, qui n’avait rien à y faire, mais venait très
souvent m’y harceler, l’a vu. Et que croyez-vous qu’il ait fait ? Tout
en joie, exultant, il a aussitôt appelé tous les mecs de l’entreprise à
venir défiler dans mon bureau pour y contempler « la pute » en train de
« verser des larmes de crocodile » (sic). Plusieurs d’entre eux ont bien
rappliqué, rigolards. Certains ont fait demi-tour rapidement, gênés.
Je précise ici à l’attention de ceux qui pourraient l’ignorer que
dans le système porcin, « la pute » ou « la salope » n’est pas celle qui
couche mais celle qui dit non.
L’animateur a évoqué le témoignage de sa fille au « New Yorker ».
Le papa soutient sa fille. Depuis une semaine, le producteur américain Harvey Weinstein
est empêtré dans un scandale sexuel qui voit chaque jour de nouvelles
actrices l’accuser de harcèlement sexuel ou de viol. Après un premier
article du « New York Times », le « New Yorker » a été le deuxième média
à faire des révélations sur cette sordide affaire, dévoilant le
témoignage de huit nouvelles femmes qui auraient été victimes du
producteur.
Parmi elles, Emma de Caunes, qui a raconté en détails au magazine
comment Harvey Weinstein avait tenté de la forcer à avoir des rapports
sexuels avec lui dans une chambre d’hôtel, après un déjeuner
professionnel. « J’étais tétanisée » raconte ainsi Emma de Caunes au « New Yorker ». « Mais je ne voulais pas lui montrer que j’avais peur parce que je sentais que plus j’étais effrayée, plus il était excité » poursuit-elle, disant s’être sentie comme « un animal sauvage face à un chasseur »
« Ce gros porc puant »
Hier après-midi, Antoine de Caunes
est revenu sur les révélations faites par sa fille en introduction de
« Popopop », son émission culturelle quotidienne diffusée sur France
Inter. « Je suis un père comblé. J’ai trois beaux enfants auxquels je trouve toutes les vertus« , a-t-il commencé, évoquant ses « deux beaux gaillards » puis sa fille qui fait « le merveilleux métier d’actrice« . Il a ensuite parlé des « hommes de pouvoir« , des « prédateurs sexuels qui abusent de leur position » dans ce milieu.
« Mais il arrive que ces femmes se rebiffent et rendent publics
de tels agissements. C’est ce que vient de faire ma fille, en même temps
qu’Asia Argento, Angelina Jolie, Judith Godrèche, Rosanna Arquette et
plein d’autres en dévoilant les turpitudes d’un tout puissant producteur
hollywoodien, ce gros porc puant d’Harvey Weinstien pour bien le
nommer. Tout le monde le sait, il faut du courage quand on est une femme
pour mettre sur la place publique de telles histoires (…) Voilà
pourquoi aujourd’hui je suis heureux non seulement d’avoir trois beaux
enfants, mais en plus je suis fier d’avoir une fille comme elle« , a-t-il conclu. puremedias.com
vous propose de découvrir la séquence dans le tweet ci-dessous. De son
côté, Emma de Caunes a simplement repris la chronique en question sur
son compte Twitter, la commentant de la sorte : « Et moi fière d’avoir un papa comme lui« .
Harvey Weinstein, « le Porc » : Ses soirées cannoises, entre partouzes et cocaïne
9 photos
Lancer le diaporama
Harvey Weinstein – Photocall de la soirée de Grisogono « Love On
The Rocks » à l’hôtel Eden Roc au Cap d’Antibes lors du 70e Festival
International du Film de Cannes. Le 23 mai 2017.
Harvey Weinstein, en effet, ne se limitait pas à Hollywood. Le
producteur américain adore la France, et il n’a jamais lésiné sur les
moyens pour distribuer des films tels que La Reine Margot, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Intouchables et bien évidemment The Artist et ses cinq Oscars. Chaque année, il venait à Cannes pour le Festival où sa réputation est apparemment un véritable secret de polichinelle.
Weinstein, le « Caligula de Cannes »
Les hôtels – et notamment le Cap-Eden-Roc où il avait ses habitudes – et les loueurs de yachts le connaissent bien. Comme le rappelle Le Parisien, l’influent tycoon américain « organise des fêtes avec partouzes et cocaïne« . Sur la Croisette, il est surnommé « le Porc« .
Apparemment, professionnels du cinéma comme journalistes avaient l’air
de savoir, par des bruits de couloir, des rumeurs ou des récits
véridiques, comment Harvey Weinstein ambiançait le Festival de Cannes
côté coulisses. Dans le Guardian, on parle même du « Caligula de Cannes« , référence au controversé empereur romain dont l’appétit pour les orgies fait la joie des historiens.
Cannes, c’est là que Judith Godrèche, 24 ans alors, est agressée. « Il s’est pressé contre moi et m’a enlevé mon pull »,
raconte-t-elle. Après avoir refusé de le masser, elle s’enfuit et se
confie à Miramax, la société de Weinstein, qui la réduit au silence, « parce que c’est comme ça« . Un récit qui n’a pas étonné Dominique Besnehard, ex-agent de stars qui n’a jamais été réellement confronté à Weinstein. Il dit toutefois avoir entendu « des actrices raconter qu’elles avaient été convoquées dans sa chambre et qu’elles étaient parties en courant« , dénonçant chez lui ce « rapport de pouvoir digne d’un Pygmalion pervers« .
« Un comportement impardonnable »
De son côté, le Festival de Cannes a publié un communiqué de presse. « C’est
avec consternation que nous avons découvert les accusations de
harcèlement et de violence sexuelle récemment portées contre Harvey
Weinstein, professionnel du cinéma dont l’activité et la réussite sont
connues de tous, qui lui valent de séjourner à Cannes depuis de
nombreuses années et d’avoir de nombreux films sélectionnés au Festival
international du film dont il est une figure familière« , écrivent conjointement Pierre Lescure et Thierry Frémaux. « Ces
faits relèvent d’un comportement impardonnable qui ne peut susciter
qu’une condamnation nette et sans appel. Notre pensée va aux victimes, à
celles qui ont eu le courage de témoigner et à toutes les autres.
Puisse cette affaire contribuer à dénoncer une nouvelle fois des
pratiques graves et inacceptables« , concluent le président et son délégué général.
« Ma fille Eva a été victime de cet horrible bonhomme, confie l’actrice, romancière et conteuse pour enfants. Il est tenace, il insiste pendant plusieurs mois, dès qu’il passait à Paris il l’appelait« , raconte l’actrice française de 76 ans.
Eva Green, bien connue à Hollywood pour ses rôles dans Casino Royale, Dark Shadows ou plus récemment Miss Peregrine, « ne répondait pas« . « Elle
était un peu intimidée, ce type avait tellement de pouvoir ! De pouvoir
sur tout le cinéma ! Il a dû lui mettre tellement de bâtons dans les
roues, car il était vexé« , poursuit sa mère. Selon cette dernière, Eva « a mis du temps à s’en remettre« , et « préfère oublier et ne pas en parler aujourd’hui ».
Donnant un peu plus de détails sur le comportement qu’a eu le magnat
hollywoodien avec Eva Green, il utilisait selon Marlène Jobert « le même mode opératoire« , à savoir « le prétexte d’un rendez-vous professionnel, d’un scénario à lui remettre, avec un beau rôle à la clé« . « Et
comme son bureau était aussi dans sa suite d’hôtel, il les faisait
monter et puis bon… Il leur promettait comme à toutes de favoriser leur
carrière en échange de faveurs sexuelles« , assure la mère de famille.
Selon elle, sa fille « est arrivée à lui échapper mais il l’a menacée de la détruire professionnellement« . Sans fard, elle rajoute que « si le ‘gros porc’ avait été évincé par sa victime, pour se venger il interdisait (aux réalisateurs) de la choisir« . « Donc réagir brutalement pour une jeune actrice, c’était aussi se mettre en danger, être rayée des listes » explique Marlène Jobert.
Parlant aujourd’hui au nom de sa fille, l’actrice de Masculin féminin aurait aimé agir à l’époque. « J’en
avais été tellement horrifiée, scandalisée, que je voulais faire
quelque chose mais ma fille m’a dit ‘surtout pas ! Tu ne peux pas savoir
le mal dont il est capable’« , raconte-t-elle, avant de conclure en affirmant que « ce n’est pas possible que ce type soit impuni« . « Il faut que cet odieux personnage soit poursuivi« , a-t-elle martelé.
Modifié le 13/10/2017 à 18:34 – Publié le 13/10/2017 à 16:40 | Le Point.fr
À Hollywood, c’est l’heure du grand déballage ! Depuis la publication d’un article du New York Times le 5 octobre, Harvey Weinstein, surpuissant producteur de cinéma américain, est dans la tourmente. Accusé de toutes parts aussi bien par des actrices, des mannequins que par des collaboratrices, le roi d’Hollywood est déchu. Jeudi, une enquête de la police de New York a été ouverte pour une agression sexuelle présumée remontant à 2004.
Pour le journaliste et écrivain Philippe Labro,
Harvey Weinstein n’est rien d’autre qu’un « porc » dont le visage abîmé
reflète « l’arrogance, la certitude ou encore la vanité ». L’animateur
de Langue de bois s’abstenir dénonce le silence assourdissant qui
a couvert les agissements de ce « prédateur prétentieux pétrifiant »
durant de si longues années. Et de prévenir : « Un porc peut en cacher
un autre. »
Magistrat honoraire et président de l’Institut de la parole
Le lynchage a battu son plein et la justice a pris la relève dans divers pays.
Harvey Weinstein est un grand producteur, mais à l’évidence un triste
personnage et une personnalité qui s’est servie de son pouvoir pour
abuser des victimes, actrices débutantes ou confirmées, jeunes femmes
évidemment en situation de dépendance.
Harcèlements, agressions, quatre viols présumés. Tout, dorénavant, y
passe, tout est libéré. Il est à terre, il n’est presque plus rien. Son
épouse l’a quitté. Depuis la dénonciation du New York Times, chaque jour son lot de révélations, d’indignations, de dégoûts.
Des plus illustres aux plus discrètes, elles se manifestent,
révèlent, se révoltent, accablent, mettent en garde. Angelina Jolie,
Judith Godrèche et Emma de Caunes, par exemple. Et tant d’autres
blessées, souillées, offensées, aujourd’hui honteuses et justicières.
Ce n’est pas parce que Harvey Weinstein est ainsi justement vilipendé
que je vais avoir l’impudence de le défendre pour ce qu’il aurait,
paraît-il, accompli à l’insu de tous, en tout cas du monde
artistico-politique dans lequel il était immergé et qui le connaissait
en détail. Aux États-Unis comme à Paris, à Cannes ou en Angleterre.
Il avait ses pratiques, on les connaissait. Comme toujours, on savait
mais on feignait de ne rien savoir. On le surnommait « le porc », mais
il aurait été indécent de prendre son courage à deux mains pour le
dénoncer. Pour rompre cette omerta des univers qui préfèrent murmurer
entre eux contre l’immonde, partager l’ignoble dans leur cercle plutôt
que de se lever, de s’élever et d’exprimer publiquement la vérité, aussi
sale qu’elle soit.
Me gêne alors la stupéfaction surjouée, l’étonnement subit. Le couple
Obama s’affirme dégoûté et Hillary Clinton choquée. C’est sans doute
vrai, de même que la furie collective qui, maintenant, s’en prend à
cette virilité dévoyée, à ce potentat du sexe sous diverses facettes. On
ne m’empêchera pas de douter que personne n’ait su ce qui se déroulait
dans les coulisses, que de rumeurs en certitudes négligées, personne
n’ait eu l’oreille attirée, que personne, avant l’article du New York Times, n’ait eu l’occasion de mettre au jour ce que l’obscurité et l’intimité avaient prétendument dissimulé.
Ce n’est pas pour rien que Jane Fonda a avoué être honteuse parce qu’elle n’avait rien dit.
Il y a des histoires françaises qui me reviennent en mémoire et qui
ne sont pas éloignées de ce déversement sincère mais si tardif sur
Harvey Weinstein.
J’éprouve la plus vive compassion pour les victimes nombreuses de ce
producteur, de ce prédateur, quoi qu’elles aient subi, et je n’aurais
pas l’impudence de leur reprocher de s’être tues parce qu’elles avaient
peur, mais les puissants qui n’ignoraient rien, le procureur Cyrus
Vance, Jr. – le même qui s’est illustré plus tard avec l’affaire de DSK –
qui n’a donné aucune suite pénale à une plainte portée par une
intrépide contre Weinstein, comment leur pardonner d’avoir failli ? Il y
en a plus qu’assez de ces complicités diffuses, implicites, évidentes
qui se flattent d’une solidarité de classe, de fortune et de pouvoir
quand la morale la plus élémentaire aurait eu besoin d’être respectée.
Et la vérité proférée et dénoncée.
Je ressens aujourd’hui ce paroxysme multiplié et cette surabondance
défoulée contre lui à la fois comme éminemment légitimes mais aussi
telle une manière, pour beaucoup, de faire oublier leur indifférence,
leur silence, leur abstention. Ou, plus tristement, leur tolérance
amusée. Dans la périphérie éclatante, toute de lumières et de
connivences, les ombres et les turpitudes d’Harvey Weinstein étaient
connues, mais gardées au secret pour et par les initiés. On a les
privilèges misérables qu’on peut.
La condamnation soit, les condamnations heureusement.
Mais qu’on n’occulte pas l’immense responsabilité d’un monde au sein
duquel il avait toute latitude pour parader, puisque le « porc dans son
auge » était préservé de toute révélation.
L’affaire Weinstein fait émerger le « #balancetonporc » qui dénonce le harcèlement sexuel dans le monde professionnel
HARCELEMENT SEXUEL – « J’aurais dû être plus courageuse et je pense
qu’à partir de maintenant je le serai quand j’entendrai de telles
histoires ». Cette phrase, prononcée par Jane Fonda dans une interview accordée à la BBC ce jeudi 12 octobre, témoigne du tabou qui existe dans les affaires de harcèlement sexuel. Car l’actrice était au courant des accusations d’agression sexuelle et de viol portées contre Harvey Weinstein depuis un an. Mais cette omerta ne s’applique pas seulement au cas du producteur américain ni à Hollywood.
Ce silence existe aussi dans n’importe quel milieu
professionnel. Pour Marie Pezé, docteur en psychologie, psychanalyste
et expert auprès de la Cour d’appel de Versailles, celui-ci s’explique
par le fait que « trop souvent, le harcèlement sexuel
au travail est vécu comme une affaire privée ou personnelle. C’est aux
femmes de se débrouiller seules pour se sortir de ces situations, alors
qu’il existe un cadre légal très solide », explique-t-elle au HuffPost.
Ce vendredi 13 octobre, la journaliste Sandra Muller a créé le hashtag « #balancetonporc » sur Twitter.
« Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement
sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends », écrit-elle.
Un appel auquel les femmes n’ont pas manqué de répondre. Elles ont ainsi
témoigné des situations de harcèlement et d’agressions sexuelles
quotidiennes qu’elles ont subi dans le cadre de leur profession.
L’employeur et les salariés responsables de la santé physique et mentale des collaborateurs
En France, les articles L4121 et L4122 du code du travail fixent un
cadre juridique: le chef de l’entreprise doit protéger la santé physique
et mentale de ses salariés en terme de résultat. Il est légalement
obligé de mettre en place une organisation du travail saine.
Il en est de même pour le salarié d’une entreprise, qui doit prendre
soin de « sa santé et de sa sécurité », mais également de celle de ses
collègues, sinon, il s’agit d’une « omission ».
- Article L4121: « L’employeur prend les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et
mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent: des actions de
prévention des risques professionnels, des actions d’information et de
formation, la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du
changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations
existantes ».
- Article L4122: « Conformément aux instructions qui lui
sont données par l’employeur, dans les conditions prévues au règlement
intérieur pour les entreprises tenues d’en élaborer un, il incombe à
chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon
ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des
autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au
travail ».
Marie Pezé, qui a créé la première consultation « Souffrance & Travail »
en 1997, détaille: « Cela signifie que les salariés sont responsables
de la santé de leurs collègues. S’ils constatent qu’une femme ne
s’habille plus comme avant, qu’elle commence à perdre du poids ou à en
prendre, qu’elle a des crises de larmes, qu’elle va mal, il relève de la
posture citoyenne d’aller la voir et de lui dire ‘que puis-je faire
pour t’aider?’ afin qu’elle puisse se confier ».
Contactée par Le HuffPost, Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail
(AVFT), ajoute: « Si ces informations remontent jusqu’à l’employeur, il
est supposé réagir et doit s’en saisir. Quand un salarié est par
exemple qualifié de ‘dragueur’ ou de ‘cavaleur’, cela cache bien souvent
un discours qui relève d’une infraction pénale ou d’un comportement
incompatible avec la démarche de l’entreprise ou le contrat de
travail ».
« Le médecin du travail peut agir »
Mais quand on est témoin de harcèlement sur son lieu de travail,
comment agir concrètement? Marilyn Baldeck explique: « Ce sont des
salariées qui se confient à d’autres sur le harcèlement sexuel dont
elles sont victimes. La rumeur a donc le statut d’information. La
question est de savoir ce que les personnes qui ont reçu cette
information sont supposées en faire. Si on parle de ‘rumeur’, personne
ne va jamais rien faire, car ce ne sera pas pris au sérieux ».
Marie Pezé conseille tout d’abord d’aller parler aux acteurs de
l’entreprise, à savoir, dans un premier temps, le médecin du travail,
même si ces rumeurs paraissent infondées. « Le médecin du travail a le
droit d’aller faire des visites de service et des visites de postes.
Comme il a vu des salariés en consultation, il sait des choses. De plus,
il est inscrit au Conseil de l’ordre et donc soumis au secret médical.
Le médecin du travail peut vraiment agir et mener une enquête ».
Mais il est aussi possible d’aller se confier à un délégué syndical
ou un délégué du personnel, et même à l’inspecteur du travail, soumis au
secret professionnel. « Comme il est membre de droit du Comité
d’Hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), il peut
mettre le sujet sur la table sans citer personne. (…) Si le collègue ne
parle pas, il devient un témoin passif et collabore à ce que la
situation perdure. C’est une forme de complicité passive, voire même
active », poursuit la spécialiste de la souffrance au travail.
Cependant, Marilyn Baldeck précise que « la victime doit avoir
l’assurance que la personne qui est au courant ne fera rien sans son
accord. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les victimes ne
veulent pas saisir les organisations syndicales: elles redoutent qu’il y
ait tout de suite une démarche vis à vis de l’employeur. Elles sont
dans des temporalités qui sont différentes des professionnels qui
interviennent à leurs côtés. Agir tout de suite sans leur consentement
est une erreur fatale, parce qu’on les perd. Si on va plus vite que leur
propre rythme, on risque de les décourager à jamais d’entreprendre
quoique ce soit ».
La jurisprudence progresse
En outre, la jurisprudence avance également en ce sens. La Cour
d’appel d’Orléans a ainsi condamné un journal à 78.500 euros de dommages
et intérêts le 7 février 2017 et a recouru, pour la première fois, à la
notion de « harcèlement sexuel d’ambiance » ou « environnemental ».
Le site juridiqueLe Village de la Justice
explique que le harcèlement sexuel d’ambiance est « caractérisé par une
situation où ‘sans être directement visée, la victime subit des
provocations et blagues obscènes ou vulgaires qui lui deviennent
insupportables’ ». En d’autres termes, le harcèlement sexuel devient
général et non plus individuel. Grâce à cet arrêt de la Cour d’appel
d’Orléans, un collègue peut donc dénoncer ces comportements sexistes
même s’il n’en est pas directement la cible.
Mais Marie Pezé est formelle, « s’il n’y avait pas cette ambiance
complice et générale, cela ne se produirait pas ». Dans le cas du
producteur Harvey Weinstein, elle tente d’expliquer toute la complexité
de l’affaire: « Tout le monde savait probablement depuis toujours que
c’était un prédateur. Mais tout le monde s’est tu
parce qu’il est un bon producteur, qui a produit des films
remarquables. Ce sont souvent des personnes qui exercent leur pouvoir
pas seulement pour harceler sexuellement, mais aussi pour faire de
bonnes choses dans le monde professionnel ».
Adjani : « Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n’est pas pour se faire violer ! »
06h00, le 15 octobre 2017, modifié à 12h44, le 15 octobre 2017
Dans une tribune publiée par le « Journal du dimanche », l’actrice
française Isabelle Adjani revient sur le scandale Harvey Weinstein
« Dans les maisons de production ou chez les décideurs, j’ai souvent
entendu : ‘Toutes des salopes, toutes des putes de toute façon, ces
actrices !’ » Isabelle Adjani connaît bien la musique qui accompagne le scandale Harvey Weinstein,
le super-producteur d’Hollywood déchu face aux accusations en cascades
de viols, agressions et harcèlement sexuels. L’actrice française connaît
la musique, et elle en déroule les mécanismes dans une tribune publiée
dans le Journal du dimanche.
« Quand le silence se brise, quand la parole se libère et qu’elle est
enfin relayée parce qu’il n’est plus possible de remettre en cause le
témoignage de dizaines d’actrices devenues célèbres, le scandale éclate
et révèle de manière spectaculaire le système de prédation dans toute sa
monstruosité », écrit la comédienne, nommée deux fois pour l’Oscar de
la meilleure actrice. « Ce qui était acceptable pour l’opinion sans être
dit, devient inadmissible, insupportable, surtout dans un pays très
puritain, en apparence, comme les États-Unis… »
En France, c’est autrement sournois
« Arsenal de défense des prédateurs ». « En France, c’est
autrement sournois », estime Isabelle Adjani, en vertu des « trois G :
galanterie, grivoiserie, goujaterie. Glisser de l’une à l’autre jusqu’à
la violence en prétextant le jeu de la séduction est une des armes de
l’arsenal de défense des prédateurs et des harceleurs. »
Par ailleurs récompensée cinq fois par le César de la meilleure actrice, notamment pour La Journée de la jupe,
elle estime enfin qu’il est « grand temps de rappeler que dans
libertinage il y a liberté et que quand une femme dit non, elle dit non,
que son corps lui appartient et qu’elle seule est libre d’en disposer.
Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n’est
pas pour se faire violer ! ».