Sur le même sujet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Besse
Georges Besse
Pour les articles homonymes, voir
Besse.
Georges Besse (né le
25 décembre 1927 à
Clermont-Ferrand, et mort le
17 novembre 1986 à
Paris) est un industriel français. Il dirigea plusieurs grandes
entreprises françaises contrôlées par l’État. Il fut
assassiné par le groupe armé d’extrême gauche
Action directe.
Biographie
Carrière
Fils d’un poseur et réparateur de lignes aux
PTT, Georges Besse effectue ses études à l’
École polytechnique (promotion 1948), puis à l’
École des mines.
Directeur général en
1958 de la société USSI travaillant dans le domaine nucléaire, il est chargé par le
général de Gaulle de doter la
France de l’
arme nucléaire, ce qui fut fait à partir de
1960, et de promouvoir le domaine de l’
énergie nucléaire civile.
Assassinat
Georges Besse est assassiné en bas de son domicile,
boulevard Edgar-Quinet dans le
14e arrondissement de
Paris, le
17 novembre 1986, par le groupe
Action directe (commando
Pierre Overney, du nom du militant
maoïste tué par un agent de sécurité de
Renault). Quatre personnes sont arrêtées trois mois plus tard :
Nathalie Ménigon,
Joëlle Aubron,
Jean-Marc Rouillan et
Georges Cipriani.
Action directe a revendiqué son assassinat en raison de ses fonctions de PDG de la
Régie Renault
et des « dégâts sociaux provoqués par les décisions de licenciements
massifs » (il faut rappeler que la Régie Renault, sous l’œil vigilant de
l’Etat actionnaire, ne licencie jamais pour motif économique et, quant à
Pierre Overney, il avait été tué par un vigile de Renault en 1972,
lui-même assassiné en « représailles » en 1977… Georges Besse était bien
loin)
[réf. nécessaire]. Les assassins de Georges Besse ont été condamnés à la
réclusion criminelle à perpétuité et seront mis en
liberté conditionnelle
après plus de 20 ou 25 ans d’emprisonnement, au cas par cas, souvent
pour des raisons de santé. Deux d’entre eux seront à nouveau incarcérés
pour des raisons de procédure, puis à nouveau libérés.
Des théories alternatives ont été émises sur les raisons de son assassinat :
- Son implication dans les ventes françaises du nucléaire militaire à l’Iran et l’Irak de Saddam Hussein1.
- Selon la journaliste Dominique Lorentz dans son enquête intitulée Une guerre, publiée en 19972,
il pourrait exister un lien entre les attentats de l’époque en France
et le non-paiement de la dette de la France à l’Iran concernant sa
participation à Eurodif. Le même jour en effet, la France remboursa 330 millions de dollars à l’Iran pour Eurodif (fondé par Georges Besse), mais refusa « officiellement » de fournir toute livraison d’uranium enrichi.
Hommages
Bibliographie
Documentaire télévision
Références
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Eurodif_Production
Eurodif Production
Localisation de l’usine George-Besse exploitée par Eurodif Production sur le site nucléaire du Tricastin.
Eurodif Production, créée en
1973, est une
entreprise spécialisée dans l’
enrichissement de l’uranium. La forme juridique est une
société anonyme à conseil d’administration. Elle est filiale de la société
Eurodif SA. Cette société est présente commercialement en France et à l’international. Elle exploite l’
usine Georges-Besse, située en
France dans le département de la
Drôme sur le
site nucléaire du Tricastin. Elle emploie environ 1 270 salariés.
Histoire
Fort de l’expérience acquise avec l’
usine militaire de Pierrelatte
et devant la nécessité de disposer d’une telle installation
d’enrichissement pour développer un programme nucléaire autonome, le
Président
Georges Pompidou propose fin 1969, à
La Haye,
aux pays européens intéressés de s’associer à des études de faisabilité
d’une usine d’enrichissement de taille internationale. Un accord est
signé avec les principaux pays européens à Paris, le
25 février 1972,
pour former une association qui, sous le nom d’Eurodif, avait pour
mission d’étudier « les perspectives économiques liées à la réalisation,
en Europe, d’une usine d’enrichissement de l’uranium par le procédé de
diffusion gazeuse, compétitive sur le plan mondial »
B 1. Font partie de cette association dont la durée de vie n’est statutairement que de deux ans : la France, la
Belgique, la
Grande-Bretagne, l’
Italie, les
Pays-Bas et la
république fédérale d’Allemagne. En 1972, l’
Espagne et la
Suède
sont admises dans le groupement, avec respectivement les sociétés
Empresa nacional del uranio S.A. (Enusa), société détenue à 60 % par
l’État espagnol, et l’A.B. Atomenergi (société d’état). Mais en
1973 la Grande-Bretagne, les Pays-Bas décident de se retirer du groupement
B 2.
Un protocole d’accord est finalement signé le
9 octobre 1973 entre le
CEA
et le Comitato Nazionale per l’Energia Nucleare (Italie), l’AGIP
Nucleare, l’Enusa (Empressa Nacional del Uranio) (Espagne), l’AB
Atomenergi (Suède), Synatom et le Centre d’Étude de l’Énergie Nucléaire
(Belgique). Cet accord décide de la constitution d’une société commune
(société anonyme à Directoire et Conseil de Surveillance) dénommée
Eurodif pour les études et recherches dans le domaine de
l’enrichissement par diffusion gazeuse, ainsi que la réalisation et
l’exploitation d’usines et la commercialisation d’uranium enrichi
2.
Eurodif Production est alors créée en tant que filiale de
Eurodif.
L’usine exploitée par Eurodif Production et dont Eurodif SA est
propriétaire sera renommée « usine Georges Besse » en l’honneur de
Georges Besse, premier président du Directoire de la société Eurodif, assassiné part le groupe
Action directe en 1986.
Direction de l’entreprise
Chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires 2009 est de 190 057 901 Euros. Son résultat pour cette même année est de 213 490 Euros
3.
Effectifs
L’effectif de la société est de 1270 en 2009
4.
Références
Voir aussi
Articles connexes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Usine_Georges-Besse
Usine Georges-Besse
L’
usine Georges-Besse, dénommée
usine Eurodif de 1978 à 1988 (pour
European Gaseous Diffusion Uranium Enrichissement Consortium), était une installation nucléaire spécialisée dans l’
enrichissement de l’uranium par
diffusion gazeuse. L’usine, désormais en phase de
démantèlement nucléaire, est implantée dans le
site nucléaire du Tricastin à
Pierrelatte dans la
Drôme.
Sur l’initiative du
président de la République Georges Pompidou fin 1969 afin de doter la France d’une autonomie complète sur le
cycle du combustible nucléaire, un accord est signé entre la France, la
Belgique, l’
Italie et l’
Espagne en 1972. L’usine est inaugurée en
1979 et exploitée pendant 33 ans par une filiale de
Areva NC, Eurodif SA. Avec
Urenco, qui fonctionne sur la base d’un accord entre l’
Allemagne, le
Royaume-Uni et les
Pays-Bas, il s’agissait de la seule usine d’enrichissement d’uranium qui fonctionnait sur la base d’un accord multinational
1.
Le
site nucléaire du Tricastin comprend de nombreuses
installations nucléaires dont les plus imposantes sont la
centrale nucléaire du Tricastin, l’ancienne
usine Georges-Besse et la nouvelle
usine Georges-Besse II d’enrichissement par
centrifugation.
L’uranium enrichi produit était utilisé comme
combustible par les
centrales nucléaires françaises et de nombreuses centrales étrangères. L’uranium enrichi produit par cette usine alimentait environ 90
réacteurs à eau pressurisée, la filière nucléaire la plus largement répandue dans le monde, dont les
58 réacteurs français. Eurodif SA comptait parmi ses clients
EDF et plus de 30 compagnies d’électricité dans le monde avec pour principaux concurrents les
États-Unis et la
Russie.
Histoire
Genèse du projet
Fort de l’expérience acquise avec l’
usine militaire de Pierrelatte
et devant la nécessité de disposer d’une telle installation
d’enrichissement pour développer un programme nucléaire civil autonome,
le Président
Georges Pompidou propose fin 1969, à
La Haye,
aux pays européens intéressés de s’associer à des études de faisabilité
d’une usine d’enrichissement de taille internationale. Un accord est
signé avec les principaux pays européens à Paris, le
25 février 1972,
pour former une association qui, sous le nom d’Eurodif, avait pour
mission d’étudier « les perspectives économiques liées à la réalisation,
en Europe, d’une usine d’enrichissement de l’uranium par le procédé de
diffusion gazeuse, compétitive sur le plan mondial »
B 1. Font partie de cette association dont la durée de vie n’est statutairement que de deux ans : la France, la
Belgique, la
Grande-Bretagne, l’
Italie, les
Pays-Bas et la
république fédérale d’Allemagne. En 1972, l’
Espagne et la
Suède sont admises dans le groupement, mais en
1973 la Grande-Bretagne, les Pays-Bas décident de se retirer du groupement
B 2.
Le
22 novembre 1973 le gouvernement français approuve le projet de construction de l’
usine d’Eurodif, usine de séparation isotopique atteignant la capacité de 9 millions d’
UTS. Sa réalisation est confiée au
CEA.
Parallèlement le capital de la société Eurodif est porté de 100 000 F à
100 millions pour faire face aux premiers besoins financiers
B 3.
Georges Besse est nommé Président du directoire de la société Eurodif
C 1. Deux sites sont en concurrence : le site français de
Tricastin, dans la
vallée du Rhône, et celui de
Tarquinia en
Italie.
En février 1974, le site de Tricastin est retenu. Le coût est évalué à
7,4 milliards de francs 1973, auxquels il convient d’ajouter environ 5
milliards de francs pour la construction de quatre réacteurs nucléaires
d’E.D.F. destinées à lui fournir les 3 600 MW électriques nécessaires à
son fonctionnement
B 4.
La
conflit israélo-arabe et notamment la
guerre du Kippour en
1973 ainsi que le
premier choc pétrolier qui conduit le prix du pétrole à doubler deux fois en
octobre 1973,
mettent brutalement en évidence la dépendance énergétique des pays
occidentaux et leur fragilité en la matière au moment où le pays connaît
une extraordinaire croissance économique
A 1.
La mise en place d’un important programme électronucléaire est alors
engagée sous le nom de « Plan Mesmer ». La mise à disposition de l’usine
d’enrichissement devient urgente.
Entrée de l’Iran dans la société Eurodif
En
1974, la
part suédoise de 10 % dans Eurodif était parvenue à l’
Iran
à la suite d’un accord franco-iranien datant du 27 juin. Cet accord
prévoyait la vente par la France de cinq centrales atomiques américaines
(licence
Framatome, l’approvisionnement de l’Iran en uranium enrichi, la construction par
Technicatome
d’un centre nucléaire comportant trois réacteurs de recherche,
l’exploitation en commun des gisements d’uranium qui pourraient être
découverts en Iran et celle de gisements dans des pays tiers, la
formation des scientifiques iraniens, ainsi que « l’accès de l’Iran à
l’industrie de l’enrichissement de l’uranium »
2.
Le
Commissariat à l’énergie atomique (CEA) français
3 et l’
Organisation iranienne à l’énergie atomique
ont alors fondé la Sofidif (Société franco–iranienne pour
l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant
respectivement 60 % et 40 % des parts. En retour, la Sofidif a acquis
une part de 25 % dans Eurodif, ce qui donnait à l’Iran une minorité de
blocage dans Eurodif
3. Le reste des 75 % d’Eurodif étaient répartis entre le CEA (27,8 % des parts
3), et trois actionnaires minoritaires (l’Italie, l’Espagne, la Belgique
3).
En tant qu’actionnaire, l’Iran avait un droit d’enlèvement sur 10 % de l’uranium enrichi par Eurodif
4.
Reza Shah Pahlavi a prêté un milliard de dollars US
1 à la suite d’un accord signé en décembre 1974, lors du voyage officiel du Premier ministre
Jacques Chirac à Téhéran, et prévoyant l’entrée de l’Iran dans Eurodif
5,6, puis encore 180 millions USD en
19771, pour la construction de l’usine Eurodif, afin d’avoir le droit d’acheter 10 % de la production d’uranium enrichi du site
7.
Les contrats sur la vente de centrales et d’équipements ont été signés à Téhéran le 18 novembre 1974 par
Michel d’Ornano, Ministre de l’Industrie et de la Recherche, et son homologue iranien, la France vendant finalement deux centrales
Westinghouse à l’Iran (fourniture partagée entre la France et la
RFA)
8.
Autorisation et construction
Le décret du
8 septembre 19779 autorise finalement la création, par la société
Eurodif Production (pour
European Gaseous Diffusion Uranium Enrichissement Consortium), d’une usine d’
enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse implantée dans le
site nucléaire du Tricastin à
Pierrelatte. Les Belges, Espagnols et Italiens participent au programme
10. À la suite de l’assassinat de Georges Besse le
17 novembre 1986 par des terroristes du Groupe «
Action directe », l’usine Eurodif est baptisée le
5 mars 1988 « Georges Besse » en sa mémoire
C 1.
En
avril 1979, le Premier ministre
Raymond Barre inaugure l’usine d’Eurodif. Dans le même temps, l’
ayatollah Khomeiny
rompt le contrat de fourniture de centrales nucléaires passé avec la
France. Mais il confirme l’actionnariat dans Eurodif de l’Iran qui
possède toujours 10 % des parts de cette usine. La France refuse de
laisser l’Iran exercer son statut d’actionnaire d’Eurodif.
Contentieux avec l’Iran et assassinat de Georges Besse
Lors de la
Révolution islamique de
1979, l’ayatollah
Khomeiny, exilé en France, revient en Iran et prend le pouvoir. Au départ soutenu par la France
5 ainsi que par les États-Unis, qui ne songent alors qu’à faire tomber le chah
11,
les dirigeants de l’Iran vont bientôt se retourner contre Paris et
Washington. Téhéran suspend alors ses paiements et réclame le
remboursement du prêt en faisant pression sur la France.
En
1981,
après la mise en service de l’usine Eurodif, l’Iran réclame 10 % de la
production d’uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit, ce
que la France refuse. De
1981 à
1991, le régime des
mollahs
est soupçonné d’avoir perpétré plusieurs assassinats, prises d’otages
et attentats meurtriers : probablement des centaines de Français ont
payé de leur vie avant que la France et l’Iran ne règlent le contentieux
Eurodif
12,13.
Le
17 novembre 1986, après plusieurs attentats meurtriers à Paris, attribués (pour ceux de septembre) aux
FARL (dirigées par
Georges Ibrahim Abdallah)
14 et l’enlèvement de journalistes français (
Jean-Paul Kauffmann,
Michel Seurat, …) retenus
en otage au Liban
par des groupes liés à l’Iran, la France signe un accord partiel,
prévoyant le remboursement de 330 millions de dollars (accord rendu
public par un communiqué du Quai d’Orsay
15), mais refuse de fournir toute livraison d’uranium enrichi. Le même jour se produit l’assassinat de
Georges Besse, PDG de
Renault mais surtout le fondateur d’Eurodif. Selon
Dominique Lorentz, les terroristes l’avaient déjà désigné en prenant pour cible, le 14 septembre 1986, le Pub Renault
16.
Selon
Dominique Lorentz qui s’appuie en particulier sur Roland Jacquard,
Action directe, qui accepta la paternité de l’assassinat de Besse, était lié aux FARL
[réf. à confirmer], toutes organisations qui « agissaient en l’occurrence pour le compte de la République islamique, au même titre que le
Jihad islamique et le
Hezbollah »
17.
Ces informations, provenant des services de renseignement
antiterroristes français, sont mises en doute par d’autre personnes, qui
soulignent le paradoxe consistant à voir un groupe d’inspiration
autonome et
marxiste-léniniste à appuyer le « régime des mollahs ».
Le versement de 330 millions de dollars a lieu le 22 novembre 1986
18. Néanmoins, les Iraniens affirment alors que le contentieux comportait d’autres éléments
19. Reza Amrollahi, vice-Premier ministre et président de l’
Organisation iranienne à l’énergie atomique, voyage en France en décembre 1986 et visite l’usine Eurodif, proposant de reprendre la coopération nucléaire
20, mais aucun accord n’est signé.
Otages au Liban et accord avec l’Iran
Selon D. Lorentz, l’
affaire des otages du Liban est de part en part traversée par l’enjeu du règlement du contentieux financier qu’est Eurodif
21.
Ainsi, le 24 décembre 1986, un otage fut libéré ; mais le 13 janvier
1987, le journaliste Roger Auque fut enlevé à Beyrouth. Rappelant
l’enquête de Lorentz,
Le Dauphiné libéré
écrit ainsi : « Les diplomates Marcel Carton et Marcel Fontaine, le
journaliste Jean-Paul Kauffman retenus plus de 3 ans en otage au Liban,
les attentats meurtriers de la Fnac, du Pub Renault, l’assassinat de
Georges Besse, patron du nucléaire français et hostile aux négociations
avec l’Iran, et d’autres encore, ont payé, dans les années 1980, le prix
du contentieux Eurodif
5. »
En
décembre 1987 a lieu un 2
e versement officiel de 330 millions de dollars par la France à l’Iran.
Le
6 mai 1988, entre les deux tours de l’élection présidentielle, les otages français sont libérés. Le
Premier ministre Jacques Chirac assure dans un accord avec l’Iran des «
garanties politiques sur l’octroi sans restrictions par le gouvernement français de licence d’exportation d’uranium enrichi » et le rétablissement du statut d’actionnaire de l’Iran dans Eurodif sous la condition du retour des derniers otages du Liban.
Le
ministre des Affaires étrangères Roland Dumas
intervient dans le règlement du contentieux financier en discutant avec
son homologue Ali Akbar Velayati en février 1989, bien que deux ans
plus tard, l’assassinat de l’ancien premier ministre
Chapour Bakhtiar met fin au rapprochement
22.
Roland Dumas déclarera d’ailleurs, en janvier 2008: « C’est moi qui ai
négocié le remboursement de la dette iranienne dans Eurodif. L’Iran
dispose encore d’une part infime dans ce consortium. Cela peut
constituer un moyen de négociation pour permettre le contrôle des
puissances occidentales sur l’armement nucléaire iranien, si tout le
monde en était d’accord
23. ». En
septembre 1989, le président
François Mitterrand confie au secrétaire d’État du Ministre des Affaires étrangères,
François Scheer, la
formalisation d’un accord définitif de règlement du contentieux franco-iranien.
Accord financier
Finalement un accord, dont certains points restent secrets
5, est trouvé en
1991 : la France remboursa plus de 1,6 milliard de dollars
1 tandis qu’Eurodif fut indemnisé de commandes annulées par l’Iran
1. L’Iran est rétabli dans son statut d’actionnaire d’Eurodif via un
consortium franco-iranien nommé Sofidif, avec le droit de prélever 10 % de l’uranium enrichi à des fins civiles
1.
Selon
Enerzine, « de source diplomatique française, on indique
que l’Iran est bien membre d’Eurodif. Mais en l’absence de centrale
nucléaire civile opérant en Iran, il n’y a pas de livraison d’uranium
enrichi. »
24. Le 11 avril 2007, le
Ministère des Affaires étrangères
a réaffirmé l’actionnariat de l’Iran à Eurodif, tout en affirmant que
selon les termes de l’accord de 1991, l’Iran n’a aucun droit à enlever
de l’uranium enrichi ni d’accès aux technologies du nucléaire, mais
seulement aux gains financiers qui résultent de sa présence dans le
consortium
25. Mais, en raison de la
Résolution 1737 du Conseil de sécurité des Nations unies
(23 décembre 2006), qui gèle les avoirs de l’Organisation Iranienne à
l’Énergie Atomique, les fonds dus sont actuellement bloqués
25.
Fermeture
La durée de vie de l’usine était estimée lors de la construction à 25
ans, ce qui aurait conduit à une fin d’activité en 2003. Toutefois des
opérations de maintenance et de modernisation des bâtiments ont permis
de prolonger cette durée de vie de 9 ans
C 2.
La date de fermeture et de
démantèlement d’Eurodif a été l’objet de négociations difficiles entre EDF et Areva, pour lesquelles l’ancien premier ministre français
François Fillon avait demandé un accord rapide
26.
En 2011, la
catastrophe de Fukushima
a entrainé une forte baisse de la demande mondiale en uranium enrichi.
En particulier, l’usine Georges Besse alimentait jusqu’à l’accident de
Fukushima en mars 2011 les centrales nippones, désormais pratiquement
toutes à l’arrêt. La fermeture de l’usine a donc été avancée au 10 mai
2012, date à laquelle a commencé la procédure d’arrêt de production de
l’usine
27.
Démantèlement
Le 7 juin 2012, l’usine a cessé définitivement ses activités
d’enrichissement. Le démantèlement débutera par la récupération
d’environ 300 tonnes de matières radioactives et chimiques pour faire
baisser le niveau de
radioactivité. Pour cela, le procédé PRISME (projet de rinçage intensif suivi d’une mise à l’air d’Eurodif) devrait débuter dès février 2013
28. Ce procédé prisme utilisera des tonnes de
trifluorure de chlore, c’est la première fois dans le monde qu’un tel tonnage sera utilisé, pour laver autant de tuyauteries
29.
Selon le
réseau sortir du nucléaire, le démantèlement de l’usine entraîne un risque pour les travailleurs ainsi que l’augmentation des rejets de l’installation
30.
Descriptif
L’usine, baptisée en 1988
Georges Besse,
du nom du premier président du directoire de la société d’Eurodif
Production, était une installation nucléaire spécialisée dans la
séparation isotopique de l’uranium par diffusion gazeuse. Elle fournissait en
uranium enrichi une quarantaine de producteurs d’électricité dans le monde dont
Électricité de France, soit une centaine de réacteurs nucléaires
1. Elle produisait en 2007 un quart de la production d’uranium enrichi du monde
31.
L’
uranium contient naturellement 0,7 % d’uranium 235, l’isotope
fissile à l’origine de la
réaction en chaîne. Il était enrichi jusqu’à 5 % d’uranium 235 par un procédé de diffusion gazeuse utilisant l’
hexafluorure d’uranium (UF
6) : l’uranium était transformé sous forme gazeuse (
hexafluorure d’uranium) puis poussé par des
compresseurs à travers une
cascade
de diffuseurs contenant des barrières de diffusion poreuses pour
séparer les atomes d’uranium 235 des atomes d’uranium 238 plus lourds.
Le processus était répété 1 400 fois pour produire de l’uranium enrichi
utilisable dans les réacteurs nucléaires (3 à 5 % d’uranium fissile).
À cette fin, les compresseurs de l’usine d’enrichissement (des
moteurs électriques de plusieurs mégawatts) consommaient environ 15
TWh par an
32, or la
centrale nucléaire de Tricastin produisant environ 25
TWh/an,
on peut donc en déduire que 60 % de la production de la centrale de
Tricastin, soit près de trois des quatre réacteurs, était utilisés pour
alimenter Eurodif, ce qui faisait d’Areva le plus important client d’
EDF.
L’uranium enrichi par l’usine Georges Besse était assemblé à la
FBFC puis envoyés en train jusqu’aux centrales nucléaire. L’usine George Besse était alimentée en
hexafluorure d’uranium (UF6) par l’usine de
Comurhex présente elle-aussi sur le site nucléaire du Tricastin (cf.
Transport du combustible nucléaire).
L’eau chaude produite par l’usine possédait une température plus
élevée que celle produite par la centrale nucléaire. Ceci explique le
fait qu’Eurodif n’a pas eu l’autorisation d’utiliser l’eau du
Canal de Donzère-Mondragon (canal du
Rhône) pour la refroidir. C’est pourquoi il y a deux
tours de refroidissement sur le site. Celles-ci étaient donc utilisées exclusivement par Eurodif. De plus, cette eau chaude permettait d’alimenter
la Ferme aux crocodiles, les bâtiments sportifs, les serres agricoles et 2500 logements de la ville de
Pierrelatte.
Sûreté nucléaire
Cadre réglementaire
L’usine a été autorisée par le décret du 8 septembre 1977 qui a été modifié par décret du 22 juin 1984
33.
La loi du
13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, dite loi TSN, et notamment son article 29, précise que les
installations nucléaires doivent être autorisées par un décret du
Premier ministre
après instruction des autorités compétentes. L’exploitant doit à cet
effet déposer un dossier démontrant comment son installation
fonctionnera en limitant au maximum les impacts sur l’homme et son
environnement et en maîtrisant les risques associés. Après une
instruction technique, le public est consulté dans le cadre d’une
enquête publique et au travers d’éventuels autres organismes (
Commission locale d’information, Autorité environnementale,
Autorité de sûreté nucléaire).
Le décret d’autorisation de création fixe le périmètre et les
caractéristiques de l’installation, les règles particulières auxquelles
doit se conformer l’exploitant et les prescriptions techniques
34.
Dans le cadre de cette nouvelle réglementation, l’usine Georges-Besse II est l’
installation nucléaire de base numéro 93, autorisée par décret du
27 avril 2007 qui a modifié le précédent décret de 1984
33.
Impacts sur l’environnement
Chaque année, près de 21 000 analyses en laboratoire sont effectuées
sur 9 500 échantillons prélevés dans le milieu naturel (air et végétaux,
eaux de pluie, d’irrigation et de pompage, nappes phréatiques, végétaux
etc) en 200 points géographiques répartis sur le site et dans son
proche environnement. Les résultats de ces analyses sont rendus publics
après calculs spécialisés et vérifications.
[réf. nécessaire]
Références
Sources
- ↑ p. 777
- ↑ p. 778
- ↑ p. 779
- ↑ p. 782
Autres références
- ↑ a, b, c, d, e, f et g Olivier Meier, « Iran and Foreign Enrichment: A Troubled Model » [archive], Arms Control, janvier-février 2006
- ↑ Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, pp.32-33
- ↑ a, b, c et d Lorentz, 2002, p.34
- ↑ D. Lorentz, 2002, p.35, qui cite Le Monde du 15 septembre 1976, du 7 février 1988, et un entretien avec François Scheer diffusé dans La République atomique
- ↑ a, b, c et d Jean-Xavier Piéri, « L’Iran détient 10 % du Tricastin : le contentieux Eurodif » [archive], Le Dauphiné libéré, 5 mars 2008
- ↑ D. Lorentz, 2002, pp.35-36
- ↑ Nader Barzin, Économie politique de l’industrie nucléaire iranienne [archive], Thèse à l’EHESS, 2004
- ↑ D. Lorentz, 2002, p.35
- ↑ décret du 8 septembre 1977 [archive]
- ↑ [PDF]Pierre Messmer, « Un premier ministre dans le premier choc pétrolier (octobre 1973 – mars 1974) » [archive], sur documents.irevues.inist.fr (consulté le 1er juin 2011) p. 35-36
- ↑ D. Lorentz, 2002, 1er chapitre (p.30-78)
- ↑ Le documentaire La République atomique, de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, et le livre Affaires atomiques de Dominique Lorentz, Les Arènes (ISBN 2-912485-22-3)
- ↑ Les pressions contre l’Iran sont émoussées par l’abstention de la Chine et de la Russie [archive], Le Figaro, 14 octobre 2007 (non signé)
- ↑ Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, p.138, cite Le Figaro du 21 novembre 1986 et Le Monde du 19 septembre 1986
- ↑ Dominique Lorentz, Secret atomique, ou la véritable histoire des otages français au Liban, Les Arènes, 2002, p.136, cite Le Figaro, 18 novembre 1986
- ↑ Dominique Lorentz, Secret atomique, 2002, p.137
- ↑ Dominique Lorentz, Secret atomique, 2002, p.139
- ↑ D. Lorentz, Secret atomique, p.141, cite Le Matin du 24 novembre 1986
- ↑ D. Lorentz, 2002, p.141 (cite Le Matin du 24 novembre 1986)
- ↑ D. Lorentz, 2002, p.141-142, cite L’Express du 9 au 15 janvier 1987
- ↑ D. Lorentz, op.cit.
- ↑ Thierry Oberlé, « Roland Dumas en mission discrète à Téhéran » [archive], Le Figaro, 15 octobre 2007
- ↑ Roland Dumas, entretien publié par Géostratégiques, n°18, janvier 2008
- ↑ « L’Iran propose à la France d’enrichir son uranium » [archive], Enerzine, 4 octobre 2006
- ↑ a et b « Statements Made By The French Foreign Ministry Spokesperson » [archive], sur le site d’Iranwatch
- ↑ Bruno Sillard, « L’État remet à l’heure commune les patrons d’Areva et d’EDF » [archive], L’Agefi, 21 janvier 2010, consulté le 7 février 2010
- ↑ : Areva tente de tourner la page Fukushima avec sa nouvelle usine du Tricastin [archive], 20 Minutes du 2 juin 2012
- ↑ Clap de fin pour l’usine Eurodif [archive], L’usine nouvelle – 4 juin 2012
- ↑ “Le gaz employé est proche du gaz moutarde !” [archive], Le Dauphiné – 13/03/2012
- ↑ Arrêt d’Eurodif : la fermeture immédiate d’au moins trois réacteurs est incontournable ! [archive], Réseau sortir du nucléaire du 7 juin 2012
- ↑ Marc Durin-Valois, « Flambée du pétrole, une chance pour la France, leader du nucléaire » [archive], dossier du Figaro magazine, 9 novembre 2007
- ↑ Les avantages du nucléaire en France [archive] – MINEFI/DGEMP, avril 2004
- ↑ a et b « Décision
n° 2011-DC-0204 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 janvier 2011
établissant la liste des installations nucléaires de base au 31 décembre
2010 » [archive], sur asn.fr (consulté le 9 juin 2011)
- ↑ Loi no 2006-686 du 13 juin 2006 [archive] relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire
Voir aussi
Articles connexes